29 mai 2023
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« Les silences d’Alexandrie » par Michèle Gazier
Editions : Mercure de France
Parution : Mai 2023
175 pages
17,80 €
Qui est cette jeune élève Séréna d’Alexandrie qui arrive en cours d’année, aussi sûre d’elle-même que renfermée, qui plagie des textes littéraires, et qui disparaîtra sans crier gare? Qui est cette Thérèse qui lui ressemble tant, avec la même désinvolture, qui s’inscrit dans un atelier d’écriture dix ans plus tard? Séréna et Thérèse sont-elles une seule et même personne ? Tel est le dilemme de cette professeure qui après s’être trop attachée à ses élèves adolescents préfère diriger un atelier d’écriture pour chics bourgeoises ou prisonniers oisifs, avant de se lancer dans la traduction de sainte Thérèse d'Avila. L’obsession de Thérèse s’acharnerait-elle encore sur elle des décennies plus tard ? Alors elle voyage, écrit des romans, fait des allers retours aux Antilles où là encore le hasard la met devant une enfant toute rousse et malheureuse, Tessia, bien semblable à son ancienne élève. En fait l’identité Séréna-Thérèse n’est qu’un prétexte pour Michèle Gazier. Ce qui importe c’est l’écriture, même plagiée, la communion du traducteur avec un auteur étranger, c’est l’échange épistolaire, c’est la plume prolixe qui peut libérer, seule antidote au blocage muet, au silence borné, à la révolte intérieure. C’est précisément l’élégance du style de Michèle Gazier qui accroche l’attention, emporte le lecteur dans les livres de Lawrence Durrel, de Colette ou Thérèse d'Avila, qui galope sur les plages antillaises ou erre dans la solitude d’une professeure consciencieuse. De cette double perspective naît un hommage à la littérature, qui, en tentant de recoller une âme brisée, révèle l'interdépendance humaine. B.C.D.
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2023
28 mai 2023
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« De Pitchick à Pitchouk .
Un conte pour vieux enfants »
par Jean-Claude GRUMBERG
Editions : Seuil
Parution : Avril 2023
160 pages
C’est une narratrice bien déroutante mais bien attachante qu'on n'abandonne pas facilement. Dans sa tête, présent et passé s'alternent et se confondent. Les souvenirs jaillissent avec clarté et vont se fondre dans une situation incompréhensible. L’âge brouille les années, mais l’auteur parvient à dédramatiser une situation qui pourrait être tragique s’il ne la colorait pas d’images cocasses, de naïveté et d’incohérence qui rendent légers les évènements de la vie. Que penser d’un père Noël coincé dans une cheminée, las d’apporter des cadeaux depuis trop longtemps, qui se lie d’amitié avec une vieille veuve esseulée ? Comment expliquer qu’un ciel étoilé remémore l’étoile jaune d’un vieux manteau ? Pourquoi se retrouver subitement dans une chambre inconnue devant une madame verveine sans sucre? Un style vif, percutant de vérité autant que d’incompréhension, allège un tragique de situation. Rien de triste dans cette profonde solitude de la vieillesse, la vie continue peuplée de maints souvenirs flous mais bien réels, certains très doux , d’autres cruels. J-C Grumberg s’efface derrière les personnages, donnant plein de sens à ce petit livre qui restitue la vérité vraie, un abandon de la conscience du temps, une mémoire aussi riche que confuse, une solitude profonde mais protectrice, refuge enchanteur quand la vie a tout emporté sauf l’empathie contagieuse de l’écrivain…Un délicieux moment dans un lieu incertain, peut-être en Ukraine entre Pitchick et Pitchouk, avec une Rose certes vieille mais oh combien accrochée aux miettes de l’existence ! B.C.D.
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25 mai 2023
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Inédit
« La Maison » par Julien Gracq
Editions : Corti
Parution : Janvier 2023
35 pages
15 €
Inspiré indéniablement par ses trajets entre Varades et Angers où Julien Gracq enseignait, ce petit recueil de poésie en prose ne fut jamais publié, sans doute fut-il oublié. Cependant il résume à lui seul la pensée de l’auteur qui se disait « foncièrement allergique au réalisme ». En effet si sa lente avancée vers « La Maison » est toute descriptive, elle n’est autre que la transposition de ses sentiments intimes. Il est seul lors d’un soir d’ automne de l’après-guerre, sombre et pluvieux, même la maison apparaît délabrée, une table dressée a été subitement abandonnée. Et pourtant en regardant de plus près la réalité devient rêve. L’énumération des découvertes successives, le temps suspendu par une curiosité mêlée de crainte, présagent une surprise, une lumière, et peut-être d’avantage … L’œuvre de Julien Gracq est l’interaction entre réalité et imaginaire, entre possible et impossible, entre classicisme et surréalisme. Un beau cadeau où se trouvent deux brouillons manuscrits du poète.
