24 janvier 2012
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Editions : Julliard
Parution : Mars 2011
232 pages
19 €
Charles IX a la réputation d’un roi fou. Jean Teulé lui consacre une biographie où il révèle avec art et subtilité la grande bonté de celui-ci et les raisons de sa démence en partie provoquée par de plus fous que lui. Le livre commence à la veille de la St Barthélémy où Charles IX est le seul qui fasse preuve de lucidité: il ne comprend pas la nécessité d’un tel massacre, considère l’amiral de Coligny, chef des Huguenots, comme un « père » et non comme un traître. Mais, trop faible pour résister longtemps à l’autoritarisme de la reine mère et aux moqueries de son jeune frère dévoyé, il cède et des milliers d’exécutions ont lieu. Dorénavant la Seine devant les fenêtres du Louvre est rouge de sang, la France a perdu ses meilleurs serviteurs, les « croa ! » des charognards dans le ciel de Paris se confondent avec les « crois ! » des fanatiques. Charles IX, hypersensible de nature, s’enfonce dans une tristesse de plus en plus morbide, fuit toutes les décisions, se réfugie dans la chasse où le sang coule à flot et qu’il a plaisir à boire, mais pas à faire couler … Hémophile de surcroît, il est hanté par ce sang qui saigne de son propre corps. Personne ne saura soulager ses maux, ni lui expliquer pourquoi le cerf de la tapisserie murale a son œil qui change régulièrement de couleur…La solitude des rois n’est pas un mythe.
Brigitte Clavel
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2011
17 janvier 2012
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Editions : Flammarion
Parution : Novembre 2011
309 pages
19 €
Personne ne peut résister à l’opportunité de sauter dans le Transsibérien ni échapper à l’envoûtement du style de Paolo Coelho et à ses références pluriculturelles. D’où le succès de son dernier livre où le surréalisme est malheureusement trop vite rattrapé par les obsessions de l’auteur. La jeune violoniste Hilal est éperdument amoureuse de l’auteur-narrateur, lui impose sa présence alors que celui-ci s’embarque à la recherche tout à la fois d’une paix intérieure et d’une notoriété auprès de ses lecteurs. Cet espace clos que représente le train va réveiller en lui ses démons intérieurs qu’il pense être « Energie divine ». Persuadé qu’il est réincarné pour la troisième fois après avoir été un lâche dominicain de l’Inquisition et un écrivain du XIXème siècle, il finit par reconnaître en cette irrésistible Hilal une de ces femmes de ses vies antérieures par laquelle il est indéniablement attiré physiquement. Mais l’âge aidant, Paulo Coelho va parvenir à prouver que l’union sexuelle peut être dépassée par l’ « Aleph », transe mutuelle en forme d’anneau de lumière où convergent Temps et Espace, grâce auquel des nuits chastes épargnent une infidélité à sa femme dévouée !!! Livre somme toute amusant, d’autant plus que l’auteur se considère comme un métaphysicien émérite…
Brigitte Clavel
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2011
10 janvier 2012
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Editions : Héloïse d’Ormesson
Parution : Octobre 2011
121 pages
15 €
Les talents d’écriture de Jean d’Ormesson sont aussi surprenants que les victoires remportées par Bonaparte. Le voilà aborder un genre littéraire nouveau, celui du théâtre, avec un style plus jeune que jamais et un thème des plus contemporains: celui de l’ambition politique. Ainsi se déroule la conversation entre Bonaparte, premier consul, et Cambacérès, deuxième consul, dont les propos abordent tous les sujets : conquêtes militaires, manœuvres politiques, réformes sociales, histoires d’alcôves et désir inassouvi de richesses chez les futurs princes d’empire. Mais le plus important est la vision de Bonaparte à visage découvert. Ses aveux lui ressemblent. Rien ne fait peur à cet "homme comme les autres", pour qui la gloire est le but suprême. Dès le début de l'entretien il fait acte de sa carrière pour réclamer un titre plus grand que celui de roi.Il veut être César. Il aime la grandeur. Pour y accéder, nul besoin du droit divin : il suffit d’un peu de ruse et trouver réconfort dans un miroir aux alouettes …
Brigitte Clavel
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2011
10 janvier 2012
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Editions : Albin Michel
Parution : Janvier 2012
181 pages
15 €
Le livre commence comme un roman. Qui est ce notaire installé à Bourg-en Rouergue, « arpentant » la campagne par tous les temps? La maturité d’écriture de Marie Rouanet transporte le lecteur dans un récit sans énigme, mais avec plein d’accès pour « entrer dans l’intelligence du monde » au travers de magnifiques descriptions campagnardes. « L’arpenteur » est un homme au physique grossier, très suspect : il est étranger au village dont il a acheté ce qu’on appelle « le château » ; c’est un solitaire original passionné de terres qu’il veut faire siennes. De par sa profession il est un parfait connaisseur des parcelles cadastrales et des histoires de familles. Il a tout de l’homme dont on se méfie. Et pourtant il n’est autre qu’un marcheur inépuisable, un cartographe émérite, qui prend plaisir à redonner vie au passé, aux vergers et maisons disparus, aux photos reléguées, aux outils révolus. Comme à Emile et à Amans, il fait prendre conscience au lecteur des « savoirs abyssaux » qui remontent au plus profond de la terre et du temps.
