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27 septembre 2024 5 27 /09 /septembre /2024 19:11

 PERRINE TRIPIER  

                 « Les guerres précieuses »

  •                                         10 Avril 2023

 

                                  « Conque »

                                                                     Juin 2024

 

 Editions Gallimard

 

         Les guerres précieuses - Perrine Tripier        Conque par Tripier

 

 

Ces deux ouvrages dans leur diversité témoignent des talents de Perrine Tripier. Son premier roman « Les guerres précieuses » décèle une sensibilité toute réservée à cette « Maison » de famille pleine de souvenirs. Certes dictés par la mélancolie du temps qui passe, les détails du jardin, des moindres recoins de la bâtisse et des voix qui y résonnent encore, lui permettent de partager le bonheur que peut procurer une enfance insouciante au milieu d’une nature toujours renouvelée dont elle ne put jamais se détacher. Mais si  Perrine Triper est éprise des fleurs exubérantes,  elle n’est pas moins douée pour la description  d’un chantier  archéologique qui met à jour des découvertes insoupçonnées. Dans son tout dernier roman, « Conque »,   son style, précis et savant, est comme l’érosion qui  polisse la pierre et comme l’archéologue qui finit par exhumer des vestiges. La poète métamorphose les conques en instruments de musique, l’historienne fouille le passé, admire ses grandeurs sans ignorer ses découvertes macabres. Etant au service d’un dictateur qui veut consolider la grandeur de sa nation, pourra-t-elle remplir son rôle de journaliste et garder sa liberté d’expression ? On est loin de la Maison utopique, mais plutôt dans une dystopie, un cauchemar où l’auteur semble mettre en garde le lecteur sur la grandeur apparente qui cache les plus grandes horreurs, et l’avertir  ainsi des dangers d’un nationalisme exacerbé.

B. Clavel Delsol

 

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22 novembre 2024 5 22 /11 /novembre /2024 09:07

« Ton absence n’est que ténèbres »

                               par

         Jon Kalman Stefansson

 

1ere parution :  Grasset : 2022

Editions : Folio 2024

589 pages

Dommage que  le mémorialiste d’une telle généalogie  soit sans mémoire : il aurait aidé le lecteur à se retrouver plus aisément  dans ce roman familial labyrinthique. Heureusement il sait lire dans les cœurs islandais  érodés comme les fjords et élucide avec succès  les mystères de l’existence. « Est-ce maturité ou manque de courage de se résoudre à son destin ? » C’est le temps qui apporte la réponse, lui seul qui permet à l’œuvre d’exister. Tandis que le style poétique de Stefansson hypnotise le lecteur, les évènements extérieurs détournent ses personnages de leur direction initiale.  Le fermier veut philosopher, la fiancée rejoindre un inconnu, l’épouse effacée devenir une scientifique reconnue, l’enfant illégitime percer le mystère d’un père volage, tandis que le pasteur se morfond d’être malheureux dans le bonheur. Serait-ce trahison d’écouter son cœur, de s’écarter de sa route ? Le fjord est pauvre, le cheptel pas rentable, mais l’antique rêve islandais reste obsessionnel : être indépendant. Et si certaines vies sont monotones comme les poteaux d’une clôture, l’auteur ne dément pas que « ce sont ceux-ci qui soutiennent tout ». N’est-ce pas   le cas des grands-parents d’Eirikur qui sauront le choyer comme il se doit ?  Mais le chemin vers la lumière comporte des ombres à traverser et la mélancolie n’est plus que le souvenir des bonheurs disparus. Le rythme du livre est un incessant aller-retour entre le rêve de jeunesse et la cruelle réalité, entre l’ivresse de la vie et une tristesse indélébile, entre l’amour et le mensonge, entre les souvenirs les plus coosy et une vie décousue, entre sociabilité ou solitude, entre musique ou silence. « Parce que le paradoxe a toujours été l’un des piliers de l’existence humaine ». Une fois l’âge avancé, la mélancolie transperce, tendue, fragile, inassouvie. Le sentiment d’avoir trahi ceux qu’on aime fait couler des « colonnes de larmes ». Alors il ne reste plus qu’à « lever les yeux vers les cieux » pour apitoyer la Camarde au son de multiples chansons ou se réconforter avec un mansaf, car « on a le droit d’être nostalgique, mais on ne doit pas oublier de vivre ». Ainsi le lecteur s’enfonce  dans un roman plein d’imprévu,  un véritable plaidoyer pour les forces profondes et  cachées du libre arbitre. B.C.D.

