19 février 2022
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« Les Bourgeois » par Alice FERNEY
Editions : Actes Sud
Parution : 2017
350
22 €
Quel plaisir de s’immiscer chez les Bourgeois à l’heure du wokisme ! Alice Ferney nous peint par touches délicates chacun des membres de cette grande famille qui n’eut pour souci que d’engendrer la joie de vivre quelle que soit la dureté du destin. La saga commence abruptement en 2013 par le décès impromptu de Jérôme, remonte le temps de l’entre deux guerres où Mathilde accouche de dix enfants tandis que l’on croit la guerre finie alors qu’elle ne fait que commencer, et le récit se poursuit jusqu’à nos jours où un silence héroïque sait faire face aux deuils familiaux et patriotiques. « Peut-on faire la grève de la vie ?». Certes les épreuves ne manquent pas, mais quand on est nombreux on ne pense pas à la mort, on fait son devoir, on se tient les coudes, on est fidèle à ses idées politiques même si elles privent d’avancements dans l’armée comme dans le civil, la vocation militaire n’y est que pour défendre la liberté, on reste chrétien et fier de l’être, car c’est là que la famille puise sa force intérieure. Dans les grandes fratries tout se partage, les joies comme les peines. A la fois romancière et historienne, l’auteure observe, décrit le courage sous toutes ses formes, et ne cache pas que l’hydre meurtrière ne cesse de revenir . Ses phrases brèves sonnent le tragique des évènements qui s’alternent avec la gaieté de l’amour. Mais même l’amour est fragile, les maternités usent, n’offrent d’autre carrière que celle de la sainteté ! Si Alice Ferney embrasse tous les problèmes humains elle laisse la nouvelle génération aussi battante que ses ancêtres , faisant de la famille un solide rempart au bonheur…Brigitte Clavel Delsol
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2017
14 décembre 2020
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« Comme l’éclair part de l’Orient » par Alexandre SINIAKOV
Editions : Salvator
Parution : 2017
18,90 €
196 pages
Impossible de passer sous silence ce témoignage de A. Siniakov! Originaire des steppes du Caucase, élevé dans les années 1980 au sein d’un sovkhoze où toute référence culturelle étrangère au communisme était interdite, A. Siniakov dès son plus jeune âge prit conscience de cet esprit d’uniformité imposé par l’Etat qu’il voulut fuir à tout prix. « Si nous ne voulons pas être malheureux, sachons être libres », telle est la devise de cet enfant soviétique qui n’hésita pas à se couper de ses camarades pour se plonger dans des livres providentiels qui lui donnèrent la passion des langues étrangères et le goût des pays occidentaux. Homme avide de science, A. Siniakov contemple autant les lumières urbaines que les étoiles du firmament, autant la culture profane que la pensée religieuse. Une fois prêtre il est soucieux de rendre compréhensible la liturgie et l’adapte tout en respectant les rites de la tradition. Il va jusqu’à conseiller de ne pas être clérical, car l’Eglise ne se limite pas à ses clercs et au magistère de la parole : ses principaux protagonistes sont les fidèles qui ont besoin de frères plus que de maîtres. Sa souffrance: avoir reçu deux baptêmes, celui des Vieux-Croyants dont il est descendant et celui de l’église orthodoxe qu' il représente aujourd’hui en région parisienne. Son souhait: l'union des chrétiens. C’est pourquoi A. Siniakov insiste sur la liberté de conscience et l’importance d’une vie spirituelle pour contrer un monde qui assèche les cœurs et vide les esprits …Un joli cadeau de Noël !
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2017
15 novembre 2020
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« L’Arbre du pays Toraja » par Philippe Claudel
Editions : Poche
Parution : 2017
209 pages
6,90 €
Sur l’île indonésienne Toraja le culte des défunts a une importance capitale si bien que ceux-ci sont considérés comme protecteurs d'un paysage toujours luxuriant. Alors Philippe Claudel enfonce le tabou occidental où toutes sortes d’euphémismes déguisent la mort. Le lecteur rentre dans les confidences d’un cinéaste quinquagénaire, qui égrène les souvenirs de ceux qu’il aima, et tout particulièrement dans les affres de son meilleur ami Eugène au seuil de la mort. Tandis que ce dernier se réjouit des plus petits détails de l’existence, notre anti-héros s’enfonce dans un pessimisme incontrôlable. Il opte, comme thème de son futur film, pour le robot parfait, au physique d’un sage vieillard à la mémoire infinie, tandis que lui-même oscille entre la gentillesse de son ex-épouse et la beauté irrésistible d’une jeune médecin. Livre décevant qui ne serait autre qu’un melting-pot de rencontres fortuites et d'évènements hasardeux si Eugène ne révélait pas la source de sa paix intérieure puisée dans son admiration pour Milan Kundera, incessant combattant pour la sauvegarde des libertés fondamentales. Ainsi l'arbre Toraja de Philippe Claudel se révèle peu à peu être une joyeuse allégorie invitant à vénérer les morts tout en croyant aux promesses de la vie...