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25 mai 2023
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« Le chant d’Haïganouch » par Ian Manook
Editions : Albin Michel
Parution : 2022
380 pages
21,90 €s que politiques.
« Le chant d’Haïganouch » est la suite de « L’oiseau bleu d’Erzeroum ». Ian Manook poursuit cette saga historique en continuant à nous toucher par sa sensibilité et sa liberté de penser, par ses audaces autant poétiques que politiques . Oublier son pays d’origine est pari impossible. Si Haïgaz et Agop ont miraculeusement échappé au massacre arménien de 1915 par les Ottomans, Agop rêve de retrouver l’Arménie. Sous les bons conseils d’un ami français communiste il s’embarque en 1947 depuis Marseille, mettant toute sa confiance en la nouvelle république arménienne soviétique. A peine sorti des eaux territoriales françaises, il voit l’horizon s’assombrir. Le navire devient prison. A son arrivée à Erevan c’est l’effroi : Agop découvre le cœur de la terreur stalinienne. La terre promise n’est plus. Quand on est poète et pianiste comme Haïganouch c’est l’exil forcé à Iakoutsk sur les bords du lac Baïkal. Quand on est un homme libre comme Agop qui veut passer la frontière sous les projecteurs du NKGB c’est la déportation en Sibérie, c’est la fuite improbable ficelé sous un train pour un voyage de soixante-douze heures. Dans cet enfer subsistent quelques commissaires soviétiques lucides comme Gorgiev, inoubliable dans son initiation à la peur. En arrière fond sont toujours présents les fidèles du Dachnak qui volent encore au secours des derniers nationalistes contre-révolutionnaires. Quelques tentatives politiques françaises comme celles de Christian Pineau en 1956 apportent un peu d’espoir. Mais le plus touchant c’est ce désir de demeurer arménien, non pas enfermé dans une communauté immuable, mais « au milieu de ceux qui ne le sont pas , dans chaque pierre si je suis maçon, dans chaque chiffre si je suis comptable, dans chaque croissant si je suis boulanger, dans chaque baiser si je suis amoureux ». On peut dire que Ian Manook y réussit magnifiquement. B. C. D.
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2022
15 mai 2023
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« Ces idées chrétiennes
qui ont bouleversé le monde »
par Jean-François CHEMIN
Editions : Artège
Parution : Mai 2023
270 pages
19,90 €
Pas de négationnisme chez J-F Chemin, professeur agrégé d'histoire, bien conscient des massacres des guerres saintes, des guerres coloniales et des guerres d’ingérence. Simplement la volonté de rappeler, à l’heure où le monde semble remettre en cause les bienfaits du christianisme, les idées de justice et de paix qui l’animèrent. Un livre positif, scrupuleusement basé sur les pensées des premiers Pères de l’Eglise: les successeurs des apôtres devaient être élus démocratiquement par le peuple; l’acte militaire devait être le dernier recours pour obtenir la paix. La pénitence publique de l'empereur Théodose ne fit-elle pas plus de conversions que le massacre de Thessalonique? Un recueil plein de faits historiques et d’actualité sous-jacente pour ne pas dire sous-entendue ! Des citations de textes authentiques dont la beauté du style rejoint la finesse de la pensée. De tout temps l’Eglise a révélé la nature imparfaite de l’homme, montré son tiraillement entre vengeance et réconciliation, prédestination et libre arbitre, révolte et obéissance. Peu à peu le christianisme a convenu de l’importance de la séparation de l’Eglise et de l’Etat, la nécessité de « rendre à César ce qui est à César ». Peu à peu l’Eglise a reconnu en la personne humaine la part divine qui lui revient. Si l’esclavage était un fait naturel , elle bannissait l’asservissement de l’homme par l’homme. Si la femme semblait inférieure à l’homme c’est que son rôle était moins institutionnel, mais pas moins grand ! Les femmes devant le tombeau ouvert ou au pied de la Croix ne furent elles pas « apôtres des apôtres » ? J-F Chemin rappelle avec raison que l’Eglise a toujours prêté un sens à l’Histoire, orienté vers le futur, vers une maîtrise du monde où le progrès technique doit être au service des hommes et non de leur destruction. C'est pourquoi « la sagesse de Dieu est folie aux yeux des hommes. » Puissions-nous alors être sages de la folie divine ou fous de Sa sagesse ! B.C.D.
