8 avril 2024
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« ANIMAL » par Sandrine COLLETTE
Editions :Denoël
Parution : 2019
283 pages
19,90
C’est dans une chasse à l’ours brun au Kamtchatka, province russe lointaine et pauvre, suivie plusieurs années plus tard d’une chasse au tigre dans une réserve touristique du Népal que nous entraîne l’auteure. Chaque course effrénée présente des exploits qu’ils soient humains ou animaliers. Car, dès le début du roman, l’ours mortifère fait preuve de ruse comme Lior fait preuve de persévérance. Si les courses se passent dans des paysages pittoresques au relief accidenté ou perdus dans des jungles profondes, rien de fictif , les scènes sont prises sur le vif , on suit à la trace le gros gibier au rythme du pas souple de la jeune femme. Aucun chasseur ne se ressemble, même Hadrien qui a du mal à comprendre la passion obsessionnelle pour la chasse de son épouse. Mais dans son prologue Sandrine Collette nous met sur une piste, celle de la très grande pauvreté qui lègue aux hommes une violence jusqu’à couper un doigt à une petite fille pour qu’un dispensaire la prenne en charge, jusqu’à ligoter des enfants à un arbre pour servir d’appâts aux chasseurs. La violence animale finit par déteindre sur l’homme. L’inconscience des touristes rend inimaginable le sort des plus faibles et des plus pauvres quand la folie finit par régner. Seule Lior en est consciente, car elle se souvient … Livre magnifique qui plaira non seulement à tout chasseur mais à tout humaniste soucieux de rendre l’homme conscient que la nature à l'état brut n'est pas toujours un paradis terrestre . B. Clavel Delsol
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2019
7 avril 2021
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« OPUS 77 » par Alexis RAGOUNEAU
Publication : 2019
Editions : Viviane Hamy
Le Livre de Poche 2021
256 pages
C’est un exploit stylistique que réalise Alexis Ragouneau dans ce roman où résonnent du début à la fin les différents tempos musicaux de l’« Opus 77 » de Chostakovitch, compositeur partagé sous la dictature soviétique entre soumission et révolte. La protagoniste du roman, célèbre pianiste dénommée Ariane, souffre de l’autoritarisme de son vieux père Claessens, chef d’orchestre à l’exigence assassine qui tue à petit feu les talents de son jeune frère David, violoniste prodigieux. Le livre du début à la fin transpose en phrases spontanées cette musique où soumission et révolte deviennent détestation et folie. Tandis que le « Nocturne » résonne de toute la tristesse due à l’enterrement de Claessens, le « Scherzo » se déchaîne de façon hystérique : la réussite est pour Claessens devenue obsessionnelle à tel point que les souvenirs d’enfance assaillent Ariane et élucident l’incompréhensible. La « Passacaille » est le cœur de l’œuvre : David vaincu dépose son violon et s’enfonce dans un monde intérieur, tandis qu’Ariane s’envole au son de notes de piano toujours plus folles, jusqu’à ce que la « Cadence » laisse entrevoir l’espoir dans la rencontre du vieil arménien Krikorian, maître spirituel du frère et de la sœur désemparés. S’ensuit le « Burlesque », chapitre fou qui déroute mais réconcilie miraculeusement l’art et la vie, la jeunesse et la vieillesse, la discipline et la confiance en soi. Livre très original qui touche par sa pédagogie, son souci de créativité et surtout son analyse du cœur humain, fragile et fort tour à tour quand il est sous l'emprise de la tyrannie …
B Clavel Delsol
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2019
4 février 2021
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« BORGO VECCHIO » par Giosuè CALACIURA
