19 décembre 2021
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« Pour l’éternité » par Cardinal Robert SARAH
Editions : Fayard
Parution : Octobre 2021
317 pages
21,90 euros
Bien que dédié « Â tous les séminaristes du monde entier », ce livre a une portée bien plus large. Le Cardinal Sarah réconforte les déçus du christianisme en expliquant le rôle des prêtres dans l’Eglise qui manque non pas de réformateurs mais tout simplement de saints. Il constate avec une profonde tristesse la souillure de l’Eglise d’aujourd’hui. Il y remédie par de nombreuses références à un grand nombre de docteurs de l’Eglise qui furent non pas de grands rénovateurs mais des missionnaires d’espérance. Il insiste sur la nécessité de conjuguer amour avec vérité, foi avec prière, pauvreté avec sacrifice, jeûne et pureté, voie royale qui mène à l’Esprit Saint et qui métamorphose l’action sociale en ministère sacerdotal. Le Cardinal est catégorique : l’Eglise ne doit pas être un lieu de pouvoir gouverné par des experts, mais un lieu de service ayant le souci de partager la Tradition vivante qui n’est autre que la transmission ininterrompue de l’enseignement du Christ, prêtre lui-même car Rédempteur du monde. Grâce au Christ, le rapport du Créateur avec ses créatures redevient celui d’un père pour ses enfants, passant ainsi de l’ordre naturel de la création à l’ordre surnaturel. Le sacerdoce n’est pas une profession qui n’aurait que le temporel pour souci , mais un pouvoir sacré qui permet au prêtre de donner ce qu’il ne peut faire sans la grâce divine, à savoir les sacrements. Alors le Cardinal Sarah conjure les pasteurs de ne pas se décourager, de faire de leur apostolat une prière incessante et de leurs homélies un chemin éclairé pour permettre à leurs brebis un face à face avec Dieu. Belle bouée de sauvetage pour un navire en perdition... B. C. D.
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2021
17 décembre 2021
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« SAGES FEMMES » par Marie RICHEUX
Editions : Wespieser
Parution : Août 2021
193 pages
19 euros
Dès la première page l’auteur nous transporte en Lozère, à la croisée de chemins déserts où seule s’érige la statue d’une Vierge. Que signifie cette inscription sur son socle : « Et à l’heure de notre ultime naissance » ? Et c’est là que tout commence : la femme empreinte de liberté, qui la nuit se rêve en cheval fou et au petit matin se réveille en féministe révoltée avec une enfant dans les bras, fait une halte dans ses réflexions. Elle remonte au temps de ses aïeules, toutes filles-mères méprisées sans pitié par une société puritaine ou mondaine. Quand elle découvre les chefs d’œuvre réalisés par ces couturières qui ont pu survivre grâce à leur travail d’aiguille, elle réalise l’importance de leur labeur. Ce sont des fils détissés un à un faute de matière première puis retissés un à un qui finissent en luxueuses courtepointes brodées et précieusement conservées au musée de l'Hôtel -Dieu de Reims … Alors l’auteur se jette dans l’écriture, dans l’entrecroisement des mots et des pensées qu’elle enfile à toute allure comme des perles rares. Car là est l’ultime naissance, la créativité qui prend le pas sur un malheureux destin. Là est l’indétournable carrefour, celui du choix entre la vie et la mort intérieure, entre l’éloge et le bannissement, entre le bonheur de l’amour et l’horreur de l'ostracisme. Là aussi est la similitude entre toutes les tâches quelles qu’elles soient, dans la course folle de l’aiguille ou de la plume en quête de cette vérité qui rend sages les femmes …
Brigitte Clavel Delsol
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2021
5 décembre 2021
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« LA VOLONTE » par Marc DUGAIN
Editions : Gallimard
Parution : Juin 2021
284 pages
20 euros
Au siècle dernier il y eut des hommes dont la discrétion ne doit pas cacher l’héroïsme. Marc Dugain consacre à son père ce livre au style oh combien intimiste ! Car ce n’est que très tard qu’il réalise le courage de ce paysan breton pour vaincre le malheur. En effet tout accablait ce dernier. A la pauvreté de la terre, à la guerre et à l’absence permanente d’un père marin au long cours vint s’ajouter une impitoyable poliomyélite qui lui vola ses jambes. Mais sa volonté d’être utile le sauva , sa brillance intellectuelle et son intelligence du cœur l’incitèrent à se lancer dans des études d’ingénieur chimiste qui lui permettront d’enrichir la terre, qu’elle soit de Bretagne, de Nouvelle-Calédonie ou du Sénégal. C’est alors qu’il découvrit le monde et fit du travail sa maxime quotidienne au nom d’ « une permanence de l’utilité ». Mais son souci du progrès ne va pas entacher sa probité intellectuelle. Conscient des horreurs politiques jusqu'aux années 50 comme du mal-être, pendant les trente Glorieuses, de son jeune fils adolescent révolté et réfugié dans la drogue, saura- t-il faire face à la mort avec la même dignité ? La mode étant de réinventer la grande Histoire et d’avoir recours à l’euthanasie, Marc Dugain n’y échappe pas. Mais la beauté de son style comme la volonté de son père se révèlent être comme l’indispensable « réponse à la complexité du mal »…B.C.D.
