" Les Victorieuses » par Laetitia Colombani
Editions : Grasset
Mai 2019
222 pages
18 €
Ce sont deux belles histoires d’humanitaires, celle de Blanche Peyron, membre de l’Armée du Salut au début du XXème siècle, et de Solène, brillante avocate parisienne du XXIème siècle. Blanche oeuvra corps et âme pendant toute son existence à la réalisation du Palais de la Femme, foyer exclusivement réservé aux femmes démunies au cœur de Paris. C’est là que se retrouve, un siècle plus tard, Solène, brillante avocate qui, suite à une sérieuse dépression, essaie de reprendre goût à la vie en donnant quelques heures de bénévolat. Le tableau que nous offre Laetitia Colombani de toutes ces pensionnaires meurtries est plein de détails aussi vivants que réalistes, bien caractéristiques du monde d’aujourd’hui comme de celui d’hier. Elles viennent des quatre coins du monde et parfois même de pas bien loin, et si Solène a du mal à se faire accepter à son arrivée, elle y parviendra non seulement grâce à sa compassion et sa capacité d’écoute mais aussi à cause de sa propre fragilité. Car toutes ces femmes en détresse ont connu une souffrance morale souvent bien plus profonde que la misère matérielle et les plus aptes à apporter du réconfort ne sont pas toujours celles qu’on croit. Ainsi même retirées du monde certaines ne pensent qu’à apporter du bonheur à ceux qui n’en ont pas, comme l’attestent ces deux beaux poèmes d’une religieuse anonyme que Laetitia Colombani met en exergue et qui semblent résumer à eux seuls cet esprit fraternel indispensable à l’être humain, seul rempart contre la solitude et la déchéance. Très joli livre qui n’est autre qu’un bel hymne à la solidarité, thème cher à l’auteure, et qui plaira autant que "La tresse", son premier roman…B.C.D.