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13 mars 2017 1 13 /03 /mars /2017 18:11

 

 

Editions du ROCHER

Parution : Avril 2016

510 pages

19,90 €

Estimation : 4,5/5

 

Sous l’hilarité  de ce roman perce une peinture sociale bien réaliste! Malgré une grève générale, le comique de situation commence dès la première page par la nécessité d’un abonnement au club de jujitsu, seule solution à Fred Beaumont laissé en "gare divorce"  par une carriériste ! Quand il accepte un job de pigiste dans « Libertas » pour défendre ses convictions libérales sous le pseudonyme de Félix Paquette, il ne donne pas sa démission au « Journal » de gauche, car quand on a un CDI, on s’y accroche ! Alors la sincérité des sentiments de Fred va devoir en permanence lutter pour dissimuler son double jeu. Si, pour une révolutionnaire convaincue comme Audrey, « c’est horrible de coucher avec un mec de droite », pour un journaliste plein de probité intellectuelle c’est encore plus dur de couvrir en même temps plusieurs évènements  pour deux journaux antagonistes! Mais Fred fait face et le lecteur, en tremblant avec cet anti-héros du début à la fin, rit tout autant. Excellent roman satirique où l’auteur tourne en dérision l’aveuglement d’une société, qui sous prétexte de justice sociale, fustige l’esprit d’initiative au profit de bureaucrates neurasthéniques ! Menottés par un Etat qui leur procure tout, y compris le risque zéro, les citoyens ne manquent de rien, sauf de l’essentiel : « l’estime de soi et le respect des autres ». Jusqu’au jour où la dette nationale explose…A travers ce miroir de l’actualité, c’est une tentative de résistance qui s’opère, ou mieux d'espérance, car c'est à toute l'humanité que s'adresse le toast final "A la liberté"! Alors, même ruiné, on est soulagé et on peut sourire...

B. C. D. 

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7 février 2017 2 07 /02 /février /2017 19:38

Les Editions de Minuit

Parution : Novembre 2016

 239 pages

17 €

2,5/5

 

Skinhead, toxicomane, raciste, Samuel a tout du délinquant mal dans sa peau.  Sibylle, sa mère, veut lui redonner goût à la vie. Une traversée  du Kirghizistan à cheval, loin des contraintes d’une vie bourgeoise, devrait selon elle lui faire oublier le divorce  de ses parents qui l’affecte. Elle l'emmène malgré lui dans les montagnes et  les lacs  de cette terre aride, que l'auteur décrit à merveille avec ses yourtes, ses voleurs de chevaux et ses loups. Mais  cette échappée qui partait d’un bon sentiment de la part de Sibylle a sur elle un effet imprévisible.  Hantée par les échecs de Samuel, ce sont ses propres déceptions qui ressurgissent. Le lecteur assiste à un chassé-croisé  entre mère et fils, où chacun des deux s’observent à la sauvette, Samuel découvrant en Sybille une femme plus qu’une mère, et lui-même apparaissant plus homme qu'enfant. Ce roman est très plaisant de par le voyage original qu’il décrit et le vent de liberté qui le traverse. Mais les multiples répétitions « Samuel , Samuel …» dans la bouche de la mère angoissée rappellent le souffle divin qu’entend le Samuel de la  Bible et laissent présager dès le début les dangers périlleux d’une telle entreprise, alors que la voie de Dieu est si simple …  

B. C. D.

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31 janvier 2017 2 31 /01 /janvier /2017 16:41

Editions : Albin Michel

Parution : Décembre 2016

288 pages

24 €

Estimation : 3,5/5

 

Au cœur de l’Irlande la nature humaine n’est pas aussi prometteuse que son environnement. Les ragots vont bon train, et le  jeune  Johnsey, employé à la coopérative du village, passe pour un attardé, un lourdeau, un demeuré. Les voyous en font leur souffre-douleur jusqu’à le martyriser. Bien pire,  tout le monde se ligue contre lui ou manoeuvre pour lui extirper ses richesses dont il est à peine conscient. Car une loi  récente vient de rendre constructibles  les terres de ses ancêtres dont jamais il ne se détachera. L’auteur dans sa peinture de la société n’oublie rien, ni la cupidité des uns, ni le dévoiement des autres, ni les mensonges de la presse et de la justice locales. Un seul personnage lucide, un ami providentiel, Dave Charabia, pas plus gâté par la vie que Johnsey, mais qui, comme l’indique son nom, a la chance d’avoir une force de discernement et un franc parler sans pareils.  Quand Johnsey le croit mort, tout se gâte subitement. Son incompréhension des évènements  et ses difficultés d’expression accentuent sa panique  et l’isolent plus que jamais. Que faire face à « la bêtise tapageuse » ? S’enfermer avec un fusil  ou égrener chacun des mois de l’année… L'histoire de ce coeur pur perdu au milieu d'une société marchande offre des passages très variés, certains pleins de poésie, d'autres plutôt grivois et comiques, mais tous pleins de vérité psychologique.
B.C.D.

