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29 septembre 2015 2 29 /09 /septembre /2015 22:07

 

 

Editions des Equateurs

Parution : Mai 2014

231 pages

13,50 €

Estimation : 4 /5

 

Certains pensent qu’il faut être cloué au lit  pour lire Marcel Proust, d’autres qu’il faut la torpeur de l’été. Gageons que l’automne soit le moment le plus opportun ! Un travail collectif de plusieurs spécialistes de Proust  y contribue. Ceux-ci voient dans  « le  temps perdu » et « le temps retrouvé" une initiation philosophique, la différence  entre le moi social  et le moi profond, entre inspiration  et  écriture, entre mémoires volontaire et involontaire. Alors loin l’idée d’une confession de la part de Proust, mais plutôt une  fresque  de portaits  toujours inspirés par « la comédie humaine » et  par le temps, principal agissant, même s'ils apparaissent comme des "ombres impénétrables".  En faisant du sentiment amoureux un  thème important, Proust pointe du doigt  les vertus et les vices, la générosité et la tyrannie, si bien que l’amour est indissociable  de la souffrance, outil indispensable de la connaissance. C’est pourquoi l’imaginaire est  important,  « voie obligée de l’écriture », seul moyen de venir à bout de la quête d’identité et de  "garder toujours un morceau de ciel bleu au-dessus de votre tête". Enfin c’est un air pur qui balaie sa chambre quand  Marcel Proust se révèle aussi patriotique qu’humaniste en  rendant  hommage à tous les soldats sublimes qui rachètent les blancs-becs en smoking…Un petit condensé  précieux des trois mille pages de toute une vie …

Brigitte Clavel Delsol

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28 septembre 2015 1 28 /09 /septembre /2015 11:26

 

Editions : Rivages

Parution : Mars 2015

217 pages

21 €

Estimation : 4,5 / 5

Quand on découvre « la théorie révolutionnaire de l’existence du merveilleux dans la vie » de G.K. Chesterton, on comprend pourquoi F. Rivière  consacre un livre à cette célébrité britannique trop souvent mal connue. Cette biographie rédigée avec la même originalité que celle de  son sujet est  passionnante, révélant heurs et malheurs d’un écrivain qui touche au dessin, au journalisme, à la poésie, aux nouvelles, romans et essais, sans parler de ses innombrables conférences internationales. Tout est paradoxal chez ce bon vivant qui s’attaque à l’establishment britannique, et chez cet anglican qui ne jure que par la religion catholique. Mais, dira Kafka, « il est tellement joyeux qu’on ne peut s’empêcher de penser qu’il a trouvé Dieu » et c’est peut–être et sans doute grâce à cette trouvaille que Chesterton  tient une place importante dans la littérature. Car  si les personnages de ses romans  policiers sont  excentriques, « ils soulèvent le couvercle de l’anxiété qui l’étreint sournoisement ». Chacun d’eux n’est que prétexte à une symbolique profonde : G.K. Chesterton mêle le comique au tragique avec une aisance toute shakespearienne, son tempérament ambivalent ne fait qu’ajouter de la fantaisie à une rigueur morale intransigeante. Ses talents d’orateur enchantent le public séduit par sa facilité d’aborder tous les sujets : G.K. Chesterton réfute l’évolutionnisme  de Darwin , développe le distributisme, théorie politique qui lui est chère,  tout en poursuivant la saga policière de Mr Brown  ou la biographie de St François d’Assise ! Mais avant d’être un homme séduisant, Chesterton est un homme de conviction  qui tient à défendre que le catholicisme n’est point « une petite secte » mais une philosophie vivante  et que, sans elle, les "monstres" guettent sans cesse et mènent à un monde de fous dangereux. Alors son souci du  genre humain et  son humour redoublent, tandis que sa fierté n’est autre que celle d’être appelé « Uncle Chesnut », et sa joie de voir que «  la prohibition n’est après tout pas une mauvaise chose puisqu’elle incite les gens à fabriquer eux-mêmes leur alcool! ».  Aux lecteurs de F. Rivière il ne reste plus que  d’aller se détendre avec  Mr Brown   dont le but unique est de  convertir et faire rire  tout à la fois …

Brigitte Clavel Delsol

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23 septembre 2015 3 23 /09 /septembre /2015 08:30


