Editions : Phébus
Parution : Août 2012
139 pages
15 €
Les conquistadores n’étaient pas les seuls à rêver d’Eldorado. Ce petit livre est un choeur à plusieurs voix, celles de jeunes Japonaises embarquées pour l’Amérique vers les années 1930. Là les attendent des maris japonais partis bien avant elles, dont elles rêvent, mais qu’elles n’ont pas choisis. La traversée est longue, et les tourments connus à bord ne sont rien en comparaison de la découverte de la réalité une fois les exilées arrivées. Les phrases s’allongent, la colère s’accroît, car l’innocence de ces jeunes femmes se transforme en esclavage, l’admiration en jalousie, la gratitude en amertume. Si l’amour surgit et les enfants avec, ce n’est que pour laisser ceux-ci faire des rêves impossibles et avoir honte de parents mal intégrés. La deuxième guerre mondiale éclate. En un premier temps les Japonais sont arrêtés pour le moindre prétexte. Puis tombe l’ordre d’expulser des villes tous ceux qui ont la nationalité des pays ennemis. Le lecteur reste alors avec cette impression de malaise devant le sort des étrangers suspectés d’espionnage aussitôt que la terre d’accueil rentre en guerre. Une série d’interrogations sur leur devenir précède le vide qu’ils laissent derrière eux: plus de lanternes en papier flottant, plus d’enfants en kimono, plus de fêtes de chrysanthèmes. L’auteur sort ainsi de l'oubli les « discrets Japonais » d’Amérique.
B.C
B.C