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27 septembre 2024 5 27 /09 /septembre /2024 19:11

 PERRINE TRIPIER  

                 « Les guerres précieuses »

  •                                         10 Avril 2023

 

                                  « Conque »

                                                                     Juin 2024

 

 Editions Gallimard

 

         Les guerres précieuses - Perrine Tripier        Conque par Tripier

 

 

Ces deux ouvrages dans leur diversité témoignent des talents de Perrine Tripier. Son premier roman « Les guerres précieuses » décèle une sensibilité toute réservée à cette « Maison » de famille pleine de souvenirs. Certes dictés par la mélancolie du temps qui passe, les détails du jardin, des moindres recoins de la bâtisse et des voix qui y résonnent encore, lui permettent de partager le bonheur que peut procurer une enfance insouciante au milieu d’une nature toujours renouvelée dont elle ne put jamais se détacher. Mais si  Perrine Triper est éprise des fleurs exubérantes,  elle n’est pas moins douée pour la description  d’un chantier  archéologique qui met à jour des découvertes insoupçonnées. Dans son tout dernier roman, « Conque »,   son style, précis et savant, est comme l’érosion qui  polisse la pierre et comme l’archéologue qui finit par exhumer des vestiges. La poète métamorphose les conques en instruments de musique, l’historienne fouille le passé, admire ses grandeurs sans ignorer ses découvertes macabres. Etant au service d’un dictateur qui veut consolider la grandeur de sa nation, pourra-t-elle remplir son rôle de journaliste et garder sa liberté d’expression ? On est loin de la Maison utopique, mais plutôt dans une dystopie, un cauchemar où l’auteur semble mettre en garde le lecteur sur la grandeur apparente qui cache les plus grandes horreurs, et l’avertir  ainsi des dangers d’un nationalisme exacerbé.

B. Clavel Delsol

 

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11 juin 2025 3 11 /06 /juin /2025 07:05
"La fille secrète" par S. S. GOWDA

                       « La fille secrète »

               par Shilp Somaya GOWDA

 

Editions : Folio

Parution : 2021

460 pages

9,40 €

Plus qu’une description de  Bombay, c’est une réflexion sur l’attachement indéfectible que cette immense cité  procure à celui qui y est né. Comment ne pas penser à « La mère »  ou à « Vent d’Est, vent d’Ouest » de la Chine de Pearl Buck   quand on fait connaissance de l’Inde profonde avec Kavita, paysanne  trop pauvre pour garder ses filles, ou de Krishnan l’indien américanisé qui retourne à Bombay pour adopter Asha, une petite orpheline...  Et c’est   cette Inde qu’Asha, une fois adulte, va s’évertuer à découvrir, non pas en  touriste impassible mais en journaliste impartiale, avide de comprendre les deux faces de Mumbay, ses quartiers riches et pleins de traditions juxtaposant le plus grand bidonville au monde. Peut-être Asha souffre-t-elle du même contraste entre une Amérique soucieuse de réussite et de bonheur et une Inde asservie aux traditions ancestrales qui retardent le développement des infrastructures! La famille restreinte et possessive de Californie n’est-elle pas à sa façon  tout aussi aimante que celle de Kris, nombreuse et généreuse ? Si l’auteure aborde des sujets graves, tels que l’excès de pauvreté, les difficultés de l’adoption et des mariages mixtes, la douloureuse séparation du Pakistan, l’argent gagné par la drogue, son écriture reste éclairée des couleurs des saris de soie, des parfums des épices, de l’effervescence des villes comme de la paix retrouvée dans les temples et des multiples façons d’aimer. Belle invitation pour un voyage en Inde ! B. C. D.