Éditions : Grasset
Parution: 2013
346 pages
19 €
Estimation : 4,5 / 5
Qui est vraiment cet ermite Nikodime au tempérament tourmenté et au passé inconnu ? En  1937 les bolcheviques pillent les églises et exterminent prêtres et moines. Après avoir recueilli une douzaine de rescapés,   Nikodime crée " la confrérie des moines volants"  qui se donne pour mission  de sauver les trésors d'art sacré encore épargnés . L'intérêt du livre va au-delà de cette initiative courageuse qui fit de Nikodime un grand martyre orthodoxe. Car deux générations plus tard un dénommé Mathias Marceau fait des découvertes inattendues au décès de son père dont il ignore tout. Pourquoi celui-ci ne lui a jamais dit qu'il était orthodoxe, qu'il peignait des icônes et les envoyait  au père   Ashrakoff pour la réouverture des églises russes, et d'où venaient ses mains épaisses  et rugueuses , lui le fin ébéniste? Tandis que  le lecteur y reconnaît celles du rustre Nikodime, Mathias va découvrir le secret de sa grand-mère qu'il n'a jamais connue et surtout la cachette des trésors sauvés par la confrérie. Mais , comme Nikodime lui-même, l'URSS des années 2000 n'a pas envie de déterrer un passé qu'elle s'efforce d'oublier.  Mathias , le petit photographe de mode française , et Ashrakoff, l'humble prêtre sans autre ambition que d'aider ses proches, sauront-t-réagir pour mettre au grand jour les crimes dont personne ne se veut responsable?  Livre magnifique sur le rachat du  péché, seule porte ouverte à la rédemption.
Brigitte Clavel Delsol 

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19 septembre 2015 6 19 /09 /septembre /2015 08:36


Éditions : Julliard
Parution : Août 2015
Prix : 18 €
. Estimation 4,75/5
Dans son dernier roman Yasmina khadra se surpasse . Si le sujet semble rébarbatif  au premier abord, le lecteur à vite fait d être séduit  par l'envolée de l'écriture qui fait d'un petit berger bâtard un tyran sanguinaire.  La parole est au colonel Kadafi , mais c'est le portrait  de tout dictateur déchu que Khadra parvient à dépeindre. La lucidité du  Raïs sur lui - même comme sur son peuple est aussi grande que sa cruauté .  Se croyant infaillible dans ses jugements, il se plaît à désarçonner ses plus fidèles serviteurs pour les éliminer un à un et rester seul sur la scène politique .La servilité des uns comme la révolte des autres excitent sa cruauté  en même temps que sa verve. Se prenant pour un élu des dieux avant de se considérer comme un dieu lui même le Rais finira par  comprendre  qu'il n'est pas aisé de "mettre à genoux la fatalité". Celui qui disait  ne pas craindre la mort mourra comme un rat tétanisé . Yasmina Kadra n' a d'autres intentions que de rappeler  les dangers d un pouvoir dictatorial . Il réussit à merveille  grâce à une biographie approfondie et des faits historiques précis.

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15 septembre 2015 2 15 /09 /septembre /2015 12:38

 

 

Editions : Albin Michel

Parutions : 2014-2015

20 €

Estimation : 4, 75/5

 

Cet écrivain irlandais mérite d’être plus connu en France. Ses deux derniers romans sont des splendeurs. « Un ciel rouge le matin » est bouleversant.  Avec art il dépeint la pauvreté de l’Irlande au début du XIXème, le miracle qu’était alors  une traversée de l’Atlantique et le débarquement sur l’eldorado américain qui se révèle être un cimetière. En 1832, au nord-ouest de l’Irlande, Coll Coyle, sans raison expulsé de sa ferme, tue de colère le fils arrogant de son riche  propriétaire et s’enfuit avec pour seule arme et seule ancre le ruban de sa fille. Si l’atmosphère est du début à la fin celle du combat incessant pour survivre à travers les tourbières irlandaises, les tempêtes en bateau et un choléra impitoyable outre-mer,  le style sait rester à la hauteur de toutes les espérances,  réaliste, mais pas dénudé de poésie, violent plus qu’on ne saurait l’imaginer, mais plein de sensibilité sous-jacente. Roman qui incite à lire « La neige noire »,  paru cet été, tout aussi magnifique.  Le thème  de l’immigration y  est d’autant plus dramatique que c’est dans son Irlande natale que rentre cette fois  le personnage principal, Barnabas Kane, où il subit, comme Coll Coyle, les impitoyables cruautés de la terre et des hommes.  Paul Lynch met en exergue ces beaux vers de T.S. Eliot : « Quand viendront les temps du malheur,/ Qui se souviendra de ma maison, où vivront /  Les enfants de mes enfants ? »… Deux histoires intemporelles…

