3 septembre 2012
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Editions : Actes Sud
Parution : Août 2012
186 pages
18 €
Le Grand Alexandre se meurt. Ses acolytes hésitent entre une guerre de succession ou la conquête des pays de l’Est. Mais la flamme d’Alexandre n’est pas éteinte et sa voix d’outre-tombe ne va cesser de guider ses amis. Dans un premier temps ceux-ci vont rechercher la fille de Darius le vaincu, Dryptéis au cœur de reine, retirée dans un couvent, lasse de tant de maux mais consciente de tant de grandeur. Puis commence un long cortège derrière le catafalque d’or pour retourner en Macédoine. Mais le souffle d’Alexandre ne s’éteint pas, un magnifique dialogue s’instaure entre lui et ses fidèles. Ne pas retourner dans le pays d’origine où règnent la peur des guerres offensives et la honte des guerres intestines, s’unir à la poussière des chevauchées plutôt que rester enfermé dans un mausolée d’or, oser traverser l’Indus et avancer bien au-delà sans jamais se presser, telle est la mission soufflée par le grand Alexandre, qui recommande : « Prenez votre temps, mes compagnons, et regardez le monde tandis que vous avancez ». Echappée au temps, délivrance du temps, avancée dans l’éternité, tels auraient pu être les titres de cet ouvrage qui a la vie pour seul cortège. L’épique devient romantique, c’est toute la force de Laurent Gaudé qui fait des moments de l’Histoire un éternel humain dans un éternel présent.
B.C
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2012
28 août 2012
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Editions : Albin Michel
Paerution : Août 2012
460 pages
22,;50 €
Dommage que « Swamplandia » n’ait pas paru plus tôt car il avait tous les atouts pour être le livre de l’été! Roman américain, il a le même charme que ceux de Katherine Pancol et d’Harry Potter: un style fluide, réaliste, plein d’humour et surtout de symboles. L’histoire n’est pas gaie et l’environnement lugubre, semblables à bien des vies ; mais vus et racontés par Ava, jeune fille de 13 ans, aussi spontanée que confiante et courageuse, ils prennent une tournure passionnante, où la fraicheur de la jeunesse tente de donner un coup de balai sur les drames de l’existence. Swamplandia est un parc d’attractions, plus précisément une entreprise familiale en faillite. Mais rien n’a jamais fait peur à cette famille de "toujours contents », ni les concurrents voisins dénommés « Monde de l’Obscur », ni les marécages environnants habités d’alligators, ni cette drague de fonds occupée par des soi-disant fantômes, ni « l’Oiseleur » à l’aspect changeant. « La foi, c’était une force intérieure et le doute, un corps étranger, une poussière dans l’œil ». Et c’est ainsi que la famille Bigtree prend une signification toute allégorique. Chaque force obscure a un corps, une force naturelle et un esprit surnaturel. Sous un univers imagé c’est l’éternelle cruauté de la vie qui est dessinée. Les images de couleurs sombres ou criardes font que le lecteur a bien du mal à quitter ce roman si peu conventionnel mais si plein de tristes et belles vérités
B.C
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2012
25 août 2012
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Editions : Albin Michel
Parution : Mai 2012
149 pages
15 €
Jean-Paul II est mort, Rome est plus belle que jamais, un journaliste d’un quotidien parisien est envoyé sur les lieux pour faire un rapport sur l’atmosphère qui règne dans la cité du Vatican. Il est rejoint par la femme qu’il aime, mais la froideur des sentiments de celle-ci est un obstacle à la rédaction de l’article et de ce fait à sa vie professionnelle. Ouvrage qui fait penser à une nouvelle de Baudelaire où « l’imperméabilité des sentiments » entrave toute communicabilité des amants. Le style de l’auteur, aussi inspiré que celui du journaliste ne l’est plus, rachète la banalité de ces amours et donne envie au lecteur de suivre cette promende dans la Cité éternelle si joliment décrite.
B.C
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2012
24 août 2012
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Editions : Albin Michel
Parution : Mars 2012
130 pages
13 €
Et si la Shoah était une apocalypse, dans le sens propre du terme, à savoir le dévoilement de la nature humaine sous toutes ses formes ? C’est le sentiment qui ressort de ce très bel ouvrage de l’auteur, miraculeusement épargnée non seulement des camps nazis mais aussi d’une haine et d’un désespoir que la faim, le vol, la violence des kapos et le travail forcé auraient bien justifiés. Poésie en prose ou en vers irréguliers, elle avance au rythme d’une renaissance au seul service de l’humanité. Car, plus qu’un atroce témoignage, elle se veut leçon de courage, chemin de pacification, source de glorification pour ces millions d’innocents qui, par leur sacrifice, ont connu la souffrance à son paroxysme et demeurent piliers d’espérance.
