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13 mars 2014 4 13 /03 /mars /2014 22:49
« NEIGE » de Orhan PAMUK
« NEIGE » de Orhan PAMUK

 

 

Editions : Gallimard  et Folio

Parution : Janvier 2006

486 pages

22,50 €

 

 

Si un roman ne doit pas resté inaperçu, c’est bien celui-ci. Les raisons sont nombreuses: le style est plein d’une poésie envoutante qui transporte le lecteur au fin fond de l’Anatolie. Le silence oppressant de la neige  qui ne cesse de tomber sur la bourgade de Kars semble vouloir cacher plus d’un mystère.  Ka, poète turc exilé  en Allemagne,  s’y rend officiellement en tant que journaliste  pour comprendre la vague de suicides qui frappe la gent féminine et observer le déroulement des élections municipales. Non sans émotion, car  c’est la ville de son premier amour, celui de  la belle Ipek, l’ex-épouse de Muthar, candidat du « parti de Dieu » à la mairie. Ka ne met pas beaucoup de temps à comprendre que  Kars est partagée entre deux clans : les nationalistes laïcs  et les islamistes intégristes. Mais si l’opposition entre eux est très nette, chacun veut persuader Ka de ses bienfaits, les uns du respect de  l’ordre de l’Etat laïc, les autres de l’ordre de Dieu, et ce, par n’importe quel moyen. Livre magnifique  où le poète trouve son inspiration dans le tragique de la réalité.

Brigitte Clavel Delsol

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12 mars 2014 3 12 /03 /mars /2014 10:25

 

 

 

Editions : Albin Michel

Parution : Novembre 2013

407 pages

20,90 €

 

 

 

Tout dans ce roman historique tend à prouver que la princesse Aliénor d’Aquitaine ne donna pas la France aux Anglais, mais au contraire se battit jusqu’à son dernier souffle pour agrandir et sauvegarder son royaume.  Isaure de Saint Pierre ne néglige aucun détail  de la vie de cette femme, lourde d’épreuves autant que de conquêtes. Elle peint  son  portrait moral avec une grande précision historique entrecoupée de  témoignages écrits. Le lecteur découvre ainsi que rien n’arrête Aliénor qualifiée à juste titre d’  « insoumise ». En effet celle-ci n’hésite pas à égayer la cour protocolaire du roi de France, Louis VII qu’elle épouse. Elle n’a pas peur de partir  en croisade  délivrer Jérusalem  ni de tromper ouvertement son mari avec le prince d'Antioche. Elle trouve les arguments nécessaires pour justifier son divorce auprès du pape. Elle ne craint pas  la jeunesse fougueuse  d’Henri Plantagenêt dont les terres ajoutées aux siennes, avant même qu’il hérite du trône d’Angleterre, encerclent le petit royaume de France. Femme moderne, elle veut plus de bien-être  et de justice. Spirituelle, elle fait appel à Bernard de Clairvaux. Intelligente, elle donne toute sa confiance à Thomas Becket dont l’auteure nous fait un portrait inoubliable.Courageuse,elle préfère quinze années d’emprisonnement à l’humiliation d’être écartée du pouvoir. Fine politicienne, elle encourage ses fils à s’emparer du trône de leur père et fera l’impossible pour sauver son honneur et celui de sa descendance. Isaure de Saint Pierre a réussi son pari : Aliénor d’Aquitaine, deux fois reine et mère de deux rois, mérite une plus grande  place dans les livres d’histoire de France et prouve que la femme au Moyen-Age savait garder sa liberté de penser.