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29 mai 2025 4 29 /05 /mai /2025 19:44

         

« A travers l’Ecosse » par Robert Louis STEVENSON 

 

Editions : Complexe

Parution : 1992

239 pages 

20 €

Si « L’ile au trésor » est un des romans favoris de la jeunesse, « A travers l’Ecosse » fait partie des livres incontournables du voyageur romantique.  R. L. Stevenson a toujours fui son pays sans cesser de le pleurer. Certes sa santé fragile justifiait ses départs, mais plus encore son hypersensibilité. La misère des taudis de la High Street d’Edimbourg, que seules réchauffaient le vacarme des tavernes ou le sifflement d’un vent glacial, l’attristaient. Et pourtant  il garde en mémoire une profonde affection pour ses contemporains, du jardinier au veilleur de phare, pour ses réformateurs et poètes, pour cette atmosphère jésuitique même si  la redingote était déplacée  . Il remémore les nombreuses légendes parfois macabres qui se dissipaient au son des cloches des diverses conventicules ou de l'horloge de l'université. La ville nouvelle s’étalait toujours plus, mais le parfum de la campagne subsistait avec la colline du château, le fleuve à ses pieds et la mer au loin que  nul constructeur ne pourrait jamais ôter, ni aucun émigrant oublier…Dans sa préface,  Michel Le Bris souligne que ce recueil a longtemps été  inédit,  sans doute parce que certains des souvenirs furent écrits dès la prime jeunesse. Mais le style de Stevenson  reste avec la même égale profondeur, comme si ses sentiments patriotiques  avaient des rapports secrets avec sa destinée d'exilé.    

 B. C. D.

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28 mai 2025 3 28 /05 /mai /2025 15:55
"Ces fleuves qui coulent en nous"  par Erik Orsenna

                   "Ces fleuves qui coulent en nous"

                                        par Erik ORSENNA

 

 

Editions : Julliard 

Parution : Mars 2025

200 pages

21 € 

 

Qui n'a jamais eu envie de s'embarquer sur un fleuve et mieux encore sur celui qui coule en nous? Car l'homme n'est pas une goutte d'eau dans la mer , mais un océan à lui seul. Erik Orsenna nous offre ce voyage, véritable hymne à la vie. Observations personnelles  et connaissances médicales  se rejoignent dans la plus grande simplicité, avec un naturel tout spontané qui rend authentiques les assertions les plus scientifiques comme les plus originales pour ne pas dire les plus intimes. L'écrivain n'en oublie pas pour autant les angoisses contemporaines, sachant relever la grandeur du progrès sans en ignorer le danger des excès. Une invitation à la curiosité du corps humain dont "les larmes sont le sang de l'âme",  au plaisir de sa découverte jamais achevée, à l'apprivoisement de la mort. Le tout dans une écriture des plus vivantes, pleine de poésie et de sensualité, qui parvient à combler l'abîme entre médecine et connaissance de l'être.   

B. Clavel Delsol 
 

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14 mai 2025 3 14 /05 /mai /2025 09:21
"Un bûcher sous la neige"  par Susan Fletcher

                          « Un bûcher sous la neige »  par Susan Fletcher

 

 

Editions : J'AI LU

Parution : 2010

8,90 €

455 pages

 

Certes ce roman historique est un rappel de la résistance des partisans des Stuart face à ceux de Guillaume d’Orange, du clan MacDonald face à celui des Campbell. Mais il évoque aussi la beauté sauvage des vallées et des locks écossais et surtout les méfaits de l'ignorance et de la superstition qui font passer une femme surhumaine pour une sorcière. Corrag, condamnée au bûcher,  porte bien son nom et c' est de sa bouche que se déroule le  récit de sa vie.  Charles Leslie, homme d’Eglise irlandais, fidèle au roi Jacques, est venu jusqu’ au fin fond de l’Ecosse pour l’interroger sur le célèbre  massacre de Glencoe  dont elle fut témoin. La description de son physique rébarbatif et de sa geôle putride contraste avec la beauté du style, promesse d’une lumière certaine.  Tout est obscur et froidure dans la prison où le seul écho est celui  de  sa mère qui ne croyait pas au diable et dont le seul conseil était « n’aime jamais » car « c’est l’homme qui fait tout le mal ». Mais Corrag, dans sa fuite toujours plus au Nord, dans sa solitude sauvage, devient « mère de cent mille choses ». Charles Leslie saura-t-il percevoir que ses talents de guérisseuse et de prémonition n’ont rien de la sorcellerie mais sont dûs à une profonde communion avec la nature et ses habitants? Saura-t-il discerner la grandeur de cet être christique au physique apparemment déchu mais à l'âme pleine  d’apesanteur? Très beau livre qui, en rendant justice et hommage à cette visionnaire pleine de bonté,  invite le lecteur à savoir discerner les tout petits moments de bonheur qui peuvent changer le monde ... B.C.D. 