B. C.
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2012
23 août 2012
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Editions : Gallimard
Parution : Avril 2012
103 pages
11 €
On ne demande pas à un poète pourquoi il écrit de la poésie, de même il semble inopportun de demander à Erri De Luca pourquoi il retranscrit le Décalogue à sa façon. Sans doute un besoin de faire sien ce testament divin inscrit en lettres de feu du haut du mont Sinaï, lui l’amoureux des sommets comme il l’a magnifiquement prouvé dans « Le poids du papillon ». Sans doute aussi pour incarner des préceptes moraux qu’il juge indispensables en ce XXIème siècle. Mais surtout pour tirer vers le haut toute sa famille qu’est l’humanité afin qu’elle ressente, non pas le vertige du vide, mais la présence du divin et qu’elle sache « où finit le monde et où commence le temps ». L’esclavage du Pharaon une fois fini, la voix du Sinaï se devait d’être transmise aux générations à venir par l’intermédiaire de l’amour. Ainsi il semble vrai, une fois encore, qu ‘ « Au commencement était le Verbe et le Verbe s’est fait chair ».
B.C
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2012
23 août 2012
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Editions : Albin Michel
Parution : Septembre 2011
190 pages
12 €
« L’intrus » n’est autre que Méphisto. Comme celui de Faust il s’incère dans la vie d’Henri, vieux médecin spécialisé dans la recherche du cerveau, lui offrant une dernière jeunesse en échange de son âme. Il apparaît toujours habillé d’humour noir qui enfonce Henri dans une situation comique mais humiliante et lui fait perdre pied. Roi du doute, de la rébellion, de la négation du bien et du mal, prince de la séduction, Méphisto est avant tout voleur de liberté. Et si Henri résiste un instant « C’est ma vie. J’ai le droit de finir comme je veux, non ? », l’angoisse finit tôt ou tard par ressurgir, sa main se tend alors vers un Méphisto impitoyable qui ne donne aucune solution à ses questions métaphysiques. Et c’est là que l’Homme se révèle dans toutes ses dimensions. Certes, il « meurt de trouille » car ce n’est pas la mort qu’il souhaite. Mais il réalise enfin que le bonheur était dans la douceur de sa bien-aimée, la beauté du rire de sa fille, l’odeur des saisons…Alors en même temps que la mort, seule aux côtés du roi du néant, surgit l’espérance, la conviction qu’ « il ne peut pas y avoir que cette petite vie humaine …Non, non, c’est impossible, c’est sûrement mieux que cela. Plus subtil, plus intelligent, plus beau… ». Ainsi par cette pièce de théâtre qui résonne comme un hymne à la vie, Antoine Rault semble être non seulement dans la lignée de Goethe mais aussi celle d’ Anouilh.
Brigitte Clavel
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2011
20 août 2012
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Editions : Sabine Wespieser
Parution : Août 2011
117 pages
15 €
Un tragique accident familial a éloigné Nestor de son épouse Mélina. Depuis ce jour Nestor n’a d’autre consolation que la nourriture qu’il ingurgite en vain. Ce vide d’amour n’est comblé que par une obésité qui paradoxalement le console et le complexe. Mélina est mourante sur un lit d’hôpital où Nestor se rend chaque jour, jusqu’à ce qu’un médecin, le Dr Alice, détecte en lui tous les indices d’une maladie qu’elle se promet de guérir. C’est avec délicatesse que Clara Dupont-Monod se plaît à analyser cet homme. Sous la métaphore de l’obésité, c’est la maladie de la solitude qu’elle relate où les heureux souvenirs rejaillissent et s’entremêlent à des cauchemars qu’il faut dissimuler à tout prix sous une graisse rassurante et dans un repliement sur soi. Point d’autre remède que le plaisir procuré par l’ouverture d’une porte de frigo, si ce n’est la bienveillance d’un médecin perspicace… Le dénouement peut varier, l’auteur nous le démontre subtilement. Son écriture, tout en symboles, fait du « gros père » Nestor un albatros englué dans le pétrole, avec la honte en plus, ou un immigré inconsolable d’avoir laissé le beau phare rouge et blanc de son pays d’origine…C’est le bonheur seul qui donne cette belle allure élancée du Dr Alice qu’elle-même perd dans la tristesse. Ainsi le regard scrutant de l’auteur donne de l’allant à ce livre dont le thème principal reste celui de la pesanteur. B. Clavel
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2011
14 août 2012
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Editions : Gallimard
Parution : Décembre 2011
236 pages
17,90 €
