Editions : Albin Michel
Parution : Novembre 2016
156 pages
L’âme a toujours été le cœur des romans de F. Cheng. Dans son dernier ouvrage, celle-ci n’est plus une simple allégorie qui élève le lecteur, mais le thème d’une réflexion à part entière. Sans la reconnaissance de l’âme, l’homme est confronté au caractère inachevé et imparfait de l’existence. Cheng ne discrédite ni « le rôle de base du corps » ni « le rôle central de l’esprit » qui contribuent à l’édification de la société. Mais il met en garde de ne pas leur accorder une importance excessive. Car le souci d’efficacité finit par primer sur l’acte gratuit, le souci du temporel par rayer l’éternité. L’esprit comme le corps s’usent et meurent et c’est alors le déni de l’essence même de l’homme, de sa nature divine, qui en découle. Au contraire l’âme, en perpétuel osmose avec le Souffle de Vie, est la seule partie de l’être qui ne connaît ni la détérioration, ni la disparition, mais qui est le réceptacle de tous les sentiments accumulés, heureux et malheureux, source de créativité et de métamorphose. Tout le monde ne peut être artiste, mais tout le monde possède cette âme éternelle qui transmet de génération en génération un désir d’exister, de réaliser, indépendamment de toute réussite extérieure, cette unicité de l'être, don miraculeux qui donne un sens à la création comme à soi-même. De par sa réceptivité, l’âme ne cesse d’élargir son espace, de s’ouvrir au monde, de rejoindre l’universel, d’atteindre l’éternel. Ainsi, bien plus que le corps et l’esprit, une âme vivante permet de vivre à la fois de façon infinie et on ne peut plus terrestre …
B.C.D