Editions : Flammarion
Parution : Janvier 2011
141 pages
16 €
Une île polluée où la misère est à son paroxysme, tel est le lieu où se passent trois vies chinoises que Daie Sijie dépeint par touches aussi subtiles qu’impitoyables. En arrière-fond se dressent des décharges de déchets électroniques, au premier plan une prison, un camp de rééducation avec sa réserve d’eau gelée, une forge fermée car la toxicité de la terre a supprimé tout besoin d’outils agricoles. La pollution est telle qu’elle engendre chez ses habitants la progéria, l’amnésie et l’aliénation mentale. Pourquoi alors un tel endroit est-il appelé « île de la Noblesse » ? Le lecteur y trouve des personnages inoubliables, avec des capacités de cœur, d’imagination et de courage aussi grandes que ce lieu est cauchemardesque. Si Dai Sijie dénonce la tyrannie d’ « un Etat tout-puissant »,composé de propagandistes mafieux, s'il révèle les dangers d'une nouvelle ère industrielle, il sait aussi mettre au grand jour la beauté de la nature humaine. Dans cette île sinistre existent encore des êtres exceptionnels, avides de liberté, d'amour et d'art, prêts à sacrifier leur vie pour ceux qu’ils aiment.
Brigitte Clavel