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12 mars 2014 3 12 /03 /mars /2014 10:25

 

 

 

Editions : Albin Michel

Parution : Novembre 2013

407 pages

20,90 €

 

 

 

Tout dans ce roman historique tend à prouver que la princesse Aliénor d’Aquitaine ne donna pas la France aux Anglais, mais au contraire se battit jusqu’à son dernier souffle pour agrandir et sauvegarder son royaume.  Isaure de Saint Pierre ne néglige aucun détail  de la vie de cette femme, lourde d’épreuves autant que de conquêtes. Elle peint  son  portrait moral avec une grande précision historique entrecoupée de  témoignages écrits. Le lecteur découvre ainsi que rien n’arrête Aliénor qualifiée à juste titre d’  « insoumise ». En effet celle-ci n’hésite pas à égayer la cour protocolaire du roi de France, Louis VII qu’elle épouse. Elle n’a pas peur de partir  en croisade  délivrer Jérusalem  ni de tromper ouvertement son mari avec le prince d'Antioche. Elle trouve les arguments nécessaires pour justifier son divorce auprès du pape. Elle ne craint pas  la jeunesse fougueuse  d’Henri Plantagenêt dont les terres ajoutées aux siennes, avant même qu’il hérite du trône d’Angleterre, encerclent le petit royaume de France. Femme moderne, elle veut plus de bien-être  et de justice. Spirituelle, elle fait appel à Bernard de Clairvaux. Intelligente, elle donne toute sa confiance à Thomas Becket dont l’auteure nous fait un portrait inoubliable.Courageuse,elle préfère quinze années d’emprisonnement à l’humiliation d’être écartée du pouvoir. Fine politicienne, elle encourage ses fils à s’emparer du trône de leur père et fera l’impossible pour sauver son honneur et celui de sa descendance. Isaure de Saint Pierre a réussi son pari : Aliénor d’Aquitaine, deux fois reine et mère de deux rois, mérite une plus grande  place dans les livres d’histoire de France et prouve que la femme au Moyen-Age savait garder sa liberté de penser.

B Clavel Delsol

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24 février 2014 1 24 /02 /février /2014 16:47

Editions : Albin Michel 

Parution : Décembre 2013

419 pages

22,50 €

 

L’entente des trois religions monothéistes serait-elle un pur leurre?C’est la question que semble poser G.de Cortanze dans ce beau roman, à la fois historique et contemporain. Gâlâh, jeune juive de quatorze ans,  n’est autre qu’une allégorie du peuple juif qui traverse les siècles. La vie de ses ancêtres est liée à  cette belle terre Al-Andalus dont le parfum de amandiers ne va pas résister aux nauséabonds carnages sanguinaires. Un style anaphorique rythme la lecture, lui apporte une douceur indispensable pour surmonter les horreurs perpétuées sans cesse et sans fin. Guerres d’expansion ou guerres de religions, combats fratricides ou génocides, il s’agit toujours de chasses aux Juifs tenus responsables du Mal sur terre. Boucs émissaires de peuples aux instincts guerriers, de religieux  intégristes qui ont pour seule arme la terreur, le peuple des damnés devient peuple d’élus. Les yeux de la mémoire de Gâlâh se confondent avec ceux du présent. Gâlâh erre de par le monde, partout la discorde est plus forte que la paix, partout rôde Iblis le criminel, Lucifer le diviseur. Mais à ses côtés Gâlâh ressent toujours la présence de son bien-aimé Harim, jeune poète musulman qui, par son amour, prouve que l’entente inter-religieuse n’est pas impossible … Livre très instructif adouci par un style plein de poésie .

