« Médée et ses enfants » par Ludmila Oulitskaïa
1ère Parution :Gallimard , 1996
Dernière édition :Folio, 2021
393 pages
F8 = 6,20€
Il faut situer ce beau roman au début du XXème siècle à Féodessia en Crimée avec un arrière-fond politique flou, mais bien significatif. Médée, veuve et sans enfants, n’a rien de commun avec son homonyme de la mythologie grecque. Restée en Crimée grâce au nom espagnol de son mari, son grand bonheur est de recevoir ses neveux et nièces dans sa demeure. Qu’ils soient devenus Russes, Lituaniens, Georgiens ou Coréens, tous ont un peu de son sang grec. Elle les observe en les respectant, les protège en leur faisant part des tragédies du passé. Femme de mémoire et humaniste avant tout, elle pleure la beauté disparue des offices religieux, confie les horreurs de leur expulsion à un partisan du retour des Tatares en Crimée, révèle les magouilles du Parti qui ont anéanti Valery Boutonov . Car le hasard n’existe pas, tout a une raison d’être, la mort d’Alexandre à la guerre, les peurs de Samuel, les angoisses obsesssionnelles de Micha, comme l’adoption de petits-neveux pour sauver l’honneur de la famille. La beauté du roman réside dans la solidité de Médée comme «un roc au milieu de la mer » malgré son impuissance devant les crimes de guerre, les passions brûlantes, les mariages fragiles, les secrets trop lourds, la folie jamais éloignée si le sens de la piété est absent. Heureusement un arbre généalogique vient aider le lecteur à se retrouver dans cette famille nombreuse où les prénoms se confondent autant que les cœurs. Mais ce qui reste avant tout de ce livre c’est la douceur du romantisme slave qui, de la première à la dernière page, résume l’éternel humain… B.C D.