Editions : Albin Michel
Parution : Avril 2011
129 pages
12,50€
Le dernier livre de Sylvie Germain est plus qu’une oraison funèbre adressée à ses parents défunts, il est un hommage rendu à tous ceux trop vite oubliés. En embarquant dans le Transsibérien, Sylvie Germain pense échapper au temps comme au deuil. Une vaste étendue de paysages variés s’impose à elle et ne peut l’empêcher de penser à sa mère « claquemurée » sous terre. Son seul réconfort est la poésie de Mandelstam qui, comme le roulement régulier du train, unit espace et temps. Si le poète interdit est mort, ses vers perdurent. Mais nul besoin de laisser un héritage écrit : l’amour de la vie, dont faisait preuve sa mère, est autant leçon de poésie. « Tout est écriture, et effacement continu », écho et silence. Tout meurt mais tout subsiste. Ainsi une fresque de Piero della Francesca , par son harmonie dans les formes comme dans le jeu des lumières, rappelle à Sylvie Germain la sobre beauté de son père et la noblesse de ses ancêtres horticulteurs. Intuition toute poétique qui« spatialise le temps » et apporte à la mort une autre image que celle habituellement donnée. Celle-ci n’est plus un « poids », mais une « grâce », et le lecteur devine la fin du titre inachevé: le monde sans vous est encore plein de vous.
Brigitte Clavel
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