B Clavel Delsol

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17 février 2014 1 17 /02 /février /2014 11:00

Editions : Gallimard
Parution : Septembre 2013
331 pages
21 €


A la fois confessions et critique sociale, tour à tour lyrique et sarcastique, utopique et réaliste, parfois contradictoire mais toujours lucide, le dernier livre de Jean Clair interpelle. Son  titre comme son passéisme apparent font craindre un auteur réactionnaire par principe. En fait ce n'est pas le cas. Son souci est l'avenir de l'homme, son exaspération est l'endormissement général. Certes les horreurs des deux guerres mondiales, ajoutées à toutes celles qui ont précédé, ont engendré repentance et désespérance. De plus l'art contemporain ne cesse de se complaire dans cette laideur et la mode du jour n'est autre que l'égalitarisme, où, au nom d'une parfaite transparence, les repères  et frontières sont  bannis et le sacré interdit. L'extraordinaire devient alors banalité, l'homme constamment  insatisfait ou blasé, l'harmonie universelle impossible. D'où découlent barbarie et retour au chaos originel. Néanmoins le livre n' est pas sombre. En le considérant  comme un garde-fou, un mode d' emploi au bonheur, "un remède à la souffrance", il serait même optimiste. Car, selon l'académicien, la luxuriance est plus féconde que la misère, le culte indissociable à la culture, l'usine plus vivante qu'un centre culturel vide d'humanisme, la douceur aimante des peintures du Louvre plus efficace que toute idéologie, et l'Enfant né de l'Amour seul Salut du monde. A bon entendeur..
Brigitte Clavel Delsol

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5 février 2014 3 05 /02 /février /2014 07:37

 

 

Editions : Grasset

Parution : Août 2013

494 pages

22 €

Prix du premier roman étranger

 

 

C’est dans la pauvreté du quotidien que fermentent les révolutions. En 1989 un jeune britannique débarque en Roumanie où il a postulé  pour un poste de remplacement  de professeur à l’université de Bucarest. Dès la sortie de l’avion, un relent nauséabond se fait ressentir, odeur de pollution qui émane autant de l’air que des coeurs. Le contraste entre une nomenklatura riche et méprisante et un peuple de misère, auquel tout manque y compris la liberté, lui fait rapidement découvrir qu’un état policier engendre « une file d’espions espionnés ». Ainsi à une fine ironie sarcastique de l’auteur vont s’ajouter des portraits de personnages divers  qui permettent  de découvrir comment les Roumains insoumis au régime, pour échapper à la torture, survécurent à la  dictature de Ceaucescu.  La seule solution fut  la  duplicité  de chacun. Alors à qui faire confiance ? A Léo au penchant pour l’alcool  et le marché noir ? A Petre et à son Fonds social ? Au juif Sergiu Trofim qui écrit ses Mémoires lues et corrigées par le Parti après les avoir enregistrées sur disque dur ? A l’arrivisme de Ionescu qui n’a d’autre moyen que de s’immiscer dans la Securitate ? Et pendant ce temps Ceaucescu démolit le vieux Bucarest et ses églises pour construire « un immense no man’s land sans passé » et servir sa gloire personnelle. Roman qui peut servir de livre d’histoire aux  générations d’aujourd’hui comme à celles de demain.

Brigitte Clavel Delsol

 

 

 

 

 

 

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29 janvier 2014 3 29 /01 /janvier /2014 08:09

 

 

Editions : Autrement

Parution : mars 2013

14 €

158 pages

 

 

Noces qui fondent comme neige au soleil… noces parfois plus belles que le rêve…Deux femmes russes que tout sépare : Anna appartient à la grande  aristocratie  du XIXème siècle, Irina à un soldat du XXIème siècle déséquilibré par la guerre en Tchétchénie. Anna a hâte de retrouver sa campagne russe après avoir passé le rituel séjour annuel sur la côte d’Azur, tandis qu’Irina fuit la Russie, rêvant de la Promenade des Anglais au bras d’un inconnu. Et pourtant, bien qu’en sens inverse, et à deux siècles d’intervalle, il s’agit d’un même itinéraire Nice-Moscou, à la même saison intermédiaire entre l’hiver et le printemps, où le roulement monotone  du train accentue l’uniformité  du paysage et  l’ennui des cœurs. Ce rythme lent du temps transforme le voyage en huis clos qui finit par exacerber les sentiments de chacune, l’une pour le meilleur, l’autre pour le pire. Deux jolies histoires que Gaëlle Josse raconte avec beaucoup de subtilité et réussit à relier à plus d’un égard.

