Christian BOBIN
« Un livre inutile »
Editions : Fata Morgana
67 pages
« La muraille de Chine »
Editions : Collection entre 4 yeux
56 pages
Avril 2019
Les deux derniers ouvrages de Christian Bobin sont aussi brefs qu’intenses. Ils vont droit à l’essentiel, à savoir ne pas parler ni dire, mais montrer, regarder, contempler et se taire. Tel est le concept de la poésie qui se heurte au mur des mots et des apparences semblable à la muraille de Chine qui coupe les horizons et les frontières entre les hommes autant qu’entre le ciel et la terre. Avec un esprit semblable à celui du « Petit Prince » pour qui les hommes trop attachés à leur besogne ne savent plus voir l’invisible, Christian Bobin nous révèle la face ignorée de quelques écrivains, leur âme d’enfant enveloppée dans leur chair d’homme. Ainsi Paul Claudel sous une apparence de « gras ambassadeur, de gris catholique, de gros poète » ne ressemble en rien au petit Paul écartelé entre deux femmes, entre deux mondes, celui de l’infime et de l’immensité, entre l’éphémère et l’éternel. « Tu aurais dû te défendre contre le succès », conseille Kafka pour qui l’élégance de la poésie n’est pas dans la forme mais dans la transparence de la vie dont Ramuz sait révéler l’importance des choses qui se moquent du sérieux des doctes et des savants. L’écriture de C. Bobin est comparable à « l’élixir du docteur Ponge », elle sait ouvrir les fenêtres, s’envoler avec le vent, secouer les ombres de l’anxiété, pour aimer la vie des vivants comme des morts en ressuscitant la lecture du monde …Deux petits livres reposants à lire dans l'air léger de l'été !
B.C.D.