« Ceux du fleuve » par Marie-Laure de Cazotte
Editions : Albin Michel
Parution : Avril 2020
250 pages
18,90 €
Des paysages magnifiques de bocages et forêts inspirent à M-L de Cazotte une poésie toute personnelle en même temps qu’un langage de terroir bouleversant. On est en 1793, aux tout premiers mois de la guerre de Vendée où la pauvreté des paysans est à son paroxysme, les Républicains brandissent le spectre national pour rappeler la soumission à la Convention. Le thème n’est pas nouveau mais le style de Marie-Laure de Cazotte immergé dans ce patois de l’Ouest assure le passage entre la fiction et l’Histoire, jusqu’à surpasser les descriptions de Victor Hugo. Le bon sens paysan transcende tout le livre. Il n’ignore pas les plaisirs de la vie, la nécessité des messes ni le comique de situation pour tenter d’échapper au tragique de l’Histoire. Ce n’est pas seulement un désir de liberté qui l’anime mais un instinct de survie avec tout ce qu’il comporte de courage, de ruses et d’imagination face à l’injustice de la Conscription et aux ordres assassins des Républicains. Les personnages restent inoubliables, que ce soit le petit Henri guidé par la voix de son père défunt, le père Philippe qui donne sa vie pour ses ouailles, Lenglan aussi rustre que tendre, le sieur Amédée Ramurien dénudé de sa mitre mais pas de sa générosité. Le récit s’adoucit avec le retour du printemps, de Pâques et des amours, mais l’écho « rembarre » ne cesse de résonner au-dessus de la Loire… Une belle façon d’honorer François de Charrette fusillé le 29 Mars 1796 !
Brigitte Clavel Delsol