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2 février 2024 5 02 /02 /février /2024 19:43

« Identité nomade »    par   J.M.G. LE CLEZIO

 

 

Editions : Robert Laffont

Parution : Décembre 2023

132 pages

16,50 €

 

« Si on ne se rencontre pas sur le terrain de la culture, on se rencontrera sur le terrain de la guerre ». Alors J.M.G. Le Clézio fait part de son enfance pleine d’origines multiples, de voyages, d’expériences et de découvertes.  Délesté de tout poids de contrainte et d’enfermement entre quatre murs, et ainsi doté d’un grand esprit d’ouverture, le voyageur épouse  toujours la terre qui l’héberge,  aime le désert et ses oasis, ses habitants et ses demeures. Il dénonce « l’art des ambassades » qui porte tort à l’art spontané autochtone. Seule l’écriture, la danse et le chant peuvent panser les souffrances humaines. L’art  est un devoir social, un engagement nécessaire, une mission. Il ne s’agit pas de messages idéologiques comme ceux de l’islamisme dispensés aujourd’hui à travers l’Europe, mais de simples témoignages qui seuls peuvent  éclairer les zones sombres de l’univers. Ainsi, en  préférant l’art pour l’art à l’engagement politique, J.M.G Le Clézio ouvre le chemin d’un voyage  vertical, qui n’est autre que le monde intérieur  de l’écrivain , pacifiste avant tout et soucieux comme Shakespeare d’être vrai avec lui-même.  Telle est sa devise qu'il recommande  au lecteur.   B.C.D.

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1 février 2024 4 01 /02 /février /2024 12:48

                            « ROUPIE » par Bernard Deforge

 

Editions : Les Belles Lettres

Parution : Novembre 2023

61 pages

17 €

 

Et si , par son  souci de l’universel, Bernard Deforge donnait un nouveau souffle à  la poésie ? Le titre allégorique de son dernier  recueil est à lui seul une promesse, celle de l’éternel humain qui roule  comme la roupie à travers « les parcelles du cosmos », tout en sachant que le bonheur est « un carré de cristal ».  Sans doute l’helléniste puise son inspiration  dans  le tragique de la Grèce antique, soucieux de faire aimer l’existence sans en ignorer les angoisses métaphysiques.  Ses poèmes éclectiques ne  laissent aucun indifférent. Dans ses apostrophes aux  petites filles  Mona et Liselotte, comment ne pas songer à la Joconde ou aux aquarelles  de Liselotte Vogel-Steinbach ?  Le poète ne reste pas à l’écart de la politique. Courageux  il ironise sur cette  « macronade », où le « en même temps » fait de Macron  et Macronne  un « couple de pierre » et de pitrerie européenne . « Les peuples sont en larmes », seul l’aveugle voit le coupable, « C’est votre jeune chef ».  Heureusement Eros estompe les déceptions de la vie : « Au commencement était Amour » et puis la tendresse d’Hélène est toujours là , cette « parenthèse amoureuse » qu’il bénit même si au désir il « préfère l’esprit et l’infini ». Car celui qu’on appelle le Ressuscité, « s’Il n’est plus là, c’est qu’Il est là »…

Brigitte Clavel Delsol

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30 janvier 2024 2 30 /01 /janvier /2024 16:43

                                   « PANORAMA » par Lilia Hassaine

 

Editions : Gallimard

Parution : Juin 2023

236 pages

20

 

 