B Clavel Delsol

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28 février 2014 5 28 /02 /février /2014 08:55

 

 

Editions : Albin-Michel

Parution : Avril 2012

256 pages

18 €

 

 

Romancier du terroir autant que de la Résistance, G-P Gleize a tous les atouts pour séduire le lecteur. Dans ce livre, plein des faits divers qu’ont connus les années 40 et de suspens, de portraits psychologiques et  de descriptions de paysages, les Pyrénées orientales se dressent avec toute leur majesté et aussi leur modestie. Un matin dans sa ferme que plusieurs générations  avaient occupée avant lui, Pierre  Barrès apprend qu’un homme qui lui ressemble étrangement est arrivé au village. S’agirait-il de son frère disparu par une nuit de juin  1943 ? C’est alors que les souvenirs remontent et que Pierre revoit la scène où son frère et lui servaient de passeurs pour l’Espagne…Ce soir là, Roger n’est  jamais revenu, Pierre s’est enfui, et leur vieux père a vécu dans le déshonneur, accusé par les villageois  d’avoir des fils déserteurs. C’est ainsi que G-P Gleize prend plaisir à révéler tout un monde de patriotes qui savaient servir, chacun à leur façon,  leur terre de France.

Brigitte Clavel Delsol  

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24 février 2014 1 24 /02 /février /2014 16:47

Editions : Albin Michel 

Parution : Décembre 2013

419 pages

22,50 €

 

L’entente des trois religions monothéistes serait-elle un pur leurre?C’est la question que semble poser G.de Cortanze dans ce beau roman, à la fois historique et contemporain. Gâlâh, jeune juive de quatorze ans,  n’est autre qu’une allégorie du peuple juif qui traverse les siècles. La vie de ses ancêtres est liée à  cette belle terre Al-Andalus dont le parfum de amandiers ne va pas résister aux nauséabonds carnages sanguinaires. Un style anaphorique rythme la lecture, lui apporte une douceur indispensable pour surmonter les horreurs perpétuées sans cesse et sans fin. Guerres d’expansion ou guerres de religions, combats fratricides ou génocides, il s’agit toujours de chasses aux Juifs tenus responsables du Mal sur terre. Boucs émissaires de peuples aux instincts guerriers, de religieux  intégristes qui ont pour seule arme la terreur, le peuple des damnés devient peuple d’élus. Les yeux de la mémoire de Gâlâh se confondent avec ceux du présent. Gâlâh erre de par le monde, partout la discorde est plus forte que la paix, partout rôde Iblis le criminel, Lucifer le diviseur. Mais à ses côtés Gâlâh ressent toujours la présence de son bien-aimé Harim, jeune poète musulman qui, par son amour, prouve que l’entente inter-religieuse n’est pas impossible … Livre très instructif adouci par un style plein de poésie .

B Clavel Delsol

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19 février 2014 3 19 /02 /février /2014 15:21

Editions : Grasset 

Parution : Janvier 2014 

217 pages 

17 €

 

 

Aujourd'hui comme hier, au pays du lieutenant Shreiber, les idéologies sont plus attrayantes que l'héroïsme des soldats morts pour la France. Alors, comme il le fait depuis toujours, Andreï Makine écrit uniquement pour "vaincre l'oubli". Il brosse le portrait de ce lieutenant, non pas en héros invincible, mais en homme qui ne cesse de penser aux exploits de ses camarades disparus ou blessés sous ses yeux. Jeune aspirant "souriant et sans peur", Jean-Claude Schreiber rentrera du front comme un étranger, loin des vanités sociales et de l'intelligentsia parisienne qui entoure Jean-Paul Sartre. Peu lui importe que  l'Armée française lui refuse la croix de la Légion d'honneur à cause de son origine israélite! La raison de sa souffrance est due  à une réalité vécue si cruelle qu'elle demeure indicible. Arrivé au crépuscule de sa vie il finit par rédiger ses Mémoires, mais aucune maison d'édition ne veut les publier sous prétexte de manque d'argent ou de lecteurs! Alors  Andreï Makine prend le relai.Trop subtil pour tomber dans un pessimisme primaire, il constate simplement que, pendant que certains sont au combat , d'autres font la fête et donnent des conseils. Il rend hommage aux  généraux qui le méritent, justifient  le silence de ceux qui ont trop souffert pour raconter. Car Makine comme Schreiber ont  compris que la vie n'est  autre qu' "une kyrielle d'enfermements" offerte pour gagner bonheur et  liberté. Livre magnifique.