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2023
14 mai 2023
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« BELLA ITALIA
Un itinéraire amoureux »
Par Christiane Rancé
Editions : Tallandier
Parution : Février 2023
331 pages
21,50 €
Journal intime, invitation au voyage, ode à un pays où l’art subsiste aux guerres et aux épidémies, aux mafieux et aux drogués, ce livre est celui d’une écrivaine tout à la joie de découvrir l’Italie. Elle la dépeint sans laisser vagabonder son imagination ni oublier de partager ses intimes impressions. Des saynètes cocasses, telles son intrusion en voiture dans les quartiers historiques exclusivement piétonniers, la ramènent sur terre, car les raisons de s’émerveiller sont infinies sur cette péninsule. C’est précisément la variété de ses paysages comme de ses habitants qui font vibrer Christiane Rancé. Du même regard elle caresse les façades lépreuses ou les murs épais des palais luxueux de Gênes l’orgueilleuse. Tout touche l’âme de la voyageuse, le religieux comme le profane, tout évoque la plénitude, l’architecture, les peintures, la musique et même le septième art. « Véritables existence spirituelles incarnées », voilà comment lui apparaissent Turin la rénovée, Naples la bouillonnante ou Véronne l'amoureuse qui la transporte à Venise. A partir de ce moment l’auteure devient peintre, décryptant les multiples nuances d’or de la cité des Doges. Puis c’est la Toscane au décor de la Dame à la Licorne, aux carrières de marbre blanc qui contraste avec la route bordée de sombres cyprès menant à Pise. Là elle déplore l’attraction de la Tour penchée aux dépens de la superbe arcature du cloître avoisinant. De même à Sienne, la vedette n'est plus sainte Catherine mais le célèbre jour du Palio. Sans doute la faute revient-elle à Florence, la trop riche en pierre et en fleurs, qui coupe le souffle ou fait perdre la tête! Enfin, que ce soit son périple touristique à Rome dans la grande Eglise des Papes et du Christ, dans un mélange d’Antique et de Baroque, ou bien son austère pèlerinage à la grotte de saint François d’Assise, tout embrase l’auteure. Le linge aux fenêtres reflète la joie de vivre de Naples, consciente des séismes de proximité, mais mise à l'abri par un chapelet d'églises et de couvents. Enfin l’esprit de famille, caractéristique de la trop belle Sicile si longtemps convoitée, fait preuve du bonheur retrouvé après la grande unification de l'Italie. Livre superbe qui ouvre autant les yeux que le cœur, où on apprend à regarder, à tel point qu’Christiane Rancé ne sait plus si la lumière vient de l’extérieur ou de l’intérieur. B.C.D.
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2023
10 mai 2023
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« Franz Kafka ne veut pas mourir » par Laurent SEKSIK
Editions : Gallimard
Parution : Janvier 2023
326 pages
21,50 €
L’immense empathie de Laurent Seksik donne toujours chair à ses personnages et sa dernière biographie ne déroge pas à la règle. Franz Kafka est malade, va même sur sa fin, et c’est par l’intermédiaire de ses proches que L. Seksik nous le révèle. Le désespoir de l’ écrivain en herbe est mal toléré par un père bien trop tyrannique pour ce jeune Juif que tout angoisse, les pogroms antisémites, les projets de mariage ou les fièvres délirantes de la tuberculose. Heureusement au sanatorium de Kierling où il doit se soigner, Kafka se lie d’amitié avec Robert Klopstock, juif comme lui, étudiant en médecine, qui va adoucir son séjour autant par ses piqûres de morphine que par leurs échanges intellectuels. Ce dernier restera fidèle à son « mentor, ami et frère » bien au-delà de la mort en traduisant « Le Procès » en hongrois avec son épouse et en devenant un éminent spécialiste de la tuberculose. Il ne sera pas le seul resté lié à Kafka. Dora, l’épouse de Kafka, et Ottla, sa sœur, auront chacune des destinées tragiques, voire héroïques, que L. Seksik raconte avec une précision sans faille et qui donnent tout son sens à l’intuition prophétique de Franz Kafka. Livre émouvant plein de signes avant-coureurs qui sonnent le glas apocalyptique au carrefour des cultures slave, allemande et juive et font mieux comprendre le gros cafard de « la Métamorphose » qu'on a envie de relire…
