Editions : Gallimard
Parution : Janvier 2010
238 pages
21 €
Livre d’actualité : en Islande, pays de l’auteur, la destinée des hommes ne tient qu’au bon vouloir de la mer et de la montagne. Dans un village à l’extrémité d’un fjord, en plein XIX ème siècle, des pêcheurs essaient, chacun à leur façon, de « cogner la mort pour la faire fuir ». Certains iront « ramer profond » pour la chasse à la morue, d’autres puiseront leurs forces dans l’amour d’une femme, l’alcool ou la poésie de Milton. Mais la mort omniprésente fait apprécier les bons instants, comme un délice trop doux. Et si la certitude du bonheur se résume au bienfait d’une tasse de café ou d’un poème, il s’agit pour l’auteur d’arracher l’incertitude, puissance qui détruit et donne envie de mourir. Le lecteur suit alors le parcours d’un « gamin » qui a tout perdu : la mer vient de lui enlever le seul être qui lui restait. Il découvre avec lui le vieux capitaine ivrogne, le pécheur aveugle à force d’avoir trop lu et la tenancière du café aux mœurs légères. Ceux-ci doivent ils continuer sans cesse le combat de la vie ? Ce livre fascine par la description des attitudes humaines et des phénomènes naturels qui peuvent geler les corps comme les espérances, mais aussi redonner miraculeusement une flamme à l’existence. C’est plus qu’un voyage en Islande, c’est un voyage initiatique, subjuguant par son style poétique, où se côtoient rêve et réel, situations désespérées et impression de « vivre un roman » comme le dit celui qui finit par ne plus être un «gamin » et par comprendre que nos regards « peuvent aussi bien être des fusils que des notes de musique, un chant d’oiseau qu’un cri de guerre ».
Brigitte Clavel