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14 janvier 2014 2 14 /01 /janvier /2014 19:30

 

 

Editions : Gallimard

Parution : Décembre 2013

444 pages

21€

La relation amoureuse entre César, journaliste parisien, et Paz, belle photographe espagnole, démarre pour lui  par un coup de foudre  et pour elle par  "un contre-sens"... César part à sa recherche. Il est pourtant réaliste. Ses expériences   professionnelles sur les lieux de reportages  lui ont ôté toutes illusions  sur les voyages lointains, cette « drogue pour enfants gâtés de l’Europe ». Assagi, il aime  aveuglément  Paz, comme s’il voulait la sauver en même temps que lui-même. Mais tout les sépare. Le vedettariat ne fait qu’accentuer l’esprit frondeur de Paz. Sa  beauté parfaite  justifie ses frasques. Son ironie féroce et paradoxale révèle  un  cœur dur « comme du basalte » qui se réjouit de voir dans l’art révolutionnaire et apocalyptique les derniers instants de gloire de la vieille Europe en même temps que  le salut du grand terrorisme.  Ce qu’elle veut, c’est du nouveau, de l’exotisme, « pas du savoir » mais du « ressentir ».  Plus sensible à la survie des  requins en voie de disparition qu’à l’enfant qu’elle porte en elle, plus réceptive aux SMS de Marin l’inconnu qu’à l’amour sans borne de César le dévoué, Paz symbolise à elle seule la nouvelle génération : celle qui pense trouver son bonheur sous d’autres cieux, dans d’autres croyances, là où la nature est maîtresse, la femme entièrement libre, où les animaux ne sont jamais féroces, où seule la cruauté  appartient à la nature humaine. Roman original d’un contemporain lucide sur son siècle et sur  ce qui est en train de disparaître…Un style alternant     entre lyrisme et poncifs ne fait qu'accentuer le déchirement de l'auteur entre le monde d'hier et celui de demain. 

B Clavel 

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6 janvier 2014 1 06 /01 /janvier /2014 10:54

Editions : Zulma

Parution : Mai 2013 

286 pages 

9,95 €

 

 

Un roman qui fait couler beaucoup d'encre: les uns dénoncent sa platitude, les autres le poids des traditions. Et s'il fallait simplement y discerner une étude de la nature humaine  de la part de Zoyâ Pirzâd? A partir du dévouement exacerbé de Clarisse, mère de famille arménienne vivant à Abadan en Iran dans les années 1960-70, l'auteure fait surgir la force de l'égoïsme ambiant et universel. Instinct indomptable, celui-ci  est semblable à la pluie des sauterelles qui savent attaquer et se reposer les unes sur les autres pour jouir davantage de leur force destructrice. Douceur et ironie, réalisme et rêve rythment la banalité du quotidien.Personne n'est vraiment cruel ni méchant, mais chacun poursuit sa course au bonheur, unique objectif d'une société bornée dans ses préjugés, inconsciemment assise sur un volcan, à la merci d'un ciel toujours menaçant. Et le leitmotiv "C'est moi qui éteins les lumières" semble doucement se transformer en une action de grâce à celui qui sans bruit les allume, a conscience de la "pauvre humanité!" et permet d'y voir plus clair. Hymne à la vie, insupportable sans amour: chacun des personnages de ce joli roman en fait l'expérience...

Brigitte Clavel Delsol 


 


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23 décembre 2013 1 23 /12 /décembre /2013 08:18

           

 

 

 

Editions : Grasset

Parution : Novembre 2013

326 pages

19 €

 

