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25 novembre 2010 4 25 /11 /novembre /2010 22:41

 

 

 

Editions : ALBIN MICHEL

Parution : Octobre 2010

19,50 €

324 pages

 

 

 

L-M Lapouge est une romancière qui  veut redonner vie au Moyen-âge. Pour ce faire, elle laisse la parole à Ghisla, sœur de Charlemagne.  Les guerres contre les hérétiques se succèdent et le lecteur retrouve les noms bien connus des personnages qui meublaient déjà "La chanson de Roland". Mais L-M Lapouge transforme  ceux-ci à sa guise. Peu lui importe la vérité historique. L'essentiel est de restituer une épopée moyenâgeuse.  Tout est tactique  politique pour le roi des Francs dont le leitmotiv est l'unité. La fin justifie les moyens. Il attaque les pays païens, reconnait l'importance des moines seuls à savoir écrire,  élimine son frère, instaure la loi salique et, en compensation, offre sa couche et sa protection à sa sœur. La personnalité de celle-ci a tout de la femme moderne : intelligence, détermination, audace, inclination pour les plantes médicinales et les amours illicites. Très joli livre qui choquera l'historien et le prude, mais qui fera passer un bon moment à celui qui est conscient qu'il faut du temps au temps pour construire un royaume.                          

Brigitte Clavel

 

 

 

 

 

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17 novembre 2010 3 17 /11 /novembre /2010 08:24

 

 

 

 

 

Editions :Stock

Parution : Septembre 2010

278 pages

19 €

 

 

C’est avec un immense talent que Philippe Claudel nous transpose dans la peau de l’Enquêteur, homme chargé d’élucider la croissance constante de suicidés au sein d’une Entreprise. Mais, dès la première page,  cette mission est rendue  impossible par un environnement totalement hostile. Une  atmosphère extérieure  angoissante  à l’excès développe chez le lecteur comme chez l’Enquêteur le sentiment d’être avalé  par un monde vampire.  Par cette allégorie d’une société moderne où tout est discipline robotisée, anonymat, solitude au milieu de la multitude, Claudel parvient à plonger le lecteur dans un cauchemar interminable.

C’est alors que l’Enquêteur découvre  l’étau dans lequel les  employés de l’Entreprise et lui-même sont enfermés. Aucun d’eux n’a de nom propre. Seul un habit de fonction leur donne «  un rôle à jouer ».  Leur  seule raison de vivre : obéir aux ordres du sacro-saint Fondateur qui petit à petit se transforme en  Fossoyeur. L’horreur est à son comble quand  l’Enquêteur lui-même se sent contaminé, tandis que la longueur des phrases augmente et les interrogatives se multiplient pour faire ressurgir toute l’Histoire humaine. L’Enquêteur  parviendra-t-il à échapper à cette spirale du vide qui aspire tous les hommes ? En tout cas il nous en fait prendre conscience ...

B.Clavel

 

 

 

 

 

 

 

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14 novembre 2010 7 14 /11 /novembre /2010 21:56

 

Editions : Stock

Parution : Septembre 2010

Prix : 21,50 €

394 pages

 

 

 

 

Ce très beau roman, dont l’histoire se situe dans les années 2090,  est dans la ligne de George Orwell. Blandine Le Callet semble vouloir nous mettre en garde contre les risques d'un monde régenté par des lois strictes qui, sous prétexte d’assurer le bonheur de tous, ne tolère aucune liberté ni initiative personnelles. L'enfant anormal doit être avorté, la moindre ride liftée, une  mère déchue emprisonnée, les livres remplacés par des  écrans où peut alors régner en maître  la pensée unique; bref  il s'agit d'une société  gérée par des "étroits", des "bornés " qui repoussent dans "la Zone" tous les anticonformistes et insoumis. Et c'est là que veut essayer de retourner Lila K, là où la misère a engendré drogue et prostitution, pour retrouver une mère dont elle a été séparée dans son plus jeune âge. Prise en charge jusqu'ici dans un centre de rééducation où anxiolytiques et vidéosurveillances sont d'usage pour obtenir son  obéissance, Lila K feint d'être consentante sur tout  afin de bénéficier au plus vite  d'une possibilité de sortie. La volonté de Lila K pour surmonter son mal-être de même que l’indépendance d’esprit  de plusieurs personnages courageux  qui l’aideront à  sortir de ce carcan tyrannique sont de magnifiques exemples de liberté intérieure et d’amour.