 

 

 

 

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29 mai 2024 3 29 /05 /mai /2024 17:17

“L’or des rivières” par

                Françoise CHANDERNAGOR 

 

Éditions : Gallimard

Parution: Avril 2024

300pages

21 €

C’ est à la Creuse qui accueillit sa famille maternelle, que Françoise  Chandernagor consacre ce livre là où, dit-elle, « nous étions riches de biens « immatériels ». »  Les allers et retours sont alors  incessants entre la poésie et la peinture des paysages,  entre  le ressenti et la réflexion, entre lhéritage solide du passé et la fragilité du présent. Car si la Creuse nest pas un Eldorado, elle est « une île secrète, refuge suprême », où l’on sabandonne avec confiance pour être plus lucide sur les temps qui courent. Françoise Chandernagor n’ignore pas les différends entre Paris et la province profonde, ni la colonisation des zadistes, ni les illuminations des vegans. Elle est consciente  des superstitions qui sabolissent delles mêmes comme les modes  de déboisement et la  réputation pluvieuse de cette province profonde. Si la Creuse se révèle prude et accueillante pour les marginaux de toutes sortes, ses paysans dénoncent “les saigneurs de la terre” et déplorent la mondialisation. « Ils nont qu à rester chez eux, et nous chez nous!» disait déjà le grand-père de lauteure. Mais Françoise Chandernagor ne sarrête pas  là. En voulant rendre hommage à son père elle explore sa généalogie où la fierté du sang rejoint l’authenticité de son cœur aimant . Ce roman idéaliste, où les vraies valeurs triomphent,  s’achève avec la lucidité et la sagesse que seul apporte un âge avancé, celui qui sait que rien nest éternel, sauf le souvenir d’une maison gagnée à la sueur de son front et la tendresse d un mari bien aimé .

B. C. D
 

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23 mai 2024 4 23 /05 /mai /2024 18:01

« Le miracle de Théophile » par Jérémie DELSART

 

Editions : Le Cherche Midi

Parution : Mars 2024

397 pages

22,50 €

 

Cette satire de l’enseignement actuel a le grand avantage d’offrir au lecteur  une perspective toute spirituelle  et ce, paradoxalement,  grâce au diable lui-même.  Le stagiaire  Théophile  de Saint-Chasne est stigmatisé  comme  réactionnaire dans l’ « Education pour Tous » et son malaise est bien justifié.  En permanence soumis à des inspections, à des conseils d’une  tutrice et à des récriminations d’une proviseure,    cet esthète a bien du mal à imposer sa passion pour la littérature. Peu importe, il fait le serment de ne pas renier son idéal, convaincu que seules les  Lettres peuvent sauver la jeunesse de leur léthargie, de leur  langage elliptique jusqu’à la vulgarité,  de leur obsession égalitariste qui  se concrétise avec l’écriture inclusive. Voilà où se cache le diable et Théophile est le seul  à s’en apercevoir. Quand Lucifer se manifeste en bel Andalou aux dents immaculées et aux effluves de girofle, il envoûte le corps professoral.   Théophile saura-t-il le reconnaître à temps pour lui résister ? Tel est le défi de Jérémie Delsart doué  d’un style des plus diversifiés, de connaissances éclectiques , et d’une telle foi qui parviendra peut-être à dérouter Lucifer!  Malgré ses sarcasmes et ses excès , ce pamphlet  défend un possible retour en arrière pour redonner  goût à la beauté littéraire. Livre très intéressant où la personnification du diable est certes un peu naïve mais symbolise à merveille les tentations déguisées de la facilité.

