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1 mars 2017 3 01 /03 /mars /2017 07:37

Editions : Albin Michel

Parution : Février 2017

388 pages

22 €

 

C’est en historienne,  avec des lettres authentiques d’Henri IV à l’appui, qu’Isaure de Saint Pierre parvient à décrire  jour après jour l’emploi du temps de ce roi,  en y ajoutant tout l’art d’une romancière. Lecture passionnante qui montre à quel prix un royaume se conquiert  et une histoire d’amour se construit ! L’auteur n’omet aucun des multiples départs précipités du roi, aussi guerrier qu’épicurien, pour procurer paix civile et religieuse à plus d’une province et obtenir du pape  qu'il  ratifie son « démariage » avec la reine Margot pour sa propre paix intérieure. Beaucoup de vérité   dans le portait   de cet huguenot  converti, plein de désir de réconciliation nationale, généreux avec les fonds du Trésor, mais prêt à les reprendre pour  payer ses troupes de soldats. Quant à Gabrielle d’Estrées, son amour l’incite à tout faire « pour le plaisir du roi ». Certes elle appréhende un mariage  avec Marie de Médicis ou l’Infante d’Espagne « pour le bien de l’Etat » et découvre avec horreur les placards qui la dénoncent comme « la putain du roi ». Elle n’en admire que plus son amant,  célèbre  pour son panache blanc, mais dont le  bonheur est de se promener seul  dans  le plus grand anonymat ou avec elle dans la plus grande pompe. Alors d’où vient son pressentiment  « Il n’y a plus que Dieu et la mort du roi pour m’empêcher d’être reine » ? Car Gabrielle ne sera jamais reine, mais grâce à Isaure de saint Pierre, sera la seule à porter le nom de  « la presque reine ». Bel ouvrage pour raviver notre histoire de France !

B.C.D

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26 février 2017 7 26 /02 /février /2017 11:59

Editions : Salvator

Parution : Mars 2016

183 pages

18,50 €

C’est une succession d’évènements qui ont forgé la vie de Roger Bichelberger et une série d’épreuves qui l’ont sauvé. Cette autobiographie, touchante de simplicité, paraît être celle d’un  homme d’une autre époque. Et pourtant l’auteur est un contemporain. Ecolier au château d’Art-sur-Meurthe en Moselle puis pensionnaire  au  collège Saint-Hippolyte fondé par les frères marianistes au pied du château du Haut-Koenigsbourg en Alsace, il est touché par le dévouement, le talent pédagogique  et le niveau des connaissances de ses professeurs. Il les évoque  sans en oublier aucun,  le père Leclerc, Monsieur Sonntag, le père Jules Hasler  et bien d’autres  qui  susciteront en lui un désir de transmettre ce qu’ils lui ont dispensé. Si une grave pleurésie  entrave ses projets comme  plus tard  la tuberculose atteint  son épouse, tous deux ne s’en sortiront que plus forts et utiles à leur entourage.  Car comme le dit R. Bichelberger  lui même, « ce sont de ces pauvretés que naissent les grâces qui nous comblent ». En effet ce  fervent lecteur de René Bazin, François Mauriac, Olivier  Clément… se liera d’amitié avec  Jacques Bourbon Busset qui le convaincra à tout jamais que dans la vie comme dans le mariage « chacun devient l’œuvre de l’autre ». Emouvante confidence qui incite à s’extirper du « somnambulisme ordinaire » et se tenir en état d’éveil tout  en faisant confiance à la Providence …

B.C.D

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20 février 2017 1 20 /02 /février /2017 22:31