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25 janvier 2017 3 25 /01 /janvier /2017 09:42

Editions : Julliard

Parution : Août 2016

295 pages

19,50€

Estimation : 4,5/5

 

C’est plus un tableau moral que pictural de la Havane que nous dépeint Yasmina Khadra. Sans apparaître comme un auteur de littérature engagée, car homme trop subtile et délicat, il dévoile à travers ce roman les conséquences matérielles et psychologiques engendrées par un État qui possède tout, gère tout, jusqu'à la vie privée des hommes, leur ôtant délibérément toute responsabilité et esprit d’initiative. Malgré le charme exotique de cette île pittoresque, les flots de la mer contre le béton du rivage résonnent comme la souffrance pérenne des Cubains. Car ceux-ci se cognent contre une misère incontournable si ce n’est par le son des trompettes et le bienfait de l'alcool et de la rumba. Le jour où l'Etat décide de se passer de la voix du célèbre don Fuego qui chante depuis trente-cinq ans au « Buena Vista », ancien palace rebaptisé en café pour la bonne cause prolétarienne,  l‘insouciance de celui-ci se transforme en colère avant de sombrer dans un désespoir sans retour. L’auteur décrit à merveille l’angoisse exacerbée de la vieillesse qui s'ajoute aux innombrables déceptions de la vie. Rien pour se reconstruire, pas même la foi en Dieu chassé au profit d’une idéologie politique. Jusqu’au moment où don Fuego, croyant au bonheur retrouvé, découvre avec horreur la nature humaine dénaturée par tant de pauvreté et qui fait des uns des moutons de Panurge et des autres des loups sanguinaires. Livre magnifique qui prouve une fois encore que le roman recèle plein de vérité.

B. C. D.

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10 janvier 2017 2 10 /01 /janvier /2017 15:08

 

 

 

Editions : Gallimard

Parution : Juin 2016

286 pages

19,50 €

Le mystère  Henri Pick

 

 

Qui n’a jamais eu envie d’écrire un livre, de surmonter l’angoisse de la page blanche et refouler l’orgueil blessé par le sentiment d’être « un écrivain raté »? C’est ce mal du siècle qui inspire "Le mystèreHenri Pick" à David Foenkinos. Dans le petit village breton de Crozon se trouve une «bibliothèque de livres refusés». Delphine Despero, dynamique éditrice dans le monde littéraire, y entraîne Frédéric, écrivain en herbe qu’elle aime, avec la même compassion que l’auteur ressent pour « les orphelins de l’édition ». Car Frédéric a écrit un livre intitulé « La Baignoire » malheureusement écarté de toute publication. Comme par hasard tous deux découvrent un livre intitulé « Les Dernières Heures d’une histoire d’amour » qui grâce à Delphine va devenir un succès national. Mais avant, il faut retrouver l’auteur, un habitant de Crozon dénommé Henri Pick. L’enquête sera longue, énigmatique et suscitera plein d’évènements imprévisibles. Comment un fabricant de pizzas peut-il se révéler plus talentueux que Frédéric ? Comment Rouche le journaliste peut-il mieux que Delphine juger du niveau et de l’origine de l’ouvrage? Pourquoi la bibliothécaire est-elle partie ? Pourquoi la jeune éditrice craint-elle pour sa carrière ? Autant d’émois causés par le succès d’un livre qui font que David Foenkinos parvient à maîtriser tout à la fois : littérature, enquête,  portraits réalistes, comique de situation, même si les Crozonais eux n’y parviennent pas ! Histoire amusante, joliment écrite et tout à fait représentative de notre époque!