 Il faut que le monde sache  les horreurs des massacres de Damour en 1976 comme ceux de Sabra et Chatila en 1982. Tel est l’objectif de l’auteur  qui lui a valu le prix Goncourt des Lycéens. Ancien reporter de guerre, Sorj Chalendon  séduit par son réalisme tout en ressemblant à ses héros pleins d’idéalisme. Sam, Aurore et Georges forment un trio d’étudiants révolutionnaires  qui comprennent  vite que la violence  est une faiblesse plus qu’une force. Tous trois sont férus de politique autant que de théâtre et partagent le même rêve de jouer à Beyrouth l’«Antigone» d’Anouilh. Les acteurs représenteraient à eux seuls tous les partis ennemis : Créon serait maronite, Antigone une palestinienne sunnite, les trois gardes chiites , Ismène une catholique arménienne, la nourrice chaldéenne  et le chœur juif…  Par amitié pour son ami en train de mourir d’un cancer, Georges quitte son cocon familial pour réaliser ce projet bien utopique. Car c’est un pays en pleine guerre civile dans lequel il débarque, « le Liban tue le Liban ».  Les familles réticentes à une telle représentation finissent par céder aux  acteurs de bonne volonté. Mais l’intellectuel parisien, metteur en scène naïf, devient vite témoin puis victime des attaques sanglantes où rien ne l’épargne, ni l’humiliation morale, ni les blessures physiques, ni la vision de crimes barbares. Parviendra-t-il alors à réunir les frères ennemis ? Rien n’échappe à Sorj Chalendon, ni la spirale de la violence, ni l’amour impossible, ni l’impuissance de la meilleure des volontés. Chef d’oeuvre littéraire tragique qui  ne fait pas peur à la jeunesse, même si le mur entre acteurs et spectateurs est aboli...

B Clavel Delsol

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18 décembre 2013 3 18 /12 /décembre /2013 09:49

 

 

Editions : Poche

Parution : 2008

1046 pages

11,10 €

 

 

 

Mille pages où la musique et le chant, qu’ils  soient classiques ou modernes, d'origine européenne  ou africaine, sont le seul ciment, au milieu du XXème siècle, de la société américaine  comme de la famille Storm. David Storm, juif allemand, rencontre lors du  célèbre récital de Marian Anderson à Washington en 1939, Delia Daley, infirmière noire exploitée par sa chef de service mais adulée par un père chirurgien, descendant d’esclaves qui lui a toujours dit : « Tu seras qui tu veux ». Quand Delia veut se consacrer au chant, épouser un physicien blanc qui fuit le nazisme, tout se complique. Heureusement le bonheur est infini entre ces deux êtres qui se promettent  de le perpétuer à travers  leurs  trois enfants. Le narrateur est l’un deux. Après avoir  accompagné au piano un frère  à la peau couleur de miel doué d’une voix de ténor mondialement reconnu, il se consacre à l’école communautaire de sa  sœur noire comme l’érable qui a toutes les  raisons de ne vouloir faire aucune concession au monde des Blancs, ni même à sa musique. Comme toute l'Amérique, la famille Storm est à son tour partagée. Heureusement  l’art n’a pas de limites, et si  un seul pavé tue une voix venue du ciel,  l’écriture de Richard Powers la fait toujours chanter. Livre pessimiste où l’enfer raciste est un cycle infernal auquel il semble, selon l’auteur, impossible  d’échapper. Seul l’amour individuel semble pouvoir sauver les rapports humains, aiguille dans une botte de foin…

 

B C

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12 décembre 2013 4 12 /12 /décembre /2013 13:57

 

Editions :  LE MOT ET LE RESTE

Parution : Avril 2013

111 pages

16 €

 


Hymne aux terres japonaises, à ses poètes, à ses automnes rouges qui précèdent la blancheur de l’hiver et l’envol de ses cygnes sauvages, ce livre séduira  autant  celui qui revient du Japon que  celui qui rêve d’y partir. Kenneth White a décidé d’y suivre  les traces de Bashô, célèbre poète du XVIIème siècle.  Comme celui-ci déjà à l’époque,  il préfère à Tokyo  les terres du Nord et les rivages lointains. Là il fait allégeance à la beauté encore vierge de la nature, écrit des haïkus semblables à ceux de Bashô par leur simplicité et aux vers baudelairiens par leurs « correspondances ». Mais une pointe d'amertume et de révolte subsiste : les habitants de Tokyo vivent dans des "cages", entourés de gadgets électroniques, de bruit et de néons,qu'il faut fuir à tout prix. Heureusement l’image finale des oiseaux tant attendus comble de bonheur  et de paix ce « pèlerin du vide » autant que le lecteur…