Brigitte Clavel
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2012
6 janvier 2012
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Editions : Viviane Hamy
Parution : Décembre 2010
127 pages
7 €
Ce petit ouvrage est un beau conte philosophique. Il met en exergue l’impuissance d’un peuple opprimé par les envahisseurs nazis. Le bon vieux roi Cédric X est, dans un premier temps, effondré et s’en remet tout simplement à Dieu. Seul son jeune escadron a le courage ou l’inconscience de résister. Le peuple ferme les yeux, « préfère le mystère à la vérité nue », une paix factice aux horreurs du combat. Le fatalisme s’instaure tandis que l’idéologie anesthésie peu à peu les esprits. Cédric X ressemble à Créon dans Antigone. Sa vocation première n’était pas de gouverner. Il le fait par devoir. Son cœur de roi préfère à la politique le rôle du médecin qui soulage. Quand soudain il découvre que, sous le masque d’un patient comme les autres, se cache la folie meurtrière, il n’hésite plus à faire face à l’ennemi, avec, pour seule arme, sa propre dignité. Mais la machine de guerre est en marche et anéantit tout. Livre plein d’enseignement qui rend hommage aux sacrifiés de l’Histoire, conscients de leur impuissance mais morts au nom de la liberté.
Brigitte Clavel
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2010
3 janvier 2012
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Editions : Albin Michel –Terre d’Amérique
Parution : Février 2011
195 pages
19 €
Ce titre « Danses de guerre » révèle parfaitement l’esprit de son auteur. Sherman Alexie est un écrivain indo-américain dont le style prolixe valse entre nouvelles, récits et poèmes sur des sujets réalistes tels la maladie, le racisme, l’homosexualité, l’idéologie politique, les rites religieux … Mais l’humour est omniprésent. Le recul et la lucidité sont les antidotes des difficultés relationnelles, l’ironie du sort et les comiques de situation font oublier la gravité de l’événement. L’universitaire, un blanc mortifié par le génocide des Indiens, est tourné en dérision : son aptitude à « se prendre pour le nouveau Jésus » amuse son auditoire. Le présumé hydrocéphale qui se retrouve à l’hôpital non pas pour ses symptômes angoissants mais pour l’agonie de son père alcoolique tandis que sa femme voyage finit par faire rire le lecteur. Le meurtrier accusé de racisme est fier de proclamer publiquement ses origines indiennes pour débouter les médias. L’écrivain impuissant se libère en trompant son voisin, preuve indéniable d’imagination. Les exemples sont aussi nombreux que cocasses. Livre à la fois drôle et poignant, il est écrit par un artiste qui préfère les histoires vraies aux grandes idées, le rire au larmoiement.
Brigitte Clavel
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2011
1 janvier 2012
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Editions : Albin Michel
Parution : Janvier 2012
187 pages
15 €
La vocation de Sylvie Germain a toujours été la narration d’histoires riches de poésie et d’enseignement où la réalité se confond avec le rêve. Son dernier ouvrage n’est pas un roman comme les autres, mais l’humble partage de sa propre démarche. L’être humain étant un nomade errant dans la turbulence du monde, elle l’invite à faire une pose à « la tente du rendez-vous ». Le thème est sérieux, le fil de sa pensée s’achemine lentement vers un bonheur accessible à tous. Dans le silence de la disponibilité une « Voix » se fait entendre, fait fi des malédictions et des déterminismes, des repentances et des vanités, des certitudes de grandeur et des désirs d’égalité. Un esprit de fraternité se greffe sur une culture universelle, régénère le lecteur en l’incitant à l’accomplissement personnel. La chute devient ascension, l’histoire simple se transforme en révélation. Ce qui importe c’est l’imagination créatrice, l’envie d’interroger le monde, le désir de l’altérité, la soif de la vie. Et c’est le grand talent de Sylvie Germain. Tout est miracle sous sa plume : la marelle devient église, le vieil Astrologue une petite Ombeline semblable au Christ, la prière de Fernande un pilier de soutènement, et le lecteur un prince heureux d’avoir découvert l’extraordinaire enfoui dans l’ordinaire.