Brigitte Clavel Delsol

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17 mai 2024 5 17 /05 /mai /2024 18:16

« Les amours difficiles »  suivi de « La vie difficile »

                  par Italo CALVINI

 

 

Editions : Folio

340 pages

1ère parution : 1970

 

                               Les protagonistes de ce livre d'Italo Calvini  sont teintés de tant de réalisme que  leurs attitudes ingénues  font passer au lecteur un moment de divertissement sans pareil. Treize nouvelles, regroupées sous le titre  « Les amours difficiles », offrent un  comique de situation où une série d'aventuriers inénarrables entremêle maladresse à force d’inquiétude et d'insatisfaction, incompréhension à force de vouloir paraître, excès d'audace pour cause de timidité, en un mot souffre d'une incapacité de communication. Alors les amours sont bien impossibles, un sentiment de grotesque gâche   le bonheur éphémère  sauf quand on retrouve un vieil ami ou un employé  dans le même embarras que soi. Puis deux novellas, entre nouvelle et roman, où la difficulté ne vient pas du protagoniste mais de "la vie difficile". Comment ne pas devenir fou devant une invasion cauchemardesque de fourmis alimentée par une organisation  sensée les faire disparaître ? Comment ne pas être désespéré devant la lâcheté d’une  majorité  qui se camoufle derrière ses volets, devant les obsessions climatiques des uns  et le déni des autres ? S’il est dur d’aimer, il est dur d’être heureux pour Italo Calvini. Il n ’est plus le jeune italien qui se battait contre le fascisme et s’alliait aux communistes.  Il est l’écrivain même qu’il décrit dans « L’aventure d’un poète », cerné par un besoin d’aligner des mots sans fin , jusqu’à ce que sa feuille devienne noire d’écriture, noire comme le monde où il vaut mieux rire que pleurer.  

Brigitte Clavel Delsol

 

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8 avril 2024 1 08 /04 /avril /2024 18:43

                      « ANIMAL » par Sandrine COLLETTE

 

Editions :Denoël

Parution : 2019

283 pages

19,90

 

C’est dans une  chasse à l’ours brun au Kamtchatka, province russe lointaine et pauvre,  suivie plusieurs années plus tard d’une chasse au tigre dans une réserve  touristique du Népal que nous entraîne l’auteure. Chaque course effrénée présente  des  exploits qu’ils soient  humains ou  animaliers. Car, dès le début du roman, l’ours mortifère fait preuve de ruse comme Lior fait preuve de persévérance. Si les courses   se passent dans des paysages pittoresques au relief  accidenté ou  perdus dans des jungles profondes, rien de fictif , les scènes sont prises sur le vif , on suit à la trace le gros  gibier au rythme du pas souple de la jeune femme. Aucun chasseur ne se ressemble,  même Hadrien qui a du mal à comprendre la passion obsessionnelle pour la chasse de son épouse. Mais dans son prologue Sandrine Collette nous met sur une piste, celle de la très grande pauvreté  qui lègue aux hommes une violence  jusqu’à couper un doigt à une petite fille pour qu’un dispensaire la prenne en charge, jusqu’à ligoter des enfants  à un arbre pour servir d’appâts aux chasseurs.  La violence animale finit par déteindre sur l’homme. L’inconscience des touristes rend inimaginable le sort des plus faibles et des plus pauvres  quand la folie finit par régner.  Seule Lior en est consciente, car elle se souvient … Livre magnifique qui plaira non seulement à tout chasseur mais à tout humaniste soucieux de rendre l’homme conscient que la nature à l'état brut n'est pas toujours  un paradis terrestre . B. Clavel Delsol

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28 mars 2024 4 28 /03 /mars /2024 19:24

                    Cézanne

 

             par Marie-Hélène LAFON

 

 

Editions : Flammarion

Parution : Septembre 2023

162 pages

21 €

 