 

 

 

B.C.D

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9 janvier 2017 1 09 /01 /janvier /2017 22:47

 

 

Editions : Gallimard

Parution : Décembre 2016

356 pages

21 €

Estimation 4/5

 

Qui est cette Ada au prénom digne de celui des héroïnes de Pierre Benoit que l’inspecteur Frank Logan doit retrouver à tout prix ? Elle possède un champ immense de connaissances littéraires, a toutes les capacités pour comprendre et polémiquer, voire publier un roman, mais son style comme ses sentiments sont d’un piètre niveau. En fait Ada n’est autre qu’une intelligence artificielle programmée par des ingénieurs de la Silicon Valley auxquels elle a échappé. Quand l’inspecteur Logan, chargé d’enquêtes pour personnes disparues, découvre la nature d’Ada et ses capacités à dépasser sa programmation formatée, un énorme cas de conscience s’impose à lui : devra-t-il la livrer à ses concepteurs et laisser ainsi la technologie gérer le monde? Dans cette fresque à la fois surréaliste et amusante, l’auteur n’a rien oublié : la beauté des haïkus et de l'histoire d’amour de Frank contraste avec la pauvreté d’une littérature industrielle et d’un sexisme commercial, l’esprit créatif des uns s’oppose à l’arrivisme magouilleur des autres, et les puissances capitalistes américaines ne font pas oublier la misère de Cuba. Il ne s’agit ici ni d’un roman-fiction ni d’un roman-policier, mais plutôt d’une réflexion burlesque sur la robotique dans un cadre finalement bien vraisemblable, qui plaira autant aux lecteurs technophobes qu’aux technophiles.

B.C.D

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4 janvier 2017 3 04 /01 /janvier /2017 14:52

 

 

Editions : Flammarion

Parution : Août 2016

427 pages

21 €

Estimation : 4/5

 

Aurore symbolise parfaitement la femme d’aujourd’hui, dirigeante d’une petite entreprise en difficulté, mère de deux enfants si ce n’est trois avec le fils de son mari, homme d’affaires brillant. Tout accable Aurore, la trahison de son associé, l’absence comme la réussite de son mari, si bien que le croassement des corbeaux dans la cour de son immeuble comme le bruit des enfants dans son bel appartement deviennent son obsession. L’élégante bourgeoise devient « femme aux abois », perd l’équilibre et tombe dans les bras de Ludovic, paysan d’origine à l’apparence inébranlable, prêt à perdre son âme pour la femme qu’il aime dans ce Paris inhumain et l’impitoyable monde des affaires. Tout les oppose et c’est ce qui les rapproche. Très joli scénario auquel s’ajoute une excellente étude sociologique et psychologique qui a mérité le Prix Interallié 2016. Sans parler des descriptions parfaitement romantiques où chacun des paysages environnants est le reflet des sentiments du moment. Livre qui, comme cette aventure amoureuse, est une magnifique « spirale aspirante ». Le lecteur comme les protagonistes ne savent plus de quel amour il s’agit : amour désintéressé ou amour empoisonné ? Jusqu’à ce qu’ au « j’assume tout » de l’un , l’autre réponde « repose toi sur moi », tendres recommandations mutuelles qui font de cette histoire une allégorie, celle du bonheur procuré par le sentiment d’être utile à ceux qu’on aime…

B.C.D

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19 décembre 2016 1 19 /12 /décembre /2016 10:22

Editions : Flammarion

Parution : Septembre 2016

150 pages

16 €

Estimation : 4,5/5

 

A la liste des nombreux biographes de Marcel Proust doit s’ajouter le nom de Diane de Margerie qui publie son troisième livre sur la famille Proust. Son fil conducteur est plein d’originalité : pourquoi dans sa « Recherche du temps perdu » Marcel Proust passe-t-il sous silence son frère cadet Robert, de deux années plus jeune que lui ? Cette occultation révèle-t-elle une jalousie refoulée, une rivalité insurmontable, un mépris mérité ou une étonnante indifférence de la part d’un homme fragile à la sensibilité exacerbée ? Les Robert furent très nombreux dans la vie de Marcel. Certes son frère n’est jamais cité, mais il est indéniable que les multiples qualités de Robert de Saint-Loup, personnage principal de « la Recherche », sont inspirées par tous les amis de l’auteur, y compris Robert Proust qui pendant la guerre fut un médecin des tranchées des plus courageux. Diane de Margerie parvient avec finesse à démêler l’enchevêtrement des sentiments réciproques des deux frères qui sous des apparences différentes se ressemblent étonnamment, l’un se consacrant aux maux du corps , l’autre aux tourments de l’âme, l’un « à la recherche médicale visible », l’autre « à la recherche littéraire de l’invisible ». Et si Marcel Proust souffre, sans doute est-ce dû au fait qu’il ressent cette « trop grande ressemblance », sentiment qui pèse plus qu’il n’apaise, Et c'est cette fragilité que le médecin voulait soigner, seule source d’inspiration de l'écrivain  pour exprimer son incapacité d’aimer …