B C

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10 décembre 2013 2 10 /12 /décembre /2013 20:14

 

 

Editions : Quai Voltaire

Parution :Octobre2013
374 pages

22 €

 

L’Amérique profonde des années 1850 a inspiré un bien joli roman à  T. Chevalier. Une jeune anglaise immigrée, Honor Bright, se retrouve à Faithwell  au fin fond de l’Ohio, plaque  tournante pour les pionniers séduits  par l’ouest et les esclaves attirés par le nord. Là elle rejoint une communauté de quakers qui, malgré leurs aspirations religieuses, oscillent entre un rêve d’abolitionnisme et l’obéissance à un gouvernement  esclavagiste. Bien vite Honor découvre avec horreur  la chasse aux  esclaves noirs en fuite vers les  états libres et que la loi interdit de secourir. En adoptant le regard neuf d’une anglaise, T. Chevalier fait découvrir un Nouveau Monde bien différent de la vieille Angleterre. La douce Honor saura-t-elle devenir américaine ?  En tout cas, point de haine dans ce livre, car dans chacun des personnages, même le plus cruel,  est perçue « une étincelle divine ». L’austère petit village de Faithwell est bien, comme son nom l’indique, un  puits de foi dans l’homme.

B C

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5 décembre 2013 4 05 /12 /décembre /2013 22:14

 

 Editions : Albin Michel

Parution : Novembre 2013

566 pages

25 €

 

Qui est cette juive égyptienne aux noms successifs  de Mérit,  de Shlomit ou de Sophia, née il y a plus de trois millénaires, qui se promène dans le temps, fidèle à ses ancêtres comme à sa descendance ? Passante immortelle  parmi les hommes, elle côtoie les prophètes hébreux et les philosophes antiques, désireuse de comprendre la marche du monde et de contribuer comme eux au bonheur de l’humanité. 

 Sans doute le but de S. Janicot est le même que celui de son héroïne. Comme elle, elle remonte à plus de mille ans avant Jésus-Christ, pour actualiser un monde trop souvent mythique ou oublié. C’est d’une façon touchante et étonnamment humaine qu’elle fait revivre les grands évènements  de l’histoire, depuis les premiers pharaons  jusqu’aux balbutiements de la philosophie helléniste, en passant par l’Exode et l’éternelle course au bonheur. Rien de légendaire ou de théâtral dans les conquêtes présentées, qu’elles soient guerrières ou spirituelles. Seulement le désir continuel de lutter contre toute forme d'asservissement et promouvoir la dignité humaine. L’homme a toujours été en recherche. C’est  ce  labeur amoncelé depuis des siècles qui  a construit l’Occident et « la mémoire du monde ». Premier tome d’une trilogie aussi joli qu’instructif.

B C

 

 

 

 

 

 

 

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26 novembre 2013 2 26 /11 /novembre /2013 08:57

 

 

Editions : Albin Michel

Parution : Août 2013

564 pages

22,50 €

 

 

Si la guerre est un thème récurrent de la littérature, l’après-guerre n’est pas moins intéressant  ni moins révélateur de la nature humaine. C’est en effet le sort des « poilus rescapés » et des  « gueules cassées » qui a inspiré l’auteur du prix Goncourt 2013.  Point  d’ennui  dans ce long roman, mais sans doute une tendance pessimiste quant à la nature de l’homme : la bassesse des uns et le courage des autres s’entrelacent jusqu’à ne plus savoir si l’esprit de patriotisme  peut coexister avec celui de loyauté. Le soldat Albert Maillard a tout du anti-héros. Mais sa peur de mourir ne l’empêche pas de  découvrir le  double crime du lieutenant Henry d’Aulnay-Pradelle  et  de rester fidèle au soldat  Edouard Péricourt défiguré par un obus tandis qu’il lui sauvait la vie. Une haine mutuelle  s’instaure entre les deux soldats et leur lieutenant, « plus profonde et perverse que celle ressentie pour l’ennemi ». La spirale du ressentiment et du mensonge va se dérouler sans  fin. Et quand  la course pour l’argent commence, car certains veulent s’enrichir tandis que d’autres doivent survivre, la malhonnêteté n’épargne personne. Les morts tombés pour la France apparaissent une aubaine  et les  entreprises de cercueils ou de stèles une manne. Seule l’amitié indéfectible d’Albert  et  l’imagination  créatrice de la petite Louise apportent la solution au bonheur des « laissés –pour- compte » d’une nation  de vainqueurs que l’auteur dépeint  comme un pays vaincu. Si l’analyse psychologique est de qualité, le lecteur est en droit de regretter une vision caricaturale et destructrice  des valeurs traditionnelles, telle que l’image salie de sainte Clotilde, les  portraits diffamants des responsables de l’armée, sans parler du dénigrement  de la famille et  de l’esprit créateur d’entreprise  présenté comme un vol organisé.