B. Clavel

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8 novembre 2010 1 08 /11 /novembre /2010 23:32

 

 

 

Editions : SEUIL

Parution : Octobre 2009

341 pages 

21,50 €

 

Beaucoup de lenteur dans une atmosphère toute scandinave, mais pas d’ennui dans cette lecture : juste le sentiment qu’une vie isolée, loin des misères du monde, est vide de sens. Après avoir commis une erreur chirurgicale irréparable, le docteur Fredrik Welin a pris refuge sur une minuscule  île de la Baltique appartenant à son grand-père. Une suite de symboles pleins de  signification s’accumulent, comme  un plongeon quotidien dans l’eau glacée pour se sentir exister, une fourmilière libre d’envahir une salle à manger par lassitude du propriétaire , une paire de chaussures réalisée comme une œuvre d’art dans un contexte de grande pauvreté….Le moral de Frederik Welin est bien bas quand il retrouve   la vieille Hariett se  traînant sur la glace avec son déambulateur et ses bouteilles d’alcool pour alléger un cancer incurable,  Agnès la manchote et ses protégées déséquilibrées, Louise, l’hystérique passionnée, ou le facteur hypocondriaque..Et ce sont justement ces personnages malheureux  qui vont redonner le goût de vivre à Frederik Welin et lui permettre de se faire pardonner ses erreurs de jeunesse. B.Clavel

 

 

 

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2 novembre 2010 2 02 /11 /novembre /2010 14:00
« La carte et le territoire » de Michel Houellebecq

 Editions : Flammarion

 Parution:Septembre2010                                                         428 pages                                                        

22 €

 

 

 

  Michel Houellebecq qualifie son livre de « stratégie littéraire ». Si son espoir est de remporter  le Prix Goncourt, en tout cas il amuse ses lecteurs  par son  imagination fertile, une maturité naissante et une désinvolture indéniable. Ame blessée par la vie, Houellebecq  recourt autant à l’autosatisfaction qu’à l’autodérision et parvient à faire rire autant qu’à réfléchir. Egocentrisme, parisianisme et fantasmes à la mode, tels pourraient être les caractéristiques de ce livre qui reste passionnant. En effet  Houellebecq lui-même est le personnage central : il se dépeint en tous ses états mais toujours pour contribuer à sa propre réputation, celle d’ « un grand créateur ». Pour ajouter de la crédibilité à son histoire, il donne la parole au début à Beigbeder qui le connaît bien, puis à la fin nous annonce la mort factice de celui-ci, comme pour rappeler au lecteur que les amis s’en vont sans crier gare. Le personnage  de Houellebecq ne s’arrête pas là. Deux protagonistes sont ses porte-paroles, sincères ou ironiques. D’abord Jed Martin, artiste en puissance qui s’ignore, et le commissaire J-P Jasselin qui doit sa vocation à une angoisse de l’enfance. Hommes de cœur, ils sont pleins d’originalité et d’anticonformisme vis-à-vis des idées toutes faites. Ils révèlent petit à petit leurs raisons de vivre : écouter un père vieillissant, « ne pas augmenter la médiocrité au monde », combattre l’euthanasie et l’incinération, reconnaître à l’être humain « conscience unique, individuelle et irremplaçable », se retirer pour contempler la force de la végétation,  sortir de sa retraite pour ne pas se laisser dévorer par le temps. Telle  est l’ambition de Michel Houellebecq en  cette rentrée littéraire, tout en laissant  le lecteur sur sa faim: humour noir ou sincérité ou les deux à la fois?

Brigitte Clavel

 

 

 

 

 

 

 

 

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23 octobre 2010 6 23 /10 /octobre /2010 10:10

 

Editions : Albin Michel

Parution : Septembre 2010

169 pages

15,90 €

 

 

Autant Amélie Nothomb était passée inaperçue lors de la rentrée littéraire de Septembre 2009, autant cette année son  nouveau livre fait parler d’elle. Plaidoyer contre la guerre  en Irak, apitoiement sur le sort des troufions habillés en XXXXL qui seront les derniers renvoyés au pays, ce livre est comme une supplique , non seulement de la part de ceux qui partent à la guerre, mais aussi  de ceux qui font l’objet de mépris, de non-reconnaissance sociale devant lesquels la narratrice sait s’arrêter. Amélie Nothomb s’est toujours fait une gloire de répondre à tout le courrier qu’elle recevait. Le lecteur suit alors sa correspondance avec un soldat américain à Bagdad, Melvin Mapple, qui, à cause d’une vie meurtrière, ne trouve consolation que dans un excès de nourriture  et son épanchement auprès de l’auteur dont il connaît tous les romans. Celle-ci, au lieu de le dissuader, sublime son excès de poids qu’elle encourage à poursuivre comme « un projet d’art » et à  montrer aux médias comme une action purement politique. Car tous deux sont d’un commun accord : « il s’agit d’exprimer à la face du monde l’horreur sans précédent de cette guerre ». Ainsi le succès d’Amélie Nothomb s’explique clairement par une littérature engagée sur un ton sarcastique de jeune femme libre et spontanée, même si ce soldat  n’était qu’une pure chimère…, prétexte à son combat… politiquement correct.