Editions : NOTAB/LIA
Parution : Août 2019
150 pages
16 €
Une fois entré dans Borgo Vecchio à la périphérie de Palerme, où l’imaginaire vient dédramatiser la pauvreté , on ne peut plus quitter ce quartier. Ses ruelles étroites renferment des secrets graves, inaudibles, que l’auteur allège avec humour. La violence, la prostitution, le vol et la lâcheté du silence n’excluent pas de nobles sentiments. Une amitié profonde entre deux jeunes garçons se développe face à la cruauté d’un père ivrogne et à la malhonnêteté sans vergogne de l’autre. Mimmo et Cristofaro reportent toute leur affection sur un pauvre cheval de course exploité, leur amour sur Céleste enfermée par tous les temps sur un balcon, et leur admiration sur un pickpocket qui fait fi de la police comme des non-dits. Sans révéler la fin de ce récit à rebondissements qui a plus du conte philosophique que du roman, où la fête de la sainte patronne du quartier devrait sanctifier l’union de la femme déchue et le voyou, il est aisé de deviner que l’auteur parvient à transformer l’abject en une poésie irrésistible avec des phrases aussi tortueuses et animées que les rues de Borgo Vecchio d’où l’espoir n’est pas entièrement exclu. Cette littérature typiquement italienne offre un style très vivant qui déguise la dérision en mascarades, certes rebelles, mais combien touchantes et inoubliables…
Brigitte Clavel Delsol
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2019
6 décembre 2020
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« Rhapsodie italienne » par Jean-Pierre CABANES
Editions : Albin Michel
Parution : Octobre 2019
726 pages
22,9O €
Le propre même d’une rhapsodie musicale est sa forme libre et son thème populaire. C’est précisément ce dont J-P Cabanes fait preuve dans cette fresque italienne du début du XXème siècle où cohabitent une indépendance d’esprit des plus romanesques et un souci constant de vérité historique. Le style est vivant, entrecoupé de dialecte et de descriptions inoubliables. Le lecteur découvre un petit caporal dans les tranchées lors de la guerre contre l’Autriche qui deviendra Duce avant de déserter comme un voleur. Il fait des allers retours entre les riches salons de Rome ou Vérone tout en en passant par les paysages de la Sicile brûlés de passions amoureuses et mafieuses. Les protagonistes, à la fois réels et romancés, reflètent à merveille l’état d’esprit de ces arditi qui passent du patriotisme le plus sincère à une obsession nationaliste où légalisme et illégalisme se succèdent selon les circonstances et le bon vouloir de Mussolini. Si l’intérêt du livre réside dans le déroulement d’un fascisme qui se révèle de plus en plus dictatorial, c’est le tempérament italien qui domine, dont la règle est « l’honneur, le silence et la vengeance ». Sans doute est-ce l’origine des liens indéfectibles entre Lorenzo Mori de la haute bourgeoisie, héros de quatre guerres qui finira général et préfet de Sicile, et Nino Carderonne chef de la mafia sicilienne, deux frères d’armes que tout sépare mais que le destin ne cesse de réunir. Car Dieu hante l’Italie, tout le monde s’arrange avec Lui, que ce soit le Duce ou la Causa Nostra …Mais le diable aussi est de la partie, Lorenzo ne cesse de s’en rendre compte : le fascisme ne se résume pas à l’huile de ricin… Le Duce est sans pitié pour ceux qui le lâchent à la dernière séance du Grand Conseil . Et si Lorenzo demeure le héros du livre c’est grâce à sa fidélité à ceux qu’il aime et sa liberté de penser face aux dogmes politiques. Livre conseillé à tous les amoureux de l'Histoire et de l’Italie.
