Editions : Albin Michel
Parution : Août 2016
491 pages
22 €
Estimation : 4,75/5
Sans doute est-ce le thème de la reconstruction qui inspira à A. Rault ce bien joli roman qui commence à la fin de la grande guerre. L’atmosphère tendue entre les Alliés et l’Allemagne est parfaitement rendue, mais A Rault va au-delà du récit historique. Ce qu’il semble vouloir avant tout c’est une intériorisation de la grande histoire, une recomposition de la pensée d’un témoin, et il y parvient à merveille à travers son personnage principal, un soldat amnésique des plus attachants. Du fait que ce dernier parle aussi bien le français que l’allemand et le russe, il est d’abord recruté par les services secrets français pour infiltrer l’armée allemande, avant d’être enrôlé dans l’armée de Weimar pour seconder les Russes blancs contre les Bolcheviks. Aux prises d’influents politiciens et militaires auxquels il est difficile d’échapper, celui-ci a du mal à répondre à chacun des noms divers et des responsabilités successives qui lui sont attribués. Mais sa plus grande souffrance est d’être sans passé ni liens, c’est pourquoi il acceptera toutes les aventures possibles pour se reconstruire. Y parviendra-t-il et jusqu'à quand? Car cet homme en quête d'identité finit par s’apercevoir que l’obéissance aveugle est loin d’apporter une solution. Livre magnifique où le sort de ce soldat est celui de bien des hommes qui sans racines peuvent se perdre mais aussi se reconstruire...
B.C.D.