Brigitte Clavel Delsol

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4 septembre 2015 5 04 /09 /septembre /2015 14:42

 

 

 

Editions : Gaïa

Parution : Mai 2015

282 pages

20 €

Estimation : 2,5/5

 

 

Ce nouveau roman a tout du scénario où le contraste entre deux portraits de femmes, toutes deux restauratrices de livres anciens, n’est que prétexte à faire découvrir le monde de la reliure et les rêves qu’il suscite. Si le seul intérêt d’Astride Malinger est  de s’enrichir par la restauration d’un Premier Folio de Shakespeare, celui de Mathilde Berger est tout autre. Il s’agit pour celle-ci d’une approche amoureuse de Shakespeare, grâce à un illustre inconnu, John, dont elle a découvert les manuscrits en des circonstances rocambolesques. Le style comme les confidences de ce domestique élevé au rang de gardien des écrits de l’illustre « braconnier des âmes » vont  la séduire  et lui faire découvrir l’homme qui se cachait  derrière le maître d’œuvres.  Dommage qu'Anne Delaflotte Mehdevi s’étende plus sur les querelles de deux femmes au tempérament incompatible que sur cette belle amitié du domestique qui protégea l’homme du théâtre! Toutefois son envie de se plonger dans les biographies de Shakespeare est fort communicative et bénéfique…

B Clavel Delsol

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26 août 2015 3 26 /08 /août /2015 13:42

 

 

Editions : Gallimard

Parution : Juin 2015

360 pages

20 €

Estimation : 4/5

 

Le dernier roman de Carole Martinez n’a pas attendu la rentrée littéraire pour remporter son habituel engouement. Son titre, très parlant, illustre les pentes de la vie  et les penchants des coeurs, semblables aux  rives pentues de la Loue où l’histoire de Blanche se déroule. Bien que l’atmosphère chère à l’auteur soit toute moyenâgeuse, pleine d’obscurantisme, régulée par une méchante  badine symbolique de la toute puissance paternelle  ou  les apparitions mystérieuses de Dame verte, allégorie de la rivière franche-comtoise, vengeresse de la peste dévorante, l’auteur ne cache pas son intention : « Il faut cesser avec ces histoires à dormir debout, et regarder le monde tel qu’il est ! ». Alors la plume de C. Martinez est semblable à la Loue, coule à flot jusqu’à ce que l’âge de l’innocence atteigne celui de la compréhension du monde et des hommes. Car si l’autoritarisme écarte le diable un instant, Blanche sait que la connaissance est plus efficace pour évincer celui-ci définitivement et que trois loups brodés sur une tunique protègent moins qu’une petite croix. Ainsi, tandis que la vielle âme se penche sur Blanche, c’est  l’enfant qui se penche vers l’éternel. Livre d’une très grande poésie où l’auteur se plaît comme toujours à coudre et découdre les fils de l’existence, véritable Pénélope qui, à force d’assembler mots et couleurs, transforme le noir de la vie en une tapisserie lumineuse.

Brigitte Clavel Delsol

 

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17 août 2015 1 17 /08 /août /2015 17:42

 

 

Editions : Les Escales

Parution : Mars 2015

440 pages

20,90 €

Estimation : 3/5

A défaut d’être le livre de l’été, « La mémoire des embruns » a néanmoins tous les attraits d’un livre au thème universel, celui du passé qui rattrape toujours le présent. A l’approche de sa mort  Mary Mason  est  replongée malgré elle dans ses jeunes années : un ami d’enfance frappe à sa porte et bouleverse son existence. Mary est déterminée, elle ne  finira pas  ses jours à l’hospice comme le veut sa fille,  mais retournera sur l’île Bruny,  là où elle fut si heureuse jusqu’au jour où elle fut trahie, pour trouver une solution à son dilemme présent. Et si le phare symbolise le point culminant de la solitude menacée, il représente aussi la verticale qu’il faut grimper pour obtenir le pardon d’un amour jamais révélé. Le lecteur assiste  à un chant à deux voix, celle de  Tom, le  benjamin esseulé, mécanicien qui rêve de l’Antarctique, et celle de Mary l’épouse mal aimée, mais toutes deux faisant l’éloge de la nature sauvage  qui se nourrit de vent salé,  d’embruns et d’amours impossibles. Livre envoûtant où les descriptions  sont de véritables tableaux de bords de mer, belle réminiscence des plages australiennes, pays de l'auteur et de ses personnages. 

