Editions : Albin Michel
Parutions : 2014-2015
20 €
Estimation : 4, 75/5
Cet écrivain irlandais mérite d’être plus connu en France. Ses deux derniers romans sont des splendeurs. « Un ciel rouge le matin » est bouleversant. Avec art il dépeint la pauvreté de l’Irlande au début du XIXème, le miracle qu’était alors une traversée de l’Atlantique et le débarquement sur l’eldorado américain qui se révèle être un cimetière. En 1832, au nord-ouest de l’Irlande, Coll Coyle, sans raison expulsé de sa ferme, tue de colère le fils arrogant de son riche propriétaire et s’enfuit avec pour seule arme et seule ancre le ruban de sa fille. Si l’atmosphère est du début à la fin celle du combat incessant pour survivre à travers les tourbières irlandaises, les tempêtes en bateau et un choléra impitoyable outre-mer, le style sait rester à la hauteur de toutes les espérances, réaliste, mais pas dénudé de poésie, violent plus qu’on ne saurait l’imaginer, mais plein de sensibilité sous-jacente. Roman qui incite à lire « La neige noire », paru cet été, tout aussi magnifique. Le thème de l’immigration y est d’autant plus dramatique que c’est dans son Irlande natale que rentre cette fois le personnage principal, Barnabas Kane, où il subit, comme Coll Coyle, les impitoyables cruautés de la terre et des hommes. Paul Lynch met en exergue ces beaux vers de T.S. Eliot : « Quand viendront les temps du malheur,/ Qui se souviendra de ma maison, où vivront / Les enfants de mes enfants ? »… Deux histoires intemporelles…
Brigitte Clavel Delsol