Editions de Fallois
Parution : Avril 2012
153 pages
16 €
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Ce livre inédit est autant un cours de civisme que d’espoir. Il fut écrit quelques années après la crise de 68 et sa parution aujourd’hui paraît plus que jamais opportune. Consciente du malaise de notre époque, Jacqueline de Romilly se sentait le devoir d’y remédier. Rien de pessimiste dans son analyse, bien au contraire. La liste de ses « Ce que je crois »est longue. Sa sensibilité à fleur de peau décèle l’importance, dans la vie, de l’esprit de "gentillesse" et "solidarité" qui apporte à lui seul le courage de vivre. Sa vocation d’enseignante souligne la nécessité de la connaissance, grâce à laquelle s’obtient la victoire de l'esprit, à savoir l'acquisition d'une "liberté gagnée et non octroyée". La beauté de la littérature comme toute autre forme d’art ne se limite pas à une métamorphose du réel, mais reflète les innombrables possibilités d’invention qui font avancer l’humanité. Car le danger est dans l’incapacité de communication qui aboutit à la violence, dans le déterminisme moderne qui a pour conséquence la démission, dans le désir de couper tout lien entre l’homme d’hier et celui d’aujourd’hui. Ainsi l'helléniste a plaisir à rappeler que ce sont les philosophes grecs du IVème siècle avant J-C qui ont distingué deux égalités : l’égalité arithmétique qui donne à chacun la même part et l’égalité géométrique qui donne à chacun selon ses mérites, distinction sciemment mise à la trappe par l’égalitarisme marxiste... Dans cet ouvrage, rien de pessimiste peut-être, à la condition seulement que l'homme réagisse devant une "léthargie" contagieuse qui fait peur. En nous rappelant les moyens d'être maîtres de notre destin, Jacqueline de Romilly ne pouvait pas nous laisser un plus bel héritage.
Brigitte Clavel