Brigitte Clavel Delsol 

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5 août 2015 3 05 /08 /août /2015 11:56

 

Editions : Zulma

Parution : Août 201414

498 pages

23,50 €

Estimation : 3/5

 

 

Si Mme Bellwether pose  la question « mon fils est-il quelqu’un d’exceptionnel ou quelqu’un d’anormal? » le lecteur, lui, ne se le demande pas. Dès le début du roman il considère Eden,  comme un érudit antipathique, condescendant, le parfait narcissique. Néanmoins il continuera à lire ce gros pavé sans le moindre ennui, même si l’auteur avance lentement mais sûrement vers un dénouement inévitable. Il y a un abîme entre l’étudiant de  King’s College, pédant intellectuel et brillant organiste, et Oscar, aide-soignant plein de lucidité et de compassion. Si Eden voue un culte maladif  à Johann Mattheson, grand musicien du XVIII ème et précurseur de la musico-thérapie, il y ajoute une hypno-thérapie d’amateur qu’ Oscar a vite fait de juger dangereuse. Car, à part Oscar,   Eden n’a pas de mal à  convaincre  son petit groupe d’amis, la manipulation étant le plus grand de ses nombreux talents. Le malheur est que ce petit  génie apparent ne croit qu’en lui, renie toute science, religion et médecine, avec un complexe de supériorité tel qu’il efface toute  limite entre normalité et folie: thème plus actuel que jamais où le rejet de tout repère mène au dérèglement psychiatrique, du désespoir suicidaire comme dans « Le cercle des poètes disparus » jusqu’à l’homicide comme le décrit B. Wood avec justesse.

B. Clavel Delsol

 

 

Editions : Zulma

Parution : Août 2014

498 pages

23,50 €

Estimation : 3/5

 

Si Mme Bellwether pose  la question « mon fils est-il quelqu’un d’exceptionnel ou quelqu’un d’anormal? » le lecteur lui ne se le demande pas. Dès le début du roman il considère Eden,  comme un érudit antipathique, condescendant, le parfait narcissique. Néanmoins il continuera à lire ce gros pavé sans le moindre ennui, même si l’auteur avance lentement mais sûrement vers un dénouement inévitable. Il y a un abîme entre l’étudiant de  King’s College, pédant intellectuel et brillant organiste, et Oscar, aide-soignant plein de lucidité et de compassion. Si Eden voue un culte maladif  à Johann Mattheson, grand musicien du XVIII ème et précurseur de la musico-thérapie, il y ajoute une hypno-thérapie d’amateur qu’ Oscar a vite fait de juger dangereuse. Car, à part Oscar,   Eden n’a pas de mal à  convaincre  son petit groupe d’amis, la manipulation étant le plus grand de ses nombreux talents. Le malheur est que ce petit  génie apparent ne croit qu’en lui, renie toute science, religion et médecine, avec un complexe de supériorité tel qu’il efface toute  limite entre normalité et folie: thème plus actuel que jamais où le rejet de tout repère mène au dérèglement psychiatrique, du désespoir suicidaire comme dans « Le cercle des poètes disparus » jusqu’à l’homicide comme le décrit B. Wood avec justesse.

B. Clavel Delsol

Editions : Zulma

Parution : Août 2014

498 pages

23,50 €

Estimation : 3/5

 

Si Mme Bellwether pose  la question « mon fils est-il quelqu’un d’exceptionnel ou quelqu’un d’anormal? » le lecteur lui ne se le demande pas. Dès le début du roman il considère Eden,  comme un érudit antipathique, condescendant, le parfait narcissique. Néanmoins il continuera à lire ce gros pavé sans le moindre ennui, même si l’auteur avance lentement mais sûrement vers un dénouement inévitable. Il y a un abîme entre l’étudiant de  King’s College, pédant intellectuel et brillant organiste, et Oscar, aide-soignant plein de lucidité et de compassion. Si Eden voue un culte maladif  à Johann Mattheson, grand musicien du XVIII ème et précurseur de la musico-thérapie, il y ajoute une hypno-thérapie d’amateur qu’ Oscar a vite fait de juger dangereuse. Car, à part Oscar,   Eden n’a pas de mal à  convaincre  son petit groupe d’amis, la manipulation étant le plus grand de ses nombreux talents. Le malheur est que ce petit  génie apparent ne croit qu’en lui, renie toute science, religion et médecine, avec un complexe de supériorité tel qu’il efface toute  limite entre normalité et folie: thème plus actuel que jamais où le rejet de tout repère mène au dérèglement psychiatrique, du désespoir suicidaire comme dans « Le cercle des poètes disparus » jusqu’à l’homicide comme le décrit B. Wood avec justesse.

