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10 mars 2025 1 10 /03 /mars /2025 11:03
"L'autre moitié du soleil"

                           « L’autre moitié du soleil » par

                         Chimamanda Ngozi Adichie

 

Editions  : FOLIO

658 pages 

 

Nul ne saurait mieux que C. N. Adichie décrire  cette tentative d’indépendance du Biafra qui dura de 1967 à 70.  Ce livre plein de romanesque n’en reste pas moins fidèle à la réalité historique dans la détermination du Biafra à gagner un identité politique. Le  peuple Igbo, la troisième  plus grande ethnie du Nigeria , est accusé d’être l’auteur d’un  coup d’Etat,  ce qui déclenche  une guerre  sanguinaire. Le réalisme du style jusqu’au moindre détail du quotidien permet de s’immiscer dans la vie de deux sœurs  Olanna et Kainene qui n’ont pour point commun  que leur gémellité. Olanna est séduisante autant par sa beauté physique  que par sa culture britannique raffinée. Kainene, plus ingrate est la fille matérialiste de ses parents enrichis. Leurs penchants amoureux sont tout aussi différents: Odenigbo, l’amant révolutionnaire d’Olanna, affublé d’une mère aux rites archaïques, contraste avec Richard , un journaliste britannique incompétent, symbole d'une Europe inefficace. L’auteur parvient ainsi à dresser un tableau du Biafra avec diverses personnalités que  seul le respect humain pourrait sauver des horreurs de la guerre.  Les villes d’Abakakilé , Enugu, port Harcourt , Asaba et Umuahia tombent les unes après les autres, jusqu’à ce que Owerri soit miraculeusement repris aux « vandales ». Et c’est là que se trouve le paroxysme de l’horreur, des pages entières où après une chasse impitoyable des soldats biafrais eux-mêmes   aux « civils oisifs »  succède l’hystérie  d’une victoire improbable.  Viols, saouleries au kai-kai, famine,  les deuils se multiplient sous les yeux d’Ugwu, jeune innocent sorti de la brousse, qui n’eut pas son mot à dire quand la folie  humaine l’enrôla sans pitié, si ce n’est ce triste leitmotiv : « Le monde s’est tu pendant que nous mourions »… Récit  très instructif sur la fragilité des uns et la force morale des autres, qui  inspira un  joli film au metteur en scène africain  Biyi Bandele et rappelle les  nombreux drames actuels.  

Brigitte Clavel Delsol

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