5 mai 2025
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« Le courage des innocents » par Véronique OLMI
Editions : Albin Michel
Parution : Août 2024
281 pages
21,90 €
« Les adultes sont des salauds » tel est le fil conducteur de ce livre à deux temps, celui où Ben est en France avant de rejoindre l’Ukraine. Certes l’histoire porte bien son titre. Avant de découvrir les horreurs de la guerre, Ben apprend que son demi-frère est confié à la DASS. Son tempérament plus spontané que réfléchi l’incite à aller kidnapper l’enfant, ce qui lui fait découvrir la vulnérabilité de ces petits êtres en foyer. Et s’il s’engageait à secourir les jeunes Ukrainiens menacés de bombes et pire encore de déportation ? Ainsi Ben fait partie de ces courageux innocents que rien, même une belle histoire d’amour, n’interrompra dans son secours à ces petits malheureux. Pas question d’obéir aux checkpoints à ces criminels de guerre, plutôt mourir que leur confier la petite Maya…L’écriture de Véronique Olmi est au rythme du sang qui bat dans les veines de Ben, la logique n’y est pas toujours à sa place. Ce qui importe pour l’auteure comme pour Ben c’est le partage du sort des malheureux, le courage du face à face avec l’ennemi, la résistance à l’usurpation d’identité et au génocide. Le lecteur reste désappointé devant le tragique du dénouement, point de non-retour où l’innocent est le jouet du monde mais qui est seul à sauver l’honneur de l’humanité. B. C. D.
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2024
24 avril 2025
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15:05
« Sur le chemin des cathédrales »
par Henri d’Anselme
le héros du sac à dos
Editions : fayard
Parution : Novembre 2024
21,90 €
234 pages
Le dessein du héros est différent de celui du saint : le premier rend hommage à l’humanité, le second à Dieu. Dire qu’Henri d’Anselme a justement cette double mission n’est pas exagéré. En poursuivant le chemin des cathédrales de France l’auteur veut révéler non seulement les splendeurs réalisées par les bâtisseurs mais aussi leur foi en ce Dieu protecteur de leurs heurs et malheurs. Car les cathédrales ont mis des siècles à s’élever entre terre et ciel, accueillant aujourd’hui encore touristes et pèlerins trop heureux d’y trouver paix et beauté. Le témoignage d’Henri d’Anselme est d’autant plus poignant qu’il est perçu par son regard estudiantin, témoin de violence gratuite, d’ignorance historique, mais aussi d’accueils chaleureux au sein d’une Eglise torturée. Sa persévérance fut, du début à la fin de ce pèlerinage, toute providentielle : l’incendie de N-D de Paris l’incite à partir, et l’attentat d’Annecy sera le point décisif du non-retour, celui de la poursuite d’un tour de France qui devient un chant, un « remède de l’âme », « écho immortel du temps ». Sa visite de cent-quatre-vingts édifices religieux s’achève en même temps que la reconstruction de Notre-Dame de Paris, véritable miracle réalisé à la sueur de deux-cent cinquante entreprises spécialisées dans la restauration des monuments historiques, preuve que Dieu intervient quand l’homme se donne de la peine…Henri d’Anselme fait partie de ceux-là !
B.C.D.
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2024
13 avril 2025
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19:23
« MESOPOTAMIA »
Par Olivier GUEZ
Éditions : Grasset
Parution : 2024
405 pages
23 €
C'est un bel hommage qu Olivier Guez rend à Gertrude Bell, officier de l'armée des Indes, dénommée « reine de l’Irak » qui, comme Lawrence d Arabie, se voua corps et âme pour émanciper la Mésopotamie libérée des Ottomans, tout en la laissant sous le contrôle des Britanniques. Mais la tâche n'est pas facile. La Mésopotamie est composée depuis toujours de mille ethnies, religions et sectes que l’accord Sykes-Picot va partager plus ou moins en secret entre le Royaume-Uni et la France. Car si cette terre entre le Tigre et l’Euphrate est un Eden, elle est surtout un puits de pétrole. Le livre alterne entre l’intérêt des politiciens pour le contrôle des gisements de l’or noir et les rêves de Gertrude Bell qui se considère comme la « sage-femme » de pays sur le point d’éclore. Olivier Guez nous raconte l'histoire de cette femme comme un vrai roman dans les déchirements du Moyen-Orient au XX ème siècle.
