MONA OZOUF
Editions : Gallimard
Parution : Mars 2009
259 pages
17,50 €
Les titre et sous-titre du livre de Mona Ozouf contiennent à eux seuls le cheminement de la pensée de l’auteur. En quête de l’identité de notre pays à une époque où régionalisme et mondialisme se confrontent avec trop de simplisme, Mona Ozouf se replonge dans l’enseignement diversifié de son enfance pour y trouver, avec le plus de probité possible, une réponse qui nous mène à notre propre identité, à savoir « la composition » de notre histoire contemporaine. Originaire d’une famille « superlativement » bretonne, son père a besoin de se démarquer, adhère tout à la fois au parti communiste et à celui de la Bretagne indépendante. Sa mère, institutrice, est soucieuse de faire régner la culture républicaine. Mona Ozouf est fière de cette famille où elle puise assurément la liberté de pensée. Mais elle souffre pour sa Bretagne empreinte à la fois d’un désir de tradition et de progrès. Elle se souvient que c’est à l’école de Ferry qu’elle doit ce sentiment d’égalité dû aux seuls mérites personnels et non à l’héritage. Elle aime cette grand-mère maternelle pleine de fierté féminine et d’amour pour le genre humain. Au-delà de la pratique religieuse trop rigoriste de son autre grand-mère, elle cherche à s’informer. Ainsi par son enracinement et par son ouverture sur le monde, Mona Ozouf se méfie des pensées niveleuses et uniformes. Elle défend ses racines et ses particularités pour mieux atteindre l’universel. Harmonie du local et du national, désir d’appartenance et d’indépendance, l’histoire des provinces est comme celle du cœur humain : besoin de reconnaissance, de créativité, d’identité. Sans l’énoncer, Mona Ozouf se réfère au principe de subsidiarité qui veut que le travail d’unification se réalise, « non pas despotiquement du haut vers le bas, mais librement du bas vers le haut ». Livre oh combien intemporel et précieux pour le monde d'aujourd'hui !
B.Clavel