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16 mai 2021 7 16 /05 /mai /2021 11:59
« Les lions de Sicile » par Stefania AUCI

                                                « Les lions de Sicile » par Stefania AUCI

 

Editions : Albin Michel

Parution : Mai 2021

555 pages

21,90 €

 

 A travers  cette superbe saga des Florio de  Palerme, Stefania Auci révèle avec splendeur  non seulement l’histoire d’une famille mais celle de ce XIXe siècle sicilien, avide d’indépendance et de progrès mais  fidèle à ses traditions sociales et religieuses , ce qui fera verser autant de larmes que de sang. Paolo et Ignazio Florio abandonnent leur Calabre natale frappée de séismes pour venir s’enrichir à Palerme. Mais à quel prix ! Car rien ne les épargne, ni le dédain des aristocrates pour ces deux Calabrais sans le moindre sang bleu, ni l’accueil désobligeant des commerçants palermitains inquiets de la concurrence, ni la difficulté d’adaptation de Giuseppina. Car Paolo, pris dans son désir de réussite, ne tient pas cas des états d’âme de son épouse. De plus la femme n’a pas droit à la parole dans les affaires comme en politique, voire même en amour, sauf celui d’adorer son fils et de critiquer sa belle-fille !  Les temps sont durs, les rébellions nombreuses face aux taxes élevées des Bourbons, le choléra frappe. Mais la croissance de son  commerce d’épices,  de soufre ou de tissus  incite à Vincenzo, le fils de Paolo, à multiplier les investissements dans une multitude de sociétés commerciales, navires à vapeur, filature de coton, exploitation viticole, conserverie de thon et bien d'autres encore… Seul le commerce  en s’ouvrant sur le monde semble pouvoir domestiquer la misère. Tandis que les Garibaldiens avancent,  Vincenzo, devenu surintendant de la banque Royale,  se réjouit de voir son rôle de médiateur se substituer à celui de négociant. Car la richesse bien mieux que la guerre n’est-elle pas le seul moyen d‘apporter à la Sicile la paix  escomptée ?  Les Florio n’étaient pas des nobles, ils furent des monarques, et leurs épouses des reines de fidélité. La plume de Stefania Auci leur rend un magnifique  hommage et son livre devrait conquérir bien au-delà des frontières d’Italie…

B. Clavel Delsol

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9 mai 2021 7 09 /05 /mai /2021 11:42
                                     « Citizen Miro    Une histoire de famille » par Estelle MIRONESCO

                                     « Citizen Miro    Une histoire de famille » par Estelle MIRONESCO

 

Editions : Lumen Bio

Parution : 2016

170 pages 

 

L'exil politique est un thème littéraire inlassable que l’auteure  aborde avec originalité en laissant la parole à plusieurs membres de la famille Mironesco meurtrie par la dictature de Ceaucescu.  Ce recueil de souvenirs authentiques de la Roumanie  communiste est  imprégné de tendresse et de reconnaissance pour des parents  héroïques qui surent déjouer avec courage  la surveillance de la Securitate, mais aussi d’une infinie tristesse  devant les purges, les confiscations des propriétés, les restrictions de liberté, les suppressions de postes professionnels. Un départ  clandestin  sera la seule possibilité d’échapper à cet enfer et un long et dur  voyage leur permettra d’atteindre miraculeusement la  France. Mais un miracle se mérite et si les Mironesco y parviennent c’est grâce à une éducation empreinte de culture et du sens de l’honneur. Mais qui est Estelle Mironesco, l’auteure dont le nom n’apparaît pas dans l’arbre généalogique dressé à la fin du livre ? C’est tout à fait incidemment qu’on découvre qu’elle est l’épouse française sympathique (dans le sens étymologique du mot)  d’Alexandre, le protagoniste qui dès son enfance suspecte à travers le silence de ses parents  le danger qui les guette,  cette étiquette d’ « ennemis du peuple » attribuée aux dissidents qui  doivent être supprimés d’office. Le but d’Estelle Mironesco est simple : témoin directe de tant de souffrances elle veut donner impérativement à la jeunesse occidentale  une leçon d’Histoire. Si les Mironesco ont rapatrié en France  leurs sépultures familiales, ils n’abandonnent pas leurs compatriotes et tremblent d’effroi quand ils voient le parti communiste français accéder au gouvernement de Mitterrand. Ainsi ils demeurent loin de leur terre natale  mais unis  dans cette volonté de clamer la vérité.

