Editions : Gallimard
Parution : Septembre 2013
331 pages
21 €
A la fois confessions et critique sociale, tour à tour lyrique et sarcastique, utopique et réaliste, parfois contradictoire mais toujours lucide, le dernier livre de Jean Clair interpelle. Son titre comme son passéisme apparent font craindre un auteur réactionnaire par principe. En fait ce n'est pas le cas. Son souci est l'avenir de l'homme, son exaspération est l'endormissement général. Certes les horreurs des deux guerres mondiales, ajoutées à toutes celles qui ont précédé, ont engendré repentance et désespérance. De plus l'art contemporain ne cesse de se complaire dans cette laideur et la mode du jour n'est autre que l'égalitarisme, où, au nom d'une parfaite transparence, les repères et frontières sont bannis et le sacré interdit. L'extraordinaire devient alors banalité, l'homme constamment insatisfait ou blasé, l'harmonie universelle impossible. D'où découlent barbarie et retour au chaos originel. Néanmoins le livre n' est pas sombre. En le considérant comme un garde-fou, un mode d' emploi au bonheur, "un remède à la souffrance", il serait même optimiste. Car, selon l'académicien, la luxuriance est plus féconde que la misère, le culte indissociable à la culture, l'usine plus vivante qu'un centre culturel vide d'humanisme, la douceur aimante des peintures du Louvre plus efficace que toute idéologie, et l'Enfant né de l'Amour seul Salut du monde. A bon entendeur..
Brigitte Clavel Delsol