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2021
24 novembre 2021
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« La plus secrète mémoire des hommes » par Mohamed Mbougar Sarr
Editions : Philippe Rey / Jimsaan
Parution : Août 2021
457 pages
22 euros
Une fois encore le prix Goncourt interpelle. Polyphonie pleine de passages poétiques, d’allers retours dans le temps comme dans l’espace, chez les vivants comme chez les morts, pleine d’heureux hasards et de tristes sorts, elle risque , à cause de sa forme erratique, d'aboutir à cette impasse où toujours tombe l’âme désabusée, la « solitude irrévocable ». Si l'auteur est un romancier plein de tourments il a aussi bien du talent. Il est semblable à son protagoniste Diegane , étudiant sénégalais à Paris en quête du livre d’Elimane qui, en 1938 après avoir connu un grand succès, fut banni en tant que plagiaire et disparut à tout jamais. Mais son roman survécut et un heureux hasard va le mettre dans les mains de Diegane qui le cherchait sans plus y croire. Cet heureux hasard n’est autre que Marène Siga, vieille Sénégalaise cousine d’Elimane venue à Paris puis installée à Amsterdam . Pourquoi tant de circonspection de sa part en confiant ce livre à Diegane ? Serait-ce parce qu’il donne une impression de profonde mélancolie à vouloir en vain « encercler l’infini » ? Ou parce qu’il fait une révélation courageuse, celle de l’écrivain africain complexé? Ou parce qu'Elimane a plusieurs visages, celui de l'assassin, du dandy, de l'ermite mystique ou du révolutionnaire? Ou parce que la France lui a pris son père, la folie emporté sa mère et les nazis éliminé son ami juif ? Ou parce que le seul espoir à la liberté argentine est soit le "jusqu’au boutisme" soit le suicide? Peu importe, le style de l’auteur est splendide, il envoûte par sa loyauté , il entraîne dans le labyrinthe de l’écriture qui mène à la douleur du ressenti, de ce colonialisme jamais accepté, des expériences libertines décevantes, du déracinement et de la déréliction qui s’en suit , bref « une anatomie du vide » bien à la mode parisienne qui lui a valu le grand prix littéraire et qui a pour écho : "Vive la bourse de la République!"…
B.C.D.
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2021
20 novembre 2021
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« MOHICAN » par Eric FOTTORINO
Editions : Gallimard
Parution : Août 2021
276 pages
19,50 euros
C’est un bel hommage que l’auteur dédie à nos agriculteurs d’aujourd’hui, héritiers de cette paysannerie séculaire, qui a toujours mis sa foi dans le ciel comme dans la terre. Théo a fait confiance au progrès, il a cru aux engrais, il a travaillé et acheté des parcelles sans compter , avec pour seul souci une récolte abondante et faire de son pays une puissance agricole qui serait capable de nourrir le monde. Certes Théo n’est pas un céréalier de la Marne ou de la Beauce, mais un ardent agriculteur du Jura dont l’Union Européenne a brisé le rêve. Accusés d’épuiser la terre , ces entrepreneurs laborieux vont devenir des fonctionnaires de l’Europe, payés à ne rien faire si ce n’est de l’entretien des forêts et des terres en friche. Alors Théo une fois de plus va faire confiance aux cols blancs et louer ses terres pour une nouvelle récolte, celle des éoliennes! Mais quand son fils Mo constate les dégâts, il est trop tard. Du bétail est retrouvé mort, des oiseaux décapités, des nappes d’eau souterraines asséchées… Un roman bien réaliste sur la France profonde qui laisse perplexe, car si l’amour de la terre réconcilie un père avec son fils et un vieux militaire avec un jeune algérien, la technologie moderne non seulement divise mais tue la paysannerie. Sauf que la terre a des ressources insoupçonnables et sacrées, et que l’auteur lui donne le dernier mot …B Clavel Delsol
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2021
15 novembre 2021