B. Clavel Delsol
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2019
20 avril 2020
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« Le cœur battant du monde » par Sébastien Spitzer
Editions : Albin Michel
Parution : Août 2019
441 pages
21,90 €
« Regarder les hommes dans leur vie réelle » tel est sans doute le précepte instigateur de Karl Marx qui inspira à Sébastien Spitzer ce beau livre dont la trame est précisément la célèbre amitié de Karl Marx et Friedrich Engels. Et c’est en se penchant sur les faits et gestes quotidiens de ces deux hommes d’origine allemande, exilés à Londres pour cause de rébellions, que Sébastien Spitzer y décèle tout les travers du cœur humain. En voulant explorer cette amitié dont profite Karl Marx avec la plus grande des ingratitudes, l’auteur s’enfonce dans l’ère victorienne comme dans la complexité humaine. Les chômeurs de Londres et les ouvriers du textile du Lancashire contrastent avec les nouveaux aristocrates de la révolution industrielle, menacés eux-mêmes par la guerre de Sécession qui provoque le blocus du coton et par la colère de l’Irlande qui secoue son joug. Telle est en filigrane l'atmosphère qui se dessine derrière les grandes idées humanistes des deux philosophes, à la fois jouisseurs de la vie et prêcheurs de la faucille et du marteau ! Mais qui est ce Freddy dont Karl Marx et sa femme veulent cacher l’existence à tout prix? Dans ce livre l’auteur ne se limite pas à l’amitié des deux co-auteurs du Manifeste du parti communiste, si proches et si différents. D’autres personnages moins connus mais tout aussi réels marquent par leur grandeur d’âme: Malte le guérisseur qui revient de la Compagnie des Indes et connaît le prix de l’existence, Charlotte Evans, « la bonne-maman » irlandaise de Freddy, les deux sœurs ouvrières Mary et Lydia Byrns qui ouvriront les yeux et le cœur du célèbre lord du Coton, leur patron, Tussy la dernière fille de Marx, amoureuse de son demi-frère et qui deviendra célèbre par son militantisme féministe. Livre plein de vérités historiques, magnifiquement écrit, qui annonce la subtile psychologie dont l’auteur fait preuve dans son dernier très beau livre « Dans les flammes de Notre-Dame » où il dépeint une fois encore tous les balbutiements du cœur humain.
B. Clavel Delsol
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2019
31 mars 2020
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« Marie Laurencin, la féerie » par Isaure de Saint Pierre
Editions : Albin Michel
Parution : Novembre 2019
241 pages
20 €
Isaure de Saint Pierre fait revivre à merveille les quartiers de Montmartre et Montparnasse des Années folles. Elle ne s’attarde pas sur les maux et les sentiments de Marie Laurencin, fille naturelle d’une couturière qui sait pertinemment ce qu’elle veut : peindre et aimer à sa façon. La biographe a compris combien seul le maelström parisien parvient à inspirer la jeune maîtresse de Guillaume Apollinaire avant qu'elle devienne la baronne von Wätjen. Comme le pinceau de celle-ci, la plume d’Isaure de Saint Pierre est leste, virevolte, fidèle à son style simple mais riche de connaissances, « une grâce toute française ». Personne n’influence Marie Laurencin, elle résiste aux couleurs du fauvisme, fait peut-être quelques concessions au cubisme dans les visages pointus de ses portraits avant de les arrondir quand elle sera plus paisible, n’adhérera pas au dadaïsme, ne tiendra jamais compte des nouveaux courants picturaux. Elle se limitera à ses jeunes filles en fleurs aux couleurs toutes en douceur et à de rares corps androgynes maladroits dans leurs mouvements. Dans Paris occupé, le nazisme lui importe peu, tant qu’elle vend ses toiles. Jusqu’au jour où elle se rend à l’ambassade d’Allemagne pour faire libérer son ami Max Jacob interné au camp de Drancy. En vain. Alors, plus que jamais, la peinture est son refuge, ses pinceaux le seul moyen d’oublier les horreurs du monde, ses couleurs deviennent de plus en plus éthérées, jusqu’à s’effacer si Isaure de Saint Pierre ne les avait pas ressuscitées.
