Les Editions de Minuit
Parution : janvier 2017
174 pages
14,50 €
Estimation : 4,5/5
Un seul lieu : le bureau d’une maison d’arrêt. Une seule voix, celle de Martial Kermeur qui justifie son crime. Car Kermeur l’avoue dès le début : il a abandonné en mer le promoteur Antoine Lazenec tombé de son bateau et c’est, selon lui, « une œuvre de salut public ». Alors le lecteur comme le juge d’instruction écoutent en silence cet homme inculpé de non-assistance en danger. Certes en arrière fond il y a la rade de Brest, grise de brume et d’eau sombre, qui empêche d’y voir clair. Mais Lazenec à l’allure de cow-boy a convaincu les ouvriers licenciés de l’arsenal de Brest que leurs indemnités de chômage pouvaient transformer ce triste village en un St Tropez de luxe. Et c’est là que réside le talent de l’auteur : la simplicité d’expression de Kermeur et l’authenticité de ses sentiments contrastant avec la malhonnêteté désinvolte mais séduisante de Lazenac. A la fin du roman le personnage qui semble le plus important bien qu’absent n’est autre qu’ un enfant, celui de Kermeur, auquel le lecteur ne porte pas plus d’attention que Kermeur lui-même , non pas qu’il ne l’aime pas, bien au contraire, mais parce qu’il ignore la souffrance filiale devant l’impuissance de la vieillesse paternelle. Très beau livre qui aborde plus d’un sujet jusqu’à ajouter un nouvel article au code pénal …
B.C.D