Editions : Seuil
Parution : Janvier 2011
195 pages
18,50 €
L’oxymore du titre contient à lui seul tout l’intérêt du livre. La sensibilité du narrateur contraste dès les premières pages avec le pays totalitaire qu’il décrit en arrière fond. Un endoctrinement basé sur la haine et des promesses utopiques transforme les habitants en moutons avant d’en faire des loups ou des prisonniers. De la société idéale promise par Lénine, l’amour est totalement absent. Dès l’enfance le narrateur en souffre physiquement. Il n’attend pas l’âge adulte pour découvrir la « beauté insaisissable », percevoir« la proximité d’un tout autre monde » que celui de la violence et respecter le « mystère souverain de la personne ». « Ce qu’il faudrait expliquer aux autres c’est que la seule doctrine vraie, elle est toute simple. Elle tient au fait de…de s’aimer ». La joie de vivre est peut-être la seule arme utile contre une idéologie paralysante. Mais un profond amour fraternel est le seul moyen d’arracher à la tristesse un homme meurtri à jamais. Livre magnifique où Makine , par sa poésie en prose et sa véracité habituelle, touche et bouleverse. Il n’a rien d’un rebelle, juste l’âme d’un patriote qui aime son pays comme une femme, avec sa beauté et ses défauts. Il est un poète qui sait découvrir partout la joie et la lumière.
Brigitte Clavel