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23 juillet 2014 3 23 /07 /juillet /2014 15:53

Editions : Albin Michel

Parution : Septembre 2013

437 pages

21,50 €

« Tout l’amour de nos pères » n ‘est autre qu’un hommage supplémentaire de la part de C. Signol à ce Périgord Noir auquel il est si attaché. Littérature populaire peut-être, mais récit authentique de plus d’un siècle de guerres successives où la province profonde sacrifiait ses fils pour l’honneur de la patrie et souffrait en silence d’être un coin trop souvent oublié, sauf par les guerres et les maladies. Ecrit sous forme de journal intime par les quatre générations successives de la famille Marsac, ce roman raconte les combats successifs que celle-ci mena pour servir ses compatriotes autant par les armes que par la médecine. Ludivine parviendra-t-elle à échapper au sort de cette cruelle condition humaine, même si elle se donne autant de mal que ses ancêtres ? Roman aussi plaisant à lire qu’instructif : « l’amour de nos pères » est seul à pouvoir faire croire en l’humanité. Et à la question inévitable : « qui gouverne réellement nos vies ? », la réponse coule de source à travers une jolie écriture sans prétention, mais pleine de finesse dans les sentiments, de volonté dans le devoir et d’émerveillement dans les plus petites choses car « on ne combat la mort que par la vie ».

Brigitte Clavel Delsol

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19 juillet 2014 6 19 /07 /juillet /2014 08:38

Editions : Albin Michel

Parution : Mars 2014

596 pages

23,90 €

Plus qu’un roman, c’est un récit à trois voix, celle d’un jésuite français, d’un chef de tribu huron et de sa jeune prisonnière iroquoise. Toutes trois s’élèvent des terres sauvages du Canada, en plein XVIIème siècle, quand la religion catholique entreprend de convertir « les Sauvages » et que Hurons et Iroquois s’entretuent, les uns pour sauvegarder leurs race et traditions, les autres pour commercer avec le nouveau monde qui s’annonce. C’est un hymne à la vie, car chacun d’eux aime l’existence, la nature, l’amour, la guerre. Personne n’est épargné, ni les Jésuites dévoués au nom d’un Dieu tout puissant dont il faut suivre les lois et d’un Christ martyrisé dont il faut suivre l’exemple, ni la race indienne où s’entremêlent les forces du bien et du mal, les superstitions et les connaissances intuitives. A regarder de plus près c’est l’éternel humain qui est dépeint, avec ses fiertés et ses cruautés insoutenables, ses fragilités et sa force, ses rêves et sa spiritualité. Rien n’est laissé au hasard : une étude sociologique poussée ajoutée à un grand talent d’écrivain et de fin psychologue fait de ce livre une œuvre magistrale où l’homme, quel que soit le groupe auquel il appartient, veut poser à n’importe quel prix sa pierre angulaire « dans le grand cercle du monde ».

B Clavel Delsol

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1 juillet 2014 2 01 /07 /juillet /2014 12:55

 

Editions  XO

Parution : Mars 2014

241 pages

17,90 €

 

 C’est avec un style sans fioriture, au rythme rapide des invasions barbares que Max Gallo tente d’expliquer la chute de l’Empire romain. Goths, Wisigoths, Ostrogoths, Alains, Suèves, Vandales et Huns envahissent successivement le plus grand empire du monde.  Depuis longtemps « la Virtus romaine » n’existe plus, au sommet de l’Etat règnent rivalités et trahisons, crimes et corruption. Vaincus, les généraux romains s’allient chaque fois aux vainqueurs, devenant barbares à leur tour. Il ne s’agit plus d’invasions mais d’une installation progressive d’étrangers pour lesquels seule compte la conquête de la pourpre impériale. Et les empereurs s’alternent à une cadence effrénée. Un personnage clé : Galla Placidia, fille, sœur et mère d’empereur. Elle proclame sans hésitation qu’elle est « d’abord fille du Christ avant d’être fille d’empereur » et recommande de ne pas oublier ce que sont avant tout les Romains, un peuple dont les lois doivent garantir  la vie et élever à la condition d’homme libre, et non des barbares qui se contentent de tueries. Aetius, « le dernier des romains » prend acte, convainc  l’armée wisigothique et vainc Attila. Si l’empire romain meurt, un nouvel ordre du monde naît, grâce à la reconnaissance des peuples fédérés et de la reconnaissance par eux de la vraie religion chrétienne. Belle leçon de politique !

