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10 novembre 2009 2 10 /11 /novembre /2009 11:23

 

 

 

Editions de Minuit

Parution : Septembre 2009

28O pages

17,50 €

 

Ce bel ouvrage littéraire, plus que politique, est  consacré aux jeunes appelés anonymes de la guerre d’Algérie. C’est la fureur  devant tant de vies gâchées qui dicte ce livre. La guerre d’Algérie est pourtant finie depuis 40 ans mais  les souvenirs collent à la peau. Un soldat comme tant d’autres en est ressorti totalement brisé : Bernard dénommé Feu de Bois, à cause de son odeur de clochard. Il tente de se surpasser pour l’anniversaire de sa sœur mais va être la risée de toute la famille. Et c’est à ce moment que tout se déclenche, le passé revient avec ses crimes de guerre et laisse place à une nouvelle violence totalement injustifiée. Les ressentiments  du cœur humain explosent dans des phrases dont la longueur varie de 10 lignes à quatre pages. Hommes meurtris à jamais, les soldats de l’armée française, autant que les harkis, pieds-noirs ou fellagas, souffrent de désillusion et du mal à se réinsérer dans un monde nouveau. Le style de Laurent Mauvigner est  si puissant qu’il fait de cette folie guerrière un cri de désespoir. 
 Brigitte Clavel

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10 novembre 2009 2 10 /11 /novembre /2009 11:15

 

 

Editions : Gallimard

Parution : Août 2009

182 pages

15,50 €

 

 

Si la poésie est la transfiguration du réel et la sainteté le combat de la morosité ambiante, alors le dernier ouvrage de Christian Bobin est une sainte poésie. Composé de versets plus ou moins longs, il est inspiré par la similitude des hommes à travers les siècles et la pérennité du beau aussi indispensable que le pain quotidien. Lors d’allers-retours dans le temps  entre Port-Royal où l’abnégation règne et notre siècle de surabondance, c’est toujours la même inspiration divine qui fait avancer les générations. En nous invitant à la contemplation de l’imperceptible et même du tragique de notre condition humaine, Bobin nous appelle à être des travailleurs d’espérance.

Brigitte Clavel

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10 novembre 2009 2 10 /11 /novembre /2009 11:12

 

 

 

Editions : Albin Michel

Parution : Octobre 2009

457 pages

22 €

 

« Le roman d’Hortense » est présenté comme «  le dernier amour de Chateaubriand ». En fait Hortense Allart  fut le grand amour  et l’amie intime de plusieurs aristocrates, politiciens et hommes de lettres, tant était séduisante sa finesse de cœur et d’esprit.  C’est un hommage bien mérité  que lui  rend Ariane Charton  en  reconnaissant l’importance méconnue  de ses nombreux ouvrages  dans notre littérature du XIXème siècle. Eprise de la poésie de Mme de Staël et inspirée par les divers évènements heureux et malheureux de sa vie personnelle, Hortense Allart contribue par sa conduite et ses écrits à la valorisation de la femme au sein de la société. Ses valeurs féminines dictées exclusivement par son cœur en font la mère du Romantisme. Par ses nombreux voyages entre Paris, Rome et Londres, toujours dictés par la bonne étoile de l’amour, elle fréquenta la plus haute société des lettres et de la politique qu’Ariane Charton nous peint avec beaucoup de véracité. Peu importe si les livres d’Hortense ne remportèrent pas le succès escompté : l’essentiel est qu’elle ait défendu l’amour comme « une chose sainte et sublime » et que deux siècles plus tard son innocence soit reconnue.

Brigitte Clavel

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10 novembre 2009 2 10 /11 /novembre /2009 11:07

Editions : Gallimard

Parution : Mai 2009

166 pages

13,90€

 

 

 

Satire sociale et métaphysique,  tel pourrait être défini le dernier roman de M.Terence. Le héros, Côme Syracuse, employé français de la multinationale Biosoft à Taïwan, est chargé de protéger la firme de tout espionnage. Il est dérouté par le monde des affaires. Biosoft assure sans scrupule à sa clientèle «  la guérison de la vieillesse ». La grande responsable de la  publicité n’a de féminin que sa beauté physique, son attitude professionnelle étant celle d’un loup déguisé en agneau. C’est le corps difforme d’une femme qui attire l’attention de Côme  jusqu’à séduire son cœur. Espionnage professionnel, subventions injustifiées, recherche d’uniformisation, souci de transparence pour chasser la particularité, le monde des affaires, bien que sérail féminin, devient inhumain. L’époque du  Darwinisme semble révolue, la mutation n’est plus biologique mais technique, le sentiment disparaît, l’homme n’est plus qu’un chiffre, une molécule au service des multinationales, seule la matière paraît avoir une âme … L’ouvrage est vertigineux : les résultats de la plus haute technologie donnent envie non seulement de prendre du recul mais, comme le dit l’auteur,  de « prendre le large » !  

