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26 novembre 2016 6 26 /11 /novembre /2016 17:51

Editions : Flammarion

Parution : Août 2016

219 pages

20 €

 

«  La voix et le rythme comptent plus que les mots et le sens » dit Yasmina Reza. Sans doute est ce la raison pour laquelle le prix Renaudot 2016 lui fut attribué. Car son style est fluide, le rythme rapide, et le lecteur tourne les pages pour savoir jusqu’où peut aller l’hilarité ambiante d’une soirée de sexagénaires. Mais la pauvreté stylistique et thématique des dialogues rapportés dévoile le désespoir de chacun. Car tous semblent survivre grâce à l’alcool, la drogue, l’amour surtout quand il est masochiste, et le comique de situation  devient   vite  ridicule  avant de tourner à la tragédie. Sans doute  Yasmina Reza veut-elle, par le rire,  atténuer  un sarcasme blessant, une  révolte sous-jacente,  une amertume inconsolable face à « l’abîme » et au « non-sens ». Car, ironie du sort, ce sont les plus fragiles qui sont victimes. Lydie Manoscrivi, l’inconditionnelle du bio et de la protection des animaux, ne supporte ni le chat  ni la facétie de son mari. Elisabeth la narratrice s’enfonce par amitié dans le mensonge. Le sympathique Jean-Lino  Manoscrivi perd la tête sous l’emprise de la boisson et se retrouve derrière les barreaux, tandis que les égoïstes survivent grâce à leur bonne conscience. La  course au bonheur pour échapper au « temps vide » paraît bien vaine ! Ce prix littéraire symbolise  la crise de l’esprit  de toute une génération qui « déteste le recueillement » et pour laquelle l’harmonie du monde n’est qu’un mythe: « Ils ont du bol ceux qui pensent que la vie fait partie d’un ensemble ordonné! » Et si c’était justement la clé de l’énigme ?

B.C.D.

 

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22 novembre 2016 2 22 /11 /novembre /2016 09:27

Editions : Albin Michel

Parution : Novembre 2016

156 pages

14 €

L’âme a toujours été le cœur des romans de F. Cheng. Dans son dernier ouvrage, celle-ci   n’est plus une  simple allégorie qui élève le lecteur,  mais le thème d’une réflexion  à part entière.  Sans la reconnaissance de l’âme, l’homme est confronté au caractère inachevé et imparfait de l’existence.  Cheng ne discrédite ni « le rôle de base du corps » ni  « le rôle central de l’esprit » qui contribuent à l’édification de la société. Mais il met en garde  de ne pas  leur accorder une importance  excessive. Car le souci d’efficacité finit par primer sur l’acte gratuit,  le souci du temporel par rayer l’éternité. L’esprit comme le corps s’usent et meurent et c’est alors  le déni  de l’essence même de l’homme, de sa nature  divine,  qui en découle. Au contraire l’âme, en perpétuel osmose avec le Souffle de Vie, est la seule  partie de l’être qui ne connaît ni la détérioration, ni la disparition, mais qui est  le réceptacle de tous les sentiments accumulés, heureux et malheureux, source de créativité et de métamorphose. Tout le monde ne peut être artiste, mais tout le monde possède cette âme éternelle qui transmet de génération en génération un désir d’exister, de réaliser, indépendamment de toute réussite extérieure, cette unicité de l'être, don  miraculeux qui  donne un sens à la création comme à soi-même. De par sa réceptivité,  l’âme  ne cesse d’élargir son espace, de s’ouvrir au monde, de rejoindre l’universel, d’atteindre l’éternel.  Ainsi, bien  plus que le corps et l’esprit, une âme vivante  permet de vivre à la fois  de façon infinie et  on ne peut plus terrestre …

B.C.D

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16 novembre 2016 3 16 /11 /novembre /2016 13:27

Editions : Albin Michel

Parution : Octobre 2016

229 pages

17 ,90 €

Estimation : 2,5/5

 

