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23 juillet 2009 4 23 /07 /juillet /2009 20:31

 

 

Editions : NiL

Parution : Février 2009

205 pages

18 €

 

 

 

Pour qui aime la nature, ce livre est un heureux refuge. Mieux qu’une tanière, ce sont des hectares d’un petit val perdu de la Creuse que le narrateur se plaît à aménager. Liberté, liberté chérie, il n’attend pas passivement  un héritage qui arriverait trop tard ni même un permis de construire. L’imagination  est « le seul voyage qui vaille ». Loin de se renfermer entre quatre murs, le maître d’œuvre aux dons innés se lance dans la construction d’un abri dans lequel les règles traditionnelles de la maçonnerie seront systématiquement écartées, les parois n’auront pas de rupture, les angles seront arrondis, la salle de bain sera là où passe la rivière, et le jardin potager aura la priorité. Les charmes serviront d’échafaudage, une branche de la châtaigneraie fournira l’escalier intérieur, ce n’est pas la maison qui surgira dans la nature mais l’univers qui entrera de partout : les animaux de la forêt, la musique du ciel, une plante du Caucase qui prête son nom au salon comme au livre. La créativité est le seul apaisement pour un homme révolté par un conformisme pesant, une civilisation consommatrice, un père autoritaire, des règles d’aménagement trop strictes. « Fêter l’ordinaire », donner vie à tout ce dont on ne prend pas le temps de contempler, opter pour la fantaisie de l’amateurisme tout en finissant par reconnaître le bien-fondé des techniques professionnelles, partir en voyage une fois la maison achevée pour mieux revenir y déposer ses souvenirs, tel est l’itinéraire de ce naturaliste qui paradoxalement finira par fêter sa maison par un somptueux feu d’artifice et ne refusera pas le titre de l’un des plus célèbres paysagistes de son temps.

Brigitte Clavel-Delsol

(Gilles Clément a conçu les jardins du Musée du quai Branly, du parc André-Citroën à Paris, de l’abbaye de Valloires(80) et de la Grande Arche de la Défense). 
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23 juillet 2009 4 23 /07 /juillet /2009 20:29

 

 

 

 

 

 

Editions : Grasset

Parution : Avril 2009

213 pages

16 €

 

« On ne devient pas psychotique. On naît psychotique ». Telle est l’idée de Philippe Grimbert, à la fois romancier et psychanaliste. Dès leur plus jeune âge Mando et Loup sont liés par une amitié indéfectible. Tout les réunit, les jeux de sable au parc Monceau, les promenades au cimetière du père Lachaise, les vacances au sport d’hiver, les discussions métaphysiques, les séances spirites, jusqu’au jour où leur choix diverge, Mando vers le droit et l’économie , Loup vers la psychanalyse .Mais plus que leurs études c’est le tempérament des deux garçons qui les sépare :Loup est un tendre, un doux, adoré et choyé, si ce n’est par sa mère, du moins par d’autres femmes auxquelles il ne peut rester entièrement  dévoué.  Mando ne supporte pas une telle  indépendance. Jaloux, exclusif à l’excès, méchamment replié sur lui-même, il finit par faire peur et avoir tout du déséquilibré mental. Ainsi P.Grimbert aborde les différentes formes de l’amour, présente le scrupule jusqu’au remords, le dévouement jusqu’au secours impuissant, et nous fait penser aux poèmes de William Blake qui dénonce le côté destructeur de la passion dévorante. Mais plus encore  il nous laisse sur notre soif d’infini, sans apporter la moindre espérance, Dieu n’étant pour Mando comme pour Loup que « silence obstiné », cause du mal infligé aux hommes, ne réservant la vie éternelle qu’aux croyants. Livre magnifiquement écrit qui incite à la réflexion.

Brigitte Clavel-Delsol      

 

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23 juillet 2009 4 23 /07 /juillet /2009 20:20

 

 

Editions : Gallimard

Parution : Mars 2009

189 pages

16,90 €

 

C’est avec simplicité que Ben Jelloun transcrit les angoisses d’un immigré  en France. Mohamed aime son travail, il le considère  comme une routine nécessaire pour être heureux, un refuge qui permet  d’oublier la violence environnante et l’émancipation incontrôlable  de ses enfants. Une fois à la retraite, il se trouve  totalement démuni. Alors il retourne au Maroc, non pas pour tirer profit des touristes comme il est d’usage, mais pour construire une maison. Son rêve : voir tous les siens réunis autour de lui. Absorbés par leur travail et leur vie personnelle, ses enfants  viendront-ils le rejoindre dans ce havre de paix ? Dommage que ceux restés au pays rendent coupables la France de la fin tragique de Mohamed  et que Ben Jalloun ne souligne pas que nous sommes tous ici bas des immigrés ! Car, par la pureté de ses sentiments  et sa difficulté d’être, Mahomed rejoint l’universelle condition humaine.