Brigitte Clavel

  

                                                                                                                                     

 

 

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18 octobre 2009 7 18 /10 /octobre /2009 19:08

   

 

 

Editions : Stock/Flammarion

 

Parution : Septembre 2009

28O pages

20 €

 Le roman n’est pas « un genre faux » ni une simple créativité fantastique. La littérature est révélatrice de la nature humaine dans toute sa dimension. Si l’intérêt qu’elle suscitait hier  s’atténue au fur et à mesure que l’audio-visuel nous inonde d’images traumatisantes, l’Histoire la  rattrape et s’immisce dans la vie de tout un chacun. C’est ainsi qu’Alain Finkielkraut nous révèle ses romans préférés comme  la source de ses réflexions philosophiques. Chacun des personnages rencontrés, dénonciateur ou martyre, correspond à notre propre identité, manichéenne et totalitaire, «  embrigadée » et « individualisée » par des poncifs ou préjugés. La souffrance de l’échec personnel de  Lord Jim de Joseph Conrad est un lot  bien commun. Une simple« plaisanterie » politique d’un héros de Kundera comme l’accusation injuste de racisme d’un protagoniste de Philip Roth rappellent les conséquences tragiques de la délation au nom d’une idéologie. La souillure de l’homme reste indélébile. L’assassin va tranquillement à la pêche pendant que la victime lutte à mort sur le chemin de la vérité.  Karen Blixen réconcilie la création  avec la vie. Babette ne se dépouille pas comme une sainte ; si elle met sa fortune dans son «  festin », c’est un acte gratuit, c’est un désir de créativité qui fait aimer la terre et annonce le ciel. Les exemples pullulent et avec eux non seulement  l’amour de l’art et de la vérité, mais l’amour intelligent qui fait le bonheur des autres et avec lui l’amour de la littérature.

Brigitte Clavel

 

 

 

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29 septembre 2009 2 29 /09 /septembre /2009 09:27

 

 

 

Editions : Fayard

Parution : Juin 2009

287 pages

19,50 €

 

Invitation au voyage, invitation à regarder le passé pour mieux comprendre le présent, telles emblent être les intentions de l’auteur .Avec un style et une nostalgie dignes de Makine, Jean-Paul Kauffmann nous entraîne dans ce petit pays de Courlande triste mais attrayant. Ce récit est aussi historique qu’intime. La grandeur des seigneurs germano-baltes réussit à percer la misère due au joug soviétique et à l’épuration des Juifs par les nazis. Tel est le charme de  Courlande, comme celui d’un visage embelli par la tristesse. « La Courlande, image inversée de l’Italie ».Une lumière pâle, des églises luthériennes austères, des plaines couleur cendre, une mer refermée sur elle-même, des crimes de guerre ineffaçables font de ce pays une terre pauvre mais pas démunie. Le narrateur  sort ce pays de sa torpeur, comme le « Résurrecteur » exhume les corps étrangers tués à la guerre. « Beauté tragique », « désolation heureuse », « suite envoûtante » de châteaux délabrés,  rencontres incessantes d’anciens asservis dont le quant-à-soi resplendit de dignité et le silence de vie intérieure. Récit de voyage transformé en un  conte poétique où l’anéantissement engendre le rêve, le souci de la transmission, le désir de « boire de la liberté ».

Brigitte Clavel

 

 

 

 

 

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29 septembre 2009 2 29 /09 /septembre /2009 09:18

 

 

 

 

Editions : Philippe REY

Parution : Août 2009

603 pages

20 €

 

 

Dommage que cette longue saga soit publiée à la fin de l’été, car plus d’un vacancier aurait apprécié l’histoire mouvementée  de cette famille d’aristocrates bien caractéristique de notre époque. Celle-ci  souffre des méfaits de l’après-guerre, des défaites coloniales et surtout de la décadence intellectuelle et morale  qui s’infiltre au château familial comme dans la vie parisienne. Si les caractères  sont aussi diversifiés que nombreux, le lecteur retrouve en chacun d’eux  un désir de modernisme mêlé à un attachement inaltérable aux traditions, un sens de la famille empreint d’un vent de liberté, un besoin de se réaliser soi-même dans un contexte social incompatible avec celui du berceau familial. L’hérédité est là avec tout son poids mais aussi toutes ses hautes aspirations. Le marquis satisfera-t-il  son village en menant une politique d’investissements modernes ? Comment son fils  Tancrède trouve l’audace de  dévoiler  les œuvres d’art d’une tante déshonorante ? Comment  la propriété peut-elle être rénovée, si ce n’est  par un gendre parvenu ? Bref une histoire de famille qui n’est pas la première et qui peut faire l’objet d’un bon film télévisé. L’auteure offre un beau miroir de la société d’aujourd’hui, n’omet  aucun cas de figure à tel point que cette sympathique tribu, écartelée entre tabous et défoulements, devient totalement « insomniaque ». Car comment dormir en paix, quand sonne le glas des valeurs traditionnelles, que le patriotisme est porté aux gémonies, que l’humanitaire est plus prisé que les soins prodigués aux proches ? Camille de Villeneuve rappelle Michel de Saint-Pierre : même lucidité, même désarroi, même quête de vérité et de bonheur…