B Clavel Delsol

 

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22 juin 2014 7 22 /06 /juin /2014 20:37

 

 

Editions : Flammarion

Parution : Août 2010

327 pages

19 € 

 

 

Fatou Diome est une fine psychologue de l’âme africaine. Douée d’un grand talent d’écriture où les raisons de cœur dépassent celles de la raison, elle dépeint l’Europe comme lieu d’enrichissement  et de perdition auquel, telle une sirène, les garçons du Sahel ne peuvent résister, prêts à affronter tous les dangers.  En effet une extrême pauvreté pousse ceux-ci à émigrer et tandis qu’ils découvrent la vie dure d’émigrant où l’exclusion alterne avec liberté de mœurs et racisme, « celles qui attendent » au pays  restent emprisonnées dans des conventions sociales telles que  polygamie et analphabétisme qui les forcent à courber l’échine. Mais sur cette terre torride, la chaleur brûle  du début à la fin, qu’elle  soit maternelle ou conjugale.  Les mères ont plein d’ambitions légitimes  pour leurs fils, et les épouses sont rongées de désespoir par une attente qui n’en finit pas. Quand l’heure du retour sonne, l’émigré est un héros, le bonheur revient laissant derrière lui l’Eldorado tant désiré. La roue de la fortune tourne, et c’est ainsi depuis toujours. D’autres repartiront à leur tour, même si la terre d’accueil est  inhospitalière, car elle a besoin d’eux, comme eux ont besoin d’elle. Une fois ce livre achevé le lecteur pense que « ce n’était pas un roman, c’était le fleuve Sénégal qui se déversait … et rien ne semblait pouvoir l’endiguer », si ce n’est la générosité sans bornes de la vieille Arame ou la regrettable acrimonie de l’auteure vis à  vis de la vieille Europe. …

Brigitte Clavel Delsol

 

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17 juin 2014 2 17 /06 /juin /2014 21:55

 

 

             par DAVID TREUER

 

Editions : Albin Michel  - Terres d’Amérique

Parution : Mai 2014

410 pages

24 € 

 

 

Le voyageur en partance pour l’Amérique appréciera cet ouvrage qui a le mérite de ne pas réduire les Indiens à de simples clichés. Entremêlant récits historiques et personnels, David Treuer, lui-même "sang-mêlé", donne envie de s’arrêter chez ces hommes, partagés entre traditions et modernité, pauvreté et richesse. A plusieurs reprises l’auteur rappelle que les réserves indiennes, trop souvent considérées à tort  comme des privilèges,   résultent uniquement de droits achetés contre d’autres avantages, durement négociés et garantis par traités.  Conscients de leurs richesses naturelles, et ayant pour culte  la nature, les Indiens d’Amérique  ont toujours préféré la pêche des dorés jaunes et la chasse  des bisons à l’exploitation de leurs ressources forestières et minières. Mais ce penchant rural justifie-t-il à lui seul la pauvreté de certains ghettos où la misère laisse place à la violence, où la jeunesse préfère la drogue à l’américanisation de sa race, où l’éduction se limite à brandir « la patte d’ours », et où le policier, s’il n’est pas indien, est appelé le « diable blanc »? Telles sont les questions auxquelles  l’auteur semble vouloir répondre par diverses anecdotes  pleines de vie et d’humanité, à l’instar de celles de sa mère, juge de profession, qui  sanctionne toujours ses clients  par « Fais quelque chose de ta vie », de son grand-père qui avait fait vœu de fidélité à sa Réserve s’il survivait au Débarquement de 44. Car c’est toujours au nom de la liberté que  les Indiens se battent. Et si aujourd’hui ils peuvent  manger  « des côtes de bœufs de première qualité », développer une culture exclusivement indienne et sauvegarder leur dialecte, c’est grâce à leurs somptueux casinos et non au gouvernement fédéral dont ils veulent rester entièrement indépendants ! Une belle leçon de liberté … mais peut-être pas d’unité !