B. Clavel Delsol

Editions : Zulma

Parution : Août 2014

498 pages

23,50 €

Estimation : 3/5

 

Si Mme Bellwether pose  la question « mon fils est-il quelqu’un d’exceptionnel ou quelqu’un d’anormal? » le lecteur lui ne se le demande pas. Dès le début du roman il considère Eden,  comme un érudit antipathique, condescendant, le parfait narcissique. Néanmoins il continuera à lire ce gros pavé sans le moindre ennui, même si l’auteur avance lentement mais sûrement vers un dénouement inévitable. Il y a un abîme entre l’étudiant de  King’s College, pédant intellectuel et brillant organiste, et Oscar, aide-soignant plein de lucidité et de compassion. Si Eden voue un culte maladif  à Johann Mattheson, grand musicien du XVIII ème et précurseur de la musico-thérapie, il y ajoute une hypno-thérapie d’amateur qu’ Oscar a vite fait de juger dangereuse. Car, à part Oscar,   Eden n’a pas de mal à  convaincre  son petit groupe d’amis, la manipulation étant le plus grand de ses nombreux talents. Le malheur est que ce petit  génie apparent ne croit qu’en lui, renie toute science, religion et médecine, avec un complexe de supériorité tel qu’il efface toute  limite entre normalité et folie: thème plus actuel que jamais où le rejet de tout repère mène au dérèglement psychiatrique, du désespoir suicidaire comme dans « Le cercle des poètes disparus » jusqu’à l’homicide comme le décrit B. Wood avec justesse.

B. Clavel Delsol

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5 août 2015 3 05 /08 /août /2015 11:52

Editions des Equateurs

Parution : Juillet 2015

170 pages

13 €

 

 

Le petit ouvrage d’ Antoine Compagnon sur  Baudelaire est magnifique. Avec une grande simplicité il parvient à éclairer le mystère de ce poète maudit. Dès le début, la  sensibilité exacerbée de l’auteur des « Fleurs du Mal » est mise en évidence, car qui, plus  que lui, a la nostalgie de l’enfance ? Mais Baudelaire déteste les niaiseries, et s’il est plein de compassion pour les pauvres ou pour les vieilles femmes, de frayeur vis à vis de la solitude comme de la mort,  il  recourt en permanence  à une impitoyable dérision. Il n’est pas un romantique faiseur de discours. Son texte est le reflet même de sa personne toute entière, violent, laconique,  où  pensée  et  sentiment, raisonnement et intuition, joie et tristesse s’entremêlent et se combattent. Cet anarchiste aime la marijuana mais  loue le travail.  Ce partisan de la liberté bannit le progrès, pleure  le vieux Paris détruit par Haussmann. Antidémocrate, il est hostile à l’égalitarisme, mais reconnaît l’égale condition humaine  dans    l’homme ivre qui bat le pavé semblable au poète qui se cogne contre ses rimes, ou l’Albatros aux ailes de géant qui l’empêchent d’avancer. Mais c’est à Antoine Compagnon qu’il faut rendre grâce : il remet dans son  contexte  du XIXème le vocabulaire baudelairien trop souvent mal interprété, il fait de ce dandy un homme aussi vulnérable  que «  Les femmes damnées », il ne dissimule pas sa misogynie due à ses multiples déceptions amoureuses, mais rappelle sa fidélité à « la servante au grand cœur », il réhabilite « la Charogne » en y voyant non pas le vice mais l’horreur  de la décrépitude. En un mot il nous convainc que Baudelaire est « inclassable, irréductible à toute simplification ». Il ne pouvait pas  faire plus bel éloge à cet incurable  mélancolique qui s’embourbait dans la « boue » et ne rêvait que d’ « or » …

Brigitte Clavel Delsol

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