« Robert B. Sept nuances de gris » par François Jonquères
Editions : Pierre Guillaume De Roux
Parution : Février 2019
277 pages
Le pari de F. Jonquères est grand : réhabiliter par un roman non pas le polémiste de « Je suis partout » mais le poète et romancier talentueux que fut R. Brasillach. Il plonge alors le lecteur dans une aventure où ses protagonistes Valérius, Esther et André ressemblent étonnamment aux personnages de « La conquérante » ou des « Sept couleurs ». En effet Esther a l’âme de Brigitte ou celle de Catherine, partagée entre les deux hommes qu’elle aime. De plus Valérius et André sont deux provinciaux qui aiment leur Roussillon natal comme Brasillach l’aima. Malheureusement Valérius s’y ennuie à tel point que dans les années 40 il s’aventure à faire passer des Juifs en Espagne pour dans un premier temps les spolier puis les livrer à la Gestapo, actes immondes que l’extrême sensibilité de Brasillach aurait bien été incapable de réaliser. Peu importe la suite des événements qui finissent par entraîner le milicien Valérius dans la guerre d’Indochine et André dans celle d’Algérie. Car, comme dans les romans de Brasillach, "Tout, sauf les Rouges" et "tout pour la Patrie". Mais il vient un jour où le remords est à son paroxysme, où l’homme de guerre demande pardon, et les pages de F. Jonquères se confondent avec les poèmes de Fresnes. Le poteau d’exécution n’a pas sa raison d’être. C’est le pardon d’Esther, la jeune Juive, qui permet la rédemption des deux hommes. Les « Sept nuances de gris » qui assombrissent la France depuis la Libération peuvent se parer des " Sept couleurs". Ce livre se lit comme on passe "une nuit à Tolède", dans les transes les plus grandes où la quiétude se révèle impossible. Livre qui passionnera les inconditionnels de Brasillach et permettra aux autres de mieux approcher ce fantôme de la littérature française. B.C.D.