« Chanson douce » par Leïla SLIMANI
Editions : Gallimard
Parution : Novembre 2016
227 pages
18 €
Sans aucun doute le dernier prix Goncourt a-t-il été attribué à L. Slimani pour son indéniable suspense malgré le dénouement tragique annoncé dès la première page. Le style laconique et le rythme rapide reflètent la vie trépidante de Myriam, avocate brillante mais débordée, et de Louise, nounou expérimentée mais sans âge avec son corps menu et ses jeux enfantins. Toutes deux sont hyperactives et ne comptent pas leur temps de travail. Bien que très maternelle, Myriam en se rendant à son cabinet d’avocat retrouve une certaine liberté. Louise, en s’occupant des enfants des autres, s’invente un nouveau foyer. Rien de très original jusqu’ici, si ce n’est l’accroissement imperceptible mais régulier des obsessions de Louise et de ses attitudes étranges qui alternent douceur et colère, soumission et mensonge, jusqu’à ce que l’alcool prenne la relève. En même temps c’est la méfiance de Myriam qui augmente, puis viennent les scrupules. L’écart croissant entre l’enrichissement de Myriam et la pauvreté de Louise est-il seul responsable de l’acte fatidique ? Car Louise n’avait-elle pas déjà battu sa propre fille jusqu’à provoquer la disparition de celle-ci ? N’avait-elle pas séjourné dans un hôpital psychiatrique avant de trouver son emploi ? L’égalité des chances et la société idéale apparaissent bien comme des fantasmes utopiques … Ce qui est certain c’est que l’enfant est toujours victime et la chanson pas toujours douce!