Brigitte Clavel Delsol

 

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29 septembre 2009 2 29 /09 /septembre /2009 09:10
« MON ENFANT DE BERLIN » d’Anne WIAZEMSKY

 

 

Editions : Gallimard

Parution : Juin 2009

248 pages

17,50 €

 

François  Mauriac n’est pas mort avec le siècle dernier. La petite-fille du célèbre écrivain trouve son inspiration dans l’histoire d’amour toute simple de sa mère Claire Mauriac et fait ainsi revivre  cette famille aux valeurs traditionnelles tout en décrivant la France et  Berlin  des années 40-45. Choyée mais avide de liberté et désireuse de se rendre utile,  Claire s’engage  en tant qu’ambulancière de la Croix-Rouge. Dans un premier temps elle se trouve à Béziers où son courage la fait participer à la Résistance,  puis à Berlin dans les camps de transit où un demi-million de rescapés de toute part  se réfugient. Dans ce monde d’horreur elle trouvera sa raison d’être, en oubliera son fiancé, et nous laissera l’image d’un membre  de  la Croix-Rouge comme tant d’autres qui ont connu un vrai bonheur à se sentir solidaires d’une humanité en souffrance.

Brigitte Clavel     

 

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13 septembre 2009 7 13 /09 /septembre /2009 15:46

 

 

Editions : Le Seuil

Parution : Mars 2009

170 pages

15 €

 

 

Un petit garçon ébaubi par un aïeul grand bourgeois, un frère aîné protecteur, une maison en bord de mer  bondée de monde où il se sent seul, telle est la situation initiale de ce roman plein de poésie  où les moments heureux sont comptés pour le protagoniste qui perd à la Résistance les êtres qui lui sont les plus chers. Comme les galets sont polis par la mer, le cœur du héros est fouetté par  les réminiscences d’un passé  toujours tourmenté. Lui-même journaliste, il va s’absenter à son tour, voir de près la guerre d’Algérie et, comme ceux qui l’ont précédé, ne répondre que par des silences à sa fille. Comme lui elle aime la vie et surtout elle veut comprendre. Elle connaît les mêmes désillusions mais aussi le même amour de la mer, toujours recommencée qui n’en finit pas de mourir. « Moi, il me suffit de regarder la mer, et je ne m’ennuie pas » disait la grand-mère insulaire, sans dire que sa passion était la connaissance des oiseaux marins. Un amour sensuel de l’existence d’où sont exclues toutes recettes de bonheur, toutes réflexions et moyens d’espérer. Toujours le même silence de la part des aînés,  comme s’ils voulaient cacher les horreurs de la guerre, des amours achevés, de la mort qui rôde. C’est pourquoi mieux que quiconque  le critique littéraire Frédéric Ferney définit l’auteur : « François Maspero ou bonjour tristesse ! » Une sensibilité à fleur de peau qui n’engendre qu’émotions mais un bien beau livre !

Brigitte Clavel

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13 septembre 2009 7 13 /09 /septembre /2009 14:53

 

 

 

Editions : Gallimard

Parution : Juin 2009

280 pages

18,50 €

 

  

 

 «  Large bande de solitude et d’abandon »telle est la définition que donne P.Péju à son titre «La  diagonale du vide ».C’est ce que va découvrir Marc Travenne après le décès de son ami et associé. Il abandonne «  la jungle de béton et d’acier » où il a fait fortune pour se retirer dans un coin perdu d’Ardèche. Là, les souvenirs l’assaillent,  la mort rôde et le vide  l’angoisse. Ses secrétaires s’inquiètent, sa mère réclame de retourner à Saint-Euvert, son village natal, pour y voir «  la progression du vide ». Mais c’est surtout une mystérieuse randonneuse qui accapare ses pensées et l’entraîne sur cette diagonale. Son nom reste énigmatique : Lucie, Marion, capitaine Keller ou Elisabeth Walter ? Quatre noms pour une même femme, deux coupes de cheveux, poursuivante et  poursuivie ; celle-ci aura à peine le temps de lui confier qu’elle fait partie des services secrets en Afghanistan, qu’elle est capable de tuer  comme de cultiver des roses anciennes, « adoratrice courbée », fugitive soumise."La diagonale du vide » ne s’arrête pas là : Irène, un vieil amour oublié, lui revient de New York, cancéreuse et mourante, suite aux attentats du 11 Septembre. La solitude est alors partout, d’Afghanistan aux Etats-Unis, jusque dans les dessins de l’adolescent ou des souvenirs d’enfance. Pourtant P.Péju décèle « l’étoile du réconfort » qui est faible, certes, mais qui est bien là : dans la couleur d’une chevelure, dans la timidité d’un amour inavoué, dans l’accueil d’un cafetier, dans les lueurs pâles du ciel comme des visages sacrifiés, dans le parfum d' une école abandonnée... Les descriptions  sont empreintes de finesse et de beauté, jusqu’à nous faire oublier la cruauté sadique du capitaine Francis.

Brigitte Clavel     

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