Editions : Gallimard
Parution : Juin 2015
360 pages
20 €
Estimation : 4/5
Le dernier roman de Carole Martinez n’a pas attendu la rentrée littéraire pour remporter son habituel engouement. Son titre, très parlant, illustre les pentes de la vie et les penchants des coeurs, semblables aux rives pentues de la Loue où l’histoire de Blanche se déroule. Bien que l’atmosphère chère à l’auteur soit toute moyenâgeuse, pleine d’obscurantisme, régulée par une méchante badine symbolique de la toute puissance paternelle ou les apparitions mystérieuses de Dame verte, allégorie de la rivière franche-comtoise, vengeresse de la peste dévorante, l’auteur ne cache pas son intention : « Il faut cesser avec ces histoires à dormir debout, et regarder le monde tel qu’il est ! ». Alors la plume de C. Martinez est semblable à la Loue, coule à flot jusqu’à ce que l’âge de l’innocence atteigne celui de la compréhension du monde et des hommes. Car si l’autoritarisme écarte le diable un instant, Blanche sait que la connaissance est plus efficace pour évincer celui-ci définitivement et que trois loups brodés sur une tunique protègent moins qu’une petite croix. Ainsi, tandis que la vielle âme se penche sur Blanche, c’est l’enfant qui se penche vers l’éternel. Livre d’une très grande poésie où l’auteur se plaît comme toujours à coudre et découdre les fils de l’existence, véritable Pénélope qui, à force d’assembler mots et couleurs, transforme le noir de la vie en une tapisserie lumineuse.
Brigitte Clavel Delsol