. A la fois roman policier et satire sociale, « Panorama » est un véritable réquisitoire contre la sacrosainte Transparence .  Tout a contribué à mettre en scène ce panoptique où chacun surveille chacun :  la lenteur, la partialité et l’impunité de la justice, puis la vengeance personnelle.   Dorénavant   tout le monde observe tout le monde , murs et cloisons sont de verre , l’intimité  n’existe plus, la sécurité semble assurée à tel  point que les policiers deviennent simples gardiens, les femmes ne sont plus abusées, les riches habitent le quartier de Paxton, la classe moyenne celui de Bentham  et les pauvres celui des Grillons. Les homos vivent entre eux, les écolos de même, les féministes pareillement.  On est en plein dans  le wokisme qui s’oppose aux  constructions sociales autres que les leurs . Les protagonistes ainsi enfermés dans des communautés identitaires vont rapidement  devoir dissimuler leurs penchants personnels  et  la  transparence finit  par faire défaut.   Toute une famille a disparu sans que personne ne  s’en soit aperçu.  La narratrice reprend son travail de policier et découvre que, si l’architecture de la ville  a changé,  la nature humaine elle ne change pas. Le  petit Milo et ses parents seront ils retrouvés et surtout compris ? Car la psychothérapie, les défouloirs pour écoliers ou les promenades virtuelles  engendrent des enfants incapables et cruels. Il vient un jour où leurs parents, à  force de ne pas être autorisés à les réprimander, se sentent obligés  de les disculper devant les services sociaux.  Mais c’est chose facile quand on vit  dans l’utopie de la transparence qui a pour seule porte de sortie le mensonge et la corruption. Heureusement Lilia Hassaine laisse entrevoir des personnages hors normes tels que  le grand-père  et le père de  Milo qui à force de sincérité  surent   trouver les clés du bonheur, celles qui ouvrent à la nature, à la poésie, à la transmission de l’amour … C’est ce don de l’autrice à croquer avec verve les travers de notre temps qui lui a valu le prix Renaudot des Lycéens 2023.

B. Clavel Delsol

 

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24 janvier 2024 3 24 /01 /janvier /2024 18:52

« Pour la peau de Shirley Page »  par Constance Trautsolt

 

Editions : Harper Collins

Parution : Janvier 2024

246 pages

19,90 €

 

Pour la peau de Shirley Page »  par Constance Trautsolt

 

Editions : Harper Collins

Parution : Janvier 2024

246 pages

19,90 €

Où veut en venir cette jeune écrivaine dont l’écriture puissante coule à flots? Anticonformiste et volontiers provocatrice, elle ne cache pas son amitié d’enfance pour « Alma la pute », ni ses  amours avec Hatem, tunisien colérique aux lèvres de mer et de sel, délaissé pour «  un garçon au sourire rouge » rencontré dans une boîte de nuit dont on ne connaîtra jamais le nom, tant il importe peu pour elle. Un peu semblable à sa mère  par son  désir de prendre du large vis-à-vis de sa famille, elle opte pour un travail au  centre culturel de Tunis.   A son retour, tandis qu’il faut vider la maison d’un grand-père défunt,  elle découvre une photo d’une mannequin de la société  Kodak  de Rochester qui n’est autre que sa mère. Pourquoi celle-ci ne lui a jamais parlé de ce séjour outre-Atlantique ?  La curiosité de la narratrice  devient obsession. Un sentiment de culpabilité  serait-il devenu tabou? La fille volubile veut en savoir plus sur ce laboratoire de photo qui n’embauchait que des jeunes filles à la peau blanche, toutes surnommées Shirley Page.   Chasse au mensonge, au racisme comme au machisme,  telle semble la raison de ces deux  portraits de femmes.  L’une était soucieuse de camoufler  ses sentiments , l’autre  est désireuse de mettre au grand jour les hypocrisies de la vie. Les chapitres défilent entre souvenirs américains et tunisiens, sans plan établi, chacun d’eux  annoncé par une couleur, qui va de la plus pâle à la plus chaude, heureux palliatif  pour éluder les tabous  et les  tensions intergénérationnelles très à la mode.   B.C.D.