B. C. D
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2024
27 janvier 2025
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19:20
« CAMILLE LE ROBOT DU FUTUR »
Par Henry ROSSIGNOL
Editions : Henry Rossignol
Parution : 2024
262 pages
Plaidoirie ou satire de l’intelligence artificielle? Roman à thèse ou essai ? Utopie ou dystopie ? Le robot Camille saura-t-il apporter la solution ? En attendant sa société fondatrice espère en garder le contrôle bien que les capacités technologiques de celui-ci ne cessent de se développer. Suite aux bons résultats économiques de Camille, le gouvernement découvre un intérêt politique à la robotisation. Rien de plus rentable en effet qu’une réduction du nombre de salariés accompagnée d’ une augmentation des bénéfices imposables pour distribuer un revenu à une population trop heureuse d’arrêter de travailler : le gouvernement peut ainsi rester en place. Mais la révolte gronde quand les habitants des « villages de la liberté » réalisent que le bonheur n’est pas dans l’oisiveté mais dans l’effort et la responsabilité. C’est alors le temps de la vengeance pour finir par celui de la mort. Mort des hommes, mort des robots, mort de la planète. L’auteur devient Cassandre ou robot lui-même en annonçant « une quatrième espèce d’êtres vivants qui se définit par la seule intelligence ». Et si c’était précisément cette intelligence désincarnée qui était à l’origine du désespoir et offrait une image absurde du monde ? Livre magnifiquement structuré, très éclectique, qui n’est ni le premier ni le dernier à aborder ce sujet d’actualité.
B. Clavel Delsol
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2024
20 janvier 2025
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07:40
« VIVA LA VITA » par Dominique Barbereau-Agenais
Editions : l’Orangerie
Parution : 2024
205 pages
Dominique Barbereau-Agenais avait déjà abordé le thème de l’euthanasie dans son très beau recueil de nouvelles paru en 2017. Elle y revient dans ce roman avec cette maturité de l’âge qui chante la vie plutôt que de la pleurer. Le style s’écoule à toute allure au cœur d’une maison familiale « La Vita » où les retrouvailles du moment sont hantées par la décision de Mamysa, aïeule bien déterminée à donner un terme à sa vie à la fin de l’été. Sans doute la conscience du médecin qui a prêté le serment d’Hippocrate poursuit l’auteure, mais, dans sa préface comme dans la bouche de son héroïne, tout commentaire d’ordre moral ou religieux est interdit. Chacune de ses filles a son propre point de vue. Toutes trois septuagénaires, grand-mères à leur tour, sauront-elles se mettre d’accord ? En peine de solut la narratrice remonte la généalogie, tente de trouver modèle sur les fondateurs de la demeure où débarque maintenant une armée de descendants, tous avec leurs problèmes personnels, amours délaissés, familles recomposées. Alors jaillit l’idée de sauvegarder « La Vita » pour en faire un havre de paix. Les trois grands-mères y parviendront-elles ? Si l’auteure n’a pas le romantisme de Pierre Adrian dans son livre « Que reviennent ceux qui sont loin », son pragmatisme est le plus fort. Il faut agir, écrire des romans , faire du yoga, jouer du violon, en un mot il faut dévorer la vie, lui donner un sens, transcender à tout prix les affres de la mort…
B. Clavel Delsol
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2024
15 décembre 2024
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« La Petite Bonne » par Bérénice PICHAT
Editions : Les Avrils
Parution : Août 2024
267 pages
21,10 €
Deux femmes que tout oppose, deux styles d’expression, des vers libres très brefs qui courent à toute allure vers l’inévitable et une prose lente et descriptive qui ne cesse de réfléchir au meilleur: une petite bonne et une bourgeoise face à une gueule cassée, autrefois pianiste prometteur auquel il ne reste que des moignons à la place des pieds et des mains suite à la bataille de la Somme, aisément transposable aux guerres contemporaines. Sur ses genoux un pistolet que ses pinces n’arrivent pas à manipuler. Tandis que la Petite Bonne reste à ses côtés, Madame part un week-end à la campagne . Pendant que l’une découvre la superficialité de ses amis, l’autre se bat contre la répugnance de Monsieur pour lui redonner goût à la vie qu’elle-même a perdu. Car tous souffrent, lui dans son corps, les deux femmes dans leur âme meurtrie. Alors quand Madame revient, on tremble devant l’éclat d’une éventuelle jalousie. Très joli livre où une une fois de plus un beau Requiem suffit à apaiser les pires maux de l’humanité…
B. Clavel Delsol
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2024
23 mai 2024
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« Le miracle de Théophile » par Jérémie DELSART
Editions : Le Cherche Midi
Parution : Mars 2024
397 pages
22,50 €
Cette satire de l’enseignement actuel a le grand avantage d’offrir au lecteur une perspective toute spirituelle et ce, paradoxalement, grâce au diable lui-même. Le stagiaire Théophile de Saint-Chasne est stigmatisé comme réactionnaire dans l’ « Education pour Tous » et son malaise est bien justifié. En permanence soumis à des inspections, à des conseils d’une tutrice et à des récriminations d’une proviseure, cet esthète a bien du mal à imposer sa passion pour la littérature. Peu importe, il fait le serment de ne pas renier son idéal, convaincu que seules les Lettres peuvent sauver la jeunesse de leur léthargie, de leur langage elliptique jusqu’à la vulgarité, de leur obsession égalitariste qui se concrétise avec l’écriture inclusive. Voilà où se cache le diable et Théophile est le seul à s’en apercevoir. Quand Lucifer se manifeste en bel Andalou aux dents immaculées et aux effluves de girofle, il envoûte le corps professoral. Théophile saura-t-il le reconnaître à temps pour lui résister ? Tel est le défi de Jérémie Delsart doué d’un style des plus diversifiés, de connaissances éclectiques , et d’une telle foi qui parviendra peut-être à dérouter Lucifer! Malgré ses sarcasmes et ses excès , ce pamphlet défend un possible retour en arrière pour redonner goût à la beauté littéraire. Livre très intéressant où la personnification du diable est certes un peu naïve mais symbolise à merveille les tentations déguisées de la facilité.