Une chronique sociologique à travers une vie ordinaire  dans un style tout aussi modeste, tel est le dernier livre de B. Lapeyre.  Née en 1900, Mone a toujours travaillé aux côtés de sa mère en tant que repasseuse. Sa vie est d’une simplicité biblique,  et malgré de profonds  chagrins, Mone parvient à transmettre une paix intérieure à ceux qui la croisent. Le lecteur peut suivre à la trace ce XXème siècle où la France doit se relever de deux  guerres, où le progrès technique fait peur tout en  facilitant les tâches et améliorant l’élégance, mais où bien souvent  l’avidité matérielle et la liberté des mœurs éloignent du bonheur.  Simone incarne cette génération qui se satisfait du peu qu’elle a : un travail minutieux qui lui permet une existence paisible, où un voyage en car de Senlis à Paris suffit pour découvrir la haute couture et les musées d’art, une radio pour s’ouvrir au monde, une droiture où priment  reconnaissance et fidélité. Un livre écrit avec tant de précision qu’il semble être une histoire vraie,  à offrir aux rebelles insatisfaites  du XXIème, car, dit Bénédicte Lapeyre, « j’écris pour apporter un peu de bon sens ». 

B.C.D

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15 novembre 2016 2 15 /11 /novembre /2016 12:30

Editions : Grasset

Parution : Octobre 2016

215 pages

19 €

Estimation : 3/5

 

C’est dans un monde moyenâgeux aux apparences toutes légendaires que nous fait pénétrer Pascal Quignard.  Les personnages  ne sont pas anodins, les plus importants appartenant à la descendance de Charlemagne que  l’auteur sort  de l’ombre avec un style semblable à une baguette magique. Car princes et saints, fées et chamans s’entrecroisent pour  constituer une suite de fables et de contes, mais aussi le véritable  cours de l’Histoire qui coule  comme des larmes. Si les bêtes et les hommes ne font qu’un, les envahisseurs et les autochtones s’entretuent, les époux se lassent de leur femme, et  même les frères ne se ressemblent pas. Ainsi Nithard et Hartnid, petits-fils jumeaux de Charlemagne par leur mère, sont différents comme le jour et la nuit. Nithard se consacre à la défense  et à la langue de son pays, Hartnid s’embarque avec insouciance à la recherche du plaisir. Le premier devient un  célèbre historien (grâce auquel les serments  de Strasbourg de Février 842 ne seront pas  rédigés en latin mais en  franc) et un courageux  défenseur  contre l’invasion normande, le second vit  dans la plus grande indifférence au monde. Les intentions de l’auteur ne sont pas banales : la richesse du langage et la vertu de l’écriture sont source de grandeur et de liberté : Nithard les possédait,  Hartnid ne les avait qu’en apparence…Livre qui fera le plaisir des Européens régionalistes comme de ceux qui aiment l’histoire entourée d’un flou légendaire dans un  style des plus  poétiques !

B. C. D.

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15 novembre 2016 2 15 /11 /novembre /2016 12:10
« Un paquebot dans les arbres » par Valentine GOBY

 

Editions : Actes Sud

Parution : Août 2016

267 pages

19,80 €

 

C’est un bien joli livre que présente Valentine Goby où le capitaine du paquebot n’est autre qu’une jeune adolescente qui adore son père et  toute sa famille. La jolie couverture du livre est significative : Mathilde fera l’impossible pour sauver l’unité des siens.  Car la  diversité des caractères s’accroît avec les épreuves rencontrées et, s’il ne s’agit pas de «  La Peste » de Camus, le lecteur y retrouve les même différentes réactions individuelles devant une maladie contagieuse. L’histoire se passe dans les années 50 où la tuberculose fait rage. Paul Blanc tient un café « le Balto » qui est le cœur de la Roche-Guyon dans la campagne parisienne, où il joue de l’harmonica tandis que les gens viennent y boire, chanter et danser. Mais quand la maladie apparaît, tout le monde s’enfuit. Paul préfère l’insouciance, Odile sa femme lui reste toute dévouée, Annie la  jolie fille aînée, pour ne pas dire la préférée, s’éloigne peu à peu avec son fiancé, tandis que le petit frère s’enfonce dans la mélancolie.  Seule Mathilde réagit avec lucidité, multiplie ses visites au sanatorium, sans crainte pour ces bacilles qui tuent ni pour les assistantes publiques qui la placent avec son frère dans des familles impossibles. Si l’esprit  rebelle de Mathilde va parfois un peu loin, le lecteur ne peut qu’être attendri devant cette adolescente pleine de détermination et d’amour. Dommage que l’auteur termine sur un sombre tableau, celui de la guerre d’Algérie, de l’assassinat de Walid  et de  bien d’autres crimes,  qui efface à jamais  la joie ambiante  du début du livre !