Brigitte Clavel-Delsol      

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23 juillet 2009 4 23 /07 /juillet /2009 20:13

 

 

Editions : Flammarion

Parution : Mars 2009

375 pages

19 €

 

 

Il est grand temps de passer au peigne fin ce livre au titre séduisant, aux idées consensuelles très politiquement correctes où   il faut un tueur en séries pour parvenir à faire réagir le lecteur. C’est un tableau de la société du monde d’aujourd’hui que veut nous offrir Paulo Coelho avec tout ce qu’elle comporte d’arrivisme, d’intérêt  matérialiste et mercantile, de course au bonheur et de rêve de gloire. Les forts  écrasent les faibles non seulement de leurs richesses mais de leur vedettariat et de leur bonheur feint. La jeunesse sacrifie tout pour ce miroir aux alouettes, et le millionnaire russe  comme le simple  détective las de  « la maladie de l’âme » n’hésitent pas  éliminer ceux qui en souffrent. L’ange et le démon ne font plus qu’un,  et si les puissants écrasent les faibles, on assiste surtout à un faible qui élimine des innocents avec la  bonne conscience et le sang froid du protagoniste de « Parfum »  mais sans le style poétique de Patrick Süskind.  Néanmoins doux rêveur, Paulo Coelho fait preuve d’un subtil mélange d’éclairs de vérités et d’inepties à la mode qui font passer un excellent moment : sans doute lui aussi fait-il appel aux « cabinets de tendance  » dont il ironise !

Brigitte Clavel-Delsol

 

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23 juillet 2009 4 23 /07 /juillet /2009 20:10

 

Editions : Buchet-Chastel

Parution : Avril 2009

333 pages

23 €

 

 

Livre plein d’humour et de tendresse à prendre au second degré. Seuls les fanatiques d’art moderne auront quelques vexations  de voir leurs peintres fétiches si facilement copiés. Les deux protagonistes Lucia et Martin sont deux amants. Ils ont le même nom de famille Lopez Lopez, se ressemblent physiquement, se font passer  pour frère et sœur, ont les mêmes talents d’artistes peintres, sont tous deux victimes d’une enfance malheureuse et mènent alors une course éperdue pour survivre. Mariage d’argent, contrefaçons, ventes au marché noir, l’auteur ironise sur le commerce de l’art moderne et tout ce qu’il engendre. Le bidonville de Madrid pullule d’escrocs qui n’hésitent pas à tuer, et le quartier résidentiel de détectives frauduleux, d’avocats véreux, de bourgeois stupides. Il ne s’agit pas de fustiger la nature humaine : au contraire l’auteur nous rappelle sa fragilité quand un conformisme mondain règne chez les riches, le sexe et l’alcool chez les malchanceux et le crime chez les  parias.

Brigitte Clavel.        

 

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23 juillet 2009 4 23 /07 /juillet /2009 20:06

 

Editions : Le Livre de Poche

Parution : Mai 2009

125 pages

5€

 

Après « Femmes qui courent avec les loups » où C.Pinkola Estés offrit avec succès  son aide de psychanalyste et poète  aux jeunes femmes du XXI siècle, c’est tout spécialement aux femmes d’un âge avancé qu’elle s’adresse dans son dernier ouvrage.  Loin d’être une maladie, la vieillesse bénéficie de racines qui seules permettent l’épanouissement total. L’auteur commence son livre par une pose dans le temps. Elle  invite à l’observation et à l’écoute de ceux qui nous entourent, aux souvenirs de ceux qui nous ont précédés  et au souci de transmettre à notre tour un message utile. Pour cela, pas de secret : il faut combattre la morosité due au conformisme, avoir recours  à l’imagination  créatrice, le  souci de voir clair pour mieux éclairer les autres, la  passion de vivre pour donner goût à l’existence et surtout aimer car c’est «  le meilleur engrais ». Ses références sont universelles, dans le temps comme dans l’espace. Et la Vierge Marie dans tout ça ?  Un mythe qu’elle cite comme un autre. Le lecteur a tout droit de penser que l’Evangile est vraiment d’avant-garde !

Brigitte Clavel      

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23 juillet 2009 4 23 /07 /juillet /2009 20:04

 

 

Editions : Desclée De Brouwer

Parution : Février 2009

89 pages

12 €

 

   Qui ne comprend pas le sacrifice de la vie monacale se doit de lire ce livre plein de poésie, de foi et de lumière. Didier Decoin commence son argumentation  dans la joie : il nous emmène vers les moines « comme on va aux champignons ». La religion pour lui n’a pas cette odeur de renfermé mais le parfum de  la liqueur des Chartreux. Il n’en reste pas moins lucide : pour nombre de contemporains un tel retirement relève de masochisme, refoulement, hystérie. Didier Decoin fait rouler notre  rocher de Sisyphe comme Jésus  la pierre du Sépulcre. Il nous invite à voir  dans les monastère et cathédrales la fusion de l’ombre et la lumière, comme dans la grotte de la Résurrection. La solitude des moines est emplie de présence divine du matin jusqu’au soir et du soir au matin. Cette approche de Dieu n’exclut pas les angoisses, les maladies, les moments de tristesse et de doute.  De même le recueillement n’exclut pas les  multiples activités manuelles, intellectuelles, spirituelles. La  vie du moine  est semblable à la nôtre, mais elle se déroule dans le silence, à la cadence du rythme du Christ. Si  le néophyte ne voit que l’obscurité, le croyant, lui, y trouve un puits de lumière.