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« Ne dis pas la nuit » par AMOS OZ
Publication originale : 1994
Editions Gallimard: 2004
Editions Folio 2021
308 pages
Les personnages sont nombreux et variés dans Tel-Kedar, petite ville israélienne en bordure du désert, plutôt harmonieuse entre son soleil de plomb et ses nuits fraîches. Ils sont semblables à ce lieu , les uns font des promesses , d’autres s’agitent, d’autres se replient dans le silence. Ainsi Amos Oz décrit les multiples attitudes humaines sans le moindre jugement mais avec un tel réalisme que les travers des bonnes intentions finissent par percer. L’activisme permanent de Noa pour le moindre prétexte, tout en écartant l’intervention de Théo, célèbre urbaniste, ne camoufle-t-il pas son exaspération vis-à-vis de ce conjoint au corps vieilli, à l’œil gauche toujours à moitié fermé comme pour dissimuler un cœur qui bat encore trop fort ? Suite au décès d’un de ses élèves dû à une overdose, elle accepte de mener à bien la réalisation d’un centre de désintoxication. Le père du jeune défunt fait des promesses financières, l’agent immobilier du coin, coureur notoire de jupons, propose une offre exceptionnelle, le comité du projet voit dans ce centre d’accueil un creuset d’emplois. Mais quand il s’agit de passer aux actes, d’accueillir des délinquants et d’ouvrir son compte bancaire, tout le monde se rétracte sauf celui auquel on ne pensait pas. Théo, alter-ego d’Amos Oz, fait preuve tout le long de son livre d’une douceur indéniable. Certes à l’altercation, il préfère se faire oublier dans le silence, convaincu qu’ « on meurt plus par amour qu’à cause de la drogue ». Livre à trois voix, celle de Noa , celle de Théo et celle d’un narrateur omniscient, fin psychologue qui parvient à déceler l’accomplissement de l’être humain quand celui-ci aime tout simplement, sans chercher à briller…B Clavel Delsol
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2021
2010
8 novembre 2021
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« Le dernier tribun » par Gilles Martin-Chauffier
Editions : Grasset![Le dernier tribun (Littérature Française) par [Gilles Martin-Chauffier]](https://m.media-amazon.com/images/I/414h4Cug-XS.jpg)
Parution : Septembre 202
333 pages3
20,90 €
L’ambition politique et personnelle n’est pas d’aujourd’hui. G. Martin-Chauffier nous plonge au premier siècle avant Jésus-Christ à Rome où Pompée, César et Crassus se partagent le pouvoir tout en se battant, tandis que Claudius, veut les évincer. Pour ce faire, ce dernier, élu tribun de la plèbe après avoir falsifié son nom et ses origines aristocratiques, a recours à un philosophe grec , Metaxas pour contrer l’art de Cicéron, célèbre défenseur du triumvirat . Ce professeur Athénien de philosophie n’hésite pas une minute à tout quitter pour se rendre dans cette Rome idyllique que Diana Metella, propre tante de Clodius, va avoir le plaisir de lui faire visiter. C’est alors que Metexas découvre avec horreur les mœurs dissolues de la haute société romaine , le sort de ses esclaves, la barbarie des Jeux du Cirque sans parler du cynisme dont fait preuve poètes et politiciens. Parviendra-t-il à satisfaire Clodius ? La richesse des palais et des réceptions, la multiplication des alliances et des ruptures, la proximité des marbres flamboyants et des lupanars douteux n’anéantissent pas Metaxas devenu un brillant avocat romain . Guère sensible à la magie verbale de Cicéron ni à sa conception d'une république fondée exclusivement sur le pouvoir du sénat, le petit professeur d’Athènes devient le témoin direct d’une succession d’attentats meurtriers où la violence a bien vite balayé l’art oratoire et l’art de gouverner. Ainsi G. Martin-Chauffier semble vouloir rappeler par sa profonde connaissance de l'Antiquité combien les ambitions personnelles n’ont pour conséquence que la chute du pouvoir et le malheur du peuple : belle leçon politique dans un cadre de péplum !