Brigitte Clavel

 

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21 octobre 2010 4 21 /10 /octobre /2010 18:17

 

 

 Editions : Albin Michel

Parution : Février 2010

216 pages

18 €

 

 

Ce scénario réaliste et vivant  situé dans un haut lieu de la Résistance, l’Ariège, a tout pour faire l’objet d’un téléfilm. Les thèmes sont typiques de cette période : la fougue et le courage des Résistants face à la cruauté des occupants, la peur de certains villageois  qui se transforme en trahison, le sentiment de honte qui peut affliger toute la  descendance d’un coupable. Le maire du petit village convoque, selon  le vœu d’une défunte, les fils de quatre victimes de la milice pour éluder le mystère d’une trahison certaine. C’est l’amour avec lequel  l’auteur décrit son pays qui tient en haleine le lecteur, plus que  cette page de l’histoire par trop connue qui divisa la France en deux et développa la haine sur au moins deux générations.

Brigitte Clavel

 

 

 

 

 

 

 

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15 octobre 2010 5 15 /10 /octobre /2010 21:13

 

 

 

Editions : Robert Laffont

Parution : 2010

292 pages

21 €

 

Jean d’Ormesson ne cache pas que ce livre est le fruit de toute une vie. Homme mûr qui surabonde en connaissances scientifique autant que philosophique et littéraire, il a la spontanéité de l’adolescent qui pose des questions existentielles. A ses  qualités  d’honnête homme cultivé  il serait bon d’ajouter celle d’un pédagogue qui  fait don de son savoir, comme d’un remède pour mieux vivre et mieux mourir.
Pour cela il fait alterner deux voix : celle de  Dieu qu’il nomme « le rêve du Vieux »  et celle du commun des mortels qui cherche son chemin comme « le fil du labyrinthe », celle qui a réponse à tout et celle qui  a du mal à comprendre, celle qui est et celle qui interroge.

Rien n’est certain pour Jean d’Ormesson : sa seule certitude est la mort. Mais, comme pour encourager l’humanité, il s’empresse d’ajouter : « nous ne mourrons pas : nous mourons. » Et en tant qu’homme jouisseur de la vie, il ajoute: « il y a autre chose que ce monde » et c’est habilement que J. d’ Ormesson nous entraîne petit à petit  dans l’au-delà.

 La connaissance  apparaiît alors,  non pas comme un bagage trop lourd à porter, mais  comme une clé qui ouvre tous les horizons.  L’histoire de l’Evolution allonge l’histoire  de la Création. Dieu et les hommes en ressortent plus forts; « la science est une tâche infinie », l’homme grandit par ses découvertes en même temps que Celui qui les lui a insufflées. Alors « un bonheur m’envahit ». 

Brigitte Clavel

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8 octobre 2010 5 08 /10 /octobre /2010 08:49

 

 

Editions : Actes Sud

Parution : Janvier 2010

188 pages 18 €

 

 

Un désir de vivre intensément à partir de peinture incite trois  sœurs, Fanny, Susannah et Diotime à inventer " un Jeu " : remplacer leur professeur des Beaux-arts, trop rigide pour notre deuxième millénaire,  par un artiste peintre anglais du XVIII, Alexander Cozens. La méthode  de ce dernier est toute suggestive : aux reproductions scrupuleuses il préfère des taches de couleurs  à plusieurs interprétations possibles. Les trois sœurs y trouvent leur bonheur. Elles remplacent le travail de  précision par  le flou, les sujets  traditionnels  par le nu pour compenser" le manque", source de l’invention selon elles. Elles se veulent imaginatives, confondent art et sensation, donnent " de la chair à la vie", "de la chair à l’absence", de l’intime avant tout, surtout quand on a la malchance d’être devenue aveugle comme Diotime. Livre magnifiquement écrit où malheureusement le besoin des trois sœurs devient pur fantasme sensuel et finit par les éloigner du monde de la peinture pour les amener dans celui de l’imaginaire.

Brigitte Clavel

 

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28 septembre 2010 2 28 /09 /septembre /2010 21:45

 

 

 Editions : Actes Sud

Parution : Août 2010

189 pages

18 €

 

 

Le titre de ce livre aurait pu être aussi bien « Katrina » qu’ « Ouragan ». L’histoire, en effet, est celle que connut la Nouvelle-Orléans en 2005. Laurent Gaudé nous trace quelques portraits types au milieu de cette catastrophe qui transforma la ville en un chaos irréversible. Joséphine, « négresse depuis plus de cent ans », n’a pas peur d’être engloutie. Keanu Burns n’hésite pas à faire face à l’ouragan  pour rejoindre Rose et retrouver son «  petit négrillon ».  Les prisonniers abandonnés à leur sort s’évadent et deviennent maitres de la ville tandis qu’un révérend père est assailli par la folie.  Dès la première page  le rythme est lent, les phrases longues  et les répétitions  nombreuses : l’horreur du cataclysme  pénètre jusqu’aux os. La violence  des hommes est à la mesure de celle des éléments naturels et chacun y fait face à sa façon.  Les atrocités  de l’existence sont à leur paroxysme, apportent aux uns la haine, à d’autres l’amour : un vrai livre de Job où le lecteur découvre  « la nudité vraie des choses » .

Brigitte Clavel

 

 

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