Brigitte Clavel
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23 juillet 2009 4 23 /07 /juillet /2009 19:56

Editions : Albin Michel

Parution : Mars 2009

311 pages

22€

 

 

Impossible de passer sous silence ce livre sur Virginia Woolf qui a remporté le 1er prix des biographies de l’année 2009. Les convictions  féministes bien connues  de Viviane Forrester se  plaisent à dénoncer le monde machiste qui environnait Virginia Stephen comme Virginia Woolf. Selon le biographe, le beau-père, les demi-frères et le mari de Virginia Woolf sont tous responsables du déséquilibre psychique de celle-ci. Les incestes des uns et les unions bisexuelles des autres perturbent cette âme sensible. De plus son époux neurasthénique, à la fois  complexé de son origine sociale et avide de célébrité, la convainc de sa frigidité comme de sa folie et la prive de maternité afin qu’elle  se consacre tout entière  à son talent d’écrivain. « Torche embrasée d’émotions », Virginia va multiplier les sentiments contradictoires. Elle éprouve haine et scrupules vis-à-vis d’un beau-père tyrannique, elle tisse des liens intimes avec sa sœur Vanessa tout en lui volant son époux, elle se révèle antisémite mais proclame en public « notre judaïté » et nomme  son mari  « mon Juif », elle cohabite avec lui mais rien ne les rapproche. Leonard Woolf ne comble pas son cœur, ignore son mal-être, ne songe pas à l’écouter  et n’hésitera pas à vendre sa correspondance. Virginia, elle, continue à souffrir et s’efforce d’avancer car elle sait, comme  Septimus dans « Mrs Dalloway », qu’ « une fois que vous êtes tombé, la nature humaine est sur vous ».Et c’est debout dans une mare  qu’elle s’enfoncera, avec des pierres plein les poches et un cœur lourd de solitude.

Brigitte Clavel   

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23 juillet 2009 4 23 /07 /juillet /2009 18:30

 

 

 

Editions : Fleuve Noir

Parution : janvier 2009

18 €

248 pages

 

 

Les amateurs de romans policiers et les  révoltés des escroqueries sous couvert d’humanitaire  auront du plaisir à se plonger dans ce livre de D.Sénécal. L’auteur ressemble à son protagoniste, le commissaire divisionnaire Lediacre : même souci de justice, même rigueur, même laconisme et souci de précision pour démasquer « les intouchables ». C’est ainsi que le lecteur est embarqué, en même temps que la narratrice, la capitaine Hélène Vermeulen, dans une chasse à l’imposteur. Il s’agit de dénoncer l’homme qui  remporte le plus grand succès sur les écrans télévisés, Pierre-Guillaume Heuzé, président depuis plusieurs années de «  Mômes », association vouée aux orphelins du Sud-est asiatique. Dans un  silence profond et intelligemment investigateur, Lediacre va courir la planète sur les traces de cet homme lié à une autre crapule. Si les malheurs des uns renflouent les poches des autres, Lediacre  lui s’est juré de stopper au plus vite ce trafic aussi rentable que criminel où les mauvaises mœurs ont pour victimes « les petites filles et les petits garçons ».

Brigitte Clavel  

 

 

 

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6 avril 2009 1 06 /04 /avril /2009 15:51

édition:Gallimard
Prix: 17,90euros

Après Christian BOBIN c'est au tour de Tahar Ben Jalloun de nous présenter la maladie d'Elzeimer non pas diabolisée  comme il est trop souvent d'usage mais comme un retour à la vraie vie
Le narrateur est un fils aimant,certes impuissant face à la fatalité , mais plus encore face à la réminiscence des souvenirs heureux.Au chevet de cette musulmane scrupuleuse qui vécut dans le silence du travail bien accompli , il va se laisser emporter par la  défaillance de la malade où la conscience et l'inconscience s'altèrnent,  où la passé et le présent se confondent,où le jour et la nuit s'unissent , où l'agacement des autres succèdent à l'ennui de la solitude,où les moments passés si heureux font oublier l'amoncellement des factures impayées ou des amitiés tumutueuses,où le monde des morts rejoint le monde des vivants à tel point que ce n'est plus une chute en enfer à laquelle nous asssistons mais plutot un éloge et un retour  à la vraie vie : " je la reverrai jeune et belle ..."
Brigitte Clavel-Delsol

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