Editions : Stock

Parution : Janvier 2017

385 pages

20,50 €

Estimation : 4/5

C’est un long voyage  à travers l’Empire du  Japon du XIIème siècle  que le lecteur entreprend dans les pas de Miyuki, depuis les terres reculées les plus pauvres jusqu’au palais impérial.  Jeune veuve d’un pêcheur qui enrichissait son village en fournissant à la cour les plus belles carpes du pays, Miyuki veut poursuivre la tâche de son époux. Quiconque s’est frotté à la mort doit être mis en quarantaine. Mais Miyuki fait fi de toute  coutume et superstition. Elle partira à la place de son mari pour secourir tous ceux dans le besoin,  jusqu’à porter sur elle non seulement l’odeur de son époux mais celle du dur labeur, de la souillure et de la mort. Quelle surprise quand  Miyuki est invitée par le directeur du Bureau des Jardins et des Etangs à participer au concours impérial des parfums !  Par ce conte où s’entremêlent les pires odeurs et  les plus belles fragrances, les heures les plus douces comme les plus cruelles,  Didier Decoin  semble vouloir rappeler l’importance de  l’existence  par rapport à l’apparence.  De Miyuki émane non pas un parfum de décor, mais la senteur même de la vie avec tout ce qu’elle comporte de beauté et de misère.  Le style de l’auteur est relevé comme l’odeur de Miyuki que le lecteur  suit à la trace sans une minute d’ennui, tout à la joie de découvrir le Japon médiéval et l’éternelle condition humaine …

B.C.D.

 

 

 

 

 

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7 février 2017 2 07 /02 /février /2017 19:38

Les Editions de Minuit

Parution : Novembre 2016

 239 pages

17 €

2,5/5

 

Skinhead, toxicomane, raciste, Samuel a tout du délinquant mal dans sa peau.  Sibylle, sa mère, veut lui redonner goût à la vie. Une traversée  du Kirghizistan à cheval, loin des contraintes d’une vie bourgeoise, devrait selon elle lui faire oublier le divorce  de ses parents qui l’affecte. Elle l'emmène malgré lui dans les montagnes et  les lacs  de cette terre aride, que l'auteur décrit à merveille avec ses yourtes, ses voleurs de chevaux et ses loups. Mais  cette échappée qui partait d’un bon sentiment de la part de Sibylle a sur elle un effet imprévisible.  Hantée par les échecs de Samuel, ce sont ses propres déceptions qui ressurgissent. Le lecteur assiste à un chassé-croisé  entre mère et fils, où chacun des deux s’observent à la sauvette, Samuel découvrant en Sybille une femme plus qu’une mère, et lui-même apparaissant plus homme qu'enfant. Ce roman est très plaisant de par le voyage original qu’il décrit et le vent de liberté qui le traverse. Mais les multiples répétitions « Samuel , Samuel …» dans la bouche de la mère angoissée rappellent le souffle divin qu’entend le Samuel de la  Bible et laissent présager dès le début les dangers périlleux d’une telle entreprise, alors que la voie de Dieu est si simple …  

B. C. D.

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6 février 2017 1 06 /02 /février /2017 19:51

Editions : Flammarion

Parution : janvier 2017

228 pages

19 €

Estimation : 4,5/5

 

« Romain Gary s’en va-t-en guerre » est aussi bouleversant que  « La Promesse de l’aube ».  La plume de L. Seksik fait écho à celle de l’autobiographe.  Le lecteur retrouve le jeune Roman, coiffé de sa chapka, errant désespérément dans Wilno, la « Jérusalem de Lituanie » où les provocations de petits voyous antisémites lui font moins mal que la tristesse de sa mère. Car  le désespoir et l’amour excessif de Nina ne lui échappent pas, même si celle-ci refoule ses sanglots  pour laisser place à un projet de vie à Paris ou sur la Riviera.  Mais dans cette nouvelle biographie de R. Gary,  Nina n’est plus le personnage unique de la vie de Roman. L’ombre de Arieh Kacew, le  père,  hante le  cœur de l'enfant qui fera tout pour le faire revenir au foyer.  L. Selsik dévoile pourquoi cette famille juive, fourreur de génération en génération, a toujours refusé l’excentricité de Nina, contraire à leur religion. Roman se sent déchiré entre la passion de Nina  et la faiblesse  d’Arieh qui le trahit en préférant une autre femme à sa mère et  un autre enfant à lui-même. Alors la leçon du rabbin Abraham Ginzburg lui revient,  son orgueil blessé se transforme en « une espérance que rien ne peut atteindre »,  en un désir de « hauteur céleste »,  qui le fera partir en guerre  au service des Forces Aériennes Françaises Libres pour permettre à ce père tant désiré  de  s’évader du ghetto de Wilno… Ainsi une destinée  incompréhensible   sur terre  peut devenir  très claire depuis le Ciel !