B. Clavel Delsol
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2019
28 mars 2020
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« L’échelle de Jacob » par Ludmila Oulitskaïa
Editions : Folio
Parution : 2015
806 pages
12 €
Un roman russe comme on les aime, où les sentiments sont mystérieusement liés à la terre qui les a engendrés, aux êtres qui les entourent, aux évènements familiaux et politiques auxquels nul ne peut échapper. Et si les tourments sont enfouis au fond des cœurs, un jour ils resurgissent, comme ceux de Jacob dans ses lettres d’amour ou ceux d'Heinrich le renégat mourant dans les bras de sa fille Nora. Celle-ci est une jeune femme de la révolution sexuelle. Si le sexe remplace l’amour, pourquoi alors s’embarrasser d’un simple géniteur, d’un Juif indifférent à tout sauf au Centre d’informatique d’où il se fera expulser sous prétexte de ne pas servir le Parti? Certes Nora aime son fils Yourik, mais plus encore sa vie de bohème avec Tenguiez , le Géorgien. Maroussia sa grand-mère n’était–elle pas la même ? Artiste dans l’âme, n’avait-elle pas dit à son bienaimé Jakob, grand économiste libéral autant que musicien talentueux, que jamais elle n’abandonnerait ses convictions révolutionnaires? Elle ignorait qu’en face d’elle, il y avait plus fort que l’immense culture de son fiancé : la politique du Parti qui le mit en exil de 1911 à 1936 et l’éloigna d’elle à jamais. Le passé ne disparaît pas et la vérité finit par éclater. Nora découvre au fond d’une malle les lettres d’amour de Jacob, dans les archives du KGB ses ouvrages philosophiques qui lui valurent le goulag, tandis que ses amis juifs lui font découvrir la technologie avancée des Américains que déjà Jacob avait osé annoncer. Ainsi les ressemblances apparaissent, le temps résout les mystères, dénonce les coupables de purges politiques, innocente les êtres aimés qui voulurent oublier leur mal-être dans la drogue, la trahison ou l’amour éternel. Inutile de chercher le personnage principal : il n’est ni Jacob, ni Noura, ni Maroussia ni Vitia… Ils ont tous leur importance et leur raison d’être. C’est l’essence humaine que dépeint Ludmila Oulitskaïa avec tout ce qu’elle comporte de grandeur et bassesse, de vérité et d’erreurs, et que l’on ne commence à comprendre que lorsque la vie s’achève…
Brigitte Clavel Delsol
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2019
9 février 2020
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« Tu seras un homme, mon fils » par Pierre ASSOULINE
Editions : Gallimard
Parution : Décembre 2019
283 pages
20 €
P. Assouline nous offre deux histoires en une, la biographie documentée et réaliste de Rudyard Kipling qu’il rend vivante grâce au narrateur, Louis Lambert, dont la probité intellectuelle fait penser à celle de l’auteur mais qui a la chance de rencontrer le grand romancier de l’Empire. Rudyard Kipling a tout de l’aristocrate britannique, maître de lui et de ses convictions colonialistes. Fin politicien, il pressent le bellicisme allemand et, bien que révolté par les indépendantistes irlandais, il n’hésite pas à faire enrôler son fils John, refusé en 1914 par la Royal Navy, au 2ème bataillon des Irish Guards. Le style de P. Assouline reflète les sentiments de ce célèbre écrivain que l’on voit évoluer avec le tragique des évènements. Le devoir de père de soldat va s’étendre bien au-delà du « privilège du feu », de la solidarité et du service rendu à la nation. Le lyrisme de l’auteur s’accentue au fur et à mesure que la guerre avance. Car la responsabilité de ce départ est dure à endosser quand on découvre que la terre n'est plus qu’un ossuaire. L’autre histoire est celle du lieutenant Louis Lambert raillé par ses collègues du lycée à cause de ses deux obsessions, Mallarmé son professeur d’anglais et Rudyard Kipling dont il cherche à parfaire la traduction de « if… ». Là encore l’auteur révèle les liens indéfectibles qui unissent un père et un fils, fussent-ils spirituels, même quand les tempéraments et les convictions contraires les éloignent à jamais. Un livre sur l’amour paternel, où le souci de ses obligations et la pudeur se confondent et qui font de ces lignes une belle œuvre littéraire.