B.C.D 

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8 novembre 2016 2 08 /11 /novembre /2016 10:22

Editions : Seuil

Parution : Octobre 2016

264 pages

18 €

 

Recueil de poésie en prose, leçon de bonheur simple, le journal intime d’un homme de trente-sept ans,révélé par son auteur aujourd'hui sexagénaire, se déroule comme une toile de peinture qu’on déplie au fur et à mesure des saisons. Les couleurs chatoyantes de l’automne apaisent le sentiment du temps qui passe, le blanc du gel ne fait pas peur,  et à toute cette douceur ressentie  il ne manque rien, pas même « le filet  de citron » semblable  à l’humour tendre d’Albert Cohen, ni la fidélité aux  fruits sauvages  comme aux êtres aimés qui bordent les chemins de l’existence. Point de complexe à chercher  le mot précis pour « s’approcher au plus juste d’un sentiment ». Et si le fantôme de  Bartelby rôde toujours, le souci du professeur  est le plus fort : transmettre aux plus jeunes que le sel de la terre est dans la convivialité, dans la réceptivité et pourquoi pas dans un journal intime ?.....Très joli livre, sans prétention mais plein de leçons. Car savoir regarder «  la couleur du temps » c’est cueillir tous les jours de la semaine comme un dimanche…

B.C.D

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5 novembre 2016 6 05 /11 /novembre /2016 08:06

Editions : Albin Michel

Parution : Septembre 2016

312 pages

35 €

 

 

Ce voyage à travers l’Amérique et sa littérature est fabuleux. J-L. Bertini, célèbre photographe,  et A. Thiltges,  docteur ès lettres, essayiste, biographe et traducteur, en  sont les deux auteurs.   Le  grand format  du livre n’est pas seul à refléter l’ambition du projet: les photos aux couleurs pastel où s’entrecroisent paysages urbains et terres reculées sont aussi diversifiées  et atypiques que les hommes de lettres présentés.  Pris sur le vif dans son cadre naturel, chaque  portrait  est  une rencontre inespérée.  A. Thiltges ne se contente pas de révéler l’écrivain de par son environnement quotidien. Il  étudie de l’intérieur la structure du  moi créateur comme celle du roman, offre  une étude stylistique très explicative, insiste sur  l’unicité des romanciers. Ainsi, bien que tous deux indo-américains, Louise Erdrich veut « montrer comment les gens vivent »  tandis que  David Treuer veut « être un fabuliste » avant tout. Michael Collins transforme le roman policier en roman existentiel tandis que ce qui importe pour Laura Kasischke c’est bien plus la poésie  que le suspens et  le scénario. A sa différence, Larry Fondation déteste les niaiseries bucoliques, préférant parler des laissés-pour-compte avec le langage qui leur est propre et donner ainsi l’impression d’entrer dans le cerveau des personnages eux-mêmes. Par contre Thomas McGuane apprécie la précision extrême de l’écriture et fait plein de brouillons avant d’arriver à la version finale. Les exemples dans la diversité pullulent comme les paysages de ce pays, ce qui fait dire à Tobias Wolff : « … la vérité, c’est que je ne me considère ni de l’Ouest, ni de l’Est : je suis un Américain, voilà tout ». Sans doute est-ce cette même raison qui rend  ce livre irrésistible, car américain avant tout, il est à lui seul une  échappée magnifique  dans  les grands espaces littéraires, même si, comme dit Jim Harrison, «  la beauté des oiseaux et la qualité d’un repas passent avant la littérature » ! Un bien beau cadeau…

B.C.D  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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25 octobre 2016 2 25 /10 /octobre /2016 21:24

