Editions : Stock
Parution : Septembre 2017
176 pages
17 €
Deux belles surprises dans ce dernier livre d’Erik Orsenna. Tout d’abord le style de l’académicien. Certes celui-ci n’écrit pas en vers, mais ses phrases ont la même alternance rythmique que celles de La Fontaine, son humour est aussi percutant, son naturel aussi spontané et savant, à tel point que la Fontaine semble vivant et lui souffler tout ce que l’abbé Pouget lui a fait renier ! D’autre part si le fabuliste est bien connu, c’est l’homme, l’ami, le polisson, le conteur, le poète que dévoile Erik Orsenna dans cette biographie originale où rien n’est épargné de ce qui touche de près ou de loin à l’écrivain et à ses écrits. Ainsi « le rat des villes et le rat des champs » fait penser à l’union des Pidoux urbains et des La Fontaine ruraux qui donneront naissance à cet homme hors du commun qui aima autant Paris que Château-Thierry, la Sorbonne que « Dame Nature », la courtisanerie que la liberté. Deux hommes en un, ou mieux : un équilibre parfait qui lui fait admirer Vaux-le-Vicomte, cette merveille érigée «pour le plaisir du roi », mais qui fait la perte de son ami Fouquet, et, en défendant celui-ci, la perte de ses pensions royales. Son œil s’aiguise alors à l’étude des humains sans même qu’il éprouve le besoin de voyager, car « Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages ». Ainsi E. Orsenna ravive une lecture que quatre siècles n’ont pas démodée.