Brigitte Clavel Delsol

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27 janvier 2014 1 27 /01 /janvier /2014 16:29
Editions : Odile Jacob
Parution : janvier 2013
23,90€
289 pages




'L'étude  biblique présentée par Armand  Laferrère  va au delà d'un simple récit de l' histoire du peuple juif.  Riche  d'enseignement politique, elle révèle  l' origine de la tyrannie qui se trouve au  coeur de la nature humaine . L' unique solution réside dans la reconnaissance de  la liberté individuelle  et par là-même du sens de la responsabilité  qui fait de l'  homme, non pas une victime, mais le maître de son destin. Ainsi au fur et à mesure de la lecture de la Bible, la reconnaissance de l' individu va croissant. L' homme préfère  son indépendance au paradis terrestre. Très tôt " le Pentateuque"  montre la possibilité d'améliorer le monde, "le Livre des Proverbes"   apporte une précieuse  ligne de conduite à suivre pour le respect d'autrui,  de même que "le livre des Juges" conseille la séparation des pouvoirs pour éviter l'oppression d'un seul dirigeant. Mais  l'homme n'est pas invulnérable.  Même  un roi sage comme Salomon  engendre la division d'Israël. Même  un homme  de devoir comme Job  ne connaît  pas la récompense terrestre.Car L' Eternel  a créé  l' homme à son image, c' est à dire avec une intelligence créatrice qui à son tour doit prendre le relai de la création, avec un discernement qui doit lui permettre de discerner  le bien du mal, avec une liberté qui le rend responsables de ses actes, avec un cœur de chair prêt à sacrifier son fils pour  ceux qu il aime, à défendre son pays sans diaboliser  l'ennemi, enfin à  louer la beauté de la vie comme dans" le Cantique des Cantiques". Ainsi l histoire de la Bible apparaît non seulement  comme  le symbole de tout peuple luttant pour la liberté politique mais aussi comme  l histoire de la personne humaine luttant  pour sa liberté intérieure. Certes la mort rôde toujours, mais "les Psaumes" savent apaiser  l'âme de celui qui  respecte les  principes universels  indispensables au fondement et à l'amélioration de  toute société. Livre qui devrait faire réfléchir  plus d'un  politicien ...
Brigitte Clavel Delsol


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14 janvier 2014 2 14 /01 /janvier /2014 19:30

 

 

Editions : Gallimard

Parution : Décembre 2013

444 pages

21€

La relation amoureuse entre César, journaliste parisien, et Paz, belle photographe espagnole, démarre pour lui  par un coup de foudre  et pour elle par  "un contre-sens"... César part à sa recherche. Il est pourtant réaliste. Ses expériences   professionnelles sur les lieux de reportages  lui ont ôté toutes illusions  sur les voyages lointains, cette « drogue pour enfants gâtés de l’Europe ». Assagi, il aime  aveuglément  Paz, comme s’il voulait la sauver en même temps que lui-même. Mais tout les sépare. Le vedettariat ne fait qu’accentuer l’esprit frondeur de Paz. Sa  beauté parfaite  justifie ses frasques. Son ironie féroce et paradoxale révèle  un  cœur dur « comme du basalte » qui se réjouit de voir dans l’art révolutionnaire et apocalyptique les derniers instants de gloire de la vieille Europe en même temps que  le salut du grand terrorisme.  Ce qu’elle veut, c’est du nouveau, de l’exotisme, « pas du savoir » mais du « ressentir ».  Plus sensible à la survie des  requins en voie de disparition qu’à l’enfant qu’elle porte en elle, plus réceptive aux SMS de Marin l’inconnu qu’à l’amour sans borne de César le dévoué, Paz symbolise à elle seule la nouvelle génération : celle qui pense trouver son bonheur sous d’autres cieux, dans d’autres croyances, là où la nature est maîtresse, la femme entièrement libre, où les animaux ne sont jamais féroces, où seule la cruauté  appartient à la nature humaine. Roman original d’un contemporain lucide sur son siècle et sur  ce qui est en train de disparaître…Un style alternant     entre lyrisme et poncifs ne fait qu'accentuer le déchirement de l'auteur entre le monde d'hier et celui de demain. 