B. C. D.
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2023
6 mai 2023
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« Quand tu écouteras cette chanson »
par Lola Lafon
Editions : Stock
Parution : Août 2022
250 pages
19,50 €
Ressusciter Anne Frank, tel est le désir de l’auteur, sans savoir vraiment pourquoi. Sans doute est-ce parce que sa mère a subi le même silence forcé ! Peut-être veut -elle raviver sa propre judaïté ou tout simplement immortaliser la petite écrivaine déjà bien célèbre mais trop souvent mal interprétée ! Alors Lola Lafon décide de passer seule une nuit au musée d’Amsterdam consacré à l’enfant martyre. Et c’est là qu’elle se sent assaillie par Anne Frank. Rappeler les joies fugaces de l’existence en même temps que ses horreurs et ses crimes, n’est-ce pas le but de l’enfant devenue adulte avant l’âge ? Lola Lafon ne va écarter aucune photo, aucun témoignage, pèse et soupèse les décisions d’un père à l’étoile jaune, l’éducation rigide d’une mère angoissée, dénonce les infidélités des interprétations théâtrales et cinématographiques du «journal », révèle le ridicule des négationnistes. A tel point que d’autres martyrs jaillissent de sa mémoire, ses grands-parents si semblables à Otto et Edith Frank, ses grands-tantes qui ont connu le même sort qu’Anne et Margot sa sœur, sans parler de ce jeune Cambodgien , son premier amour, rappelé à Phnom Penh, là où Pol Pot extermine « tous ceux à lunettes ». Ainsi une nuit de solitude peut apporter bien des lumières. Les morts ne seraient-ils pas plus solidaires que les vivants ? La folie humaine ne prétexterait-elle pas des différends religieux et politiques pour utiliser la grande faucheuse ? Enfin l’écriture n’est-elle pas le seul moyen d’échapper à un silence complice ? Livre original plein de confidences intimes qui rejoignent la vraie vie, rappelant qu' il y eut et qu'il y a encore de nombreuses Anne Frank ... B. C. D.
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2022
2 mai 2023
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« L’Oiseau bleu d’Erzeroum » par Ian Manook
Editions : Albin Michel
Parution : Août 2021
544 pages
Sans l’apparition de personnages salvateurs l’immersion dans ce roman historique plein de cruautés innommables serait insoutenable. En 1915 deux petites sœurs arméniennes, Arazie et Haïganouch, échappent comme par miracle à l’extermination ethnique de la Turquie d’alors. Les suppliciés et les égorgés ne se comptent plus, les cadavres s’amoncellent en collines et engorgent les rivières avant qu’une longue déportation se déplace vers le grand désert de Deir-ez-Zor. La vieille Chakée, incarnation de l’Arménie éternelle, parvient par son intelligence à faire face à son garde-chiourme, officier kurde, obéissant mais compatissant qui préférera savoir les deux fillettes de Chakée esclaves plutôt que mortes. C’est ainsi qu’ Arazie et Haïganouch vont survivre, découvrant l’humanité capable des pires cruautés comme des plus grands héroïsmes. Ian Manook, de son vrai nom Patrick Manoukian, ne peut passer sous silence les atrocités de l’Histoire dont sa grand-mère fut témoin. Mais ce qu’il veut avant tout c’est rendre hommage à l’admirable résistance des jeunes fedaï comme Haïgaz et d’Agop, à la lucidité impartiale du docteur Aydin, aux sentiments fraternels entre la jeune maîtresse turque et Arazie son esclave, au retour risqué d’Hovannes le new-yorkais pour ne pas laisser les Arméniens isolés. Malheureusement des ombres restent accrochées au tableau. Les cruautés de l’ Allemagne nationale socialiste et du communisme soviétique prennent le relai de celles de l’Empire ottoman. Mais par la place que l’auteur a su consacrer à la solidarité, ce livre incite non pas à la haine mais à un sentiment de communion universelle qui ne doit pas être ignoré.
B. C. D.
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2022
26 avril 2023
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"Conscience contre violence"
par Stefan ZWEIG
Editions : Poche
Parution : 2018
261 pages
6?70 €
En 1936, précisément quatre siècles après la victoire de la Religion Réformée et en pleine montée du nazisme, Jean Calvin inspire Stefan Zweig à démasquer les vrais ressorts du despotisme. Le ”médecin des âmes”, comme Calvin se définit lui-même, n’est pas, à l'origine, un mauvais homme. Plutôt peureux de nature, c'est son souci obsessionnel de gérer les chrétiens qui l’incitera à condamner ceux qu‘il juge hérétiques et opposés à son pouvoir théocratique. Zweig révèle alors la lâcheté du tyran de Genève qui, pour sauver sa réputation et son autorité, livre Michel Servet à l‘Inquisition Catholique sous prétexte de ne pas croire en la Sainte Trinité et Sébastien Castellion au Conseil d État pour avoir traité de criminels les ministres de l’Eglise. Très documenté, Zweig parvient à transformer ces événements historiques en une réflexion philosophique: ce qui importe c'est la nécessité de rappeler sans cesse au monde les véritables héros de l'humanité, non pas ceux qui créent des empires sur des tombes, mais ceux qui luttent solitaires pour la liberté et le bonheur des hommes. La religion ne doit pas être une prison dogmatique mais le creuset sans cesse renouvelé d'un humanisme profond, seul véritable écho de la voix céleste. Livre intemporel où le style noble et raffiné de Zweig rappelle la valeur mystique de la vie.
B. Clavel Delsol
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2018