« Il me le fallait vivant» , alors Marie-Hélène Lafon se lance comme dans un jeu de familles pour mieux connaître Cézanne. Mais d’abord elle s’arrête sur ses peintures. Bien que récursives, elles ont toutes  une raison d’être, celles de l’enfance  que ce soit les sous-bois, les pommes , les baigneuses, les Sainte-Victoire. Puis elle s’immisce dans   les portraits, ceux  du père et  de la mère, du jardinier Vallier  comme du docteur Gachet. Et pourquoi si peu d’Hortense, femme indolente qui ne comprend pas ce  fou du travail dont un enfant illégitime vient gâcher la renommée. Et quand il la peindra , il ne la regardera même pas, «  il faut poser comme une pomme ». C’est la forme qui importe, la couleur,  faire toujours  plus vrai, tout en gardant le flou du mystère. Sa peinture a quelque chose d’inachevé  et c’est ce qu’il veut. Son allure aussi n’est « pas finie », comme ses pastels. Marie-Hélène Lafon se délecte, reprend des lettres de Cézanne , retourne aux "toits rouges sur la mer bleue", se rend dans l’atelier des Lauves encore tout vibrant du créateur, elle « cézanne » dit-elle, jusqu’à ce qu’elle découvre le diabète douloureux de ce peintre  qui s’est « juré de mourir en peignant ». Livre qui incite à le rechercher  dans sa Provence natale  et plus précisément au musée d’Aix.

B. Clavel Delsol

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21 mars 2024 4 21 /03 /mars /2024 14:22

                                BOUGAINVILLE par Dominique LEBRUN

 


Louis Antoine de Bougainville  homme de la mer , juriste, mathématicien et mousquetaire de Louis XV resta toujours fidèle à son roi aux heures sombres comme  aux heures de gloire. Pour ses travaux sur le « calcul intégral », il est admis à la Société Royale de Londres, sans s’empêcher de s’embarquer  avec le général  Montcalm pour le Canada convoité par les Anglais. Il se bat aux côtés des Iroquois, gagne la bataille de Chouagen, mais s’interpose devant la cruauté des Amérindiens vis-à-vis des Anglais vaincus.  On  retrouve  en ce gentilhomme l’esprit des Lumières où la justice est la première qualité revendiquée par « l’Honnête Homme » sans qu’il s’illusionne du mythe du " bon sauvage". Quand un vent favorable tourne   pour les Anglais et que la France se voit obliger de leur laisser le  Québec, Bougainville repense au" Voyage autour du monde" d' Anson qui vantait les Malouines dont les richesses seraient bien utiles pour renflouer les caisses du Royaume.  Après avoir pris, non sans mal, possession de ces terres , il s’incline pourtant devant l’ordre  de Louis XV de les concéder aux Espagnols au nom de la bonne entente avec les Bourbons d'Espagne. Bougainville se retourne alors vers les hautes altitudes australes pour fonder la nouvelle Cythère, l’actuelle Tahiti, dont les belles fleurs violettes gardent toujours  son nom . Cette minutieuse biographie de  Dominique Lebrun est entrecoupée du courrier authentique   de Bougainville et accompagnée d'un précieux témoignage du médecin et naturaliste Philibert Commerçon.  Accusé, sans doute à tort, de défaillance militaire lors du combat des Saintes, notre   chef d’escadre  se retire avant d’être rappelé pour mettre fin à l’insurrection  de Brest. La Terreur révolutionnaire le menace, l’emprisonne à Coutances, avant de le libérer pour le nommer membre de l’Ecole Normale supérieure, la Révolution redécouvrant l’importance de la science après avoir éliminé tous les corps savants. Les honneurs lui reviennent enfin. Napoléon le fait comte d'Empire. Au procès du contre-amiral Dumanoir,   responsable de la défaite de Trafalgar, il prononce spontanément  les mots qu’ il aurait voulu entendre lorsque lui-même était jugé. Pas étonnant que Dominique  Lebrun , journaliste , écrivain de la Marine, navigateur breton, se soit passionné pour cet aristocrate , dont la vie justifia  son désir de mettre « la satisfaction d’être utile au-dessus de l’honneur d’être admiré ».B.C.D. 
 