 

 

 

 

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18 janvier 2024 4 18 /01 /janvier /2024 06:33

                   « Avec les fées »  par Sylvain TESSON

Editions : Equateurs littérature

Parution : Décembre 2023

214 pages

21 €

 

Si c’est avec quelque réticence qu’on se lance dans le dernier livre de Sylvain  Tesson , craignant de ne pas être à la hauteur de sa capacité d’émerveillement, on est séduit dès les premières pages. Non seulement  il ressuscite des paysages et des mythes  oubliés, mais comme Baudelaire témoigne des « noces de la mer, du ciel et de la terre » , relie  passé et avenir, mondes sensible et supérieur. Les fées ne sont rien d’autre que ce merveilleux qui s’impose quand on sait être déférent face à la nature. Cette fois ce sont les côtes déchirées de l’Europe atlantique qui l’attirent. Le style est bref , imagé,  la Bretagne personnalisée « corps doux sur des pieds déchiquetés », l’océan  animalisé « en bouffant la terre , la mer salive ». Point de prétention de surhomme. Sylvain  Tesson alterne navigation et course sur le balcon de l’Océan, action et rêve, avec le souci de partager cette belle leçon de vie :  « nous  inventions le bonheur constant ». Son esprit contemplatif est en osmose avec ce pays de pêcheurs où   paganisme celte , dogmes chrétiens et esprit chevaleresque  s’unissent pour adoucir l’ existence sur les  terres déchirées  par la mer et le vent.  Son romantisme n’exclut pas une réflexion réaliste sur le monde. Son humour alterne avec une spiritualité toute  vouée à la grâce et au merveilleux. Et si le paysage toujours  mouillé  est trop triste et sévère, si  la mer  dissout toutes certitudes, il  remonte le cours du temps où la  terre arable fut nourrie par le labeur des hommes. Le Graal était atteint. L’auteur comprit qu’il était dans une  course semblable à celle de  Saint  Brandan ou Saint  Colomba ou les pèlerins  du Mayflower , unis avec le même désir de sauver une  civilisation où l’on ne tue pas son roi mais où on se bat pour la survie des hommes.

B Clavel Delsol 

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15 janvier 2024 1 15 /01 /janvier /2024 10:06

« La maîtresse italienne » par Jean-Marie ROUART

 

Editions : Gallimard

Parution : Novembre 2023

170 pages

19 €

 

Le style coule  à toute allure, l’auteur excelle à noter les sensations les plus diverses, les couleurs, les lumières, les odeurs des herbes sauvages comme celles des complots. Le romancier historien  est à l’aise au milieu de la foule qui accueille sur l’île d’Elbe  celui qu’il ne nommera que par « le grand exilé », « le proscrit ». Non seulement il les reconnaît tous, les généraux Drout,  Bertrand et Cambronne, Peyrusse  le vigilent Ministre des Finances et le colonel Campbell chargé par l’Angleterre  de surveiller Napoléon Bonaparte, mais il lit leurs pensées et partage leurs  sentiments. C’est sous un concert de cloches que débarque en grande pompe le grand prince en semi-liberté, auquel sont remises les clés de la ville et qui ne va pas tarder à exploiter ce paradis de la méditerranée qui fait face à Florence et à la demeure de la maîtresse italienne, celle qui détournera Campbell de ses devoir et permettra les fameux Cent Jours.   Jean-Marie Rouart déploie toutes ses connaissances de cours et d’alcôves . Rien ne lui échappe ni les liaisons, ni les manigances, ni les espionnages. Il prend plaisir à narrer les amours impossibles  de Talleyrand dont «  le génie efface toute les tares, physiques comme morales ». Car, selon lui   « les scandales amoureux donnent à la politique son humanité ». Sans doute est-ce la raison pour laquelle Campbell, hanté par l’atroce sac de Badajoz, manque à ses devoirs. Mais  nul ne saura jamais si ce fut un piège de la belle Florentine ou la conséquence d’une histoire d’amour. Livre qui se dévore, révélant comme une  banale fluctuation de sentiments  peut changer le cours de l’Histoire.