Bien que septuagénaire, Philippe Sollers ne serait-il pas un boulimique de l’existence ? Dès les premières pages, il adopte, pour nous leurrer, un ton ironique, mais le champ lexical récurrent du vide a vite fait de révéler une angoisse existentielle. Ce livre est plus un essai qu’un roman, et son titre résume en un mot sa pensée : un besoin de lumière, une « éclaircie » indispensable qu’il trouve dans le souvenir de sa sœur aînée, dans le prénom de son amante, dans les yeux noirs de Berthe Morisot, dans les nues de Manet et de Picasso « porteuses de toutes les sensations à la fois ». Car le temps comme la femme méritent d’être regardés en instantané et non en pose figée. « Un seul tableau, un seul livre vous sauvent de l’avalanche du rien ». Telle est la leçon qui se cache derrière le parisianisme de Philippe Sollers. « Tant que le vide est comblé, tant que l’anti-mort est réalisé, tout est art ». L’important est de vivre, créer, réagir aux idées toutes faites, se battre, résister aux critiques, se réaliser, survivre aux horreurs de l’existence. Bref une invitation à faire comme Manet et Picasso, si différents dans leur peinture, mais si semblables dans leur vie, c’est à dire à plonger dans l’art pour s’évader à ce qu’on aime, quitte à « se la jouer mégalo sur plus de deux siècles ».
B.Clavel
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2011
11 août 2012
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Editions Kirographaires
Parution : Mars 2012
234 pages
19,95 pages
La couverture du livre comme la trame de l’histoire, où les rites de la culture indienne prennent le pas sur le vraisemblable, ont tout du livre initiatique. Le style envoûtant de l’auteur, plein de poésie et de sensibilité devant la misère humaine ou de la beauté de la lumière, a vite fait de révéler le but de ce professeur de lycée : une leçon de bonheur sur une terre sans pitié. Amaleo est un jeune métis de Caracas.Ses parents habitent un village perdu de campagne, et si leur maison est pauvre, elle le rassure, « c’est chaud comme un corps », jusqu’au jour où le village entier est absorbé par une coulée de boue dont il échappe miraculeusement avec son père. Tous deux se retrouvent dans le Dakota du Sud où leur condition d’immigrés les enfonce un peu plus dans le malheur. Dans son réalisme l’auteur n’a oublié ni la faim qui taraude, ni les souvenirs heureux qui ressurgissent comme des mirages, ni l’humiliation des indigènes qui se raccrochent aux usages obsolètes d’une civilisation perdue. Le bonheur est rendu à partir du moment où se fait la réconciliation avec la nature et où la dignité humaine est reconnue. C’est la pureté de Kimimila et la confiance aveugle d’Amaleo pour Jimmy le hors-la-loi qui font de celui-ci tout à la fois un sauveur et un homme sauvé. A noter qu'un certain manichéisme anti-blanc est largement compensé par la beauté du style que l'auteur maîtrise avec art et son souci de pédagogue pour lequel l'amour se mérite par les épreuves.
B.Clavel
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2012
4 août 2012
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Editions : Albin Michel
Parution : Novembre 2011
243 pages
18 €
Isaure de Saint Pierre a le goût de son grand-père pour l’Histoire, les capacités de son père pour le roman, un brin de sensualité et autant de talent d’écriture que de passion pour les paysages du Maghreb. Après avoir écrit « La Magnifique », roman inspiré par l’unique femme de Soliman, elle offre à ses lecteurs le portrait de Dahya, généralement plus connue sous le nom de « La Kahina », la Sorcière. Digne descendante et amante passionnée de deux célèbres guerriers berbères qui se battaient contre l’envahisseur arabe pour préserver l’indépendance de leur peuple, elle-même guerrière intrépide, elle réussit à faire de Kairouan la capitale des Berbères dont elle fut la reine. Possédant un précieux talent de visionnaire, elle poursuivit sans relâche et jusqu’à son dernier souffle une politique de guerre préventive. Elle fit brûler avec intransigeance la terre de ses fidèle plutôt que de l’abandonner aux ennemis et néanmoins elle confia ses enfants à l'assassin de son mari qu'elle s'était jurée de venger, sachant qu'elle courait à sa propre perte... L’opposition berbère était finie. On est en 704 après J-C . Une race disparaissait. Et on pense à « Septentrion » de Jean Raspail, à ces « hommes du refus »,aux résistants des hordes d’envahisseurs, aux passionnés de liberté, aux amoureux de l’indépendance …
B.Clavel
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2011