« CONVERSATION A LA CATEDRAL » par MARIO VARGAS LLOSA
Editions : Gallimard
Parution : Avril 2021
1er dépôt légal : 2015
Pourquoi un jeune Péruvien comme Santiago perd-il toute ambition ? Comment un régime politique peut-il se dégrader jusqu’à faire une contre-révolution sanguinaire en plein XXème siècle ? Mario Vargas Llosa nous donne la réponse par un récit labyrinthique de l’histoire de son pays. Richesse et pauvreté se côtoient, Légalité et Egalité rivalisent, pouvoirs politique et militaire se confondent, obéissance et trahison se succèdent, tandis que les épouses s’enferment dans leurs principes et les prostituées profitent jusqu’à l’indécence d’amants fortunés. Seul Santiago est attachant : ses amis marxistes le traitent de petit-bourgeois et ses parents de révolutionnaire. Car Santiago a honte de son père, supporteur de la dictature d’Odria, et veut gagner son indépendance en travaillant comme journaliste. A travers des dialogues chaotiques entre passé et présent, entre politiciens ou employés de maison, se dessine une société à la Houellebecq. On voit Cayo Bermudez, bras droit du ministre de l’intérieur du gouvernement odriste, surveiller, arrêter, supprimer le moindre rassemblement suspect, tout en relâchant Santiago, le fils de son ami. On assiste à la collaboration apparente avec le régime des entrepreneurs arrivistes comme don Firmin, le père de Santiago. Le parti unique organise des meetings où le peuple a l’obligation de se rendre, et ce, jusqu’à la victoire de la célèbre Coalition d’Arequipa. Les mœurs des dirigeants sont débridées à tel point que l’ex- maîtresse de don Cayo Bermudez finit par être assassinée, qu’Ambrio, ancien chauffeur de la famille de Santiago révèle l’inavouable sur don Firmin. Le style est très familier, les dialogues pleins de spontanéité, si bien qu’il faut un peu de temps au lecteur pour comprendre les allers retours dans le temps et découvrir la duplicité des personnages, quand les bons sentiments sont submergés par les pires exactions. Alors , en dehors des bordels, la vie se poursuit dans la plus grande monotonie. Seul le Rouquin , décidé à reprendre en main le sort de son pays et de sa famille, apporte avec sa chevelure quelque espoir de lumière…. Cet ouvrage est une belle démonstration a contrario de la nécessité d'une démocratie libérale et chrétienne !!!!
B.C.D.