B. Clavel Delsol
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2019
4 février 2020
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« Dieu, le temps, les hommes et les anges » par Olga TOKARCZUK
Editions : Robert Laffont - Pavillons Poche
Parution : Mars 2019
Publication originale: 1996
391 pages
9,50 €
Olga Tokarczuk surprend le lecteur autant par son originalité d’écriture que par l’authenticité de sa perception du monde. Son livre est semblable au jeu de labyrinthe qui offre une multitude de chemins pour avancer dans la compréhension de l’existence. Véritable boîte de Pandore, il aborde tous les sujets dans un style éthéré sans frontière entre le rêve, l’imagination et la réalité. L’existence énigmatique de Dieu à cause de son silence et son invisibilité est remplacée par une nature où grouillent plantes et bêtes vivantes, sorcières ou saintes femmes, rêveurs ou idéologues dangereux jusqu’à vouloir réformer la nature humaine et l’essence divine. Le village d’Antan où se déroule cette saga est au cœur de la Pologne comme de l’univers. Tour à tour envahi par les nazis et les Russes, il est cerné d’une frontière derrière laquelle tout semble avoir disparu. Il est recouvert d‘un ciel de plomb, repose sur un sol où la propriété est interdite, où la mort se décompose en un mycelium envahissant, où l’homme vit dans l‘angoisse de l’éphémère. La candeur d’Isidor, la capacité d’amour de Geneviève, l’énergie de Paul Divin à aseptiser l’environnement ou à faire régner un égalitarisme uniforme ne suffiront pas à combler le vide ou la concupiscence. Tout se décompose sous les idéologies monstrueuses. Les instincts bas et vils vont jusqu’à hanter l’âme des morts tandis que la capacité d’aimer peut transformer une sorcière en bienfaitrice. Et si le paysage s’étend du fin fond de la terre jusqu’au ciel, l’auteur y parvient grâce à des errances qui lui permettent de discerner les inévitables souffrances humaines dans les rides d’une lune qui pleure. Une fois le livre fini, le moulin à café, simple butin de guerre, continue comme l’univers à tourner inlassablement, imbibé des multiples sentiments de ses usagers, parfois grinçant parfois chantant, tout à fait semblable au style métaphorique d’Olga Tokarczuck. Livre envoûtant où la raison humaine dans toute sa fragilité essaie d‘endiguer la folie du monde. Livre néanmoins plein d’espoir pour celui qui sait voir la beauté derrière la frontière interdite et la fécondité du mycelium plus puissant que la mort.
B. Clavel Delsol
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2019
5 janvier 2020
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« Un autre son de cloche » par Jacques LAURENTIE
Editions : Téqui
Parution : Octobre 2019
301 pages
18 €
S’il est de bon ton de faire du christianisme l’origine de tous les maux de la terre, Jacques Laurentie n’hésite pas à apporter un autre son de cloche. A son franc parler s’ajoute une riche bibliographie qui apporte plus d’un argument pour le catholique confus de honte autant que d’ignorance face aux attaques inconsidérées. Certes la critique d’une Eglise imparfaite est légitime mais combien dangereuse quand elle ne se réfère qu’à des textes apocryphes, dénature le but des croisades, ignore les secours des missionnaires, détourne de son contexte historique un tribunal juridique ecclésial, et stigmatise sans nuance les guerres de religion. Elle devient pur combat idéologique, fait du Christ une simple invention humaine, méconnaît que la vocation de l’Eglise est le soutien du plus pauvre. Alors Jacques Laurentie multiplie les exemples des bienfaits de cette institution, sans pour autant oublier ses erreurs, dues, selon lui, autant à un déclin de civilisation qu' à une nature humaine imparfaite. Il ne sera jamais assez répété que le but de l’Eglise n’est autre que de proclamer l’amour du Christ et la paix de Dieu. Car la religion chrétienne n’est pas une « religion du Livre » mais de la Parole, du Verbe qui s’est fait chair, une religion de la vie, de « la foi en l’avenir ». Et l’avenir ne réside pas dans l’euthanasie, ni l’avortement, ni le mariage pour tous, ni dans l’Homme nouveau et ce trans-genre qu’il veut instaurer. J. Laurentie, quelque peu partial, a le mérite de rétablir des vérités pour poursuivre un débat qui se doit d’être permanent, avec, pour seule arme, la vérité.
Brigitte Clavel Delsol
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2019