 

 

 

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5 mai 2025 1 05 /05 /mai /2025 06:42
"Le courage des innocents" par V. OLMI

 « Le courage des innocents » par Véronique OLMI

Editions : Albin Michel

Parution : Août 2024

281 pages

21,90 €

« Les adultes sont des salauds » tel est le fil conducteur de ce livre à deux temps, celui où Ben est en France avant de rejoindre l’Ukraine.  Certes l’histoire porte bien son titre. Avant de découvrir les horreurs de la guerre, Ben apprend que son demi-frère est confié à la DASS. Son tempérament plus spontané que réfléchi l’incite à aller kidnapper l’enfant, ce qui lui fait découvrir la vulnérabilité de ces petits êtres en foyer. Et s’il s’engageait à secourir les jeunes Ukrainiens menacés de bombes et pire encore de déportation ? Ainsi Ben fait partie de ces courageux innocents que rien, même une belle histoire d’amour, n’interrompra dans son secours à ces petits malheureux. Pas question d’obéir aux checkpoints à ces criminels de guerre, plutôt mourir que leur confier la petite Maya…L’écriture de Véronique Olmi est au rythme du sang qui bat dans les veines de Ben, la logique n’y est pas toujours à sa place. Ce qui importe pour l’auteure comme pour Ben c’est le partage du sort des malheureux, le courage du face à face avec l’ennemi, la résistance à l’usurpation d’identité et au génocide. Le lecteur reste désappointé devant le tragique du dénouement, point de non-retour où l’innocent est le jouet du monde mais qui est seul à sauver l’honneur de l’humanité.   B. C. D.

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28 avril 2025 1 28 /04 /avril /2025 01:33
"Bourlingue dans la brousse"

« Bourlingue dans la brousse » par
                  Louis-Jean Nicolazo de Barmon

 

Editions : France-Empire

Parution : Février 2025

184 pages

22 €

 

 Après une  immersion  dans la brousse  du Cameroun,  un carnet de voyages s’imposait.  L-J Nicolazo de Barmon  n’a rien du chasseur sans foi ni loi, ni du touriste condescendant. Il aime l’Afrique, ses traditions ancestrales, ses habitants conscients de la richesse et de la fragilité  de la faune qui les entoure. Là, un paradis terrestre se déploie où girafes, buffles noirs et  lions fauves attirent des chasseurs du monde entier au son et au flamboiement des rolliers d’Abyssinie et des pintades de Numidie. Malheureusement, aiguillonnés par l’appât du gain ou la nécessité de survie en finançant des terroristes, des braconniers  pénètrent dans les plus grandes réserves. C’est ainsi que peu à peu les espèces sont menacées, voire en voie de disparition. La préservation de l’écosystème  de cette terre de chasse exceptionnelle devient  obsession pour le bourlingueur de la brousse. Car l'homme a besoin de la nature comme celle-ci a besoin d'être régulée par l'homme.  Aussitôt L-J Nicolazo de Barmon s'engage pour assainir et brûler à la sueur de son front des hectares de champs de paille  et se transforme en bâtisseur de pistes et de digues indispensables à la survie du Cameroun. Il fallait à l'auteur raconter cette belle aventure humaine où la  chaleur écrasante du soleil assèche  la terre et fertilise les amitiés .

B. C.D.

 

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24 avril 2025 4 24 /04 /avril /2025 15:05
"Sur le chemin des cathédrales" par Henri d'ANSELME

                         « Sur le chemin des cathédrales »

                                  par Henri d’Anselme

                                         le héros du sac à dos

 

 

Editions : fayard

Parution : Novembre 2024

21,90 €

234 pages

 