Brigitte Clavel Delsol
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2024
10 février 2024
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18:40
« LE MURMURE » par Christian BOBIN
Editions : Gallimard
Parution : 2024
127 pages
17 €
Œuvre posthume rédigée dans un murmure de la dernière heure, cet ouvrage reste semblable aux précédents. Pas étonnant que Christian Bobin l’aborde par un éloge au musicien Dimitri Sokolov qui comme lui a le culte du moment présent. Pas étonnant que l’envie d’écrire le taraude, car si la maladie est là , son amour pour tout ce qui est vivant est plus fort que jamais. « Pas de temps à perdre », alors perdons le pour mieux apprécier la vie ! L’oisillon saute comme des notes de musique, le linge frais sur le fil comme l’écriture. Livre de guerre pour faire des vivants , car rien de pire que les morts à la vie. Christian Bobin n’en oublie pas pour autant la belle mort , celle qui couronne l’existence, ni la berceuse de l’enfance qui prend dans la solitude la place de Dieu, ni le feu du don total. Car c’est là que se trouve l’amour vrai, « cette timide présence de l’éternel » qui n’a plus besoin d’ailes pour s’unir à l’autre et aller « vers des jours extraordinaires ». Bien bel héritage que nous laisse Christian Bobin : victoire de l’amour sur la mort, de la vie sur les ténèbres, de l’écriture sur le silence éternel!
B. Clavel Delsol
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2024
24 janvier 2024
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18:52
« Pour la peau de Shirley Page » par Constance Trautsolt
Editions : Harper Collins
Parution : Janvier 2024
246 pages
19,90 €
Pour la peau de Shirley Page » par Constance Trautsolt
Editions : Harper Collins
Parution : Janvier 2024
246 pages
19,90 €
Où veut en venir cette jeune écrivaine dont l’écriture puissante coule à flots? Anticonformiste et volontiers provocatrice, elle ne cache pas son amitié d’enfance pour « Alma la pute », ni ses amours avec Hatem, tunisien colérique aux lèvres de mer et de sel, délaissé pour « un garçon au sourire rouge » rencontré dans une boîte de nuit dont on ne connaîtra jamais le nom, tant il importe peu pour elle. Un peu semblable à sa mère par son désir de prendre du large vis-à-vis de sa famille, elle opte pour un travail au centre culturel de Tunis. A son retour, tandis qu’il faut vider la maison d’un grand-père défunt, elle découvre une photo d’une mannequin de la société Kodak de Rochester qui n’est autre que sa mère. Pourquoi celle-ci ne lui a jamais parlé de ce séjour outre-Atlantique ? La curiosité de la narratrice devient obsession. Un sentiment de culpabilité serait-il devenu tabou? La fille volubile veut en savoir plus sur ce laboratoire de photo qui n’embauchait que des jeunes filles à la peau blanche, toutes surnommées Shirley Page. Chasse au mensonge, au racisme comme au machisme, telle semble la raison de ces deux portraits de femmes. L’une était soucieuse de camoufler ses sentiments , l’autre est désireuse de mettre au grand jour les hypocrisies de la vie. Les chapitres défilent entre souvenirs américains et tunisiens, sans plan établi, chacun d’eux annoncé par une couleur, qui va de la plus pâle à la plus chaude, heureux palliatif pour éluder les tabous et les tensions intergénérationnelles très à la mode. B.C.D.
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2024