Brigitte Clavel Delsol
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2021
3 novembre 2021
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Editions du Cerf
Parution : Septembre 2021
170 pages
16 euros
Rien de plus naturel pour la philosophe que l’affaiblissement actuel de la Chrétienté . L'Eglise, dont la réputation est de soit disant récuser la liberté et l'individualité, se confronte alors au monde moderne. Le glissement se fait vers une religion naturelle, malheureusement inverse au mouvement des rites païens du IVème siècle vers la foi chrétienne. Il ne s'agit point d'un simple mouvement de balancier, ni d’une mode, et encore moins d’une évolution, mais d’une révolution dans le sens d’un retour en arrière. Les catholiques ne veulent plus l’omnipotence de leur église sur leur conscience, les devoirs et les mystères de la foi sont révolus, les dogmes canoniques ont une simple valeur métaphorique quand ils ne sont pas récriés. Un excès de rationalisme fait revenir le naturel au galop et renaître le panthéisme de l’antiquité . Si le langage reste quelque peu clérical les mœurs ne le sont plus. Tout ce qui était péché est aujourd’hui légalisé. Cette remise en cause des us et coutumes n’a rien de nouveau. Mais s’approprier une religion sur des fondements qu’on récuse paraît bien délétère. Chantal Delsol nous laisse alors face à un grand vide que certains trouveront libérateur et que d'autres ressentiront avec une profonde tristesse. Le problème n'est pas nouveau. Déjà il y a presque deux mille ans le saint martyr Ignace d'Antioche disait: "Là où il n'y a pas d'évêque, il n'y a pas d'Eglise". En effet la transmission est elle possible à force de faire passer l’individu avant l’institution, la repentance avant l’exemple, la liberté des mœurs avant le silence des vertus et de la prière? Certes les civilisations se succèdent, mais il est indéniable que l’homme universel aura toujours besoin de l’amour christique et que le christianisme survivra comme il a toujours survécu...
B. C. D.
Published by brigitte clavel-delsol
30 octobre 2021
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« Là où vivent les hommes » par Christian Signol
Editions : Albin Michel
Parution : Octobre 2021
246 pages
19,90 euros
Toujours égal à lui-même et toujours confiant en Dame Nature, Christian Signol continue de séduire ses lecteurs. Le merveilleux dans ses récits c’est non seulement son style enchanteur, son vocabulaire enraciné dans la terre elle-même mais cette philosophie du bonheur qui est la trame de tous ses romans. Après un deuil inconsolable Etienne quitte Paris, ses amis, sa profession. La Providence , car il ne croit pas au hasard, le met sur les pas d’un berger de cette Lozère tant de fois décrite mais sans cesse renouvelée. Ce sont deux hommes blessés qui trouvent réconfort dans la beauté de la voûte céleste, dans les débats d’un troupeau d’agneaux à la découverte d’herbe fraîche, dans les repas rustiques d’une vieille fermière généreuse. Mais la dureté de la vie ne va pas les épargner. Le froid mordant de l’hiver symbolise les sempiternelles épreuves de la vie. Comme les saisons qui reviennent la douleur surgit au moindre souvenir. Etienne trouvera-t-il l’apaisement recherché? Et si le bien-être n’était autre que la victoire de l’homme sur la souffrance, comme celle du silence sur la parole, ou la maîtrise de l’instant qui arrête le temps jusqu’à se confondre avec la plénitude de l’éternité? Très jolie histoire loin de l’agitation du monde qui transforme la nuit des montagnes en apaisement et lumière.
B. C. D.
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2021
22 octobre 2021
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TEMPS SAUVAGES par MARIO VARGAS LLOSA
Editions : Gallimard
Parution : Août 2021
383 pages
23 euros
Le XXème siècle au Guatemala est aussi sombre que le Christ noir d’Esquipulas mais aussi séduisant par sa beauté que Martita. La vie de celle-ci, fictive ou non, est la parfaite allégorie de son pays. Curieuse de comprendre les évènements houleux qui s’y passent, elle s’en remet aux mains d’un vieil ami de son père, le Dr Ardiles. Malheureusement celui-ci va perdre toute sa crédibilité de vieux sage auprès d’elle. De même le président Arbenz est accusé de faire du Guatemala le cheval de Troie des Soviets et se voit remplacé par le traître colonel Carlos Castillos Armas auprès duquel la belle Martita ira se consoler. C’est alors que le machiavélisme de la politique se déroule et une plume amère de l’auteur raconte la traîtrise des uns , la versatilité des autres, les énigmes de morts accidentelles ou de complots politiques, l’infiltration de la chasse aux sorcières de la CIA comme de la république dominicaine, l’attrait du bordel dans un pays qui se veut catholique à outrance sans oublier le triomphe injuste des libérationnistes sur l’Ecole militaire. Tout est sombre, l’homme n'est qu' "un monstre" avide de sexe et de pouvoir. Seule la belle « miss Guatemala »semble s’en sortir indemne, mais à quel prix ! Livre qui passionnera les amoureux de cette partie du monde devenue marxiste à cause de trop d’intransigeance et d’un manque certain d’amour dans des veines où coule un sang trop chaud, sans modération, ni lucidité ni justice…
Brigitte Clavel Delsol
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2021