B.C.D.

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2 février 2017 4 02 /02 /février /2017 07:59

Editions ; Albin Michel

Parution : Septembre 2016

245 pages

19,90

 

Christian Signol n’en finit pas de charmer ses lecteurs comme lui-même a toujours été séduit par la beauté de la nature. Après une grave opération chirurgicale dans un hôpital parisien, son protagoniste décide de retourner dans le Quercy chez ses grands-parents où il a passé une partie de son enfance.  Plus qu’un hymne à la campagne, c’est un hymne à la vie que rend l’auteur. Car si le maréchal-ferrant et la sage-femme n’ont plus de raison professionnelle dans ce coin déserté par la nouvelle génération, il y a en eux une énergie communicative. Ils savent que  les murs tombés en ruines ne demandent qu’à être relevés, que la terre est source  de  richesses intarissables  et que  les parfums qui en émanent procurent un bonheur indéfectible. Ainsi c’est la confiance dans la vie que chacun ressent à sa façon, une paix procurée par le calme  des jours et des nuits qui se succèdent comme le rythme des saisons. Livre à rebours du temps,  vivement conseillé à l’heure où la pollution est devenue une obsession.

B.C.D.

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31 janvier 2017 2 31 /01 /janvier /2017 16:41

Editions : Albin Michel

Parution : Décembre 2016

288 pages

24 €

Estimation : 3,5/5

 

Au cœur de l’Irlande la nature humaine n’est pas aussi prometteuse que son environnement. Les ragots vont bon train, et le  jeune  Johnsey, employé à la coopérative du village, passe pour un attardé, un lourdeau, un demeuré. Les voyous en font leur souffre-douleur jusqu’à le martyriser. Bien pire,  tout le monde se ligue contre lui ou manoeuvre pour lui extirper ses richesses dont il est à peine conscient. Car une loi  récente vient de rendre constructibles  les terres de ses ancêtres dont jamais il ne se détachera. L’auteur dans sa peinture de la société n’oublie rien, ni la cupidité des uns, ni le dévoiement des autres, ni les mensonges de la presse et de la justice locales. Un seul personnage lucide, un ami providentiel, Dave Charabia, pas plus gâté par la vie que Johnsey, mais qui, comme l’indique son nom, a la chance d’avoir une force de discernement et un franc parler sans pareils.  Quand Johnsey le croit mort, tout se gâte subitement. Son incompréhension des évènements  et ses difficultés d’expression accentuent sa panique  et l’isolent plus que jamais. Que faire face à « la bêtise tapageuse » ? S’enfermer avec un fusil  ou égrener chacun des mois de l’année… L'histoire de ce coeur pur perdu au milieu d'une société marchande offre des passages très variés, certains pleins de poésie, d'autres plutôt grivois et comiques, mais tous pleins de vérité psychologique.
B.C.D.

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25 janvier 2017 3 25 /01 /janvier /2017 15:08

Editions : Viviane Hamy

Parution : Janvier 2017

263 pages

29 €

Estimation : 4/5

 L’amour de la nature sauvage  transcende ce  roman,  mais Cécile Coulon reste très lucide. Ce n’est pas sans raison qu’elle nomme « Les Trois-Gueules » un simple rocher fendu en trois parties, qui emportera plus d’une âme mais  fera aussi la richesse du village Les Fontaines. C’est là qu’André, jeune médecin, décide de s’installer.  Antichambre de l’enfer ou du paradis? Tel est l’énigme des trois générations qui vont s’y  succéder et connaître "trois saisons  d'orage". Car le travail  dans la  carrière  n’est pas sans risques et la culture de la terre pas de tout repos. D’ailleurs la femme d’André ne se résoudra jamais à y habiter et celle de son fils trouvera maints prétextes professionnels pour des aller-retours entre ville et montagne. Là-haut les habitants courbent l’échine mais  rayonnent de bonheur. Quand la carrière n’est plus assez rentable, la taille de la pierre vient compléter son extraction. Et quand les gens de la ville voient enfin  une manne dans cette fente rocheuse, l’agriculture se développe bien au-delà des "Trois-Gueules » toujours ouvertes et insatiables...  Ainsi la nature ne se révèle pas être  la seule  responsable de tous les malheurs. La mort  peut survenir  dans un simple sommeil,  comme  l’adultère  peut menacer la paix d’une famille et la guerre détruire une école pleine d’enfants. Seule  la beauté des lieux incite au sacrifice  et fait aimer la vie… Moment de lecture très délassant: les personnages sont très attachants et le lyrisme de Cécile Coulon parvient à concilier deux tendances trop souvent présentées comme antinomiques.  B C D   