Brigitte Clavel Delsol

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15 novembre 2013 5 15 /11 /novembre /2013 10:40

 

 

Editions : Flammarion

Parution : Septembre 2013

354 pages

20 €

 

 Inspiré d’une histoire vraie, ce roman se situe  en Argentine en 1987. La police d’Etat n’apprécie guère les psychologues  à la mode comme le docteur Puig et encore moins  les mères de famille qui, comme Eva Maria, se réfugient dans l’alcool pour oublier les crimes de la dictature. Tel est l’arrière fond de ce livre quand  le docteur Puig retrouve sa très belle et  jeune épouse Lisandra assassinée dans leur appartement. Les interrogatoires que celui-ci doit subir se font de plus en plus oppressants et son arrestation injustifiée  donne une occasion  de vengeance  à Eva Maria. Si les premières pages annoncent un roman policier, celui-ci devient un véritable recueil d’analyses de l’âme humaine. L'intérêt du livre réside dans le portrait de chacun des clients de Puig dont les tirades et les comportements révèlent toute la passion argentine. Sans doute ce deuxième roman d'Hélène Grémillon connaîtra-t-il auprès de ses lecteurs le même  succès que son premier livre "Le confident"! 

B .Clavel Delsol

 

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15 novembre 2013 5 15 /11 /novembre /2013 09:33

 

 

Editions : Flammarion

Parution : Avril 2013

288 pages

21,90 €

 

Rendre à  Lucrèce l’hommage qui lui est dû, telle est  l’intention de S .Greenbalt. S’il  y parvient   brillamment c’est  grâce à sa mise en scène  du célèbre  calligraphe Le Pogge, né en Toscane à l’ère qui voit naître  la typographie de Gutenberg. Préférant  au poste de secrétaire apostolique la chasse aux manuscrits antiques, celui-ci part à la recherche du « De rerum natura » de Lucrèce qui avait disparu et qu’il finit par retrouver à l’abbaye de Fulda au fin fond de l’Allemagne. D’emblée Le Pogge est séduit par la beauté poétique de ce long poème de 7400 hexamètres qui aborde cosmologie et métaphysique dans un très beau style métaphorique. Selon lui, l’art de Lucrèce réside dans une intuition scientifique où  « toutes les particules sont en mouvement dans un vide infini », prophétie  qui l’incite à adresser au ciel  de splendides prières suppliantes.  Ainsi Lucrèce  ne fait pas peur au Pogge,  car l’étude des Anciens  n’est pas un péché mortel tant qu’elle se cantonne à l’esthétique  de la forme poétique. C’est là où S. Greenbalt prend le relai du Pogge et fait  de Lucrèce, non plus un simple poète, mais un héros de modernité et de vérité scientifique où la loi du hasard gère le monde et lui inspire un « bréviaire d’athéisme ». Alors, pense-t-il, la divine Providence et l’éternité de l’âme n’ont plus de raison d’être et les religions, sources d’intolérance, ne font qu’entraver le plaisir sur terre. Le lecteur est  en droit de penser que, si  foi et  science se complètent plus qu’elles ne s’excluent, Lucrèce et Le Pogge sont bien plus d’avant-garde que S. Greenbalt !

B.C 

 

 

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