B Clavel Delsol
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2017
25 avril 2020
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« Le songe du photographe » par Patricia REZNIKOV
Editions : Albin Michel
Parution : Juin 2017
328 pages
21,50 €
Ce qui d’emblée frappe dans ce livre c’est le bonheur qui se dégage de la maison bleue de l’Impasse des artistes en plein cœur de Paris. Pourtant celle-ci n’est autre qu’une arche entre une enfance de rêves et une vie d’apatrides, où le souvenir des cruautés nazies et communistes ne peut s’estomper qu’au son d’un piano, d’un samovar électrique et de tristes blagues. Et c’est là que le jeune Joseph arrivé par hasard trouve la vraie chaleur d’une famille. L’accueil que lui prodiguent ces exilés tous aussi artistes et fantasques les uns que les autres vont remplir sa vie d’adolescent. Avec Sergueï, enivré de poésie et de vodka, il découvre les splendeurs de la littérature russe. Le vieux Juif Sandor lui révèle le secret des célèbres photographes hongrois, princes de lumière qui rêvent de saisir le monde. Angel, le peintre cubain, lui parle de la liberté comme une nécessité vitale. Deux femmes l’entourent de leur affection, Magda l’autrichienne rescapée, magnifique exemple de résilience, et Dorika la tsigane qui inspire à Joseph son plus beau cliché de photographe. Tous, vaincus et réduits à l’état d’impuissants spectateurs, incitent ce jeune artiste en herbe à prendre leur relève et relever le monde. Mais celui-ci saura-t-il en être capable ? En tout état de cause, si Joseph disparaît de leur vie comme un voleur, il s’en rapprochera, quarante ans plus tard, grâce à un long pèlerinage de Budapest à Cologne, là où les ghettos, les fosses communes et les ruines s’amoncelèrent devant leurs yeux d’enfants. Et si l’histoire du monde n’est autre qu’ « une suite de mensonges et de mystifications », la maison bleue, emplie de rires et de regrets, au parfum de gâteaux et de thés chauds, reste le témoignage vivant que « la vie a un sens qu’il faut s’efforcer de comprendre et aimer ». Roman initiatique magnifique.
Brigitte Clavel Delsol
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2017
26 janvier 2020
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« La France et l’Islam au fil de l’Histoire » par Gerbert RAMBAUD
Editions du Rocher
Parution : Octobre 2017
306 pages
21,90 €
Gerbert Rambaud, historien et juriste lyonnais, parvient en un livre à récapituler quinze siècles de relations entre les terres de France et l’Islam. Par une très belle fresque historique il révèle maints détails d’amitié et de trahison, d’intérêts personnels ou nationaux, de conquêtes spirituelles ou territoriales qui se répètent inlassablement. Tout commence au VIIIème siècle avec la victoire inattendue en Espagne sur les Wisigoths, réputés invincibles, des armées Omeyades qui poursuivront jusqu’à Poitiers. Quelques siècles plus tard, tandis que le christianisme se veut ferment d’unité de l’actuelle Syrie jusqu’aux Pyrénées, la tribu turque des Seldjiukides harcèle l’ancien empire romain, officialise le Coran, convertit de force, multiplie les razzia. Gerbert Rambaud révèle les liens qui dans notre Moyen-Age tissent les évènements. Le rapt du supérieur Maïeul de Cluny peut expliquer la volonté d’un autre Clunisien, le pape Urbain II, de prêcher la croisade. Un véritable labyrinthe des cœurs humains conduit le lecteur à découvrir maintes contradictions. Les trahisons sont dans les deux camps quand il s’agit d’intérêts personnels et la mort de Roland à Roncevaux en restera à jamais le symbole. La Renaissance a peur du Turc. Néanmoins un processus de négociations diplomatiques a lieu et annonce l’alliance à venir entre François Ier et Soliman le Magnifique, même si celle-ci n’est qu’un moyen de se protéger de la politique de Charles Quint. Cette tactique se retrouve avec le cardinal de Richelieu, aussi intransigeant avec les protestants de France qu’œcuménique avec les musulmans chassés d’Espagne. Garante du monde chrétien ou alliée de la Sublime Porte, la France hésitera toujours. Le pragmatisme de Bonaparte ou l’extermination des pirates du port d’Alger aurait pu convaincre les Musulmans d’une entente avec la France, à défaut de laquelle eut lieu une colonisation. Livre clair et objectif à mettre impérativement dans les mains des lycéens…