B. Clavel Delsol

 

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2 mai 2021 7 02 /05 /mai /2021 07:17
« Ma vie avec APOLLINAIRE »  par François SUREAU

                                              « Ma vie avec APOLLINAIRE »  par François SUREAU

Editions : Gallimard

Parution : Novembre 2020

155 pages

16 €

 

Si Apollinaire suscita de son vivant de nombreuses amitiés, il en est une post mortem qui est celle de François Sureau. Rien du poète, ni du soldat ni de l’amant n’échappe au biographe. Amoureux de la vie qu’il « boit comme une eau-de-vie » , "le mal-aimé" donne toujours une tournure fantaisiste  à ses vers, même écrits sous les obus ou  à la Santé.  Son âme errante  immortalise les femmes qui transfigurent sa vie de soldat engagé, certes exposée au danger, mais prometteuse d’une meilleure connaissance des lois de la vie. Ce n’est pas une  naturalisation française improbable et encore moins une germanophobie  qui animent cet enfant illégitime d’un officier italien et d’une jeune aventureuse roumaine, mais « le territoire heureux du fait et de l’expérience » auquel s'ajoute le désir de "servir". Si la souffrance dans les tranchées se prolonge, l’inquiétude de l’avenir ne l’épargne pas : « les hommes réunis en troupeaux dociles ne songent même plus qu’il y ait eu des temps où l’on pouvait faire ce que l’on voulait ». Apollinaire n’est pas le bohème qu’on imagine, il est un besogneux  et en impose avec sa pipe en terre et  son costume bleu, « du bleu de la tenue du soldat, du bleu électrique de la mort », de la période bleue de son cher ami Picasso, du bleu de la Méditerranée de son enfance comme de « la rue industrielle ». Car ce poète croit au progrès et aspire à toutes les innovations, qu’elles soient artistiques ou scientifiques. « La mélancolie n’entre pas ici" est la devise de la galerie Vivienne où il se divertit avec ses amis peintres.  Sa célébrité ne vient pas d’une illustre naissance mais d’une imagination  bouillonnante et libertaire que le parisianisme culturel de  F. Sureau met au goût du jour en lui prêtant des sympathies  pour l’androgynéité, voire pour   la loi du genre ! En tout cas ce passionné d’Apollinaire  incite à  se plonger dans les vers sans contraintes du « flâneur des deux Rives » pour qui « La joie venait toujours après la peine »…

B. Clavel Delsol

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1 mai 2021 6 01 /05 /mai /2021 10:12
"A la recherche de Milan Kundera" par Ariane CHEMIN

Editions du sous-sol

Parution : Avril 2021

134 pages

16,(à €


Milan Kundera ne facilite pas la tâche d Ariane Chemin. Solitaire invétéré aux déceptions nombreuses,  il a, comme le dit son épouse , tout d'« un vieil Indien qui a peur qu'on lui vole son âme ». Ce fils de musicien est un poète né, avant que les réalités de la vie tchécoslovaque l'entraînent dans une inévitable méditation qui fera l'objet de ses romans. Alors la police d'Etat le surveille, ouvre le dossier  "Basnik" ce qui veut dire poète car le communisme n aime pas la poésie, avant d'entamer les dossiers "Elitar" en l'accusant  d’un dangereux élitisme. Milan Kundera a beau affirmer que son exil comme ses romans ne sont pas politiques, sa réflexion demeure hantée par la dictature du collectivisme qui finit par instaurer une paranoïa généralisée. Les évènements qui suivent ne feront que le prouver, un traducteur tchèque tronquera ses traductions, un autre l'accusera d'avoir dénoncé un ami comme le protagoniste de “La valse aux adieux”, de plus ses essais en français n'ont pas la faveur des critiques parisiens ... Alors Kundera sort de son mutisme un bref  instant pour réagir contre la guerre froide et ses lâchetés  puis se plonge à tout jamais dans une profonde solitude où l'exil lui apparaît comme une chance et la terre natale un impossible amour.  Ariane Chemin n'arrivera pas à le rencontrer de visu mais parvient à faire de ce fantôme parisien le mage de la libre pensée. 