Editions : Gallimard

Parution : Septembre 2016

142 pages

15 €

Estimation : 4/5

 La passion bien connue pour la nature  de Sylvain Tesson   l’incite à traverser la France à pied  avec un  itinéraire original, celui de  l’ensemble des régions françaises  classées «hyper-rurales». Avec humour il explique que, dans le langage des experts de la République, ce qualificatif signifie sous-développé, arriéré ! Mais dans son  cœur,  c’est « un laissez-passer de rêves ». Son esprit bouillonnant suffit à stimuler ses jambes chancelantes pour se rendre  du Mercantour au Cotentin, via le Massif Central, avec pour seule trajectoire  les chemins noirs des cartes IGN au 25000ème. Là, à travers bois et pâtures, bosquets, taillis et herbes hautes, il trouve, en plus de l’espace, un sentiment de liberté. Le style est magnifique. Sylvain Tesson  est un savant observateur, à la fois géographe, géologue et sociologue, un poète qui donne figure humaine aux éléments de la nature, un philosophe qui prône la solitude, un guide  qui égrène plein de noms de villages inconnus  et qui donne envie d’adhérer à sa « confrérie des chemins noirs » tant que celle-ci ne méprise ni le monde, ni Dieu, ni le progrès …Livre à lire et parcours à suivre, mais "les cheminements mentaux" à étudier de près !

 

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25 octobre 2016 2 25 /10 /octobre /2016 08:26

Editions : Gallimard

Parution : Octobre 2016

128 pages

14 €

 

 La plume de Jean d’Ormesson court toujours avec fluidité. Sans doute est-ce dû à son goût de vivre qu’il veut nous  transmettre. Car nous sommes bien de "misérables égarés" dans cet immense  univers". Son premier conseil: "Soyons heureux". "Fermons les yeux".  Ce qui frappe d'emblée c’est l'usage de ce « nous » : Jean d’ Ormesson, avant d’être un guide, est un homme de peine, non  pas au sens de douleur car trop épicurien, mais un homme de recherche, de culture, et de partage.  Point d’inconscience en lui, une simple confiance dans le progrès. Car c’est la science qui nous enseigne l’infiniment grand dans l’infiniment petit. Le talent de J. d’Ormesson est celui du magicien: il transforme en métaphysique un phénomène de la physique: il n y a pas de vie sans air. Et le magicien devient poète: l’eau et la lumière, passagers et durables, sont semblables au temps et semblables à la pensée.  Car " tout sort de la matière et tout monte vers l’ esprit". Le cerveau prend le relais de la création. Jusqu’à ce que l’amour prenne sa place. Livre plein d’espérance d’un homme plein d’expérience, qui aime séduire et qui  y parvient…

BC D 

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25 octobre 2016 2 25 /10 /octobre /2016 07:32

Editions : Gallimard

Parution : Juin 2016

262 pages

19,50 €

Estimation : 4/5

 

 

Malgré un catastrophisme pesant, tout conjugue à aimer ce livre: le style, le réalisme, la pensée une fois l’énigme résolue. Après avoir beaucoup voyagé le narrateur décide  de s’installer, mais ses moyens ne lui permettent qu’un appartement dans une tour de la périphérie, sur une zone inondable! Là tout est chaos: les bâtiments en cours de construction ou de démolition voisinent avec son immeuble sans âme. Un heureux hasard lui fait  rencontrer un philosophe et une pianiste. Les quelques moments de bonheur passés avec eux ne suffisent pas à élucider le mystère qui les entoure, et leur disparition énigmatique lui rappelle la brièveté de toute existence et le néant qui s’en suit. Le narrateur est déchiré entre l’insouciance de la pianiste et le nihilisme du philosophe. Quelle est " cette  vérité toute nue, toute crue" que le narrateur finit par découvrir?  Sans doute s’agit-il des deux  drames successifs auxquels il assiste, de ces visions d horreur où les quelques rescapés se raccrochent à une providence bienvenue.  Non tout cela il le savait déjà. Juste une leçon de bonheur  à transmettre, une prise de conscience de l’importance des moments heureux autour d’un piano comme d’un verre amical  qui font dire que  "l’éternité c’est d’avoir aimé ". Livre magnifique où règne, comme dans la vie, la loi des séries, celle des bonheurs comme celle des malheurs, des crues et des décrues...

B.C.D

 

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