« La vie ordinaire » par Adèle Van REETH
Editions : Gallimard
Parution : Mai 2020
188 pages
16 €
Adèle Van Reeth ne veut pas d’une vie banale. Mieux vaut écrire des romans que de se contenter d’un quotidien ordinaire ! Essai ou récit ? Un simple aveu, celui de l’incapacité d’exister par soi-même, un seul désir, celui de se retirer pour écrire, un seul recours « un remariage avec soi » grâce à la philosophie. Mais selon le philosophe américain Stanley Cavell, l’ordinaire est « une quête ». Alors au diable Oblomov, le protagoniste du roman russe qui baisse les armes devant les difficultés! La femme typique du XXIème siècle n’hésite pas à aller au-delà de son rôle de belle-mère. Comment montrer qu’elle existe, qu’elle n’est ni ange domestique ni fétu de paille , si ce n’est en donnant la vie à un être, en réunissant le corps et l’esprit, l’expérience et le concept trop longtemps distincts ? Ainsi la féministe enceinte n’attend point de conseils tout faits pour accueillir l’être en elle. De même la petite-fille adulte sait déceler chez sa grand-mère la tendresse sous la sévérité, la patiente souffrante perçoit l’incapacité de soulager de l’aide-soignante. La philosophe finira-t-elle par trouver la sérénité tant désirée malgré un nouveau né braillant ou un père vieillissant ? On est loin d’un roman où le personnage incarné émeut, mais proche de la femme d’aujourd’hui ignorante des bases du bonheur mais prête à se battre à n’importe quel prix : « Que le dard de l’intranquillité vous pique encore et encore ! ». Telle est la vie ordinaire!
Brigitte Clavel Delsol