Brigitte Clavel
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2012
13 décembre 2011
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Editions : Actes Sud
Parution : Septembre 2011
424 pages
23 €
Historien passionné par la Gaule antique, C. Goudineau offre un roman à suspens sur la pire époque qu’ait connue l’Empire romain. Il met en scène un dénommé Charmolaos, professeur en philosophie, réputé pour sa probité intellectuelle et chargé par le premier magistrat de Massalia, notre Marseille actuelle, de rendre à l’empereur Claude un rapport objectif sur la personnalité de Valérius Asiaticus. En effet ce dernier pâtit d’une réputation ambiguë: pour certains c’est un ivrogne enrichi, plein de cruauté et d’ambition, pour d’autres au contraire le prince des Allobroges au service de l’Empire. Comment le naïf et loyal Charmolaos va-t-il se sortir d’une mission aussi risquée? Et c’est là où C. Goudineau séduit le lecteur: un mélange de style familier et grandiloquent rend authentique la démarche de Charmolaos qui sait lire autant les signes providentiels que faire référence à ses maîtres de la pensée. Le lecteur découvre en même temps que lui les intrigues insoupçonnées de la cour impériale, la beauté intarissable des textes d’Eschyle et Platon, et la magnificence de Vienne sur Rhône aussi riche que la Rome éternelle …
B.C
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2011
26 novembre 2011
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Un panorama de lectures est sensé se concentrer sur l’écriture, mode d’expression le plus usuel. Aujourd’hui la 11ème Biennale de Lyon occupe quatre musées et il serait difficile de la passer sous silence, car c’est l’imagination qui fait avancer le monde. Si l’on considère la définition du musée comme établissement public où sont conservées et exposées des collections d’objets qui représentent un intérêt artistique, historique, scientifique ou technique, le visiteur de la Biennale est en droit de lui trouver un intérêt hautement sociologique, le reflet de son époque. Il part, bon pied bon œil, comme d’innombrables groupes scolaires du primaire à la terminale, pour entendre de la voix de jeunes guides consciencieux, trop heureux d’avoir du travail et de répéter aveuglément ce dont on leur a bourré le crâne, à savoir que tout est utopie, que ce soit la politique, l’art ou la religion. Mais comme à cette affirmation ils ajoutent que tout homme est créateur et mérite d’être exposé, le visiteur ne perd pas espoir. Certes un personnage de Lynette Yiadom-Boakie, un portrait de Hannah van Bart, ou les esquisses d’Alberto Giacometti et bien d’autres encore méritent sans discussion leur appartenance à cette exposition. Mais quand le visiteur se trouve face à un amoncellement de cercueils représentant les différents pays d’Afrique, aux mimiques obscènes de Tracey Rose, quand il s’entremêle les pieds dans une épaisseur de filets jonchés au sol sous prétexte qu’ils représentent les affres de la vie, quand il lui faut poser son regard sur un nu en chair et en os harnaché symbolisant l’esclavage ou le mythe de Sisyphe , ou une forme en résine sans forme véritable, ou un ensembles de tongs accrochées sur un panneau, quand il se trouve devant le petit monstre hybride de Christian Lhopital déjà trop présent dans les films télévisés pour enfants, et la liste est malheureusement bien plus longue que celle des belles œuvres, il n’hésite pas à reconnaître qu’il aurait mieux fait de profiter des couleurs automnales offertes par le ciel plutôt que ces représentations à la mode qu’il paie avec ses deniers , à l’entrée et avec ses impôts. Et il repart amer, attristé par le reflet d’une société psycho-dépressive qui ôte le goût de vivre et conduit au désespoir.
Brigitte Clavel
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2011
24 novembre 2011
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Editions : Gallimard
Parution : Octobre 2011
346 pages
22 €
Le livre ressemble à son auteur, sa pensée à son style, son ironie à son titre incongru. Une tonalité hautaine, pour celui qui ne sait pas apprécier la singularité de l’être, juxtapose une sensibilité à fleur de peau, réceptive à la beauté de la vie comme aux grandes souffrances de l’existence. Il s’agit d’une poésie en prose quidonne envie de lire à voix haute et même de chanter: « Gens qui vont, gens qui viennent, pensez à tous ceux qui ne savent pas qu’il y a des étoiles au ciel ». Ces nouvelles sont des histoires simples, mais lourdes de messages, car Le Clézio n’aime pas ceux qui parlent pour ne rien dire. Du début à la fin, résonne le vacarme omniprésent d’une civilisation bruyante ou d’une âme maltraitée. Alors le lecteur court sans cesse, avec Ujine vers l’amour, avec Watson vers l’exil, avec Mari vers l’arbre Yama, avec Laetitia Landon vers l’Océan, avec Andréa vers la prison des filles, avec Viram seul à croire encore au bonheur. Les pieds sont toujours légers et les pas toujours souples quand ils courent vers la vérité. Malheureusement ils finissent dans le métro, chaussés, se pressent, bousculent, avancent en permanence, sans savoir pourquoi. Seules les araignées sont maîtresses du temps, tisseuses du silence. La raison est simple : elles ont huit pattes, mais pas de pied….
Brigitte Clavel
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2011