B. Clavel Delsol
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2017
30 décembre 2019
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« COUPURES » par François RACHLINE
Editions : Albin Michel
Parution : Novembre 2017
246 pages
19 €
Ces deux histoires en une sont séduisantes, celles de deux jeunes femmes, à un siècle de distance, sensibles jusqu’à en perdre la raison. Else Blankenhorn, née de la riche bourgeoisie allemande du début du XXème siècle et dotée de nombreux dons artistiques inspire la jeune Elise à rédiger sa biographie. Bien vite celle-ci découvre la fragilité psychologique d’Else qui fit plusieurs séjours en maison de repos sur le lac de Constance avant un internement définitif à l’hôpital psychiatrique d’Heidelberg. Mais pourquoi ses peintures aux effigies toutes prophétiques n’ ont pas été classées dans « l’art dégénéré » éradiqué par le nazisme ? C’est ce que sa biographe va chercher à comprendre et ce que François Rachline s’évertue à faire avec le plus possible de vérité historique. Si le roman tourne autour d'Else et d'Elise, la politique, la science médicale et l’art restent au cœur du sujet. François Rachline n’oublie rien, ni les premières découvertes de la schizophrénie dans l’art, ni le concert annulé devant Hitler par le grand musicien Hermann Van Steiger, ni les célèbres expositions de Prinzhorn qui alimenteront son livre « La beauté insensée ». Même la providence joue son rôle et va mener Elise sans le savoir à rejoindre Else jusqu’à sa maison natale. Les deux femmes finissent par se confondre. La coupure avec le monde extérieur a lieu, « l’art brut » est atteint, au lecteur de mettre un pont entre la réalité personnelle et la réalité collective!
Brigitte Clavel Delsol
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2017
6 novembre 2019
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« Une heure de ténèbres » par Michèle ROWE
Editions : Albin Michel
Parution : Septembre 2017
549 pages
24 €
Cet aperçu du Cap est peu banal, au mieux « une méditation contemplative sur la souffrance inévitable de l’être humain ». A l’heure où les écologistes font éteindre les lumières par solidarité pour la planète, des malfrats réalisent un kidnapping innommable. La dimension du roman va au-delà du policier. Au-delà aussi des suites de l’apartheid. Certes il y a des blessures qui ont du mal à cicatriser. Mais dans toute région où l’immigration économique s’instaure, il faut du temps pour que la fracture sociale se réduise. La beauté originelle des terres laisse place à une architecture urbaine décevante, les haies d’hibiscus finissent par disparaître derrière de hauts murs recouverts de graffitis et surmontés de protections électriques. La nature humaine, grisée par l’appât du gain ou le carriérisme, s’endurcit et engendre une jalousie qui peut tourner en haine. La vie surfaite de la riche résidence de Dieu-Donné donne à Annette l’impression de jouer une comédie qui malheureusement va tourner en tragédie. Le talent de la Sud-Africaine Michèle Rowe est de révéler par touches subtiles les bassesses humaines en alternant une tristesse infinie de l’âme et une ironie du sort où l’humour est sous-jacent. Ce roman est aussi passionnant que réaliste: la psychiatre Paula se définit comme une rationaliste scientifique mais est incapable de soigner le mal-être de sa fille ; les écologistes s’inquiètent pour les crapauds léopards en voie d’extinction tandis que d’ingénieux gangsters influents et sans scrupules violent incognito la propriété des terres tout en s’immisçant dans la police. Malheureusement les pervers ne sont pas toujours ceux qu’on croit et ce sont les jeunes idéalistes qui en pâtissent...Un voyage passionnant et un souvenir inoubliable de l'attachante inspectrice Persy!
…B.C.D.