B Clavel Delsol

 

 

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11 juin 2014 3 11 /06 /juin /2014 11:12

 

Editions : Bayard

Parution : 2013

104 pages

13 €

 

 

Jamais un livre sur la foi ne fut plus empli de tant de simplicité. Et pourtant l’auteur est un intellectuel qui a étudié toutes les religions, un esthète auquel la beauté est indispensable pour transcender l’existence, un acteur qui a joué avec les plus grandes célébrités du cinéma et du théâtre. Son but : partager la foi qui l’anime, la rendre accessible à tous, offrir la recette unique du vrai bonheur, sans prétention aucune et qui peut même se résumer à "la prière du cœur" ou plus  savamment « l’hésychasme » et finir par « oxygéner » l’âme. Michael Lonsdale n’hésite pas à citer l’importance du  « Notre Père », prière collective où le pardon tient une grande place. Car sans la réconciliation avec les autres comme  avec soi-même, il est impossible d’aimer. Un « cancer de l’âme » peut ronger toute une vie et faire passer à côté de l’Essentiel, de Celui qui  aime…

Brigitte Clavel Delsol

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11 juin 2014 3 11 /06 /juin /2014 06:49

 

Editions : Phébus 

Parution : Mai 2014

294 pages

21 €

 


Nul autre titre que « Les âmes égarées » n’aurait mieux  convenu à ces  jolies nouvelles. Patriote jusqu’au plus profond de ses tripes, Joseph 0’Connor aborde tous les sujets chers à l’Irlande, du XIXème siècle à nos jours. Ses huit récits aussi émouvants que spontanés symbolisent les souffrances éternelles d’un  peuple  partagé entre liberté et tradition, revanche et pardon.  Rien n’a jamais épargné ses personnages, qu’ils soient enfants ou adultes, célibataires ou mariés, mais rien n’a ôté leur  courage ni même leur force  de rire et d’aimer. C’est pourquoi les exemples concrets de vies aussi riches en émotions que humbles en sentiments se multiplient. Des détails apparemment  insignifiants se révèlent  capables  de changer le cours d’une vie, et quand l’épreuve est trop lourde, il ne reste plus que l’ironie pour les uns et la fuite pour les autres. Mais même l’immigration vers Londres ou New-York est un rêve bien décevant. Heureusement dans l’errance surgissent d’heureux imprévus, des marques timides d’affection, des non-dits très éloquents et des désirs de paix  qui ne cessent de parachever chacun des personnages de J. O’Connor, tous attachants et  si universels.

Brigitte Clavel Delsol

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22 mai 2014 4 22 /05 /mai /2014 19:20

 

 

 

 Editions : Albin Michel

Parution : Avril 2014

554 pages

22,90 €

 


Ce roman a plein d’atouts : un contexte historique très représentatif  du  XIXème siècle aux quatre coins du monde, un protagoniste qui n’a rien d’un héros  mais  qui transforme ses désillusions militaires en esprit de justice, un livre d’action dotée d’une fine étude  psychologique . D’emblée le lecteur découvre la cruauté du sergent Bowman, militaire dans l’armée navale de la Compagnie des Indes chargé d’une attaque contre  les Birmans. Mais sa mission échoue et les Birmans vont lui faire subir, ainsi qu’à ses camarades rescapés, des tortures innommables dont aucun  ne se remettra. Un retour inespéré  dans un  Londres noir de choléra et de puanteur symbolise la fin de l’Ancien Monde. Là un crime sauvage dans les égouts londoniens a toutes les caractéristiques des tortures birmanes.  Rien ni personne n’empêchera le sergent Bowman de rechercher l’auteur du meurtre, quitte à partir dans un « Trois mille chevaux-vapeur » là où résonne la guerre de Sécession, et mettre sa vie en péril… Et c’est ainsi que le lecteur s’attache à cet ancien mercenaire qui  semble avoir un cœur et marche doucement vers sa rédemption. Tout à la fois  plein de promesses comme l’avancée vers l’Ouest  et la liberté, mais combien révélateur de la nature humaine, ce livre est  d’autant plus fascinant qu’il rappelle au  lecteur les sempiternelles répétions de l’Histoire …