  Le dessein du héros est différent de celui du saint : le premier rend hommage à l’humanité, le second à Dieu. Dire qu’Henri d’Anselme a justement cette double mission n’est pas exagéré. En poursuivant le chemin des cathédrales de France l’auteur veut révéler non seulement les splendeurs réalisées par les bâtisseurs mais aussi leur foi en ce Dieu protecteur de leurs heurs et malheurs. Car les cathédrales ont mis des siècles à s’élever entre terre et ciel, accueillant aujourd’hui encore touristes et pèlerins trop heureux d’y trouver paix et beauté. Le témoignage d’Henri d’Anselme   est d’autant plus poignant qu’il est perçu par son regard estudiantin, témoin de violence gratuite, d’ignorance historique, mais aussi d’accueils chaleureux au sein d’une Eglise torturée. Sa persévérance fut, du début à la fin de ce pèlerinage, toute providentielle : l’incendie de N-D de Paris l’incite à partir, et l’attentat d’Annecy sera le point décisif du non-retour, celui de la poursuite d’un tour de France qui devient un chant, un « remède de l’âme », « écho immortel du temps ».  Sa visite de cent-quatre-vingts édifices religieux  s’achève en même temps  que la reconstruction de Notre-Dame de Paris, véritable miracle réalisé à la sueur de deux-cent cinquante entreprises spécialisées dans la restauration des monuments historiques, preuve que Dieu intervient quand l’homme se donne de la peine…Henri d’Anselme fait partie de ceux-là !

B.C.D.

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23 avril 2025 3 23 /04 /avril /2025 08:16
"Les piliers de la mer" par Sylvain TESSON

« Les piliers de la mer »    par Sylvain Tesson

 

Editions : Albin Michel

Parution : Avril 2025

210 pages

21,90 €

 

Ce n’est pas la première fois que Sylvain Tesson relate ses exploits, non pas pour épater mais plutôt pour partager le bénéfice qu’il en tire. « Ne sachant peindre, je m’en vais. Ne sachant prier, je grimpe ». C’est ainsi qu’il justifie sa traque, tout autour du monde, des piliers de la mer qu’il va escalader un à un. Le lecteur a vite fait de comprendre la valeur allégorique de ces stacks, sentinelles rocheuses détachées de la côte, qui se lèvent fièrement solitaires, résistant au temps, à l’érosion, aux tempêtes, au tourisme. Ne sont-elles pas semblables à l’auteur lui-même qui se réfugie dans la certitude que sans le dépassement de soi tout est tristesse et dégradation. La liste des stacks pris à l’assaut est longue et variée, mais jamais lassante, toujours excitante. Les roches ne sont  jamais les mêmes, de même que la stratégie pour les vaincre. Les végétaux sont rares mais  les oiseaux pullulent.  A la grandeur du paysage se joint la noblesse des sentiments, la joie de la liberté durement acquise, et la découverte que la main de l’homme a le même dessein que celui du Créateur. La tentation  banale et mesquine   du vide et du vertige est recouverte  par des strates de sentiments multiples de la naissance jusqu’au dernier jour, par des surprises inattendues où le morbide est chassé par la contemplation. Ainsi Sylvain Tesson rejoint Christophe Ono-dit-Biot  dans sa perception du cœur humain qu'il perçoit comme un container bien rempli…  B. C. D. 

 

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22 avril 2025 2 22 /04 /avril /2025 21:37
"MER INTERIEURE"  par Christophe ONO-dit-BIOT

« MER INTERIEURE » 

                     par Christophe   ONO-dit -BIOT

 

Editions : L’Observatoire

Parution : Mars 2025

240 pages

 Jusqu’où la mer emmènera-t-elle Ono-dit-Biot ? Au temps de l’enfance elle est pour lui refuge, contemplation, mystère insondable. Mais bien vite elle devient attirance irrésistible, les caresses des vagues ne lui suffisent pas. Il s’y enfonce, découvre une faune marine, véritable monde magique. Mais Ono-dit-Biot ne s’arrête pas là, ses perceptions sont submergées par une réminiscence de mythes et une littérature marine qui l’emmènent toujours plus loin dans sa réflexion. Le bleu du ciel est lié au bleu de la mer, les dieux eux- mêmes s’unissent avec des mortels, le corail est un couple de végétal et d’animal, Nemo aime Nautilus autant qu’il en est prisonnier. Alors le lecteur ressent monter l’angoisse toute métaphysique de l’auteur. Il voit dans Ulysse repartant avec sa rame sur l’épaule sous l’injonction de Poséidon l’image même d’Ono-dit-Biot soucieux de “faire connaître la mer à ceux qui ne la connaissent pas “. Mission parfaitement         accomplie.
B. C.D.

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