B.Clavel Delsol

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1 mai 2021 6 01 /05 /mai /2021 09:39
"Le chaos ne produit pas des chefs-d'oeuvre" par Julia KERNINON


Editions: PUF
Parution : Février 2020
176 pages
17 €
 

 

Julia Kerninon est touchante dans sa quête littéraire : romancière en herbe, elle voudrait  trouver  un modèle d'inspiration, un style de vie propice à l’imagination. Elle se penche alors sur la vie de trois grands écrivains américains, W.Faulkner, E.Hemingway et  J.Steinbeck à la réputation  légendaire. Faut il être alcoolique notoire, macho, dédaigneux d’études universitaires, en révolte  contre son milieu, pour parvenir au succès littéraire? Julia Kerninon perce le souci commun aux trois romanciers: en s’efforçant  de développer une certaine image d’eux-mêmes tels qu’ils voudraient qu'on les voit et non pas selon les rumeurs ou les clichés de l’époque, ils parviennent à sublimer la réalité dans la fiction et ainsi poursuivre la vocation d'un Homère  ou  d un Shakespeare à révéler les affres de la nature humaine. Alors pourquoi cette démarche de Julia Kerninon qui en définitive invite à attacher plus d'importance aux œuvres qu’aux biographies? Simplement pour prouver qu’il n’y a pas de méthode toute faite pour réaliser un chef-d‘œuvre, que le chaos n’est pas productif, que seul le travail accompli avec dévotion transforme l’effort surhumain en grâce  divine...La jeune thésarde en Lettres a alors toutes les capacités requises pour devenir une grande écrivaine!

B. Clavel Delsol

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15 avril 2021 4 15 /04 /avril /2021 17:37
"Les terres promises"

« Les terres promises »  par Jean-Michel GUENASSIA

 

 

Editions : Albin Michel

Parution : Mars 2021

612 pages

22,90 €

 

Le Club des Incorrigibles Optimistes a légué à Michel Marini le plus beau des héritages : il lui a enseigné que si personne n’est à l’abri de la malchance, chacun est responsable de soi. Mais faut-il vivre ses rêves  à tout prix ?  La sensibilité de Michel, qui deviendra un célèbre photographe plein d’humanisme et un amoureux plein de persévérance, contraste avec le comportement révolutionnaire de Franck son frère. Un fatalisme semble s’écraser sur ceux qui veulent changer le monde. Franck, après avoir déserté l’armée française et être devenu apatride, se voue à l’avenir de l’Algérie, découvre l'incompétence des nouveaux technocrates, les cruautés de Boumédiène et les bakchichs du commerce. Mais rien ne l’arrête dans son désir de redresser ce pays, ni l’ingratitude du petit voyou orphelin qu’il recueille, ni la colère de son ami épicier Hassen contre les mécréants et  recherche, pour se consoler, la vie de Foucauld par Bazin  dans la librairie de son ami Habib. Quant à  Igor, le père spirituel de Michel, médecin juif qui a fui l’URSS pendant les purges soviétiques, il décide de retourner dans son pays natal pour retrouver les siens.  Mais c’est une impitoyable dictature qui l’accueille, où la trahison d’un fils  sera adoucie par un neveu inconnu. Les kibboutz juifs ont vite fait de lasser Camille et Michel, tandis qu’Israël se trouve isolée au milieu d’une ceinture ennemie et appelle les siens à la rescousse.  Jean-Michel Guenassia  ne donne pas de solution, mais décrit les affres de la torture, de l’abandon, ou de la vengeance. Il laisse le lecteur découvrir les méandres de l’âme humaine. Les sentiments fraternels, parentaux, ou amoureux sont loin d’être toujours compréhensibles pour celui qui ne sonde pas les cœurs. Mais la compassion apporte le secours inespéré, comme la loi du sang parvient à réaliser des miracles et l’amitié à redonner confiance. Tel est le rôle de ceux qui s'aiment.  En emportant le lecteur aux quatre coins du monde, en faisant maints allers retours entre ses personnages, entre heurs et malheurs, entre athéisme et mysticisme, J-M Guenassia épate par son impartialité et sa capacité d’étreindre toutes les aspirations humaines. Une chose est certaine : la vie est celle qu’on se fait quand on lui donne un coup de pouce ! Le trèfle  à quatre feuilles falsifié n’en est-il pas la preuve? Roman très réaliste et magnifiquement écrit qui pourrait bien être le livre de l’été !