B.C.D

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18 décembre 2016 7 18 /12 /décembre /2016 09:37

Editions : Fayard

Parution : Août 2016

273 pages

22 €

Qui aurait pu penser qu’un dialogue entre un pape émérite et un journaliste américain puisse faire l’objet d’un livre confidentiel plein de chaleur humaine et de vérité théologale ? Benoît XVI, communément caricaturé comme un progressiste dans sa jeunesse et un intellectuel intégriste dans ses vieux jours, apparaît en fait dans cet entretien comme un visionnaire. Dès le début, le lecteur est marqué par la richesse de sa personnalité. Doté d’une intense vie intérieure et d’un grand désir d’être utile à la pastorale de l’Eglise, Benoît XVI fait preuve d’une détermination et d’une lucidité inébranlables. Ainsi il fut le premier de la lignée des papes à démissionner de ses fonctions au profit de la rédaction d’un testament spirituel, à remplacer sur ses armoiries personnelles la tiare symbole du pouvoir par la mitre insigne liturgique qui correspond davantage à son tempérament d’enseignant. En fait, Benoît XVI se révèle être un homme moderne, défendeur de l’œcuménisme de Jean XXIII et du personnalisme d’Emmanuel Mounier. Moderne, car son obsession est de réunir le Dieu de la foi et le Dieu de la raison, de réconcilier les rites anciens et modernes, la foi chrétienne d’hier et celle d’aujourd’hui. Courageux il dénonce le paganisme qui atteint l’intérieur même de l’Eglise, ne mâche pas ses mots contre l’Eglise catholique allemande et ne s’arrête pas aux attaques injurieuses de ses ennemis personnels. S’il n’est pas politicien il est, comme son propre père, un paysan d’origine plein de finesse politique, désireux de paix et de chrétienté. Dans son « Discours de "Ratisbonne" il condamne la propagation de la foi par l’épée, non par provocation, mais par sa conviction première que « Deus est caritas ». Car toutes ses pensées sont dictées par les Evangiles. Ainsi c’est l’Epître aux Ephésiens qui lui inspire « la dictature du relativisme ». Si ce pape a eu toutes les étiquettes, du franc-maçon jusqu’à l’intégriste étriqué, une chose est certaine c’est qu’il cherche avant tout à faire subsister la polyphonie du monde pour le bonheur de la jeune génération à laquelle il s’est toujours voué.

B.C.D

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13 décembre 2016 2 13 /12 /décembre /2016 19:00

 

 

Editions : Albin Michel

Parution : Août 2016

491 pages

22 €

Estimation : 4,75/5

 

 Sans doute est-ce le thème de la reconstruction  qui inspira  à  A. Rault ce bien joli roman qui commence à la fin de la grande guerre.  L’atmosphère tendue entre les Alliés et l’Allemagne est parfaitement rendue, mais A Rault va au-delà du récit historique. Ce qu’il semble vouloir avant tout  c’est une intériorisation de la grande histoire, une recomposition de la pensée d’un témoin, et il y parvient à merveille à travers son  personnage principal,  un soldat amnésique  des plus attachants. Du fait que ce dernier  parle aussi bien le français que l’allemand et le russe, il est d’abord recruté par les services secrets français pour infiltrer l’armée allemande, avant d’être  enrôlé dans l’armée de Weimar pour seconder les Russes blancs contre les Bolcheviks. Aux prises d’influents politiciens et militaires auxquels il est difficile d’échapper, celui-ci  a du mal à répondre à chacun des noms divers  et des  responsabilités successives qui lui sont attribués. Mais sa plus grande souffrance est d’être sans passé ni liens, c’est pourquoi il acceptera toutes les aventures possibles pour se reconstruire. Y parviendra-t-il et jusqu'à quand? Car cet homme  en quête d'identité finit par s’apercevoir que l’obéissance aveugle est loin d’apporter une solution. Livre magnifique où le sort de ce soldat  est celui de bien des hommes qui sans racines peuvent se perdre mais aussi se reconstruire...

B.C.D.

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