B Clavel 

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6 janvier 2014 1 06 /01 /janvier /2014 10:54

Editions : Zulma

Parution : Mai 2013 

286 pages 

9,95 €

 

 

Un roman qui fait couler beaucoup d'encre: les uns dénoncent sa platitude, les autres le poids des traditions. Et s'il fallait simplement y discerner une étude de la nature humaine  de la part de Zoyâ Pirzâd? A partir du dévouement exacerbé de Clarisse, mère de famille arménienne vivant à Abadan en Iran dans les années 1960-70, l'auteure fait surgir la force de l'égoïsme ambiant et universel. Instinct indomptable, celui-ci  est semblable à la pluie des sauterelles qui savent attaquer et se reposer les unes sur les autres pour jouir davantage de leur force destructrice. Douceur et ironie, réalisme et rêve rythment la banalité du quotidien.Personne n'est vraiment cruel ni méchant, mais chacun poursuit sa course au bonheur, unique objectif d'une société bornée dans ses préjugés, inconsciemment assise sur un volcan, à la merci d'un ciel toujours menaçant. Et le leitmotiv "C'est moi qui éteins les lumières" semble doucement se transformer en une action de grâce à celui qui sans bruit les allume, a conscience de la "pauvre humanité!" et permet d'y voir plus clair. Hymne à la vie, insupportable sans amour: chacun des personnages de ce joli roman en fait l'expérience...

Brigitte Clavel Delsol 


 


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23 décembre 2013 1 23 /12 /décembre /2013 08:18

           

 

 

 

Editions : Grasset

Parution : Novembre 2013

326 pages

19 €

 

 Il faut que le monde sache  les horreurs des massacres de Damour en 1976 comme ceux de Sabra et Chatila en 1982. Tel est l’objectif de l’auteur  qui lui a valu le prix Goncourt des Lycéens. Ancien reporter de guerre, Sorj Chalendon  séduit par son réalisme tout en ressemblant à ses héros pleins d’idéalisme. Sam, Aurore et Georges forment un trio d’étudiants révolutionnaires  qui comprennent  vite que la violence  est une faiblesse plus qu’une force. Tous trois sont férus de politique autant que de théâtre et partagent le même rêve de jouer à Beyrouth l’«Antigone» d’Anouilh. Les acteurs représenteraient à eux seuls tous les partis ennemis : Créon serait maronite, Antigone une palestinienne sunnite, les trois gardes chiites , Ismène une catholique arménienne, la nourrice chaldéenne  et le chœur juif…  Par amitié pour son ami en train de mourir d’un cancer, Georges quitte son cocon familial pour réaliser ce projet bien utopique. Car c’est un pays en pleine guerre civile dans lequel il débarque, « le Liban tue le Liban ».  Les familles réticentes à une telle représentation finissent par céder aux  acteurs de bonne volonté. Mais l’intellectuel parisien, metteur en scène naïf, devient vite témoin puis victime des attaques sanglantes où rien ne l’épargne, ni l’humiliation morale, ni les blessures physiques, ni la vision de crimes barbares. Parviendra-t-il alors à réunir les frères ennemis ? Rien n’échappe à Sorj Chalendon, ni la spirale de la violence, ni l’amour impossible, ni l’impuissance de la meilleure des volontés. Chef d’oeuvre littéraire tragique qui  ne fait pas peur à la jeunesse, même si le mur entre acteurs et spectateurs est aboli...

B Clavel Delsol

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12 décembre 2013 4 12 /12 /décembre /2013 13:57

 

Editions :  LE MOT ET LE RESTE

Parution : Avril 2013

111 pages

16 €

 


Hymne aux terres japonaises, à ses poètes, à ses automnes rouges qui précèdent la blancheur de l’hiver et l’envol de ses cygnes sauvages, ce livre séduira  autant  celui qui revient du Japon que  celui qui rêve d’y partir. Kenneth White a décidé d’y suivre  les traces de Bashô, célèbre poète du XVIIème siècle.  Comme celui-ci déjà à l’époque,  il préfère à Tokyo  les terres du Nord et les rivages lointains. Là il fait allégeance à la beauté encore vierge de la nature, écrit des haïkus semblables à ceux de Bashô par leur simplicité et aux vers baudelairiens par leurs « correspondances ». Mais une pointe d'amertume et de révolte subsiste : les habitants de Tokyo vivent dans des "cages", entourés de gadgets électroniques, de bruit et de néons,qu'il faut fuir à tout prix. Heureusement l’image finale des oiseaux tant attendus comble de bonheur  et de paix ce « pèlerin du vide » autant que le lecteur…

B C

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