B. Clavel Delsol

 

 

 

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11 janvier 2024 4 11 /01 /janvier /2024 14:27

« L’hiver de la culture » par Jean CLAIR

 

Editions : Flammarion

Parution : Mars 2011

141 pages

12 €

 

Jean Clair n’est pas une  Cassandre et le titre de son ouvrage  porte bien son nom. Car l’art ne risque-t-il pas de geler à tout jamais  s’il se limite à une pure manipulation financière, aux sculptures kitch de Koons, à l’absurdité des musées modernes qui croient faire  de l’art avec des brimborions  ? Le ton est dur, sans appel. C’est celui d’un homme las  de cette culture  qui persiste plus que jamais depuis  la révolution culturelle de 68 à se vouloir près du « peuple ». Car parler de Grand Art est contraire à la philosophie égalitariste contemporaine. Le musée d’aujourd’hui doit offrir une culture universelle identique en tout lieu. A l’écomusée du terroir succède le musée transdisciplinaire avant que s’impose l’ « Abject Art », dont les matériaux proviennent  du corps humain de « l’Artiste-Messie » ! La divinité laisse place  à la bestialité, la transcendance des chefs-d’œuvre antiques  n’a plus sa place, l’artiste actuel est ce que Marcel Gauchet appelle « l’individu total » , c’est-à-dire celui qui ne doit rien à personne comme l’enfant qui croit posséder toute la puissance du monde. « Tout mérite d’être exposé…y compris le viol et le meurtre » se vente le peintre  Otto Muehl , père de la manipulation psychique. Condamné pour mœurs perverses à sept ans de prison il sera célébré après sa libération comme un héros de la « lutte antifasciste » et « contre la morale bourgeoise ». Stefan Zweig n’avait il pas déjà entrevu dans son récit « Amok » un déchaînement de la folie humaine dans cet esthétique du sang et des déchets humains ? En attendant de donner raison à Jean Clair , il suffit de se rendre à l’exposition de  François Pinault à Venise ou aux biennales de Lyon et, à défaut, de comparer le  festin de Babylone aux noces de Cana : la désolation n’est-elle pas toujours conséquence du sacrilège ? Telle  est la mise en garde que semble vouloir faire  Jean Clair dans cet essai bien d’actualité.

B. Clavel Delsol

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6 janvier 2024 6 06 /01 /janvier /2024 14:56

« Le dit du mistral »  par Olivier Mak-Bouchard

 

Editions : Le Tripode

Parution : 2020

349 pages

19 €

 

Livre incontournable pour les amoureux de la Haute  Provence. Tout y est dit : la beauté de cette région réside  dans  sa simplicité. Si la canicule lui apporte à l’heure du tourisme  une apparence lénifiante, le Lubéron  renferme des trésors incommensurables et des plus inattendus. La sécheresse nuit aux cerisiers de monsieur Sécaillat mais en une seule nuit   le Mistral démolit son  mur en laissant à ciel ouvert des tessons d'argile qui vont l’inciter, avec le narrateur, à creuser plus profondément. Les deux hommes  n’ignorent pas l’importance des vestiges gallo-romains dans cette région et leurs efforts vont vite être récompensés. Conscients de l’intrusion de l’Etat dans toute fouille de particuliers , ils déposent  en secret, au pied du musée de la région, les trompes en terre cuite qu’ils ont  découvertes, instruments avec lesquels les  Albiques priaient le dieu Vintour. Mais les deux archéologues impromptus gardent un secret, celui de la bégude, fontaine souterraine d’argile  qui emporte  le narrateur dans les contes de son enfance et dans  des rêves les plus incertains, soigne l’épouse de Sécaillat par son eau ferreuse,  et provoque quelques querelles légitimes… A celles-ci le narrateur préfère l’histoire de Vintur, le gros rocher qui donna son nom au mont Ventoux et enfanta Mistral, le fol et indomptable enfant du pays… Livre plein de rêverie  et de mythologie, de souffle de vent et de musique de toutouros, de l’esprit champêtre de Giono ou Bosco qui règnent en maîtres dans le cœur d’Olivier Mak-Bouchard.

