« Ame brisée » par Akira Mizubayashi
Editions : Gallimard
Parution : Juin 2019
239 pages
19 €
C’est par un magnifique tour de force littéraire que l’auteur parvient à transformer un cœur brisé en une reconstruction rédemptrice. Et ce, non seulement grâce à la ténacité du jeune luthier Rei pour reconstruire le violon de son père détérioré sous ses yeux par des militaires fanatiques, mais par un heureux concours de circonstances où la musique sut réunir des êtres des quatre coins du monde et même de l’au-delà. En effet Rei n’a que onze ans en 1938 quand son père, suspecté de trahison par l’armée japonaise, est arrêté lors d’une répétition musicale avec trois étudiants chinois. Le quatuor sera dispersé, le père de Rei jamais revu et l’enfant miraculeusement sauvé par le lieutenant Kurokami, mélomane passionné qui restera sa vie entière honteux de la politique de son pays. Alors Akira Mizubayashi démontre les liens indéfectibles entre un père et un fils, entre des musiciens talentueux voués exclusivement à leur passion commune. Il rappelle surtout le rôle salvateur de l’art et de l’amour dans un monde de haine et semble même prêter une main heureuse à la Providence pour effacer les violences inhumaines. Car si le père de Rei et le lieutenant Kuromaki ne sont plus de ce monde, leurs descendants respectifs ne sont autres que le reflet de leur âme et conscience. Très beau livre dont la simplicité du style ne fait qu’accroître l’extraordinaire véracité de l’histoire et de ce fait permettre une heureuse rentrée littéraire avec la victoire de la vie sur la mort…
Brigitte Clavel Delsol