Brigitte Clavel Delsol

 

 

 

 

 

 

 

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19 mai 2014 1 19 /05 /mai /2014 13:39

Editions : Stock

Parution : Avril 2014

253 pages

19 €

 

 

Le souci d’écrire l’Histoire ne quitte pas F.Tallandier. Alors celui-ci reprend sa plume là où il s’était arrêté dans son précédent ouvrage, au  VIIème siècle de l’ère chrétienne. Heraclius de retour à Constantinople agonise dans le plus profond désespoir, car, avec l’abandon de Jérusalem d’où il revient  mortellement blessé, il a perdu sa notoriété et pressent la chute de son empire. Pendant ce temps le roi Dagobert a beaucoup de mal  à quitter ce monde où il eut tant de chance. Et c’est là que se révèle le talent de F. Taillandier. Il montre combien la gloire peut être vaine, la prospérité éphémère et la reconnaissance injuste. Il poursuit ses portraits en prenant toujours compte de l’héritage familial et territorial, de la psychologie de chacun et des circonstances qui font qu’un homme comme le grand calife Omar, une fois sous l’emprise de Muhammad, ne tient plus ses promesses  de tolérance et ne pense qu’à l’extension de l’islam.  L’esprit de conquête, l’ambition, la jouissance ne cesseront-ils jamais ? Ainsi à l’instar du  moine Frégédaire, F. Taillandier  cherche la vérité dans le cœur des hommes, veut rester juste  dans ses portraits, libre dans ses jugements et fort dans l’adversité. « Et toi, vas-tu rester à les  regarder passer ? » semble-t-il dire à ses lecteurs, comme Boniface à Charles Martel. Car le chemin de l'homme est inextricable, sa tâche est toujours à recommencer sans jamais connaître son aboutissement immédiat. Point de pessimisme en F. Taillandier. Seulement une invitation pour  prendre  rang  dans l'histoire universelle, car tout acte, selon lui,  s'inscrit dans l'Eternité

Brigitte Clavel Delsol

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18 mai 2014 7 18 /05 /mai /2014 07:14
« Les haines pures » par Emma LOCATELLI


 

 

Editions : Albin Michel

Parution : Février 2013

374 pages

20,90 €

 

Tout, dans ce roman, semble contribuer à montrer la nature humaine sous son côté le plus sombre.  En Juillet 45, après avoir beaucoup souffert de l’Occupation,  la narratrice, Gabrielle Magne, retrouve son village natal au cœur de la Provence. La  chaleur accablante n’est autre que le reflet de l’atmosphère qu’elle y trouve : une mère anormalement acariâtre,  des villageois méfiants, et surtout un silence pesant au sujet de l’assassinat de la famille Roccetti qu’elle avait tant aimée. Si l’enfance et la guerre n’ont pas épargné Gabrielle, la Libération n’a pas ménagé ceux auxquels elle avait donné son affection et les héros de la Résistance finissent par apparaître plus monstrueux que courageux. Fragilisée à l’extrême et lassée de tout, la seule raison de vivre de Gabrielle est le mystère qui entoure ce crime familial. Si le roman prend une allure d’énigme  policière, le lecteur assiste à une quête de la vérité où la protagoniste est prête à tout accepter. La  guerre n’est autre qu’un prétexte pour assouvir les mauvais instincts et laisse derrière elle « un dégoût des choses et des gens ». Ainsi en voulant élucider un massacre injustifié, Gabrielle  découvre la vérité qui habite chacun : sous prétexte d’agir au nom de la liberté, l’homme se permet tout, jusqu’à changer d’identité, éliminer les gênants, accuser sans preuves, camoufler le déshonneur, et ignorer « le prix d’une vie ». Mais le style d’Emma Locatelli est si beau qu’il métamorphose la désillusion en prise de conscience, seul chemin menant à la maturité.

Brigitte Clavel Delsol

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