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14 octobre 2014 2 14 /10 /octobre /2014 10:42

 

Editions : Gallimard

 

Parution : Septembre 2014

146 pages

16,90 €

Pas étonnant que ce roman fasse la  gloire littéraire de la France !  Dès le début, il capte l’attention du lecteur  comme une enquête policière.  Qui est ce couple de maîtres-chanteurs qui poursuit Jean Daragane,  vieil écrivain solitaire ? Pourquoi, malgré la suspicion qu’ils suscitent,  celui-ci  finit-il par leur accorder sa confiance? Un nom de femme aimée, de champ de courses, ou simplement celui d’un square,   commun à son passé,   lui suffise pour retrouver plaisir à se perdre comme autrefois au bras d’une femme inconnue, dans le dédale des rues parisiennes,  qui petit à petit l’emporte dans le labyrinthe de la mémoire. Et c’est là que le lecteur retrouve Patrick Modiano. Le personnage principal n ‘est autre que l’auteur lui-même: un être délicat, esseulé, jamais remis d’avoir été un jour abandonné, mais toujours  reconnaissant  pour un séjour de rêve dans cette  maison de Saint-Leu-la-Forêt envahie de rires féminins et de fleurs champêtres; un promeneur insatiable dans la pâleur de Paris que nul ne sait mieux décrire que lui ; un poète méprisant l’autobiographie , un peintre talentueux qui prend plaisir à effleurer  par touches un passé  où les évènements comme les hommes sont reliés entre eux par des fils mystérieux. Car à la  démarche proustienne de « la  recherche du temps perdu » succède une submersion de souvenirs qui se déversent sur Jean Daragane bien malgré lui. Pourquoi Annie Astrand lui avait-elle fait prendre tant de photomatons pour passer une frontière jamais franchie ?  Peu importe si les personnages restent énigmatiques ou peu fiables ! L’important est de suivre les méandres du rêve comme ceux de l’existence, d’accepter les à-coups des phrases ou se perdre dans leur douceur. Et si à plusieurs reprises Daragane a le sentiment de « descente en roue libre », le lecteur y voit une reconnaissance dans la Providence, une confiance dans le destin, un abandon dans une élucidation vague mais suffisante, celle de l'acte gratuit, de la bonté spontanée, la protection d'une femme qui l'a profondément aimé enfant. L’ « amnésie volontaire » n’a qu’un temps, le passé rattrape toujours le présent, la main passée tendrement dans les cheveux , l'adresse écrite sur un papier "pour que tu ne te perdes pas dans le quartier", tout revient à vive allure. Et ce n’est que lorsque le vieux Gadane  le réalise qu’il est enfin apaisé et comble le lecteur comme le jury du Prix Nobel …

Brigitte Clavel Delsol

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