par DAVID TREUER
Editions : Albin Michel - Terres d’Amérique
Parution : Mai 2014
410 pages
24 €
Le voyageur en partance pour l’Amérique appréciera cet ouvrage qui a le mérite de ne pas réduire les Indiens à de simples clichés. Entremêlant récits historiques et personnels, David Treuer, lui-même "sang-mêlé", donne envie de s’arrêter chez ces hommes, partagés entre traditions et modernité, pauvreté et richesse. A plusieurs reprises l’auteur rappelle que les réserves indiennes, trop souvent considérées à tort comme des privilèges, résultent uniquement de droits achetés contre d’autres avantages, durement négociés et garantis par traités. Conscients de leurs richesses naturelles, et ayant pour culte la nature, les Indiens d’Amérique ont toujours préféré la pêche des dorés jaunes et la chasse des bisons à l’exploitation de leurs ressources forestières et minières. Mais ce penchant rural justifie-t-il à lui seul la pauvreté de certains ghettos où la misère laisse place à la violence, où la jeunesse préfère la drogue à l’américanisation de sa race, où l’éduction se limite à brandir « la patte d’ours », et où le policier, s’il n’est pas indien, est appelé le « diable blanc »? Telles sont les questions auxquelles l’auteur semble vouloir répondre par diverses anecdotes pleines de vie et d’humanité, à l’instar de celles de sa mère, juge de profession, qui sanctionne toujours ses clients par « Fais quelque chose de ta vie », de son grand-père qui avait fait vœu de fidélité à sa Réserve s’il survivait au Débarquement de 44. Car c’est toujours au nom de la liberté que les Indiens se battent. Et si aujourd’hui ils peuvent manger « des côtes de bœufs de première qualité », développer une culture exclusivement indienne et sauvegarder leur dialecte, c’est grâce à leurs somptueux casinos et non au gouvernement fédéral dont ils veulent rester entièrement indépendants ! Une belle leçon de liberté … mais peut-être pas d’unité !
B Clavel Delsol