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25 janvier 2017 3 25 /01 /janvier /2017 09:42

Editions : Julliard

Parution : Août 2016

295 pages

19,50€

Estimation : 4,5/5

 

C’est plus un tableau moral que pictural de la Havane que nous dépeint Yasmina Khadra. Sans apparaître comme un auteur de littérature engagée, car homme trop subtile et délicat, il dévoile à travers ce roman les conséquences matérielles et psychologiques engendrées par un État qui possède tout, gère tout, jusqu'à la vie privée des hommes, leur ôtant délibérément toute responsabilité et esprit d’initiative. Malgré le charme exotique de cette île pittoresque, les flots de la mer contre le béton du rivage résonnent comme la souffrance pérenne des Cubains. Car ceux-ci se cognent contre une misère incontournable si ce n’est par le son des trompettes et le bienfait de l'alcool et de la rumba. Le jour où l'Etat décide de se passer de la voix du célèbre don Fuego qui chante depuis trente-cinq ans au « Buena Vista », ancien palace rebaptisé en café pour la bonne cause prolétarienne,  l‘insouciance de celui-ci se transforme en colère avant de sombrer dans un désespoir sans retour. L’auteur décrit à merveille l’angoisse exacerbée de la vieillesse qui s'ajoute aux innombrables déceptions de la vie. Rien pour se reconstruire, pas même la foi en Dieu chassé au profit d’une idéologie politique. Jusqu’au moment où don Fuego, croyant au bonheur retrouvé, découvre avec horreur la nature humaine dénaturée par tant de pauvreté et qui fait des uns des moutons de Panurge et des autres des loups sanguinaires. Livre magnifique qui prouve une fois encore que le roman recèle plein de vérité.

B. C. D.

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14 janvier 2017 6 14 /01 /janvier /2017 11:55

Editions : La Coopérative

Parution : Janvier 2017

182 pages

20 €

 

Les éditions « la Coopérative » viennent de rééditer « L’art du Théâtre » que Sarah Bernhardt rédigea à la fin de sa vie. Si les talents de l’actrice sont mondialement reconnus, le lecteur découvre dans ce livre la femme écrivain tout aussi douée en écriture qu’en enseignement, qu’il soit professionnel ou philosophique. Certes sa plume déborde de « conseils amicaux » pour tous ceux qui se vouent au théâtre, metteurs en scènes et acteurs, maquilleurs et décorateurs, professeurs d’élocution et autres. Mais les littéraires apprécieront le style envolé de ce porte-parole de la poésie française. Car, à soixante-quinze ans, malgré la maladie qui lui valut l’amputation d’une jambe, Sarah Bernhardt garde une gaîté invincible due à la passion de sa profession qui fit d’elle non seulement une femme érudite, mais une intellectuelle au cœur tendre. En effet en bouleversant le monde entier par son implication sur les planches pour épouser ses rôles jusqu’à en mourir d’épuisement, elle contribue encore aujourd’hui à donner une leçon de bonheur à travers le dépassement de soi. Qui aujourd’hui plus qu’elle invite à ne pas se figer en « marionnettes étriquées », mais à considérer « ce qu’on nomme le travail comme recherche de la vérité » ? Ainsi le souci premier de Sarah Bernhardt fut de préserver aux mots leur beauté littéraire pour en faire « un murmure ininterrompu de source », tel que fut sa voix selon Jules Lemaître …

B.C.D.

 

 

 

 

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