Brigitte Clavel Delsol

 

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17 février 2014 1 17 /02 /février /2014 11:00

Editions : Gallimard
Parution : Septembre 2013
331 pages
21 €


A la fois confessions et critique sociale, tour à tour lyrique et sarcastique, utopique et réaliste, parfois contradictoire mais toujours lucide, le dernier livre de Jean Clair interpelle. Son  titre comme son passéisme apparent font craindre un auteur réactionnaire par principe. En fait ce n'est pas le cas. Son souci est l'avenir de l'homme, son exaspération est l'endormissement général. Certes les horreurs des deux guerres mondiales, ajoutées à toutes celles qui ont précédé, ont engendré repentance et désespérance. De plus l'art contemporain ne cesse de se complaire dans cette laideur et la mode du jour n'est autre que l'égalitarisme, où, au nom d'une parfaite transparence, les repères  et frontières sont  bannis et le sacré interdit. L'extraordinaire devient alors banalité, l'homme constamment  insatisfait ou blasé, l'harmonie universelle impossible. D'où découlent barbarie et retour au chaos originel. Néanmoins le livre n' est pas sombre. En le considérant  comme un garde-fou, un mode d' emploi au bonheur, "un remède à la souffrance", il serait même optimiste. Car, selon l'académicien, la luxuriance est plus féconde que la misère, le culte indissociable à la culture, l'usine plus vivante qu'un centre culturel vide d'humanisme, la douceur aimante des peintures du Louvre plus efficace que toute idéologie, et l'Enfant né de l'Amour seul Salut du monde. A bon entendeur..
Brigitte Clavel Delsol

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10 février 2014 1 10 /02 /février /2014 18:24

 

 

 

Editions : Albin Michel

Parution : Février 2014

379 pages

21,50 €

 

« Traquer l’inquiétude et l’espoir », tel est  le talent  dont Fabio Geda  fait preuve en relatant  alternativement l’histoire d’un vieux grand-père juif  marqué à vie  par la cruauté nazie et  de son petit-fils  que le hasard lui a confié.  A priori peu de points communs entre cet homme qui vit dans la montagne plus ou moins retiré du monde et cet enfant  éloigné bien  malgré lui de ceux qui lui sont chers, parents et camarades de jeux. Et pourtant des liens vont se créer entre eux deux. Chacun souffre de se sentir toujours  écarté, l’un à cause de ses origines juives sous une Italie fasciste, l’autre à cause de son trop jeune âge pour comprendre la maladie  qui ronge son père. L’intérêt du livre réside  dans  la  joie qu’on n’espérait plus, dans le talent enfoui qui  s’épanouit avec l’amour. Très beau roman où domine  le souci de faire aimer l’existence aux plus démunis, de «  ne pas mentir, mais forger de l’espoir, même quand on n’en voit pas ».

B. Clavel Delsol

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5 février 2014 3 05 /02 /février /2014 07:37

 

 

Editions : Grasset

Parution : Août 2013

494 pages

22 €

Prix du premier roman étranger

 

 

C’est dans la pauvreté du quotidien que fermentent les révolutions. En 1989 un jeune britannique débarque en Roumanie où il a postulé  pour un poste de remplacement  de professeur à l’université de Bucarest. Dès la sortie de l’avion, un relent nauséabond se fait ressentir, odeur de pollution qui émane autant de l’air que des coeurs. Le contraste entre une nomenklatura riche et méprisante et un peuple de misère, auquel tout manque y compris la liberté, lui fait rapidement découvrir qu’un état policier engendre « une file d’espions espionnés ». Ainsi à une fine ironie sarcastique de l’auteur vont s’ajouter des portraits de personnages divers  qui permettent  de découvrir comment les Roumains insoumis au régime, pour échapper à la torture, survécurent à la  dictature de Ceaucescu.  La seule solution fut  la  duplicité  de chacun. Alors à qui faire confiance ? A Léo au penchant pour l’alcool  et le marché noir ? A Petre et à son Fonds social ? Au juif Sergiu Trofim qui écrit ses Mémoires lues et corrigées par le Parti après les avoir enregistrées sur disque dur ? A l’arrivisme de Ionescu qui n’a d’autre moyen que de s’immiscer dans la Securitate ? Et pendant ce temps Ceaucescu démolit le vieux Bucarest et ses églises pour construire « un immense no man’s land sans passé » et servir sa gloire personnelle. Roman qui peut servir de livre d’histoire aux  générations d’aujourd’hui comme à celles de demain.