B. Clavel Delsol

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7 avril 2021 3 07 /04 /avril /2021 14:12
« OPUS 77 »  par Alexis RAGOUNEAU  

« OPUS 77 »  par Alexis RAGOUNEAU  

 

 

Publication :  2019

Editions : Viviane Hamy 

Le Livre de Poche 2021

256 pages

 

 

C’est un exploit stylistique que réalise Alexis Ragouneau dans ce roman où résonnent du début à la fin  les différents  tempos musicaux de l’« Opus 77 » de Chostakovitch, compositeur partagé sous  la dictature soviétique entre soumission et révolte. La protagoniste  du roman,  célèbre pianiste dénommée Ariane,  souffre de l’autoritarisme de son vieux père Claessens,  chef d’orchestre à l’exigence assassine qui tue à petit feu les talents de son jeune frère David,   violoniste prodigieux.  Le livre du début à la fin   transpose en phrases spontanées cette musique où soumission et révolte  deviennent détestation et  folie.  Tandis que le « Nocturne » résonne  de toute la tristesse due à l’enterrement de Claessens, le  « Scherzo »  se déchaîne de façon hystérique : la réussite  est pour  Claessens devenue obsessionnelle à tel point que les souvenirs d’enfance  assaillent Ariane et élucident l’incompréhensible. La  « Passacaille » est le cœur de l’œuvre : David vaincu dépose son violon et s’enfonce dans un monde intérieur, tandis qu’Ariane s’envole  au son de notes de piano toujours plus folles, jusqu’à ce que  la « Cadence » laisse entrevoir l’espoir dans  la rencontre du vieil arménien Krikorian, maître spirituel  du frère et de la sœur désemparés.  S’ensuit le « Burlesque », chapitre fou qui déroute mais réconcilie miraculeusement l’art et la vie, la jeunesse et la vieillesse,  la discipline et la confiance en soi. Livre très original qui touche par sa pédagogie,  son souci de créativité et surtout son analyse du cœur humain, fragile et fort tour à tour quand il est sous l'emprise de la tyrannie …


B Clavel Delsol

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31 mars 2021 3 31 /03 /mars /2021 08:13
« L’homme de Césarée »  par Françoise Chandernagor

                                         « L’homme de Césarée »  par Françoise Chandernagor

Editions : Albin Michel

Parution : Février 2021

380 pages

22,90 €

 

  « J ‘ai besoin de croire à ce que j’écris » tel est le secret  de Françoise Chandernagor qui,  en  restant toujours  au plus proche de l’Histoire de l'Antiquité, ressuscite la petite reine Séléné, fille de Cléopâtre et Antoine, sous le règne tyrannique d’Octave Auguste. Dans les yeux  asséchés d’avoir trop pleuré subsiste l’angoisse d’une enfant  que seule la vengeance de ses parents pourrait apaiser. Le récit de Françoise Chandernagor est vivant : l’empereur Auguste a droit de vie ou de mort sur les nouveau-nés, noue et délie  les mariages à son gré, remet Juba sur le trône des rois berbères et a la bonne idée de  lui envoyer Séléné comme épouse pour s’en débarrasser. C’est un homme puissant et cultivé que Séléné découvre en Juba. Tout réunit ce couple, l’embellissement  de Césarée en  une petite Alexandrie,  la découverte de la source du Nil dans cette terre aride, sans oublier l’humiliation commune qui remonte à leur enfance  lors du défilé du Triomphe sur l’Afrique.  Sans doute est-ce par esprit de  vengeance que l’architecture de Césarée fut d’inspiration et de réalisation   exclusivement grecque et égyptienne. Mais  si  « le Jardin des Cendres » est le reflet de  la tristesse inassouvie de  Séléné qui mourut en véritable Antigone, Françoise Chandernagor laisse émaner, au-delà des odeurs de sang,  les parfums sucrés de l ’Arabie, et échapper, de la bouche de Séléné,  les plus beaux vers de “ L’ Art d’aimer” d’Ovide ! Livre tout aussi beau et enrichissant que les deux premiers de la  trilogie  que le lecteur aimerait bien voir  se poursuivre…