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2017
15 octobre 2019
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« Par amour » par Valérie TONG CUONG
Editions : Lattès Janvier 2017
Poche janvier 2018
Ce récit à plusieurs voix est un magnifique témoignage des habitants du Havre au cours des dures années 1940 à 44. Il est dédié à la famille maternelle de Valérie Tong Cuong dans laquelle elle passait ses vacances enfant. Le lourd silence qui pesait sur cette période en disait long sur les souffrances endurées. La romancière n’hésite pas à fouiller les cœurs, à justifier leurs sentiments, à décrire avec réalisme une réalité douloureuse. Ce qui frappe le plus c’est la fidélité de l’historienne aux évènements vécus. Elle reprend un à un les ordres allemands d’évacuation et de réquisition, le prix à payer pour une libération. Elle fait résonner les bombardements des Alliés qui ne font du Havre qu’une ruine mortifère, sans oublier de rappeler les bienfaits de l’Association Guynemer, de l’accueil paradisiaque des Français d’Algérie et du malheureux naufrage du Lamoricière. Tandis que chacun résiste à sa façon, les uns ouvertement, d’autres plus prudemment, la famille se déchire, se sépare, s’aime sans toujours comprendre l’incongruité des évènements. Un livre empli de très beaux exemples de solidarité qu’on espère retrouver dans le tout dernier roman de V. Tong Cuong inspiré de notre propre époque …
B.C.D.
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2017
8 juin 2019
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« La nuit des enfants qui dansent » par Franc Pavloff
Editions : Albin Michel
Parution : Juin 2017
280 pages
19 ,50 €
Le thème de ce roman de F. Pavloff ressemble étonnamment à celui du dernier livre de Sylvie Germain: les douloureuses séquelles de la barbarie brune et de la terreur rouge subies au début du XXème siècle au cœur de l'Europe centrale. F. Pavloff met en scène deux hongrois, le jeune Zâl, orphelin de guerre qui ignore tout de la résistance hongroise et le vieil Andras qui y a perdu tous les siens. La folle chevelure de Zâl entourée de ses oiseaux comme son métier à haut risque de funambule sur élastique contrastent avec le costume sombre et laminé d’Andras et sa peur de l'avenir pour cette jeunesse frivole sur la route de la fête de la musique. Car les jeunes d'aujourd'hui ne veulent pas entendre parler du passé, "ils en savent plus sur les dinosaures que sur Hitler et Staline" et le tragique des vieux leur fait peur. Pour eux « seul le présent compte ». Heureusement sous le réalisme du roman se cachent une poésie et une pudeur dans les sentiments grâce auxquelles le face à face de deux générations aussi différentes soient-elles pourra les réconcilier. Au Salzbourg de Mozart où le vieux Andras a pris refuge lors de la chute du Mur, Zâl préfère le Sziget, festival de musique électronique qui rassemble toute la jeunesse occidentale sur les îles de la liberté face à Budapest. Mais le chemin de l’insouciance est de courte durée, le passé historique rattrape le présent, les bombardements de l’Orient résonnent jusqu’au cœur de l’Europe envahie à son tour par une foule d’immigrants en errance. Très beau livre dont le titre résume à lui seul l’espérance d’une jeunesse en souffrance et laisse espérer pour la rentrée littéraire un prochain roman aussi beau que celui-ci. B.C.D.
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2017
31 mai 2018
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Editions : Quasar
Parution : Août 2017
174 pages
12 €
Ce livre hilarant est en fait très profond : il révèle l’urgence de comprendre le sens trop méconnu de l’Eglise et de la vocation sacerdotale. Un pauvre curé se sent bien seul au milieu des chicaneries des dames patronnesses, des mésententes entre progressistes et intégristes, de l’incompréhension de son supérieur et du nombre de tâches à remplir. Alors à l’insu de tous, celui-ci s’enferme, ou mieux il s’emmure comme les mystiques reclus du Moyen-Age auprès desquels les malheureux venaient confier leurs peines. Ses paroissiens feront-ils de même ? En tout cas cette réclusion rapporte beaucoup à la ville qui fait de son curé l’objet d’une attraction touristique autant que journalistique. Et si à son tour le doute venait à envahir le cœur de cette nouvelle star du sacerdoce? Livre plein d’humour et de vérité qui remet à l’heure les pendules des chrétiens souvent plus inquiets de leur performance que de leurs faiblesses, plus soucieux des apparences de la foi que de son essence… Livre à divulguer auprès de ceux qui souffrent de cette maladie de la rentabilité au détriment d’une confiance en la Providence. B.C.D.
Published by brigitte clavel-delsol
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2017