Editions : Actes Sud
Parution : Mai 2016
303 pages
22,50 €
Le livre est épais, le rythme lent, le contexte difficile car le narrateur, Luis Nilta-Bergo, est hémiplégique et souffre d’être la honte de sa famille. Mais la promesse du titre est tenue : le style est allègre, plein de gravité et d’énergie comme la musique du Libertango. Luis Nilta–Bergo est depuis son tout jeune âge un mélomane inconditionnel. Une rencontre impromptue de deux grands musiciens pleins d’empathie pour ce jeune musicien, Astor Piazzola et Lalo Schifrin, change sa vie : comme eux, il sera chef d’orchestre. Les opposants à un tel projet seront nombreux et le renoncement d’un instant, que Luis nomme « la nostalgie du non-être », le fait souffrir bien davantage que son handicap. Alors la musique devient revanche, raison de vivre, réalisation de soi avant de se transformer en acte d’amour. Car de cet art jaillit un sens de la vie que Luis veut transmettre à « l’humanité souffrante ». Avec la participation de "trois cents soldats de la musique", il fonde l’Orchestre du Monde qui se déplace sur tous les lieux frappés par les guerres, les tsunamis et les tremblements de terre, afin de donner un sens à cette "humanité souffrante". Ainsi Luis, à l’instar de F Deleght, rend à l’art sa nature première, à savoir non pas un furtif délassement, mais un remède apaisant à tous les maux de la terre. Car « la vie, quand elle ne nous offre pas tout, s’en excuse en nous offrant mille fois plus sous une autre forme ». Roman magnifique qui, à défaut d’une réelle biographie, offre un arrière fond musical comme un appel à la paix.
B. C. D.