B . CLAVEL DELSOL

   

 

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3 janvier 2024 3 03 /01 /janvier /2024 18:21

« L’agneau des neiges »  par Dimitri BORTNIKOV

 

Editions : Rivages poche

Parution : Juillet 2023

303 pages

9,50 €

 

L’histoire se passe sur une terre agonisante, celle des bolchéviques qui font régner la terreur et la famine sur la vieille Russie.  « Je vais vous apprendre à tuer vite » répétait le commissaire aux jeunes soldats , plus gamins squelettiques  que troufions courageux. Maria, jeune infime, va essayer de survivre. Son physique repoussant  dont se moquent les  voyous n’empêche pas  son grand  cœur d’aimer, que ce soit les animaux de la ferme,  ou  les enfants de l’orphelinat dont elle se sentira responsable jusqu’à leur dernier souffle.  C’est dans l’acceptation de son infériorité qu’elle va puiser sa force morale. Un seul sourire  réconfortant lui  suffit pour surmonter la vue  des cadavres qui jonchent le sol gelé, le nombre de veuves russes,  l’extermination   des moines, les culs-de-jatte de retour de la guerre de Finlande,  le moignon de Vania … Mais il faut s’enfoncer toujours plus loin dans les steppes, dépasser Yaroslav ,Novgorod, Peterhof, le blocus de Leningrad, et sentir le froid et la famine toujours  plus mordants et la mort imminente. Le but de l’auteur semble n’être autre que le déploiement d’une fresque de martyrs innocents  peinte par une enfant qui deviendra adulte avant l’heure. Le style, ingénu au départ,  devient de plus en plus poignant, dialecte  et poésie s’alternent. Dans  ce paysage de  glace , on ne retiendra que la pureté immaculée  de  Maria, d’où le joli  titre éponyme  « L’agneau des neiges ».

B. Clavel Delsol

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28 décembre 2023 4 28 /12 /décembre /2023 17:39

« MAURICE BARRES    Un destin solitaire »

                    par Estelle Anglade-Trubert

 

Editions du Cerf

Parution : Octobre 2023

264 pages

23 €

Qui aujourd’hui lit ou même connaît Maurice Barrès ? Plusieurs biographies de celui-ci viennent d’être éditées, sans doute parce que, homme de lettres autant qu’homme politique, celui-ci ne cesse de nourrir ses écrits à partir des évènements de la fin du XIXème qui ont bien des similitudes avec ceux de  notre époque. Jeune  lorrain plein d’ambition, aiguillé par deux tendances contradictoires,  le goût de l’écriture et celui de la politique, de la réflexion et de l’action,  il sera vite déçu par la vie estudiantine parisienne  comme d’ailleurs  par la vie parlementaire ! Et quand l’heure des choix arrive il opte autant pour une carrière d’écrivain que de politicien. Impatient d’être reconnu il se lance dans un premier temps comme critique littéraire puis dans le roman. Elu député de Nancy il s’empresse d’affirmer  à la Chambre sa défense de la liberté d’expression ,  de dénoncer la censure idéologique, de rappeler ses sympathies pour Boulanger et de son affection pour les ouvriers.  « Je crois qu’un publiciste peut plus sur l’âme de sa patrie qu’un député ». Alors le parlementaire se fait  romancier à thèse en  dénonçant ouvertement   la corruption des politiciens. Est-ce ses origines lorraines qui lui inspirent un « nécessaire enracinement » et le font se présenter aux législatives de1898 comme un « nationaliste antisémite », la plus grande erreur de sa vie qu’il reconnaîtra avec beaucoup de gêne le jour où  il sera face à Dreyfus? Ses voyages en  Orient ne le consoleront pas mais ne feront qu’accroître ses convictions et  ses obsessions : la matérialisme corrompt,  au détriment de la recherche intellectuelle, scientifique et militaire « lorsqu’il ne s’accompagne pas d’une dimension spirituelle ». Seul, selon lui,  le sacrifice  des soldats rend son âme à la France et fait  sonner   le temps de cette  spiritualité indispensable pour construire la paix.  Doublement élu comme député de Paris et académicien, Barrès a su concilier le solitaire égotiste et l’écrivain engagé. Tel est l’objectif  parfaitement atteint d’Estelle Anglade-Trubert, justifier la renommée du « Prince de la jeunesse » et inciter à relire ses écrits…

 

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