Brigitte Clavel Delsol

 

 

 

 

 

 

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29 janvier 2014 3 29 /01 /janvier /2014 08:09

 

 

Editions : Autrement

Parution : mars 2013

14 €

158 pages

 

 

Noces qui fondent comme neige au soleil… noces parfois plus belles que le rêve…Deux femmes russes que tout sépare : Anna appartient à la grande  aristocratie  du XIXème siècle, Irina à un soldat du XXIème siècle déséquilibré par la guerre en Tchétchénie. Anna a hâte de retrouver sa campagne russe après avoir passé le rituel séjour annuel sur la côte d’Azur, tandis qu’Irina fuit la Russie, rêvant de la Promenade des Anglais au bras d’un inconnu. Et pourtant, bien qu’en sens inverse, et à deux siècles d’intervalle, il s’agit d’un même itinéraire Nice-Moscou, à la même saison intermédiaire entre l’hiver et le printemps, où le roulement monotone  du train accentue l’uniformité  du paysage et  l’ennui des cœurs. Ce rythme lent du temps transforme le voyage en huis clos qui finit par exacerber les sentiments de chacune, l’une pour le meilleur, l’autre pour le pire. Deux jolies histoires que Gaëlle Josse raconte avec beaucoup de subtilité et réussit à relier à plus d’un égard.

Brigitte Clavel Delsol

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27 janvier 2014 1 27 /01 /janvier /2014 16:29
Editions : Odile Jacob
Parution : janvier 2013
23,90€
289 pages




'L'étude  biblique présentée par Armand  Laferrère  va au delà d'un simple récit de l' histoire du peuple juif.  Riche  d'enseignement politique, elle révèle  l' origine de la tyrannie qui se trouve au  coeur de la nature humaine . L' unique solution réside dans la reconnaissance de  la liberté individuelle  et par là-même du sens de la responsabilité  qui fait de l'  homme, non pas une victime, mais le maître de son destin. Ainsi au fur et à mesure de la lecture de la Bible, la reconnaissance de l' individu va croissant. L' homme préfère  son indépendance au paradis terrestre. Très tôt " le Pentateuque"  montre la possibilité d'améliorer le monde, "le Livre des Proverbes"   apporte une précieuse  ligne de conduite à suivre pour le respect d'autrui,  de même que "le livre des Juges" conseille la séparation des pouvoirs pour éviter l'oppression d'un seul dirigeant. Mais  l'homme n'est pas invulnérable.  Même  un roi sage comme Salomon  engendre la division d'Israël. Même  un homme  de devoir comme Job  ne connaît  pas la récompense terrestre.Car L' Eternel  a créé  l' homme à son image, c' est à dire avec une intelligence créatrice qui à son tour doit prendre le relai de la création, avec un discernement qui doit lui permettre de discerner  le bien du mal, avec une liberté qui le rend responsables de ses actes, avec un cœur de chair prêt à sacrifier son fils pour  ceux qu il aime, à défendre son pays sans diaboliser  l'ennemi, enfin à  louer la beauté de la vie comme dans" le Cantique des Cantiques". Ainsi l histoire de la Bible apparaît non seulement  comme  le symbole de tout peuple luttant pour la liberté politique mais aussi comme  l histoire de la personne humaine luttant  pour sa liberté intérieure. Certes la mort rôde toujours, mais "les Psaumes" savent apaiser  l'âme de celui qui  respecte les  principes universels  indispensables au fondement et à l'amélioration de  toute société. Livre qui devrait faire réfléchir  plus d'un  politicien ...
Brigitte Clavel Delsol


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