B. Clavel Delsol

 

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24 mars 2021 3 24 /03 /mars /2021 15:31
« La vie rêvée du joueur d’échecs »  par Denis GROZDANOVITCH

                                     « La vie rêvée du joueur d’échecs »  par Denis GROZDANOVITCH

Editions : Grasset

Parution : Janvier 2021

196 pages

19 €

 

Homme de lettres, grand sportif et passionné du jeu d’échecs, Denis Grozdanovitch  souligne d’emblée l’importance de l’activité  ludique  qui a quelque chose de sacré et qu’il faut préserver à tout prix. De suite il réhabilite le joueur d’échecs, communément caricaturé à cause de sa profonde concentration  comme un être renfermé, insensible à son environnement.  Car loin  d’être un robot, ( et D. Grozdanovitch saura démontrer la capacité de programmation en stratégie de l'homme  bien supérieure à la  stricte tactique des ordinateurs ), le joueur d’échecs  développe, par son assiduité au jeu et son exactitude dans le raisonnement, un potentiel  d’anticipation, de réflexion et de rapidité  tel que  son but ultime n’est plus la victoire mais une vision synthétique de la partie sur l'échiquier. Le combat devient harmonie, reconnaissance de   l’adversaire comme   « moteur immuable" du jeu et du monde . Les mille variantes des soixante-quatre cases ne sont autres qu’un moyen de prendre conscience de l’incomplétude des lois mathématiques et d’une échappatoire possible à la lourde machine en marche du nihilisme. Le jeu d’échecs ne serait-il pas qu’une vivante allégorie de la vie où le joueur fait face aux vicissitudes du quotidien en maintenant droit son équilibre?  Ainsi ce livre plaira à tout lecteur, joueur d’échecs ou non, car quel que soit son domaine, le joueur n’est il pas toujours un « pousseur de bois », un  enfant manipulateur de figurines, un fertile aventurier ?

B. Clavel Delsol

 

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21 mars 2021 7 21 /03 /mars /2021 08:11
« La grande épreuve »   par Etienne de Montety

« La grande épreuve »   par Etienne de Montety

 

 

Editions : Stock

Parution : Décembre 2020

299 pages

20 €

 

Etienne de Montety a fait le choix du politiquement correct. Sans doute est-ce la raison pour laquelle il reçut le grand prix du roman de l’Académie française 2020. Certes les attentats de Charlie hebdo,  du Bataclan et autres crimes comme celui du Père Hamel l’ont inspiré, mais  le livre est plus une succession de  clichés que  de réflexions innovantes pour la paix. Les multiples personnages à la bonne volonté flagrante ne sont que des caricatures auxquelles échappe la vérité complexe du contexte historique.  En un premier lieu pourquoi avoir rebaptisé le père Hamel en un prêtre de paroisse troublé par la jeune femme responsable de la chorale ? Pourquoi caricaturer des parents adoptifs se reposant  bourgeoisement à Cassis ou un vétéran de la guerre d’Algérie en un flegmatique vieillard  au cigare ? Alors Etienne de Montety remonte le temps et voit dans le capitalisme qui accueillit des immigrés l’origine du malaise de cette jeunesse en mal de vivre et en quête d’émotions fortes dans une société où la consommation est devenue le Veau d’or. Pourtant sœur Agnès surveille leur commerce de drogue du haut de son appartement. La salle de prière réservée à cet effet au rez de chaussée de son immeuble à treize étages  la rassure. Le Coran n’est-il pas selon elle « un livre de paix » ? Et quand le crime a lieu  avec la légèreté et la rapidité d’une simple arme blanche, le déroulement  des forces de l’ordre dure, il faut d’abord s’équiper, se renseigner et attendre l’ordre de Beauvau pour donner l’assaut. C’est ainsi que la politique prend le pas sur la religion. Dommage qu’Etienne de Montety ne se soit pas davantage penché sur la sainteté du père Hamel qu’on aimerait voir canonisé autant par l’Eglise que par l’Académie française, car seul l’ascétisme silencieux est plus convaincant que les prétentions pseudo-intellectuelles des enfants des Trente Glorieuses! Quand la bienveillance devient faiblesse, il y a danger...

B. Clavel Delsol

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