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18 mars 2024 1 18 /03 /mars /2024 12:07

                      « La montée des périls » par Marin de Viry

Editions du ROCHER

Parution : Mars 2023

214 pages

19 €

Le ton est plein d’humour et de légèreté. En filigrane  Paris apparaît  comme le  creuset  de la  brillance arriviste  ou comme la « capitale des maladies d’amour-propre ».  Deux exceptions de qualité : Paul et Erika, qui joueront le jeu de la franchise. Mais jusqu’à quand? Car Erika est l’ attachée de presse, sans grande envergure, de l’ambitieuse Charlène, « ravissante idiote »qui croit pouvoir remporter les  prochaines présidentielles. Paul , critique littéraire à l’hebdomadaire national "la Gauloise", n’est pas le genre à faire des concessions contraires à ses convictions d’honnête homme mais fait preuve de cette liberté de penser qui isole. Sa reconnaissance à la rédactrice en chef de la revue a des limites. Un rendez-vous professionnel à l’Elysée  ne le motive pas. A contrario l’innocence d’Erika le séduit.  Ce qui ne l’empêche pas de coopérer  pour  éliminer Charlène de la sphère politique, non seulement par amitié pour son ami député du Jura mais aussi pour le bien public. Les phrases sont brèves au rythme des actions rocambolesques qui se multiplient pour faire tomber la malheureuse candidate. Le style, à la fois sarcastique et réaliste, est  plaisant. Le lecteur rit de voir une telle franchise spontanée non seulement dans le domaine professionnel mais sur la scène politique et dans les salons parisiens, seule façon de laisser place à la joie de vivre et d’aimer. Fin polémiste dont le charme personnel n’est pas exclu , Marin de Viry offre ce qu’il est convenu d’appeler « l’esprit français »  face au vide de la pensée contemporaine qui lui a déjà inspiré plusieurs ouvrages. En un mot, il tient la promesse de ses protagonistes: il ne fera jamais ses « adieux à l’intelligence ». B. C. D.   

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3 mars 2024 7 03 /03 /mars /2024 10:48

« Convoi pour Samarcande » par Gouzel Iakhina

 

 

Editions : Noir sur Blanc

Parution : Août 2023

464 pages

25 €

S’il y a un livre à lire, c’est bien celui-ci. La romancière russe Gouzel Iakhina ne pouvait pas rester insensible à cette année 1920 où Kazan,  sa ville natale, voyait mourir  dans son palais  plus de cinq cents enfants au ventre  gonflé par la famine, mutilés, voire grabataires. « On peut tous les sauver » affirme dès le début Deïev , le soldat rouge qui restera, sans jamais faillir, chef du convoi organisé par le jeune état soviétique, en direction de Samarcande, là où la terre est riche et fertile.  Mais pour y parvenir , il y a l’enfer à traverser, des steppes de sable à n’en plus finir, la famine, la soif, le choléra, et la mort pour certains.  Alors Deïev se débat , quémande, supplie, prend des initiatives qui risquent de lui coûter la prison. Les miracles existent pour les hommes de bonne volonté : dès le départ  des soldats compatissent et prêtent leurs bottes aux petits va-nu-pieds pour se rendre à la gare ,   puis le long du voyage  tchékistes et koulaks, Cosaques orthodoxes ou Basmatchi mahométans,  tous finissent pas venir en aide à cette « guirlande » déambulante. L’auteure ne perd ni son lyrisme ni son humour, ni son réalisme ni sa foi en l’avenir . A travers les vitres sales de sable séché, les jeunes voyageurs   entrevoient des  êtres errants sans plus rien d’humain et chantent alors leur joie d’être à l’abri.  Transformés en « coureurs » à travers champs,   ils font fuir,  avec leurs beuglements d’animaux et leur choléra contagieux, les  contrôleurs à baïonnettes en  chasse aux   petits clandestins . Ainsi, tout le long du livre,  s'alternent images bouleversantes et anecdotes burlesques. Et si c’était les enfants qui finissaient par sauver Deïev d'un passé de criminel de guerre? Et si c’était les enfants qui étaient le salut du monde en suscitant la solidarité humaine ? Telle est l’impression  laissée par cette belle épopée à l’heure où l’on désespère et  légitime l’avortement…

B. Clavel Delsol

 

 

 

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