« La nuit des enfants qui dansent » par Franc Pavloff
Editions : Albin Michel
Parution : Juin 2017
280 pages
19 ,50 €
Le thème de ce roman de F. Pavloff ressemble étonnamment à celui du dernier livre de Sylvie Germain: les douloureuses séquelles de la barbarie brune et de la terreur rouge subies au début du XXème siècle au cœur de l'Europe centrale. F. Pavloff met en scène deux hongrois, le jeune Zâl, orphelin de guerre qui ignore tout de la résistance hongroise et le vieil Andras qui y a perdu tous les siens. La folle chevelure de Zâl entourée de ses oiseaux comme son métier à haut risque de funambule sur élastique contrastent avec le costume sombre et laminé d’Andras et sa peur de l'avenir pour cette jeunesse frivole sur la route de la fête de la musique. Car les jeunes d'aujourd'hui ne veulent pas entendre parler du passé, "ils en savent plus sur les dinosaures que sur Hitler et Staline" et le tragique des vieux leur fait peur. Pour eux « seul le présent compte ». Heureusement sous le réalisme du roman se cachent une poésie et une pudeur dans les sentiments grâce auxquelles le face à face de deux générations aussi différentes soient-elles pourra les réconcilier. Au Salzbourg de Mozart où le vieux Andras a pris refuge lors de la chute du Mur, Zâl préfère le Sziget, festival de musique électronique qui rassemble toute la jeunesse occidentale sur les îles de la liberté face à Budapest. Mais le chemin de l’insouciance est de courte durée, le passé historique rattrape le présent, les bombardements de l’Orient résonnent jusqu’au cœur de l’Europe envahie à son tour par une foule d’immigrants en errance. Très beau livre dont le titre résume à lui seul l’espérance d’une jeunesse en souffrance et laisse espérer pour la rentrée littéraire un prochain roman aussi beau que celui-ci. B.C.D.